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La
prochaine élection présidentielle se tiendra les 10 et 24 avril 2022. Un
scrutin qui se prépare dans un contexte de crise sanitaire, économique et
sociale inédit. Le président sortant, candidat à sa réélection probable est la
cible déclarée des autres candidats potentiels qui n'hésitent pas à sortir
«l'artillerie lourde» pour le «dézinguer».
En plus de sa cote de popularité qui est au plus bas, (une étude remet en question sa politique économique), la percée du candidat (non encore déclaré) d'Eric Zemmour, qui est un signe de fragilité assez fort, les obstacles se multiplient pour Emanuel Macron. Cette situation pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la suite, comme il est dit dans certains médias. Une autre difficulté réside dans la montée en puissance des thématiques économiques et sociales, plus que jamais en tête des préoccupations. Mais en empruntant le sujet récurant du polémiste Zemmour et de Marine Le Pen, c'est-à-dire la question d'immigration, Macron prend le risque de ne pas être audible sur les problèmes sociaux économiques des Français comme le pouvoir d'achat, le chômage et l'insécurité. Ses rivaux politiques tirent à boulets rouges sur le «quinquennat pour presque rien» d'Emmanuel Macron. Certains affirment que sous le «règne» de Macron, la France a perdu cinq ans. D'autres l'accuse d'avoir les mots de la droite mais il n'en a pas les actes. D'autres encore sont d'accord pour dire que pour lui, gouverner, c'est faire croire», et appellent les Français à «ouvrir les yeux» et à «ne pas se faire aveugler par la poudre aux yeux de la campage». Une candidate à la présidentielle a même accusé le chef de l'Etat d'avoir «échoué à réformer la France», d'avoir «laissé l'impunité s'installer» et «l'insécurité exploser», d'avoir eu «la main tremblante face à la menace terroriste», mais aussi d'avoir «laissé l'enfer bureaucratique gouverner», «creusé les fractures», «affaibli la vie démocratique des Français», «sacrifié les familles» et «cramé la caisse». Et de persister et signer que Marcon «a été un président dépensier» ; en tant que candidat, il est en train d'exploser tous les compteurs» , avant de souligner qu'«autant de promesses non tenues devront faire l'objet d'un immense courage politique demain» et d'avertir que «L'heure du bilan a sonné» , car Emmanuel Macron a beaucoup parlé, très peu réformé. Son ADN, c'est de plaire. Même l'ancien Président François Hollande accuse Emmanuel Macron de «sauter d'une conviction à l'autre comme une grenouille sur des nénuphars». Il décrit un quinquennat qui «ressemble étrangement à ce qu'aurait pu être un second mandat de Nicolas Sarkozy». Ça n'est pas un compliment dans sa bouche. Quant à la gauche, ça dézingue à tout va aussi. «Politiquement, il n'est rien, il saupoudre une pincée de chaque couleur politique selon les jours, dans un savant dosage. Il ne croit en rien, il n'a aucune conviction», aurait lancé François Hollande à l'égard de son successeur. «S'il est très intelligent, ce n'est pas pour autant un intellectuel, il est plus Patrick Bruel et Eddy Mitchell que le Panthéon. Il n'est pas très cultivé, il a une culture populaire», taille encore l'ancien président de la république. Mais qu'en est-il de ses adversaires candidats à la présidence ? Pour le polémiste Eric Zemmour, Une «guerre civile» aura lieu dans dix ans en banlieue, a-t-il affirmé sur un plateau de télévision. «Je pense que la guerre civile est déjà là» répondit-il à la question de savoir si la France est ou non en danger sur le plan identitaire. Éric Zemmour n'a pas hésité d'évoquer une «situation tragique», fruit selon lui, d'une «invasion migratoire» et d'une «islamisation de quartiers». «Je pense que la guerre civile est déjà là», a affirmé le polémiste, «quand on va dans le Bataclan et qu'on massacre plus de cent personnes à la kalachnikov, cela s'appelle la guerre civile. Quand on égorge un prêtre dans son église, cela s'appelle la guerre civile. Quand on égorge un professeur [...] cela s'appelle la guerre civile», a énuméré Éric Zemmour à l'antenne. En réalité, c'est le polémiste qui est accusé d'être l'initiateur de ce climat. Dans une tribune parue