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L'université
évolue actuellement dans un contexte international plutôt complexe
Le contexte mondial actuel est caractérisé par une redistribution des zones d'influence contrôlée par les grandes puissances. Ce contrôle est marqué par une mutation sociétale profonde due principalement à la généralisation des technologies de l'information et de la communication, à ce qu'il convient d'appeler la révolution ?Bigdata' et à l'émergence brutale des technologies de l'intelligence artificielle. Comment pouvons-nous nous protéger dans ce contexte difficile où nous subissons tous les problèmes engendrés par la globalisation dans le monde ? Bien sûr nous devons compter sur nous-mêmes, car personne ne nous aidera bénévolement, sans contrepartie et sans intérêt. Ce contexte nous soumet à des pressions, des turbulences qui peuvent nous coûter le prix fort en matière de souveraineté nationale et d'indépendance dans la prise de décision, sauf si nous faisons l'effort nécessaire pour nous y préparer. Quelle est donc la solution ? Comment nous préparer pour être partie prenante dans ce monde qui se façonne maintenant sans nous, peut être à nos dépens ? Nous devons reconquérir notre place pleinement, avoir notre mot à dire et être écoutés. Nous savons que la puissance d'une nation passe par son élite issue du système universitaire. C'est donc ce système qu'il faudra adapter pour préparer l'avenir et rehausser le niveau de nos universités pour les placer parmi l'élite dans le monde. Est-ce possible ? La réponse est oui, mais il faut utiliser la bonne méthode. Les ressources existantes le permettent, aussi bien en matière de potentialités humaines que de par les infrastructures disponibles. Il suffit de les exploiter intelligemment et avoir à l'esprit l'intérêt général de la nation, en ayant en tête les défis qui l'attendent dans un contexte mondial difficile, parfois hostile ou même menaçant. En faisant appel à notre élite universitaire, nous pouvons développer une stratégie qui, avec nos moyens propres, nous permettra de construire une université du futur capable de se placer parmi les grandes institutions internationales. Une voie possible est de développer une diplomatie scientifique efficace tendant à la mise en œuvre d'une coopération équilibrée avec les grandes institutions universitaires dans le monde. La notion de diplomatie scientifique est relativement récente mais les usages diplomatiques à caractère scientifique sont beaucoup plus anciens. Dans pratiquement toutes les ambassades, il ya des attachés culturels et scientifiques qui gèrent les relations entre les états dans ces domaines. Ils initient les accords de coopération, facilitent les échanges d'étudiants, chercheurs et universitaires. Dans le cas de l'Algérie, les pratiques diplomatiques de toutes sortes et de diplomatie scientifique en particulier étaient déjà apparues pendant la révolution dans les années cinquante. Les responsables de la révolution avaient pris conscience dès son déclenchement que la diplomatie constituait une arme redoutable pour vaincre le colonialisme et offrait une force à l'échelle internationale surtout auprès des peuples épris de justice, de liberté et de paix. En plus d'ingénieurs sortis d'écoles prestigieuses et de docteurs diplômés d'universités de grande renommée, des diplomates chevronnés ont été formés et ont porté haut le flambeau de l'Algérie jusqu'à nos jours. A l'indépendance en 1962, l'administration coloniale s'était retirée d'une façon brutale, pensant provoquer un effondrement mais beaucoup de cadres étaient déjà formés et avaient pu prendre, tant bien que mal, les choses en main et commencer la construction d'un état moderne. Le travail en profondeur du leadership de la révolution, à l'intérieur comme à l'extérieur, notamment en France, avait ouvert la voie à la victoire, peut être autant sinon plus que la résistance par les armes. Un autre épisode diplomatique glorieux de la Révolution algérienne était celui de l'équipe de football issue de l'émigration. Dans une action concertée et dans la discrétion totale, de grands noms du football français des années soixante, constitués de joueurs d'origine algérienne, s'étaient donnés le mot en se retrouvant en Tunisie et en se mettant à la disposition du gouvernement provisoire. Une grande équipe était née sillonnant le monde et battant les grandes nations du football. La voix de la Révolution algérienne avait alors connu un retentissement exceptionnel et suscité un élan de solidarité avec le peuple algérien et son combat pour l'indépendance. Une page glorieuse de la diplomatie algérienne avait été écrite par cette équipe de football. Un autre fait marquant de la diplomatie algérienne avait eu lieu en 1977 lorsque l'Algérie avait servi d'intermédiaire entre les Etats-Unis d'Amérique et l'Iran pour régler le problème des otages américains à l'ambassade de Téhéran. Cette prise d'otages avait engendré une crise aiguë entre les deux pays mais avait connu un dénouement heureux grâce à nos diplomates. Ces exemples de réussite de notre diplomatie (sport et autres domaines) nous mènent à croire que nous pouvons également réussir notre pari en développant une diplomatie scientifique efficace. Quand on regarde de près nos échanges scientifiques avec les autres pays, on constate que le flux d'étudiants vers les pays avancés (Amérique, Europe, etc.) est largement dominant par rapport à celui des chercheurs confirmés. Le flux dans l'autre sens est plus important pour cette dernière catégorie de chercheurs. Notre diplomatie actuelle est plutôt marquée par le besoin de formation et du transfert de connaissance simplement parce que le potentiel national n'a pas encore atteint le niveau requis pour équilibrer ces flux. Il y a là peut-être la possibilité de faire intervenir la diaspora dans le rétablissement de cet équilibre. Elle