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Comme
il l'a annoncé dans l'entretien qu'il a accordé le 22 septembre dernier au
Quotidien d'Oran, le jugement mis en délibéré de la plainte pour plagiat que
l'écrivain algérien Salah Guemriche a déposée en 2014
contre Alain Rey, un auteur, linguiste et lexicographe de renom, rédacteur en
chef, pendant 50 ans, des Éditions Le Robert (le fameux dictionnaire) a été
prononcé ce vendredi 11 octobre, au Tribunal de Grande instance de Paris et
remis aux concernés seulement ce lundi. Il a reconnu le bien-fondé de la
plainte pour plagiat déposée par l'auteur algérien.
Selon cette décision de justice (résumée par nos soins. NDLR) « le tribunal statuant publiquement, par jugement contradictoire, dit que Salah Guemriche bénéficie de la protection au titre du droit d'auteur, (...) dit que les Éditions Tredaniel (qui ont publié l'ouvrage «Le voyage des mots» d'Alain Rey) ont commis des actes fautifs de parasitisme, condamne cet éditeur à payer à Salah Guemriche la somme de 10.000 euros en réparation de ces actes de parasitisme,(...) rejette la demande d'interdiction de réédition de l'ouvrage «Le voyage des mots» publié par cet éditeur (...), le condamne à payer à Salah Guemriche la somme de 5.000 euros sur le fondement des dispositions de l'article 700 du code de procédure civile». «Le tribunal a reconnu la qualité d'auteur de Monsieur Guemriche ainsi que le pillage réalisé par la partie adverse, a déclaré, une fois connu le verdict, Me Léopold Kruger du cabinet de Me Emmanuel Pierrat à Paris, et qui représentait l'écrivain algérien. Nous nous réjouissons de cette décision qui permet de réaffirmer les qualités incontestables de l'ouvrage de Monsieur Guemriche et qui sanctionne ainsi le plagiat qui en a été fait sous la qualification du parasitisme». L'éditeur Trédaniel a annoncé, par contre, son intention de faire appel. Contacté par nos soins, Salah Guemriche nous a livré sa première réaction, à chaud : «Ce fut un ébranlement, des «sanglots longs» mais sans les «violons» du poète Verlaine... Certains sont fiers de décrocher le prix Goncourt, moi, je le suis d'avoir été jusqu'au bout dans un combat que bien de personnes croyaient perdu d'avance, y compris mon propre éditeur : les Éditions du Seuil, qui m'ont lâché, au grand dam du directeur de collection (chargé du domaine des dictionnaires). Ma première réaction ? Une pensée pour mon père et pour ma mère. Dont je rappelle toujours, comme je l'avais raconté en 1971 à... l'écrivain Simone de Beauvoir (sic) qu'ils s'étaient connus un jour que les troupeaux, qu'ils étaient chargés de garder, s'étaient entremêlés... Ma première réaction ? Un grand merci à ma femme et à mon fils, lui qui craignait tant pour ma santé mais qui, aujourd'hui, nous dit sa fierté. Merci aux amis qui m'avaient cru et soutenu, mais merci aussi à ceux (bien plus nombreux) qui avaient pris ma détermination pour de la paranoïa, et je les comprends : comment ose-t-on s'attaquer à l'éminent Alain Rey !... Et puis, ma reconnaissance à mes avocats comme à la juge et aux trois magistrates (que des femmes, oui) du Tribunal de Grande instance de Paris, qui auront démenti mon appréhension : que la notoriété de l'accusé ne pesât sur le jugement... Oui, il y a une justice dans ce pays : je l'ai rencontrée». Rappelons que Salah Guemriche reprochait à Alain Rey d'avoir plagié près la moitié de son livre «Dictionnaire des mots français d'origine arabe - et turque et persane», publié en 2007 aux Éditions du Seuil, à Paris, pour rédiger son ouvrage intitulé : «Le voyage des mots de l'Orient arabe et persan vers la langue française», qui est sorti, sept ans plus tard, au Éditions Tredaniel. Pour la petite histoire, Salah Guemriche a confié récemment, sur sa page Facebook, que l'avocat qui défendait ses intérêts dans cette affaire de plagiat lui réclamait des honoraires s'élevant à 12.850 euros. Salah Guemriche (qui vit en France depuis la fin des années 1960) a publié, il y a quelques semaines, à Paris, ses deux derniers ouvrages : «Chroniques d'une immigration choisie» et «Algérie, 2019. La reconquête». |