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L'énergie est un
enjeu vital au niveau mondial. Aléatoirement répartie et inégalement consommée,
avec des réserves naturelles qui ne sont pas inépuisables, on peut s'interroger
sur l'avenir de la demande énergétique au niveau mondial.
Aujourd'hui, plus que jamais, les besoins en énergie de l'humanité sont colossaux et en constante augmentation. Ainsi, la consommation d'énergie primaire (qu'il faut transformer avant de la consommer), a fait un bond de 53%, en 30 ans (1980-2010). Cette progression, ralentie un temps par les difficultés économiques des années 1990, reprend de plus belle depuis le début de ce siècle. L'énergie primaire consommée chaque jour dans le monde provient en grande partie, de matières premières que l'on extrait du sous-sol (pétrole, gaz, charbon, uranium). Transport, industrie, agriculture, dans chaque geste que nous faisons au quotidien, dans chaque objet que nous tenons en main, se cache un coût de production énergétique. De notre simple courrier, à l'eau chaude de notre bain: du pétrole, du gaz, du charbon ont été nécessaires. Compte tenu de l'accroissement de la population mondiale qui devrait passer, d'ici 2050, de 6 à 9 milliards d'habitants, et d'autre part de la croissance des pays émergents, on va assister à un doublement de la demande énergétique, en 45 ans. Il est donc urgent de trouver d'autres sources d'énergie et de développer massivement la part des énergies durables. Les énergies fossiles ne sont pas inépuisables. On estime, en effet, que les réserves mondiales de charbon s'épuiseront dans 200 ans, que celles du gaz s'épuiseront dans 100 ans, et que nous viendrons à bout de notre pétrole dans 50 ans. Historiquement, le premier forage pétrolier est effectué en 1859 à Titusville, au nord de la Pennsylvanie. L'année qui suit cette découverte, le baril de brut de pétrole a atteint 20 dollars. L'absence de débouchés importants provoque l'effondrement rapide des cours, en 1861, ce baril vaut 0,10 $US. Ce prix décline encore et devient moins cher que l'eau. Par la suite, il est bien connu que le pétrole a assuré une croissance sans précédent dans l'histoire. Il a façonné la prospérité du monde occidental sur le dos des pays producteurs de pétrole. Malheureusement, le déclin du pétrole touche particulièrement les pays producteurs de pétrole appartenant à l'Organisation de l'OPEP, ce déclin touche, bien également, les pays consommateurs. L'univers de pétrole se caractérise par le manque de transparence et de désinformation. Ce qui fait que ce déclin reste toujours caché. Durant des décennies, l'or noir, très bon marché, ou presque " gratis", a rendu l'Occident plus prospère. Le prix du baril de pétrole pour le bonheur des Occidentaux a stagné aux alentours de 1 $US, durant la période 1956-1971, en même temps le dollar américain a connu une forte dépréciation de 35%, ce qui réduisait fortement les revenus des pays exportateurs. Les pays riches d'Europe, ont atteint un niveau de bonheur et de développement économique sans précédent dans l'histoire de ces pays. En 1920, il existait dans le monde, en tout et pour tout, 2 millions de véhicules tous types confondus. Ce chiffre est passé, en 1950, à 100 millions. De nos jours, ce chiffre dépasse 1,3 milliard !!! Actuellement, les transports dépendent à 97% du pétrole et le trafic routier en est bien évidemment le premier consommateur. Une demande qui s'accroît, de plus en plus, avec la multiplication des véhicules particuliers qui participe aux pressions internationales sur le prix de la ressource et son accès : cette hausse de la consommation pétrolière mondiale proviendrait, pour les deux tiers, des transports, et plus particulièrement du transport routier. A la fin de 1973, le prix du baril de pétrole est passé de 5 $US à 12$US, l'année qui suit, les pays arabes exportateurs de pétrole ont accumulé 60 milliards $US. Ce montant, qui impressionnait certains pays, équivaut seulement à 3% du revenu national des États-Unis. En 1978, les effets combinés de la chute du dollar américain, de l'inflation et des prix des produits de premières nécessités (produits alimentaires, produits pharmaceutiques, etc..), importés à 80% par la majeure partie des pays arabes, ont fortement contribué à l'effondrement des surplus financiers de ces pays. Pour faire face au cartel de l'OPEP, en 1975, Henry Kissinger crée l'Agence Internationale de l'Energie (IEA) regroupant les 26 pays de l'OCDE. En 1974, Belaïd Abdesselam, alors ministre de l'Energie du gouvernement algérien, déclarait que l'Algérie n'a pas besoin de développer son agriculture, le pétrole permettra de lui assurer les importations alimentaires. Ses voeux ont été exhaussée, puisque depuis 1962 jusqu'à nos jours, l'Algérie importe tout pour nourrir son peuple. Malheureusement, le déclin du pétrole s'approche plus vite que prévu. Depuis 