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Depuis la décennie
soixante-dix du siècle dernier jusqu'à la venue de Bouteflika aux commandes du
pays, seul l'or noir tiré de l'antre du grand ventre de notre vaste Sahara
était resté un produit exportable.
Comme pour marquer son règne de son empreinte indélébile, le tout nouveau Président lui associa le fiel des « dangers de la Grand Bleue ». Et dès l'entame du nouveau millénaire, coïncidant avec le début de règne de ce Président désormais déchu, la « Harga » devint, à cause de la malédiction de la mauvaise gouvernance du pays, cet autre produit désormais « exportable » !? Un produit-maison qui pousse à quitter la demeure parentale ! Si l'or noir a toujours été un produit très puissant qui force au respect, le « risque en haute mer » est plutôt devenu cet autre produit très dangereux qui mit à nu la mauvaise volonté du régime quant à l'utilisation rationnelle de ses ressources naturelles. Le premier est le grand pourvoyeur des innombrables recettes du pays, le second -par conséquent- exclut de fait systématiquement le pitoyable petit peuple de leur apport dans son quotidien. Le brut et la « Harga » restaient, jusqu'à un passé très récent, les seuls produits exportables auxquels s'identifie malheureusement l'économie du pays à l'étranger. L'un est à la base de toutes les inestimables ressources de l'Algérie. Tandis que l'autre est, par contre, le vrai symbole de leur mauvais emploi. De leur si étrange dilapidation, via un savant réseau de corruption! Deux décennies durant, la gouvernance de fait du pays s'est toujours appuyée sur ce raisonnement têtu et obtus qui lui permettait de profiter toute seule des dividendes tirés des ressources fossiles et d'exporter sur des radeaux de fortune des demandeurs d'emploi en quantités industrielles, privés de tout à la maison et, -pire encore !- exclus de tout programme de développement du gouvernement! À mesure que le prix du baril du brut augmentait en puissance de plusieurs crans sur les marchés internationaux, ce fut le nombre des harraga(s) qui montait en flèche -défiant toute logique- pour concerner, à la fois, les jeunes et les moins jeunes, les hommes et les femmes, les bébés et le troisième âge, les diplômés et les sans qualification, les plus ou moins nantis et surtout les dépourvus de tout? Il ne faisait plus bon vivre au pays ! En groupe très compact, par tout petits paquets, ou même parfois en solo, on quittait dans la précipitation cette misère vie de la « vraie mouise » qui s'est installée durablement à la maison pour souvent partir en galère. À l'aventure?! Tout le monde fuyait le pays, qui sur une chaloupe, qui dans les sombres soutes des bateaux marchands, qui à la nage parce que fou de rage, mais tous forts de cet esprit longtemps cajolé et bien caressé de trouver le meilleur dans cet ailleurs qui, parfois n'existait que dans l'imaginaire de celui totalement soustrait des bienfaits de la rente pétrolière. À l'image du nombre impressionnant de ces barils qui déversaient leurs visqueux flots du brut à l'étranger, ce sont en effet de considérables fournées de harraga(s) qui se jetaient par dépit volontiers à la mer. Les uns comme les autres passaient -comme ils le pouvaient- de l'autre côté de la frontière. Le régime algérien battait la breloque ! L'Algérie exportait cette image double et surtout un cliché insoluble : un pays très riche et un peuple paradoxalement bien pauvre ! La pauvreté de l'esprit ne pouvait qu'anéantir toutes les innombrables richesses du pays Exporter le pétrole dans son état brut, pour un pays dont son grand sous-sol en regorge, est déjà une mentalité éculée de pays sous-développé qui refuse le progrès. Quant à lui adjoindre le grave phénomène des harraga(s), la finalité ne peut être que l'inévitable chaos ! Le prix à payer ne pouvait être longtemps supporté sans que le ressort social ne doive être, lui aussi, si profondément atteint dans le plus intime du mécanisme traditionnel de son fonctionnement normal et habituel. Une chape de plomb s'était, au fil des jours, dressée comme une barrière infranchissable entre les tenants de la gouvernance de fait du pays et les toutes jeunes générations de diplômés sans emploi et de chômeurs désespérés de leur triste sort. Ne voyant rien venir, les harraga(s) étaient alors partis tenter l'aventure de pouvoir réaliser ailleurs ce qui était bien malheureusement devenu impossible dans leur propre pays et Douar. Quêter ce qui pouvait être à portée de main, ou