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Devant distinguer
le temps politique du temps économique, face aux vives tensions budgétaires
2021/2022, deux dossiers sensibles différés par tous les gouvernements qui se
sont succédé depuis des décennies, attendent l'exécutif actuel : celui des
subventions
que j'ai abordé dans le Quotidien d'Oran le 08 septembre 2021 sous le titre «Politique des subventions ciblées: une autre gouvernance et un système d'informations fiable en temps réel» et celui de la caisse des retraites, objet de cette présente contribution. 1.-Rappelons, en fonction les expériences historiques dans le monde, qu'il y a le système de répartition auquel sont associés les assurances et le système de participation, souvent combinés. En Algérie existent deux caisses de retraite, l'une pour les personnes nommées par décret pendant 10 ans bénéficiant d'une retraite à 100% et l'autre majoritaire plus de 80% bénéficiant d'une retraite à 80%. Exemple : un simple sous-directeur de ministère ayant 10 ans de décret bénéfice d'une retraite à 100% alors qu'un professeur d'université de plus de 32 ans, seulement à 80 %. Dans le système en vigueur, toute personne ayant cumulé 32 années d'activité peut, si elle en fait le demande, partir à la retraite sans attendre l'âge de départ légal de 60 ans, encore que le ministère du Travail vient d'annoncer qu'il n'est plus question d'autoriser les retraites anticipées. Pour l'Algérie, la population active dépasse en 2021, 12,5 millions sur une population totale résidente de 44,7 millions d'habitants au 1er janvier 2021. La sphère informelle non soumise aux cotisations, n'étant pas affiliée à le caisse de sécurité sociale et par ricochet ne payant pas d'impôts, servant de soupapes sociales, représente hors hydrocarbures plus de 50% de le superficie économique, idem pour l'emploi, et contrôlant une masse monétaire hors banques, selon les informations données par le président de la République lors de sa conférence de presse, du fait de l'effritement du système d'information, fin 2020 entre 6100 et 10.000 milliards de dinars soit au cours de 137 dinars un dollar entre 44,52 et 72,99 milliards de dollars pour un PIB en nette diminution en 2020 de 160 milliards de dollars et selon le FMI de 153 milliards de dollars pour 2021. C'est que le marché de travail alimenté par la dépense publique via la rente des hydrocarbures, montre clairement une économie rentière avec les emplois dominants dans les services/commerce 60% de total, le BTPH 17%, qui selon les organisations patronales aurait perdu plus de 150.000 emplois en 2020 du fait de la crise, l' industrie moins de 13% avec plus de 2 millions de fonctionnaires et une productivité des plus faibles au niveau de le région Mena, selon l'OCDE, deux fois plus de dépenses monétaires pour avoir deux fois moins d'impacts économiques et sociaux. Les dépenses de la caisse nationale ont atteint les 1.293 milliards de dinars en 2019, face à des recettes estimées à 709 milliards de dinars avec un déficit financier estimé à 584 milliards de dinars algériens. Pour 2020, les perceptions ont atteint les 762 milliards de dinars et les dépenses dépassent les 1.400 milliards DA avec un déficit observé de l'ordre de 640 milliards DA. Pour 2020, la caisse est principalement financée à hauteur de 18,25% du total des cotisations des chefs d'entreprises et des employés, représentant seulement 34,5% du salaire cotisable. Pour 2020, selon le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale qu'il y a eu augmentations des pensions entre 2 et 7%, de 6% pour les pensions égales ou inférieures à 20 000 dinars et de 1,5% pour les pensions supérieures à 80 000 dinars au profit de 3.266.000 personnes retraitées, versements effectués rétroactivement pendant les jours du 20, 22, 24 et 26 juin 2020, ces augmentations variant en fonction du montant total des pensions et des allocations aux retraités pour un montant de 7,40 milliards de dinars. Toujours selon le même ministère, en date du 08 avril 2021, le déficit financier de la Caisse nationale des retraites (CNR) pourrait atteindre 690 milliards de dinars en 2021, le nombre de retraités