est suffisamment dense, diversifiée, constituée de hautes compétences immergées dans les conditions de concurrence internationale et attentive à ce rôle, si elle est correctement sollicitée. Une stratégie claire à plus ou moins long terme devrait être mise au point pour rattraper le retard et rehausser l'image du pays à l'international. Les atouts sont nombreux et devraient être exploités efficacement. On peut citer à titre d'exemples, la présence de grandes infrastructures (universités, centres de recherche, écoles et instituts spécialisés, etc.), la disponibilité de ressources humaines importantes dont il faudra optimiser le rendement, un tissu socioéconomique en pleine croissance, susceptible de contribuer à la promotion des applications scientifiques et technologiques innovantes, une ouverture sur le monde et une position géostratégique favorable, des richesses encore inexploitées. Par conséquent, l'université algérienne peut réussir ce bond vers un label à l'échelle internationale en faisant face avec détermination aux défis de l'amélioration de la qualité de la formation, du niveau de la recherche, de la création de la richesse, de la bonne gouvernance, de la promotion de l'éthique académique et de l'innovation dans les méthodes de communication. Actuellement, la qualité fait défaut dans tous ces domaines nécessitant un effort soutenu pour relever le niveau et mettre les performances aux normes internationales. La recherche fondamentale approfondie doit permettre de se hisser au niveau international dans le cadre d'une politique d'ouverture vers les grandes institutions de formation supérieure. La recherche appliquée productrice de richesse est l'œuvre de personnes dotées d'un esprit pratique avancé, d'une imagination capable de relier l'idée à l'objet final, du génie permettant la mise au point du dispositif de réalisation du projet dans les meilleures conditions possibles. Ensuite, comme le progrès ne s'arrête pas, le créateur de richesse possède la vision pour envisager l'étape suivante et améliorer les performances du produit dans un processus itératif. Un écosystème favorable est nécessaire pour susciter la création de richesse dans ce mode de formation et de recherche appliquée. La réussite de la recherche appliquée dépend de la présence de personnes ayant du génie capable de réaliser des merveilles quand elles sont libres dans leur choix et ne rencontrent pas d'obstacles dans leur travail (bureaucratie, réglementation inadaptée, etc.). La mise en place d'une bonne gouvernance, le respect des principes de l'éthique et de la déontologie universitaires sont les clés de la réussite de l'université du futur. Ils permettent d'instaurer un climat de confiance dans les relations entre les composantes de la famille universitaire. Les activités de gestion doivent être assurées dans un esprit de confiance et de responsabilité, par des personnels qui maitrisent leur tâche, connaissent bien leur mission et assurent leurs travaux routiniers sans entraves. Ces personnels doivent bénéficier d'une formation régulière pour approfondir leurs connaissances, améliorer leurs performances et enrichir leurs dossiers de carrière. Il est important qu'ils soient rodés et performants pour apporter l'appui nécessaire aux responsables à différents niveaux. Ceux-ci doivent assurer leur mission dans les meilleures conditions possibles et être dispensés des tâches routinières qui font parti des prérogatives des personnels subalternes. Les responsables qui sont souvent des chercheurs et assurent des tâches d'enseignement, doivent avoir le temps et l'esprit libre pour orienter l'instance sous leur responsabilité (département, faculté, etc.) sur le chemin de la réalisation des objectifs assignés en coordination avec les autres instances en amont et en aval. La coordination et la concertation sont les maitres-mots pour assurer une cohésion forte du leadership de l'institution. Il est indéniable que la grande importance accordée à l'éthique et la déontologie par le top universités dans le monde représente un élément fondamental pour le maintien de leur label. C'est là notre repère pour nourrir l'excellence au sein de nos universités. Une méthode efficace de communication et de transmission de l'information est nécessaire pour améliorer la visibilité de l'université. Bien informer et savoir communiquer sont des qualités qui doivent exister chez les responsables à tous les niveaux. Ces qualités renforcent le lien entre les individus et génère plus de cohésion entre les différentes composantes de la communauté universitaire. Les techniques modernes offrent cette possibilité et le site web de l'université doit contenir une information utile, complète et actualisée. Sans amélioration du système de communication et de la qualité de l'information, on ne peut pas envisager de progrès tangible. Les moyens modernes de l'information et de la communication offrent toutes les possibilités pour entretenir un contact permanent emprunt de confiance et du sens du devoir bien accompli. On peut dire que dans cette construction de l'université du futur, la devise est simple : s'inspirer des grandes institutions dans le monde qui balisent la voie à suivre même si leur écosystème est différent du notre. Dans cette quête de l'excellence, un travail en profondeur doit être réalisé à tous les niveaux de responsabilité pour balayer les inerties, les réticences et les obstacles existants. La stratégie de l'université devrait s'inscrire dans les grands projets de développement durable du pays L'Algérie a connu des transformations profondes depuis l'indépendance, dans d'autres domaines que l'enseignement supérieur, comme l'agriculture avec la révolution agraire, l'industrie ?industrialisante', les usines clé ou produit en main, l'algérianisation dans l'enseignement à tous les niveaux, la nationalisation des hydrocarbures, le leadership