Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le péjoratif dans l'habitat

par Abdou BENABBOU

De nombreuses raisons peuvent forcer la reconnaissance et l'admiration au vu de la dynamique nationale engagée dans l'habitat. Les nouveaux logements construits ne se comptent pas en milliers mais en millions et en la matière, peu de pays pourraient se targuer d'avoir accompli un tel effort spectaculaire. On reconnaît là un des nombreux signes évidents de la politique farouchement sociale décidée par l'État. Nul besoin de s'appesantir sur les chiffres et les statistiques, ni sur les déclarations des officiels chargés du secteur pour certifier un élan prouvé largement par le visu des innombrables floraisons des cités d'habitations à travers tout le pays.

Plus d'un million de demandes dans le cadre du programme AADL 3 viennent d'être acceptées. D'autres vont suivre pour rejoindre les millions déjà satisfaites et honorées. S'ajoute à la masse résidentielle, le recasement des milliers de familles extirpées des gourbis et de l'habitat précaire.

Faudrait-il cependant se contenter d'applaudir à ces prouesses notables lorsqu'elles nécessitent aussi l'ensemble des différentes infrastructures sociales pour un environnement harmonieux, viable et acceptable ? Se loger a parfois un sens péjoratif quand il n'est pas accompagné par l'école, le centre de santé, la disponibilité et la régulation des moyens de transport et en surplus la garantie de la sécurité des biens et des personnes. C'est là toute la différence entre se loger et habiter pour que se pose inévitablement le grand problème du galop de la démographie. Sans y faire attention, avec sagesse et conscience, les élogieux efforts entrepris par l'État en s'attaquant à la crise locative produiront plus d'aléas et de tares qu'ils n'en résolvent.

L'occulter et ne pas prendre garde à sa rapide montée ascendante avec la cascade des générations arrivantes ne fera que permaniser des besoins sociaux et leurs demandes pressantes. De 12 millions d'habitants en 1965, la population a tendance à vouloir caracoler à 50 millions d'êtres dans quelques petites années. Le risque d'ici là est que le nombre de demandeurs de logements sera démultiplié pour que la crise du logement se maintienne dans un cercle infernal.