dépassant les 3,3 millions, la CNR enregistrant un taux de cotisation de sécurité sociale estimé à 2,2 travailleurs pour chaque retraité et pour un équilibre, le taux de cotisation devrait atteindre cinq travailleurs pour un retraité. La nécessaire réforme des retraites renvoie à la dynamisation du tissu productif, la lutte contre l'évasion fiscale, l'unification des caisses de retraite pour un sacrifice partagé et une nouvelle politique des subventions qui doivent être ciblées, constituant un revenu indirect. Or toutes les lois de finances depuis de longues décennies continuent une politique de subventions généralisées source d'injustice sociale, celui qui perçoit 30 000 dinars par mois bénéficiant des mêmes subventions que celui dont le revenu dépasse 200.000 dinars par mois, devant aller, comme je le préconise depuis 2008, vers les subventions ciblées devant être budgétisées par le parlement, permettant aux entreprises publiques des comptes transparents selon les règles du marché. Mais cela implique un système d'information transparent en temps réel. Pour comprendre la pérennité des caisses de retraite, il faut accorder une attention particulière aux équilibres macro-économiques et macrosociaux. Attention à la dérive salariale, sans augmentation de la production locale qui peut conduire à un processus inflationniste incontrôlé qui pénalisera les couches les plus défavorables avec le risque d'une déstabilisation sociale. 2.-C'est que la situation économique actuelle est complexe et influe tant sur le pouvoir d'achat que sur l'alimentation des caisses de retraites. Le taux de croissance a été négatif de 5/6% en 2020 dû à la fois à la crise mondiale, mais également à la faiblesse des réformes internes, le taux prévu de 2/3% pour 2021, qui vient d'être ramené par le FMI à 3,4% donne toujours, rapporté à 2020, un taux faible entre moins 0/1%. Le produit intérieur brut PIB est de 180 milliards de dollars en 2018 à une prévision de 155 milliards de dollars en 2021. Les réserves de change sont passées de 194 milliards de dollars au 1er janvier 2014 à 48 milliards de dollars fin 2020, source officielle du gouvernement et à environ 44 milliards de dollars entre avril/mai 2021, et se pose cette question : les 173,6 tonnes d'or pour une valeur de 10,9 milliards de dollars au cours d'octobre 2021, soit 1760 dollars l'once sont-ils inclus ou pas dans le montant des réserves de change comme le font les statistiques internationales ? La faible performance économique a un impact sur l'évolution de la cotation du dinar, corrélé aux réserves de change via les recettes d'hydrocarbures où selon la BA, le dinar s'est déprécié de plus de 80% depuis 2000 et plus de 30% depuis la fin 2020, étant coté officiellement entre le 25 octobre 2021, 136,9199 dinars un dollar et 159,3917 dinars un euro, la loi de finances initiale 2021 projetant une amplification de sa dévaluation, en 2022, 149,32 DA pour 1 USD et pour 2023, 156,72 dinars un dollar avec un écart de 50% sur le marché parallèle. Cela a une incidence sur le taux d'emploi où avec la pression démographique souvent oubliée, il faudra entre 2022-2025 créer plus de 350 000-400 000 emplois par an, qui s'ajoutent au taux de chômage, impliquant pendant plus de 5 à 7 ans un taux de croissance en termes réel entre 8/9%. Cela par ricochet influe également sur le taux de chômage, qui selon le FMI en 2021 serait de 14,1% et 14,7% en 2022 incluant les sureffectifs des administrations, entreprises publiques et l'emploi dans la sphère informelle. La baisse des importations, avec la dévaluation du dinar pour combler artificiellement le déficit budgétaire, qui a accéléré le processus inflationniste ne doit pas faire illusion car les restrictions d'importations ont paralysé la majorité de l'appareil de production afin de préserver les réserves de change, fonctionnant à moins de 50% des capacités et uniquement pour le BPTH une perte d'emplois de plus de 150.000. Par ailleurs, le ministère du Commerce doit éviter de donner des chiffres globaux non significatifs de la réalité concernant les exportations hors hydrocarbures. Après analyse sur les 3,1 milliards de dollars pour les neuf