en politique internationale au sein des pays non alignés faisant de notre pays un laboratoire d'expériences dans la lutte pour le développement. Le dynamisme qui caractérise notre jeunesse est une force à conjuguer avec les autres atouts pour créer l'Algérie de demain. L'université tient un rôle privilégié dans la réalisation des ambitions de notre pays dans de nombreux domaines comme celui de la transition énergétique. D'autres alternatives énergétiques s'offrent à l'Algérie en dehors du pétrole et du gaz naturel, comme le solaire. La problématique du solaire se pose d'une manière différente au Nord et au Sud. Au Nord, l'ensoleillement est moindre nécessitant des moyens de stockage importants sous forme thermodynamique (eau chaude) ou électrique (accumulateurs). Il existe des contraintes dues à la grande densité de population, la disponibilité limitée de l'espace, les fortes exigences en matière de protection de l'environnement, du respect des normes de construction et de l'harmonie architecturale. Au Nord, le solaire doit être combinée avec les autres sources disponibles tandis qu'au Sahara, le soleil est pratiquement la seule source d'énergie. Le rayonnement solaire peut être transformé directement en courant électrique à travers un semi-conducteur comme le Silicium. Pour une utilisation à grande échelle, il faudrait chercher un semi-conducteur plus économique car la production de silicium nécessite une technologie de pointe et revient chère. La recherche est très active dans les grandes universités du monde pour développer d'autres matériaux semi-conducteurs à l'aide de technologies plus simples et moins onéreuses. Les semi-conducteurs organiques en général, les polymères en particulier, retiennent une grande attention parmi les chercheurs et les perspectives de progrès significatifs sont confirmées par les résultats de la recherche, presque quotidiennement. Parmi les actions à entreprendre pour promouvoir le solaire, on peut citer à titre d'exemples : - Le recours à une utilisation massive des équipements électriques solaires de petite taille (éclairage, équipements électroménagers, ordinateurs, téléphones, etc.) ; - Les mesures d'incitation des ménages à privilégier les équipements solaires (services de maintenance, pièces de rechange, coûts compétitifs, allègement des taxes, etc.) ; - La conception de programmes de formation d'ouvriers, techniciens et ingénieurs spécialisés dans le solaire ; - Le développement de l'industrie de production des cellules photovoltaïques et des panneaux solaires ainsi que l'installation de centrales solaires de petite et moyenne tailles, surtout dans les régions isolées appelées à connaitre des croissances en activités économiques et en population ; - Faciliter les branchements des réseaux de distribution classique et solaire ;- Promouvoir la recherche universitaire pour mettre au point d'autres semi-conducteurs moins coûteux et plus simples à élaborer. Il est crucial que les secteurs étatiques et privés soient impliqués au même titre dans la production de l'électricité solaire, d'autant plus qu'il s'agit là d'un créneau pour résorber le chômage des jeunes diplômés. L'énergie nucléaire est une autre option importante dans la transition énergétique mais son utilisation répond à des critères spécifiques dans un contexte international sensible. La production d'électricité à partir de la fission nucléaire représente l'application civile principale de cette source d'énergie qui est considérée comme relativement propre. Toutes les centrales thermiques se ressemblent dans la partie turbine ? générateur mais il y a une différence majeure dans la partie source de chaleur et production de la vapeur d'eau. Dans une centrale thermique, l'eau est chauffée en brûlant du pétrole ou du gaz naturel alors que dans un réacteur nucléaire de type eau pressurisée, la chaleur provient de la fission d'un matériau comme l'uranium 235. A cause de la grande densité d'énergie produite par la fission, le réacteur a besoin d'être refroidi en permanence pour éviter la fusion des matériaux à des températures trop élevées, donc le risque d'accident. La sécurité et la protection contre les radiations et la majeure préoccupation dans ce cas en plus de la présence d'une main d'œuvre hautement qualifiée et des investissements élevés. Avant de s'engager dans un programme de génération d'électricité d'origine nucléaire, on devrait s'assurer que les conditions sont suffisamment réunies après une concertation étroite entre les scientifiques et experts en énergie atomique d'une part et les décideurs de l'autre. La formation académique devrait être renforcée substantiellement parce qu'elle est presque inexistante dans l'aspect génie nucléaire. Le Centre de recherche nucléaire d'Alger (CNRA) et le Commissariat à l'énergie atomique (COMENA) qui gère les deux réacteurs (Draria et Aïn-Oussera) constituent le noyau de ce programme qui devrait être revitalisé sachant que les universités devraient se lancer dans des formations ambitieuses comprenant les différentes disciplines concernées (neutronique, thermique et hydraulique, contrôle de stabilité des réacteurs, gestion des déchets radioactifs, sécurité, informatique, etc.). L'hydrogène constitue une alternative énergétique importante, il a une densité énergétique élevée en poids par rapport au méthane (gaz naturel) et peut être produit soit par reformage du méthane (hydrogène gris), soit par hydrolyse de l'eau (hydrogène vert). L'hydrolyse consiste à transformer l'eau en oxygène et en hydrogène mais cette opération consomme beaucoup d'électricité et revient chère, ce qui implique qu'à l'heure actuelle, l'hydrogène vert ne constitue qu'une infime partie de la production mondiale. La possibilité de mélanger l'hydrogène et le méthane ainsi que la disponibilité d'un réseau dense de gaz naturel (production, transformation, transport, distribution) offrent