la suite à cette sortie alarmante et parue dans Le Monde, l'ancien secrétaire général de la présidence de la République Frédéric Salat-Baroux a estimé qu'Éric Zemmour était le créateur de ce risque de guerre civile. «Le risque de guerre civile, Zemmour n'y répond pas, il le crée. Face à des médias irresponsables, face au silence assourdissant de nos autorités morales, que peut ressentir le Français musulman? Qui a un mot de respect et de fraternité à son égard? Faut-il être aveugle pour ne pas voir que Zemmour a pour objectifs de mettre le feu au pays?», S'interroge le haut-fonctionnaire français. En plus de cette théorie alarmante d'une prochaine «guerre civile», Éric Zemmour persiste et signe en réitérant ses propos sur une prétendue bienveillance du maréchal Pétain envers les Juifs. «Les lois antisémites prises par le régime de Vichy n'avaient pas d'objectif exterminatoire. Ce sont les Allemands qui ont introduit cette logique exterminatrice. C'est facile de dire, 50 ans après, que la France est coupable. La France n'est pas coupable, c'est l'Allemagne qui est coupable.», a-t-il conclu. Cette sortie médiatique. Et devinez qui vient à la rescousse de Zemmour ? Jean-Marie Le Pen bien-sûr. Le Ménhir du racisme avait déjà déclaré: «Nous sommes gouvernés par des immigrés et des enfants d'immigrés à tous les niveaux», avait confié à qui voulait l'entendre, en citant l'exemple de Christian Estrosi (UMP) ou d'Eric Ciotti (UMP). Parlant de Zemmour, il déclara : «Éric fait partie de mon paysage depuis 20 ans, c'est un jeune copain qui a 30 ans de moins que moi», confie Le Pen, qui dit «apprécier son courage, son ardeur de langage, son ouverture d'esprit.» S'il trouve qu'Éric Zemmour «n'a pas le gabarit», car «encore polémiste», il observe aussi qu'il «est plus dur, à juste titre, que Marine Le Pen» dans son discours. Pour Marine Le Pen, l'obstacle Zemmour est important, car candidat potentiel, il reprend les sujets récurrents de l'extrême droite (émigration, insécurité, islamisme). Crédité de 16% dans les sondages au second tour de l'élection présidentielle, face à Emmanuel Macron, Zemmour vient fausser la donne pour l'éternelle candidate de l'extrême droite. Usant d'un discours sans tabous, ni limites, le polémiste, lui aussi d'extrême droite fait de la figure de l'immigré et du musulman la cause d'un malheur français et va encore plus loin que Jean-Marie Le Pen dans le racisme ordinaire et inquiète gravement Marine Le Pen. Il serait donc devant Marine Le Pen pour affronter le président sortant. Mais le polémiste ne s'est toujours pas déclaré officiellement. Pour «se démarquer de lui», Marine Le Pen qui pensait détenir le monopole de l'alarmisme ; - cette tendance à répandre la frayeur autour de soi-, veut augmenter le pouvoir d'achat des Français. Et pour cela, la leader du Rassemblement national entend leur «rendre de l'argent donné aux immigrés», tout en faisant des économies en «réservant les allocations familiales exclusivement aux Français». «Les mesures que je propose sur l'immigration (...), dit-elle, consistent à réserver, par exemple, les allocations familiales exclusivement aux Français» En plus de tous ces tirs croisés, Emmanuel Macron est confronté à une politique étrangère défavorable, tant ses sorties «irréfléchies selon ses proches» creusent davantage le fossé entre plusieurs nations jadis «amies» avec la France. D'abord avec l'Algérie qu'il a agressée verbalement quant à l'Histoire et les origines de cette ancienne colonie qui s'est libérée du joug colonial. Le rappel en Algérie de l'ambassadeur algérien à Paris est un mauvais point pour Macron. L'Algérie a décidé, le samedi 2 octobre courant, de rappeler «pour consultations» son ambassadeur à Paris, Mohamed Antar Daoud. L'Algérie a justifié ce rappel par son «rejet de toute ingérence dans ses affaires intérieures». Cette décision fait suite aux «déclarations attribuées» au président français, Emmanuel Macron, car considérées comme de l'ingérence inadmissible dans les affaires intérieures de l'Algérie. Ensuite le camouflet de la vente des sous-marins à l'Australie, une leçon de géopolitique presque brutale, que la France d'abord, mais ensuite aussi l'Union européenne, vient de rater. C'est