1994, les habitants de la planète ont consommé plus 40 milliards de barils de pétrole par an, mais seulement 10 milliards ont été découverts. La demande énergétique à base pétrolifère ne cesse d'augmenter afin de répondre à la croissance économique galopante des pays comme la Chine et l'Inde. L'Arabie Saoudite évalue à 264 milliards de barils ses réserves restantes en pétrole. En Algérie, ils ne sont que de 12,2 milliards de baril. Pour répondre aux besoins énergétiques de la planète, l'Arabie Saoudite devra extraire en 2020, 20 millions de baril par jour !!! A cette période, la production du royaume sera, sans doute, nettement beaucoup plus inférieure. De 1982 à 1991, les réserves totales des pays de l'OPEP ont connu une progression de 65%, passant ainsi de 400 milliards à 700 milliards de barils de pétrole, une augmentation de 300 milliards de barils en 10 ans !!! Aujourd'hui, à peu près 87 millions de barils par jour sont nécessaire pour l'économie mondiale. Pour répondre à ce défi, il faudrait découvrir l'équivalent d'une nouvelle Arabie Saoudite. Un scénario que la majorité des experts pétroliers trouvent tout à fait utopique. Le pétrole a rendu certains pays arabes littéralement fous, déclarait un jour Nicolas Sarkis. Lors de ses grandes enquêtes dans les coulisses du pétrole, Eric Laurent, grand reporter et journaliste français a fait un constat ahurissant, lors de ses investigations; il rajoute aussi que les chiffres officiels des ressources en pétrole sont constamment gonflés artificiellement. Ceci étant, ces chiffres ont tendance à créer plus d'influence, lors des négociations commerciales et parfois même politiques. Le pétrole constitue pour les pays consommateurs de l'Occident, une véritable richesse pour le Trésor public. A titre d'exemple, en France, le montant des taxes sur les produits pétroliers atteint 80%. Les gouvernements évitent de parler à leurs populations, du déclin de cette précieuse matière. Il est certain que durant les trois prochaines décennies, certains pays seront plus touchés que d'autres par le déclin progressif du pétrole. On pourrait s'attendre à des violences et des conflits de voisinage. Certains pays producteurs de pétrole auront des difficultés à se procurer des ressources naturelles: eau, énergie, nourriture, etc. Les pays pauvres vont souffrir encore beaucoup plus. Il n'est pas besoin de rappeler qu'un tiers de la population mondiale ne dispose pas encore d'accès à un système énergétique et que la consommation d'énergie est concentrée à plus de 80% dans les pays industrialisés. La tension persistante sur le marché mondial des hydrocarbures fossiles, la difficulté à faire évoluer les habitudes de la consommation, surtout en Occident, sont autant de raison pour mettre en œuvre toutes les sources d'énergie. Les énergies alternatives font partie des solutions actuelles, et sont d'autant plus intéressantes qu'elles ne produisent pas de gaz à effet de serre et qu'elles disposent d'un large potentiel de développement. En 2009, plus de 148 milliards de dollars ont été investis dans les actifs de production, la fabrication, la recherche et le développement liés aux énergies renouvelables. La capacité de production d'électricité renouvelable aurait atteint environ 240 GW (gigawatts) dans le monde, soit une augmentation de 53% par rapport à 2004. Les énergies renouvelables représentent 5% de la puissance énergétique mondiale et 3,4% de la production électrique mondiale. Ces chiffres ne tiennent pas compte de l'énergie hydraulique à grande échelle, qui représentait à elle seule 15% de la production électrique mondiale. La part des énergies renouvelables dans la production mondiale d'électricité devrait atteindre plus de 60% en 2050. En Algérie, la part des énergies renouvelables dans la production globale d'électricité est quasi-inexistante, elle atteint difficilement 0,2%, soit à peine 300 heures. Ces résultats qui apparaissent complètement dérisoires, sont particulièrement dus à une absence d'une stratégie nationale de recherche en matière d'énergie. L'eau, le soleil, le vent: autant de sources d'énergie inépuisables et pourtant peu exploitées en Algérie. Quel poids prendront-elles dans la politique énergétique algérienne ? Dans ce contexte, les énergies renouvelables confortent leur position de source d'énergie propre, sûre et respectueuse de l'environnement. Pour un développement harmonieux des énergies renouvelables en Algérie, la nécessité de la création d'un Commissariat aux énergies renouvelables (CER) en tant qu'établissement de recherche à caractères scientifique, technique et industriel, relevant de la classification d'établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), devient une revendication tout à fait légitime. Le CER pourra être placé sous la tutelle conjointe de quatre grands ministères: l'Enseignement supérieur et la Recherche