premiers mois de 2021, le constat est que 75/80% sont constituées de dérivés d'hydrocarbures (Sonatrach ne doit pas faire un double emploi dans ses déclarations) et de produits semi-bruts. L'important est d'avoir la balance devises nettes pour l'Algérie devant soustraire les matières importées en devises, les exonérations fiscales, les matières subventionnées par l'Etat et aligner le prix de cession du gaz/pétrole sur le prix international pour voir si nos entreprises sont compétitives en termes de coûts/qualité : plus de 85% des entreprises publiques et privées étant selon les données du registre du commerce des unités personnelles ou petites Sarl peu compétitives fonctionnant avec des équipements et matières premières importées dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15%. Pour éviter l'endettement extérieur et le manque de liquidités des banques, la Banque d'Algérie a eu recours à la planche à billets pour 2100 milliards de dinars pour 2021 selon la Banque d'Algérie. Dans la loi de finances 2021, il a été prévu des dépenses de 8 112 milliards de dinars et des recettes à 5 328 milliards soit un déficit budgétaire de 2784 milliards de dinars, soit si l'on rapporte au cours d'octobre 2021, de 137 dinars un dollar, environ 20,32 milliards de dollars et au cours au moment de l'élaboration de la loi de finances plus de 22 milliards de dollars. Pour 2022, les encaissements devraient atteindre 5.683 milliards de dinars, tandis que les charges sont estimées au total à 9 857 milliards de dinars soit un déficit budgétaire d'environ 4174 milliards de dinars soit 30,46 milliards de dollars. 3.-Tous ces facteurs endogènes et exogènes favorisent la spéculation, expliquant le taux élevé d'inflation qui selon les données officielles, cumulée entre 2000/2021 approche les 100%, mais certainement plus élevé, l'indice n'ayant pas été réactualisé depuis 2011. Nous assistons à une concentration excessive du revenu national au profit d'une minorité rentière où un fait nouveau, une partie de la classe moyenne commence à disparaître graduellement et à rejoindre la classe pauvre, l'inflation et c'est une loi universelle jouant comme facteur de concentration au profit des revenus variables et au détriment des revenus fixes. L'action louable au profit des zones d'ombre serait un épiphénomène face à la détérioration du pouvoir d'achat de la majorité de la société civile informelle silencieuse, la plus nombreuse, atomisée, non encadrée qui risque de basculer dans l'extrémisme, face à des discours de responsables déconnectés de la réalité, des partis politiques traditionnels et une société civile officielle souvent vivant de la rente, inefficience comme intermédiation sociale et politique. Les tensions sociales, tant qu'il y a la rente, sont atténuées artificiellement grâce aux recettes des hydrocarbures qui permettent des subventions et transferts sociaux représentant 23,7% du budget général de l'Etat et 9,4% du PIB pour l'exercice 2021, mais mal gérés et mal ciblés, qui ne profitent pas toujours aux plus démunis. Ces tensions sociales sont également atténuées par la crise du logement qui renforce la solidarité familiale (même marmite, mêmes charges), assurant une paix sociale transitoire. L'effet d'anticipation d'une dévaluation rampante du dinar, via la baisse de la rente des hydrocarbures, risque d'avoir un effet négatif sur toutes les sphères économiques et sociales dont le taux d'intérêt des banques qui devraient le relever de plusieurs points, l'ajustant aux taux d'inflation réel, freinant à terme l'investissement. Avec la flambée du prix du gaz, qui connaît avec le coût du transport en Asie un cours dépassant les 30 dollars le MBTU, l'équivalent de 150 dollars le baril de pétrole, et entre 15/20 dollars en Europe et le cours du pétrole à plus de 85 dollars le Brent le 25/10/2021, les caisses de retraites étant alimentées indirectement par la rente des hydrocarbures qui irrigue toute l'économie, l'Algérie profite-t-elle du cours exceptionnel du pétrole et du gaz où tant selon l'OPEP que le FMI, le cours devrait se stabiliser en 2022 entre 70/80 dollars le baril pour redescendre entre 2025/2030 avec