dans un accord secret entre l'Australie que les États-Unis et la Grande-Bretagne, ont «piqué» une vente française prévue de sous-marins à propulsion conventionnelle à Canberra et qui a été annulée et remplacée par un accord similaire, mais maintenant avec des sous-marins à propulsion nucléaire basés sur la technologie d'armement des États-Unis et de Bretagne. De plus, le comportement que la France «joue» avec le Mali malgré l'Accord de Défense qui lie le deux pays, (A Kigali la France est allée chercher les dirigeants du MNLA qui étaient à Ouagadougou pour les réinstaller. Une faute la plus impardonnable que la France de Macron paie aujourd'hui. Un acte que les Maliens considèrent comme une trahison. Le Premier ministre malien n'a pas mis les gants pour dénoncer l'ancienne puissance coloniale à la tribune de l'ONU). Pour les Maliens, le tableau est déjà sombre presque neuf ans de présence française, la situation sécuritaire s'aggrave davantage au Mali et dans les autres pays sahéliens. Contrairement à la Grande-Bretagne, la France n'a pas l'option de puissance mondiale sur le plan militaire. L'Union européenne est loin d'être prise au sérieux dans un partenariat sécuritaire au-delà de son propre continent. Et, d'un point de vue diplomatique, la France a-t-elle encore une politique ? La Chine, la Russie et la Turquie ont entrepris de chasser la France d'Afrique par tous les moyens possibles. Économiquement, les intérêts français sont attaqués de toute part. Et, sur ce champ de bataille, il est plus que nécessaire pour la France d'élaborer une stratégie, si elle ne veut pas essuyer d'autres plâtres que celui du renvoi par La Biélorussie de l'ambassadeur de France, Nicolas de Bouillane de Lacoste qui n'a jamais présenté ses lettres de créances au Président Alexandre Loukachenko , au pouvoir depuis 1994 dans cette ancienne république soviétique et réélu en 2020. Ceux qui réfléchissent, un tant soit peu, s'accordent sur le fait que la France est au plus mal et que les crises qui la secouent ne cessent de se multiplier tout en s'aggravant et la pandémie n'est que la dernière démonstration. Une sourde angoisse étreint les Français; de fil en aiguille ils succombent facilement au reflex de «l'autruche», ce qui apaise quelque peu leurs douloureuses interrogations, tout au moins passagèrement. Les Français voudraient bien qu'une renaissance politique soit en marche, mais avec des candidats comme Macron, Zemmour ou Marine, il ne se passe rien, sinon le morne défilement de jours gris tendant à s'assombrir. Les Français sont-ils donc désormais condamnés à la résignation, eux «si intelligents», «si perspicaces», «si modernes» ? Et le temps continue à s'écouler. Chaque jour qui passe, le quotidien des Français leur révèle de nouveaux scandales, de nouvelles indignités, un retour à la barbarie, une démocratie altérée, rapprochant la France d'une horreur dont ils commencent plus ou moins consciemment à distinguer les contours. Ce qui manque clairement ce ne sont pas uniquement des moyens mais une véritable volonté politique de transformation. L'absence de volonté politique face à l'insécurité globale, c'est ce qui peut se présenter comme l'expérience du délitement et c'est précisément ce sur quoi Eric Zemmour pointe le doigt. Autre campagne, autre lecture de l'histoire : en 2017, le candidat Macron était allé sur le sol algérien expliquer que la colonisation était un «crime contre l'Humanité». La garantie pour lui d'être classé parmi les progressistes, les modernes, les gens bien. Un «crime contre l'Humanité» commis par la France. Et en 2021, il change son «angle de tir» en s'en prenant gratuitement à l'Algérie et son Histoire pour faire comme ses rivaux qui excellent dans l'invective et le racisme primaire. Pourtant, il y a mieux à faire pour Macron pour attirer les électeurs. Le conflit autour des retraites, d'une part, n'est pas totalement réglé. Certes, les transports ont repris et les dernières manifestations ont rassemblé moins de monde qu'au début du mouvement. Mais «les ennuis de Macron ne sont pas terminés», prévient le site britannique The Article. D'autant que de nombreux secteurs, habituellement peu prompts à protester, ont rejoint la grogne. |