scientifique; l'Energie et des Mines; l'Economie et de l'Industrie et enfin le Développement durable. L'Etat devra mettre en place entre les mains du CER, les moyens humains et financiers très significatifs pour inciter les communautés scientifiques et économiques, qui se désintéressent aujourd'hui des énergies renouvelables à évoluer et afin de pouvoir bénéficier d'une forte insertion régionale et d'un solide partenariat. A long terme, le CER pourra devenir un acteur majeur en matière de développement et d'innovation dans le secteur des Energies renouvelables. Un accord inter-industriel devra consolider des engagements et fixer le cadre des accords juridiques plus détaillés permettant à des partenaires nationaux et internationaux de participer aux travaux de développement des énergies renouvelables. Il est évident que le développement des énergies renouvelables en Algérie, exige une nouvelle stratégie cadre dans la politique énergétique du pays, à long terme. Géopolitiquement, l'Algérie pourra se positionner en leadership du pourtour méditerranéen dans le secteur des énergies renouvelables et particulièrement dans la production d'électricité à partir de l'énergie solaire et son possible exportation vers l'Europe. Elle le pourra, si et seulement, un certain consensus politique sur l'intérêt des énergies renouvelables sera obtenu à un niveau supérieur de l'Etat. Le Commissariat aux énergies renouvelables devra développer des installations expérimentales nécessaire à la R&D des énergies renouvelables, tant sur les systèmes actuels que sur ceux du futur et permettant une complémentarité des centres de recherche, qui sont des établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST). Il parait, aujourd'hui, qu'un débat sur la politique énergétique est indispensable. Les experts et les spécialistes auront, impérativement, à y prendre une part centrale. La transparence et le dialogue doivent devenir des priorités par l'instauration d'une culture de l'évaluation et de la gestion des risques, fondée sur la raison. La planification des choix est urgente. Quelle politique énergétique allons-nous choisir au moment où la raréfaction du pétrole et du gaz est inévitable, dans les prochaines décennies? Il est certain, qu'à l'heure actuelle, nous ne pourrons nous passer des combustibles fossiles sans avoir deux conditions: d'abord préserver nos ressources fossiles avec une exploitation rigoureuse, en même temps, l'utilisation des sources alternatives et renouvelables d'énergie, afin que nous disposions d'un pack énergétique diversifié. Il s'agit, en quelque sorte, de profiter du temps de répit que nous offre le pétrole et le gaz pour notre développement économique et social pour préparer un avenir énergétique qui ne soit pas de la pénurie ou celui de l'importation, avec toutes les conséquences dramatiques que cela suppose. Cette politique devra parallèlement conduire au développement d'un mix énergétique faisant une large part des énergies renouvelables, diversifié selon les régions, les conditions climatiques et les ressources locales. Le potentiel des énergies renouvelables est loin d'être négligeable, d'autant que notre pays possède tous les atouts pour sortir cette filière de son isolement. Nous aurons besoin du soleil, de l'éolien, de la biomasse et de la géothermie, au fur et à mesure, que le pétrole et le gaz déclineront. Pour développer les énergies renouvelables, c'est dans la régulation économique, et elle seule, qui peut venir à notre secours : il faut que dans un premier temps, l'Etat subventionne les énergies propres. Une politique nationale s'impose plus que jamais, afin de développer les différentes branches de ce secteur. Elle pourra prendre de nombreuses formes: renforcement de la recherche dans certains secteurs, développement de certaines filières pour l'export (solaire à concentration), aide financières aux producteurs d'énergies renouvelables, etc. Par ailleurs, on constate que certains pays se dirigent de plus en plus vers la fission nucléaire. Une accélération du rythme de construction de centrales nucléaires est à prévoir dans certains pays (USA, Chine, Inde, Russie), ce qui pourrait entraîner probablement, dans le futur, des tensions sur les ressources en uranium, d'autant que ces ressources s'avèreront limitées et non-renouvelables. Malgré le développement des solutions en progrès continu, le problème de stockage des déchets radioactifs reste toujours posé pour les générations futures. En fait, on jette les bases d'un crime contre l'humanité. L'avarice, le pouvoir, la boulimie dictent la politique énergétique mondiale. Le monde actuellement est gouverné par un hybride de capitalisme corporatif qui est en train de désintégrer notre planète. " Quand il est urgent, c'est déjà trop tard ". * Professeur, Université de Grenoble, France |
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