l'accélération de la transition énergétique ? A court terme, l'Algérie profite peu de ces hausses puisque selon le rapport de l'OPEP de juillet 2021 la production est passée de plus de 1,2- 1,5 millions de barils/j entre 2007/2008 à environ 950.000 barils/j contre 850.000 en mai 2021, et pour le gaz plus de 65 milliards de mètres cubes gazeux à 40 en 2020, espérant 43/44 pour 2021, du fait de la forte la consommation intérieure, près de 40/50% de la production pour le pétrole et le gaz entre 2019/2020 et devant s'accélérer entre 2021/2030, laissant peu pour les exportations. L'Algérie ne s'est pas adaptée, faute de prévisions, aux nouvelles mutations gazières mondiales avec la percée du marché libre dit spot, ayant privilégié les contrats à moyen et long terme avec un prix fixe qui ne peut être révisé en cas de hausse ou baisse des prix qu'au bout d'une certaine période, après négociations. Aussi la remontrée des prix pour 2021 peut permettre une recette de Sonatrach entre 32/33 milliards de dollars, un gain de 6/8 milliards de dollars par rapport aux recettes de 2020, les opérateurs attendant toujours les décrets d'application de la loi des hydrocarbures et le code des investissements. Encore qu'il faille se méfier du juridisme, l'objectif étant de profondes réformes structurelles pour dynamiser l'économie. Cependant l'Algérie, contrairement à certains discours pessimistes, possède encore des marges de manœuvre mais de plus en en plus étroites et dont l'avenir dépendra des réformes qu'elle mènera ou pas. Selon le FMI et la Banque mondiale, le déficit de la balance courante serait négatif à 5,5% contre 12,7% en 2020, les dettes à long terme à 1,669 milliard de dollars en 2020, contre 1,571 milliard de dollars en 2019 et 1,725 milliard de dollars en 2018. Le ratio du service de la dette extérieure rapporté aux exportations de biens et services est estimé à 1% à fin 2020, le ratio du stock de la dette extérieure rapporté aux exportations était de 20% en 2020, contre 14% en 2019 et le ratio du stock de la dette extérieure rapporté au revenu national brut est estimé à 4% en 2020, à 3% en 2019. Mais selon la Banque mondiale, l'Algérie a peu attiré l'investissement étranger du fait d'entraves bureaucratiques et d'une législation peu attractive avec une baisse de 21,3% estimée à 1,073 milliard de dollars en 2020, contre 1,364 milliard de dollars en 2019. En conclusion, le dossier très sensible des caisses de retraite renvoie à la sécurité nationale où face aux tensions budgétaires, la pérennité des caisses de retraite implique un retour à une croissance tenant compte des nouvelles mutations mondiales en investissant dans des créneaux à avantages comparatifs d'avenir. Selon les données officielles du Premier ministère (source APS), l'assainissement du secteur public marchand durant les 25 dernières années a coûté au Trésor l'équivalent de 250 milliards de dollars et le coût des réévaluations entre 2005/2020, 8900 milliards de dinars soit au cours moyen de 135 dinars un dollar environ 66 milliards de dollars : continuer sur cette voie est un suicide collectif. Ainsi, s'impose une nouvelle gouvernance avec pour objectif stratégique de diversifier l'économie, loin de la mentalité rentière. Faute de quoi, les tensions sociales s'aiguiseront avec le risque d'implosion des caisses de retraite, les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques. Pour preuve, à l'instar de bon nombre de pays de l'OPEP, l'Algérie a engrangé plus de 1000 milliards de dollars en devises entre 2000/2020, sans compter la période 1965/2019, une importation en devises en biens et services dépassant les 950 milliards de dollars avec un taux de croissance dérisoire durant cette période 2/3% 2000/2019 avec un taux négatif de 5/6% en 2020. Nous devons tirer les leçons de l'histoire: une dette extérieure d'une Roumanie communiste en ruine avec une dette extérieure zéro et après avoir épuisé ses stocks d'or, avec la découverte de Christophe Colomb, l'Espagne a périclité pendant plusieurs siècles où en 1962, l'Algérie était plus développée. Et c'est ce qui attend les pays producteurs d'hydrocarbures qui ne vivent que grâce à cette rente. |