une grande opportunité pour l'Algérie d'être dans le groupe des leaders dans ce domaine. En ce qui concerne le gaz de schiste, comme notre pays en possède des réserves importantes, il est du devoir des scientifiques et experts d'éclairer la société sur les avantages et inconvénients du recours à cette source connaissant les limites de la maitrise technologique pour son exploitation et les risques encourus. Le gaz de schiste est du méthane piégé dans une roche (le schiste) de faible perméabilité. La technique utilisée pour libérer ce gaz est de creuser un puits profond traversant la nappe phréatique et fracturer la roche par la méthode hydraulique. Il y a donc risque de contamination de la nappe si des mesures draconiennes de protection ne sont pas prises. Nos experts et ingénieurs spécialisés doivent maitriser cette technologie et présenter les assurances que l'exploitation du gaz de schiste en Algérie intègre réellement la protection de la nappe phréatique de toute pollution provenant du fluide de fracturation (mélange d'eau et de produits chimiques toxiques) et du gaz émanant de la roche. Il y va de l'avenir des générations futures et il est de notre devoir de prendre les bonnes décisions et concevoir la transition énergétique dans tous ses aspects. Il ne faudrait pas priver les générations futures de cette richesse avérée de notre sous-sol, sans pour autant sacrifier la première richesse source de la vie, qui est l'eau. Les universitaires, les ingénieurs des écoles spécialisées et les experts dans les divers domaines de l'énergie devraient éclairer les responsables politiques pour leur permettre de prendre les bonnes décisions. Il ne faut pas oublier les conventions internationales sur la limitation de l'émission des gaz à effet de serre, auxquelles nous sommes liés réduisant ainsi notre marge de manœuvre. C'est une équation parfois complexe à résoudre reliant nos besoins énergétiques pour le développement, la protection de l'environnement pour le confort et le bien-être social et les engagements internationaux. Le changement climatique, la désertification et la sécurité alimentaire constituent également des défis majeurs pour notre pays. Le réchauffement climatique et le stress environnemental (provenant de phénomènes divers comme la sécheresse et les feux de forêts) ont un impact direct sur les activités agricoles. Ils réduisent la production alimentaire en quantité et en qualité et favorisent l'émergence de maladies des plantes et des arbres. La lutte contre ces phénomènes est du ressort de la recherche scientifique et l'université a donc un rôle particulier à jouer pour promouvoir la sécurité alimentaire et par conséquent, la souveraineté nationale et la capacité du pays à mener un programme de développement en harmonie avec ses ambitions et moyens sans interférences externes. Pour endiguer l'avancée du désert, l'Algérie a initié un mégaprojet dans les années soixante-dix qui consiste à dresser un barrage vert (environ trois millions d'hectares) de végétation pastorale et d'arbres adaptés comme l'alfa, le pin d'Alep, le palmier et le chêne. Notre pays a donc des défis à relever dans ses efforts pour assurer la sécurité alimentaire, faire face à la crise de l'eau, la croissance de la population et la désertification. Le dessalement de l'eau de mer est une option retenue par les autorités pour combler le déficit en eau potable et couvrir les besoins de la population en augmentation constante. Le dessalement consiste à transférer l'eau de mer à travers une membrane, une sorte de barrière qui laisse passer l'eau pure et retient le sel. Dans la séparation par osmose inverse, une pression est exercée à l'aide d'une pompe pour forcer l'eau pure à traverser la membrane. Il va sans dire que ce processus coûte cher et nécessite une prise de conscience pour une gestion rationnelle de l'utilisation de l'eau. Les travaux de recherche se poursuivent dans le monde d'une façon active pour augmenter le rendement de dessalement, améliorer les procédés et optimiser au mieux la sélectivité et la perméabilité des membranes. Les diverses applications (médecine, biotechnologies, batteries à hydrogène, industries alimentaires, etc.) apportent, bien-au-delà du dessalement, une grande motivation pour booster la recherche à la pointe du progrès dans la synthèse des membranes utilisant des matériaux innovants. Pour assumer pleinement son rôle, l'université a besoin d'une plus grande autonomie Devant la complexité de tous les défis qui conditionnent l'avenir des générations futures et pour permettre à l'université d'accomplir son rôle entier, celle-ci doit avoir sa propre stratégie dans le cadre d'une autonomie relative et responsable. Il faut donc une refonte de la relation université-ministère pour une plus grande autonomie accordée à l'université dans les divers domaines : formation, recherche, coopération, communication et gouvernance. Il ne s'agit pas de privatisation, mais au contraire, d'un renforcement du contrôle à postériori pour s'assurer que l'université accomplit bien sa mission visant à la promotion du savoir et du progrès scientifique. Il est important d'alléger les procédures administratives, introduire des lois favorables à la libération des initiatives et au renforcement du sens de la responsabilité et du compter ? sur ? soi. L'université doit avoir la possibilité de concevoir son propre programme de développement dans le cadre d'une stratégie à plus ou moins long terme et dans un esprit d'autonomie responsable vis-à-vis du ministère de tutelle. Il s'agit d'une transformation de la relation université - ministère dans le but de libérer les forces d'innovation, responsabiliser plus le leadership de l'université et lui permettre de s'adapter aux exigences de l'environnement et aux attentes de la société. Le ministère doit exercer un contrôle rigoureux à postériori pour éviter les dérapages