|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
La
désignation et la remise du Ballon d'or se sont faufilées lundi soir au cœur
des événements internationaux. Comme de coutume, le sport s'incruste en intrus
au cœur de l'actualité et encore une fois le football viendra perturber les
passions en inversant les commentaires et les préoccupations pour dissiper les
esprits. Le réel et l'irréel se perdent dans la pensée pour que l'idolâtrie
attachée à une poignée de sportifs éloigne le tableau noir des drames d'un
monde défiguré.
On se laisse aller à cette curieuse forte diversion pour s'abriter dans l'oubli. On ne tient compte que de la fâcherie du Real Madrid et de la bouderie de ses athlètes presque pour croire que leur mécontentement aura des conséquences sur l'humanité. Ce qui se passe en terre palestinienne, ou la bassesse du préambule des élections américaines ou encore les naufrages en mer des migrants relèvent de l'actualité subsidiaire, l'espace d'une soirée de faste dans un petit théâtre parisien. Des langues déliées indiquent que les frais financiers engagés par l'UEFA pour l'occasion pouvaient nourrir pendant un mois les deux millions de déplacés soudanais. La lourde boutade pourrait paraître déplacée, mais elle est illustrative d'un langage désabusé. Les milliards d'euros et de dollars qui tapissent les stades où l'on ne broute que le gazon symbolisent, pour leur part, une industrie fantomatique qui ferait pâlir de jalousie Jules César et ses lions. En vérité, le Ballon d'or si choyé et si envié n'est qu'une représentation de l'étourdissement d'une planète où des clubs sportifs et des fédérations du même acabit sont devenus des Etats dans des Etats. Leurs entrées dans le jeu du monde n'offrent que de courtes mi-temps pour la pondération et à la raison. Fort à propos, le jeune Mbappé va toucher 55 millions d'euros d'indemnisation offerts par les Qataris du Paris Saint-Germain pour que l'on ne sache plus qui de l'athlète ou du gladiateur doit primer. |