et remettre les pendules à l'heure en cas de déviation par rapport aux objectifs assignés. Une telle autonomie permettra à l'université de traiter efficacement certains dysfonctionnements comme l'absentéisme et les déperditions constatés chez les étudiants surtout en première année de licence. L'absentéisme est un fléau contre lequel il faut lutter en imaginant des solutions innovantes. L'une d'elles est d'adapter les méthodes d'évaluation et les modes de contrôle des connaissances. Les examens classiques finaux consomment beaucoup d'efforts, de moyens (surveillance, papiers, programmation, etc.) et de temps (périodes bloquées, révision, arrêt prématuré des cours, etc.). Ils sont souvent l'occasion de fraude et encouragent plutôt les mauvais étudiants dont le seul souci est la note, attendant le dernier moment pour réviser. Des contrôles réguliers inopinés sont plus efficaces, ainsi que le travail continu et la participation volontaire, active et permanente. La prise au sérieux par l'étudiant des travaux réguliers effectués à domicile peut entrer dans l'évaluation. Lutter contre les déperditions par un tutorat rapproché représente également un défi et une urgence. Le tutorat est un élément nécessaire dans le processus pédagogique mais il doit être conçu et utilisé efficacement. Il s'agit d'un suivi personnalisé de l'étudiant par un enseignant désigné. Il ne s'agit pas de remplacer l'enseignant ou l'assistant dans les cours, travaux dirigés ou travaux pratiques mais d'un examen minutieux du dossier de l'étudiant en cas d'échec ou de comportement inapproprié, en cherchant les raisons dans un dialogue direct. L'expérience montre que peu d'étudiants ont besoin d'un tutorat rapproché, la majorité d'entre eux ont besoin juste d'information, d'orientation ou de conseils. Un bon nombre d'étudiants en difficulté peuvent être récupérés, remis sur rails pour une reprise normale du parcours jusqu'à son aboutissement. Il faut mettre en place les mécanismes qui permettent d'identifier ceux qui sont fragiles et qui ont besoin d'accompagnement. Le problème se pose avec plus d'acuité en 1ère année de licence où les effectifs sont nombreux et où l'étudiant est confronté à une transition brutale d'un mode d'études à un autre, engageant plus sa responsabilité personnelle. D'autre part, il faudrait peut-être envisager une nouvelle conception des départements basée sur des unités pluridisciplinaires au lieu du cloisonnement classique actuel. Les tendances actuelles vont vers des programmes pluridisciplinaires engageant des ressources et compétences complémentaires. La formation de master professionnalisant en physique médicale domiciliée au département de physique mais offerte conjointement par la faculté des sciences et la faculté de médecine, en plus d'interventions d'enseignants de génie biomédical et de biologie, est un exemple à suivre dans d'autres domaines. On pourrait envisager la mise en œuvre d'unités de formation pluridisciplinaires comme génie des polymères, génie nucléaire, nanophysique, sciences de l'eau et biotechnologies. L'université doit s'autofinancer, ou du moins assurer elle-même une bonne partie des financements dont elle a besoin pour ses diverses activités. Ces financements doivent provenir surtout de la recherche scientifique à fort impact socioéconomique et génératrice de richesse. Mais pas seulement, les sources de financements existent aussi dans la formation avec des enseignants performants ayant des activités rémunératrices et diversifiées (écoles d'été, formation des personnels d'entreprises, recyclage des employés de l'université, etc.). La recherche doit être le moteur de l'économie et de la production de la richesse dans le pays. Le fait que l'université soit financée exclusivement sur le budget de l'état suscite la paresse intellectuelle et freine l'esprit d'initiative. Les projets de recherche ne génèrent actuellement aucune plus-value sur le secteur socioéconomique et ne produisent pas de richesse. Parfois la réglementation en vigueur ne favorise pas le retour concret du produit de la recherche et si elle ne l'interdit pas, il ne peut se faire qu'au prix d'une procédure administrative et bureaucratique tellement lourde qu'elle devient dissuasive. Peut-on ériger l'université de Tlemcen en un pôle d'excellence ? Avant de tenter de répondre à cette question, il faut d'abord noter qu'en moins d'un demi-siècle, l'université de Tlemcen est passée d'un tout petit centre sans infrastructures propres à un complexe formé de huit facultés couvrant pratiquement toutes les disciplines de formation. En effet, l'enseignement supérieur à Tlemcen a commencé en 1974 avec une centaine d'étudiants en tronc commun des sciences exactes (mathématiques, physique, chimie) et quatre-vingts en biologie, une poignée d'enseignants algériens et d'autres coopérants, majoritairement français. Il a connu des bouleversements marqués par de grandes réformes et des statuts juridiques différents. L'enseignement supérieur à Tlemcen avait démarré avec l'introduction du système modulaire où le diplôme de l'enseignement supérieur (DES en quatre ans) avait remplacé la licence, suivi du magister (trois ans) et du doctorat d'Etat (quatre ans). Celui-ci avait été transformé plus tard en doctorat d'université complété par l'habilitation à diriger des recherches. La licence d'enseignement était restée en vigueur pour les contractuels avec le ministère de l'éducation qui s'engageaient à enseigner dans le secondaire. Le statut était celui d'un centre universitaire jusqu'en 1986 où la nouvelle carte universitaire avait prévu la reconversion de plusieurs centres, dont celui de Tlemcen, en instituts nationaux d'enseignement supérieur. A titre d'exemple, l'institut des sciences exactes était devenu institut national d'enseignement supérieur d'hydraulique. Cette période avait été difficile et caractérisée par un certain cafouillage dans la vision des responsables du secteur. Dans les faits, les enseignements étaient restés intacts (maths, physique et chimie), mais du point de vue juridique, il s'agissait d'un institut d'hydraulique. Cet exemple était représentatif de l'absence d'une vision claire et cohérente dans les premières phases du développement de l'enseignement supérieur en Algérie. Malgré ces dysfonctionnements, les années 80 étaient riches d'expériences où l'on avait vécu un brassage intéressant d'enseignants de grandes compétences de différents pays (France, Pologne, Russie, Tchécoslovaquie, Hongrie, Roumanie, Egypte, etc.). Les événements des années 90 n'avaient pas permis la poursuite de cette dynamique puisque la majorité des coopérants étrangers était contrainte de quitter le pays et l'université avait souffert d'un isolement presque total. Le système DES - Master - Doctorat avait fonctionné jusqu'à la réforme LMD (Licence ; Master ; Doctorat) qui avait remis la licence en trois ans, suivie du master en deux ans, puis du doctorat 3ème cycle en trois ans. Cette réforme avait été introduite, d'abord à titre expérimental en 1997 dans trois universités dont celle de Tlemcen, avant d'être généralisée progressivement aux autres universités dans le pays. La période entre 2000 et 2022 avait été marquée par une croissance rapide des effectifs d'étudiants et le lancement de travaux de réalisation de grandes infrastructures dans tous les domaines (pédagogie, recherche et administration). En 2022, le nombre d'étudiants dépasse les 44.000, les infrastructures sont dans une autre échelle réparties entre quatre grands pôles abritant les huit facultés. Si l'on réussit à mobiliser judicieusement les ressources humaines et matérielles disponibles, on peut faire de l'université de Tlemcen un pôle d'excellence et lui permettre de relever les défis de la qualité, du classement à l'échelle internationale, de l'impact sur le secteur socio-économique et de la création de richesse. La réflexion engagée en 2018 sur la définition d'une stratégie de la recherche à l'horizon 2030 avait permis de créer une bonne dynamique de concertation. Un débat avait été engagé au niveau des huit facultés autour des lignes directrices suivantes : - Déterminer les thématiques prioritaires qui offraient à Tlemcen l'opportunité de jouer un rôle de leadership parmi les grandes universités. - Définir une stratégie en termes d'organisation, de priorisation, d'affectation des moyens et de calendrier d'actions. - La multidisciplinarité était considérée comme une nécessité incontournable en cultivant la complémentarité des compétences, la rationalité dans l'affectation des moyens et l'objectivité dans l'évaluation des résultats. Cette stratégie avait pour but la mise au point d'un programme de recherche cohérent ouvrant la voie à une coopération efficace et équilibrée avec les organismes de recherche internationaux. Elle visait l'excellence dans la recherche fondamentale, le fort impact sur le secteur socioéconomique et la production de richesse. Les recommandations faites portaient essentiellement sur la formation de réseaux autour de thématiques majeures, communes à plusieurs laboratoires de recherche. Ces réseaux devaient fédérer les compétences, rentabiliser les ressources financières, optimiser l'utilisation des équipements lourds et concevoir des coopérations équilibrées avec les grands organismes de recherche internationaux. Ils devaient permettre également une meilleure adaptation aux nouvelles tendances scientifiques et technologiques dans le monde. L'université de Tlemcen peut effectivement être érigée en pôle d'excellence mais il faut opérer un changement de mentalité et se remettre en cause lorsqu'il ya dysfonctionnement dans le système en présence. Au mois de mai 2022, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a publié la liste des cinq premières universités en Algérie selon des critères standards utilisés dans le monde. L'université Aboubakr Belkaid de Tlemcen est classée au deuxième rang après celle des Sciences et de la Technologie, Houari Boumediene d'Alger, précédant Sétif, M'sila et Sidi Bel-Abbès. Il s'agit là indéniablement d'un grand succès pour Tlemcen sur le plan national, acquis au prix de beaucoup d'efforts et sacrifices, consentis aussi bien par les autorités du pays que par la communauté universitaire. Cependant, doit-on considérer ce bon classement comme un succès absolu et conclure qu'on est sur la bonne voie. Ce n'est évidemment pas la bonne attitude à adopter parce que, à y voir de plus près, le classement à la deuxième place en Algérie est loin de refléter notre position dans le monde. Les universités Algériennes, notamment celle de Tlemcen, sont loin, très loin derrière le top (Les quatre américaines : Caltech, Harvard, MIT et Stanford). A titre d'exemple, selon le site web of sciences, la première université Algérienne est celle des Sciences et de la Technologie Houari Boumediene d'Alger au rang 2156, suivie par celle des frères Mentouri de Constantine au rang 2306, ensuite vient l'université Aboubekr Belkaid de Tlemcen au 2394ème rang avant celle de M'sila qui se trouve au rang 2476. Ce classement n'est pas reluisant. En fait, quand on analyse plus en profondeur la situation dans une université Algérienne comme celle de Tlemcen, on fait les constations amères suivantes : taux d'absentéisme très élevé aux cours, des déperditions importantes (abandons, échecs répétitifs, etc.), un nombre de citations très faible pour les publications réalisées en Algérie, une production de richesse pratiquement inexistante de la recherche scientifique et un impact socioéconomique faible; la qualité de l'enseignement est bien en deçà des normes internationales vus le nombre et le niveau des manuels de cours publiés. Il y a deux options pour améliorer la qualité de l'enseignement supérieur en Algérie : opérer par petites retouches ou envisager une refonte du système. Le processus de réformes par petites étapes semble être celui en vigueur actuellement, il s'inscrit dans une logique d'être soi-même juge et partie, il est entaché d'un sentiment d'autosatisfaction et mène droit à la stagnation. La refonte totale est possible à condition que la volonté existe et que la tâche soit attribuée à des personnes compétentes et intègres. Une réflexion en profondeur doit être initiée dans le but d'opérer une transition majeure et imaginer un plan global permettant de construire l'université du futur. Il ne s'agit pas de tout chambouler maintenant, ce n'est ni possible ni souhaitable. Il faut inventer une méthodologie pour réformer le système et permettre une transition contrôlée vers des objectifs fixés, bien réfléchis à l'avance. Cette transition peut s'opérer en deux temps. Une première étape progressive qui consiste à nourrir l'excellence à partir des écosystèmes actuels. Définir les objectifs à moyen terme, inventorier et optimiser le recours aux ressources disponibles en les mutualisant pour consolider les points forts et corriger les faiblesses. Dans cette première étape, des choix judicieux doivent être faits pour placer l'université à un niveau honorable selon les normes internationales à l'horizon 2030. Cette étape peut être implémentée selon la stratégie suggérée dans la réflexion de 2018 mentionnée précédemment. La 2ème étape doit permettre d'opérer un saut qualitatif vers un nouvel écosystème dont la mise au point repose sur 3 critères : - S'inspirer du top parmi les universités dans le monde; - Libérer les initiatives en responsabilisant les acteurs à tous les niveaux ; - Cultiver le sentiment du compter-sur-soi. En regardant avec un œil critique l'expérience du passé, en considérant ses hauts et ses bas, ses succès et échecs, en tirant les bonnes leçons pour éviter de commettre les mêmes erreurs, alors on peut retrouver la voie du progrès. Pour simplifier les choses, une démarche possible pour la première étape est suggérée ici sur la base d'un processus pyramidal. Au sommet de la pyramide il ya un comité présidé par le recteur, composé des vice-recteurs et du président du Conseil de l'éthique et de la déontologie de l'université de Tlemcen (CEDUT). Ce comité est chargé de l'élaboration de la stratégie de l'université sur la base des rapports établis au niveau des différentes facultés. Le rapport de synthèse des facultés est fait par un autre comité placé sous l'autorité du président du conseil scientifique de l'université et comprenant les doyens et les président de conseils scientifiques, ainsi que les membres du CEDUT. A la base de ce processus se trouve le comité de département présidé par le doyen et formé du président du conseil scientifique de la faculté, des vice-doyens, des chefs de département, des présidents de comités scientifiques et des représentants au CEDUT. Il est chargé de la rédaction du rapport de base pour chaque département. La synthèse devra être faite par le doyen secondé par le président du conseil scientifique et les vice-doyens. Dans cette structure pyramidale, le rapport de base établi par chaque département est crucial et doit retenir la plus grande attention possible. Le succès de la démarche globale est conditionné par la rigueur avec laquelle ce rapport est fait, la pertinence et la qualité de l'information qu'il contient. La devise principale pour concevoir un bon rapport est simple : se référer au top institutions de formation supérieure dans le monde (Caltech, Harvard, etc.) et concevoir une information utile, référencée et précise. Comme le succès de toute l'opération est conditionné par la qualité de ce rapport, il est nécessaire de le réaliser avec le plus grand soin possible. Le guide suivant est proposé pour son élaboration : Un bref historique est nécessaire pour montrer l'évolution du département et apprécier son niveau de maturation, ses différentes phases de développement et éventuellement relater des événements particuliers. Un état des lieux doit comporter des données statistiques (effectifs, infrastructures, etc.) et leurs évolutions. Il doit contenir des informations utiles précises et documentées, mettre en évidence les tendances bonnes ou mauvaises, les potentialités existantes et leurs utilisations. Les forces et faiblesses doivent être montrées avec objectivité pour envisager la correction des erreurs et le renforcement des acquis. Une autre vision à travers deux projets innovants pour l'université du futur Les transformations connues par notre pays en peu de temps et les réformes entamées dans de nombreux domaines montrent les prémisses d'une Algérie nouvelle. L'élite universitaire est pleinement engagée dans les actions qui tendent à moderniser le système d'éducation à tous les niveaux, à faire face aux défis du développement durable et bâtir une économie forte tout en renforçant la cohésion sociale à travers une politique de distribution équitable des richesses. Notre pays mise surtout sur le génie, l'enthousiasme et la force de sa jeunesse. Dans cet esprit d'imagination d'un avenir radieux, il est permis de rêver tout en se donnant la force de la conviction et la volonté de faire l'effort nécessaire pour atteindre les objectifs assignés, aussi ambitieux soient-ils. L'un des objectifs imaginés ici est celui d'une cité scientifique autour de l'université du futur, un pôle d'excellence, un centre de compétitivité, une cité de l'innovation, de la science, de la technologie, de l'éducation et de la récréation. L'innovation dicte que l'on se mette sur la voie des nouvelles technologies de l'information, de la communication et de l'intelligence artificielle. La science et la technologie permettent de transformer les ressources en biens au service du citoyen et adopter un mode de vie intelligent dans un environnement sain. L'éducation est la voie par laquelle l'université s'ouvre sur la société pour éclairer son chemin et élever sa conscience. La récréation est le bon vivre ensemble pour échanger les idées, se comprendre et prospérer. Les activités dans ce complexe sont variées, utiles et agréables au point que n'importe quel individu dans la société puisse y trouver un intérêt, la motivation pour une visite et y passer un moment agréable. Dans cette cité, les chercheurs travaillent sur des projets fondamentaux pour améliorer notre niveau de connaissance scientifique, ou sur des projets de développement technologique pour augmenter le rendement des équipements et innover dans la production de la richesse. Les pépinières (start-up) constituent les pôles émergents des industries du futur à petite échelle et des services de promotion de la qualité de la vie et du progrès socioéconomique. La cité constitue un bon repère pour les étudiants où ils trouvent de l'inspiration pour envisager leur avenir avec sérénité et confiance. Les citoyens ordinaires, les familles, les visiteurs peuvent y passer un moment agréable, apprendre des choses, regarder des films éducatifs et acheter des souvenirs. La cité représente l'espace d'inclusion des trois composantes : université / société / partenaires économiques. L'université est un concentré de connaissance, d'intelligence et de savoir-faire. Les ressources humaines et les moyens matériels dont elle dispose lui permettent de jouer un rôle moteur dans le progrès social. L'université compte de nombreuses infrastructures pédagogiques et d'accommodation (logements et restaurants) permettant d'organiser des rencontres et conférences selon les normes internationales. En tenant compte de tous ces atouts, on peut concevoir une organisation des activités au sein de la cité selon un ?Walt Disney Land' des sciences, technologies et arts selon les trois chapitres : Santé (médecine, pharmacie, biotechnologies) ; Environnement (énergie, climat, eau, nanotechnologies, astronomie, mathématiques et informatique) ; Société (art, patrimoine culturelle, histoire, archéologie). Les avancées dans les technologies de la communication et de l'information peuvent servir dans ce cas à mettre la science dans sa complexité abordable aux citoyens non initiés. Des halls d'exposition dédiés à la science, aux technologies et à l'éducation en complément de projections de films et d'écrans de TV représentent une voie efficace pour transmettre un message clair, simple et utile. La cité offre aux partenaires économiques l'occasion d'exposer leurs produits, vantant leur qualité et expliquant les techniques innovantes de production. Les partenaires économiques doivent convaincre la société de l'impact de leurs activités sur le bien être social et la qualité de la vie du citoyen. C'est donc une occasion pour étendre leur marché et augmenter leurs bénéfices. Toutes ces activités dans leur diversité doivent former un ensemble harmonieux dans un espace convivial où toutes commodités sont offertes au public, y compris les espaces de récréation pour les enfants et les parents. Il s'agit de trouver les conditions où les scientifiques, les experts dans différents domaines, la société entière en particulier les familles trouvent une motivation et de bonnes raisons de visiter les lieux dans ce complexe. Les aires de jeux pour les enfants et les adultes constituent une partie indissociable de l'ensemble permettant de conduire un projet ambitieux de cette envergure. L'autre projet futuriste dont il est question ici se réfère aux étoiles du désert, ces cités intelligentes conçues pour résorber le chômage des jeunes diplômés et pour mieux exploiter les richesses de diverses natures dont regorge le Sahara. Les nouvelles orientations des responsables au plus haut niveau montrent un mouvement clair dans ce sens et un intérêt particulier pour le développement des régions du Sud et des zones frontalières. Lorsque la volonté existe, il est possible de surmonter les grands défis et réussir des miracles comme celui d'éradiquer le chômage des diplômés, réaliser la transition énergétique dans les meilleures conditions possibles, développer le Sahara pour y apporter la lumière et la richesse humaine. Des possibilités sont offertes par le grand gisement solaire, les défis sont dans la bonne exploitation des ressources en eau, la conception d'une éco-agriculture privilégiant la qualité nutritive, donc une alimentation saine et riche pour réaliser la sécurité alimentaire à une population en forte augmentation. Les prévisions montrent une population d'environ 55 million à l'horizon 2030 posant le défi majeur des besoins dans tous les domaines et en particulier celui de l'alimentation. L'expérience des étoiles du désert peut commencer par le choix des régions offrant des conditions favorables pour ériger les premières cités intelligentes. Ces cités devraient être conçues pour offrir un haut degré de confort et de sécurité et attirer les citoyens qui doivent être en mesure de trouver toutes les nécessités de la vie quotidienne et de s'adapter facilement au climat du grand Sud. Les futurs habitants du Sahara devraient disposer d'un réseau de communications et de transport performant pour éviter le sentiment d'isolement. On devrait promouvoir autant que possible les activités socioculturelles et de détente (sport, etc.). Une telle stratégie pourra générer ce que l'on peut appeler les étoiles du désert, des lumières éclairant l'Algérie du futur et la préparant à un avenir fait de paix et de prospérité. Le succès de tels projets futuristes réside dans une volonté politique forte, une adhésion totale de la société dans toutes ses composantes, une mobilisation des moyens et des forces vives du pays, une stratégie développée par des experts confirmés et une méthodologie de communication professionnelle et efficace. *Professeur de physique à l'Université Aboubakr Belkaïd de Tlemcen |