à tout le moins supposé être dans leurs cordes. C'est en montant comme du bétail sur ces radeaux de fortune qu'ils se sont aperçus que la rente pétrolière du pays prenait, elle aussi, la même trajectoire et parfois la même destination vers l'autre rive de la Méditerranée, à bord de ces avions de ces compagnies aériennes et de banques, toutes de statut privé, qui les raillaient par-dessus le marché en haute mer depuis leur si élevée position dans les airs du ciel ! Ce qui eut pour effet immédiat à encore rajouter une couche supplémentaire de désespoir à leur déjà très vieille galère et bien maudite misère. Ils prirent leur mal en patience, leur cœur serré à deux bras et leur courage à bras-le-corps, pour ruminer en silence cette provocation de plus ou de trop, contre laquelle il leur fallait concocter un plan de réplique bien ficelé et assez conséquent, qui soit à hauteur du préjudice subi, lui qui durait indéfiniment dans le temps. Sous forme de grands colis postaux à l'origine bien frauduleux, minutieusement emballés dans les soutes prévues à cet effet et antre géant de ces appareils de voyage aérien, ces « oiseaux de fer » d'un autre genre s'envolent avec cet argent du peuple à leur bord ou sous l'aisselle blindée vers d'autres cieux, sans autre raison que déposer ces grosses fortunes des oligarques algériens dans des banques européennes. Et telle une nuée d'oiseaux apeurés par la présence d'un intrus ou un quelconque raffut de buisson suspicieux, ils investissent la voûte céleste en emportant dans leurs lourds bagages ce gros pognon soustrait grâce à des procédés fallacieux au contribuable pour aller mourir aux fonds des coffres-forts des cercles financiers étrangers. Ce fut Al Khalifa Airways qui inaugura le macabre bal de cette vile saignée de l'économie nationale, de manière automatique, énigmatique et plutôt dramatique, ouvrant la voie aux hommes du pouvoir et à toute une chiée d'oligarques pour continuer la sale besogne. Chakib Khalil, en chef d'orchestre, fut le premier servi ! Depuis, c'est tout un « mini-pipe-line » qui coule directement à l'étranger au profit ce seuls « privilégiés » du système. Face à cette dilapidation en règle et effrénée des ressources de l'économie algérienne, soutenue et aidée, -il est vrai- par une impunité « institutionnalisée » des oligarques et grands commis de l'Etat, le réflexe citoyen du repli sur soi était, à la longue, devenu bel et bien insuffisant, forcément inopérant, un peu désuet pour contrer toute une telle savante hémorragie des leviers de l'économie nationale. Passer à l'offensive devint dès lors une action inévitable. Un impératif de sauvetage du pays et de son économie. Au fil des jours, la blessure s'avère béante, bien difficile à cicatriser. Et le fossé qui sépare le petit peuple de la gouvernance de fait du pays encore plus grand et très profond ! Brut occasionnellement bradé, argent public malicieusement détourné et ces pauvres harraga(s) poussés vers la mort via la mer Méditerranée, prenaient tous cette direction de l'Europe selon des itinéraires marins et aériens préalablement définis, dans une entreprise d'appauvrissement durable du pays en valeurs humaines et en ressources naturelles. À cela s'ajoutait ce pillage intra-muros qui n'a pas encore livré tous ses nombreux secrets. Les deux dernières décennies ont mis le pays à genoux et son économie à trépas. D'une situation très enviée d'un pays suffisamment riche, galant et fort généreux, au regard des dons faits en faveur de certains pays et de le prêt engagé au profit du FMI, le pays s'apprête de nouveau à tendre la main pour faire la manche devant les caisses de cette dernière institution internationale. Ce furent, chose très paradoxale, ceux-là-même qui dilapidèrent toute cette inestimable manne financière dans des projets plutôt fantaisistes et inconséquents en sus des nombreux détournements de deniers publics qui, toute honte bue, montèrent au créneau sur leurs ergots pour demander au petit peuple de « serrer davantage la ceinture », arguant du fait que désormais les Députés et Sénateurs risquaient de voir leur traitement différé ! Cette plaisanterie de mauvais goût, œuvre sinistre d'un homme très connu du système qui se croyait tout permis pour berner le peuple et insulter son intelligence, devait provoquer un fort ressentiment chez le pauvre citoyen pour finalement le décider à mieux s'organiser en vue de contrer de pareilles pratiques qui ne cessaient de nuire à l'économie nationale et à l'image du pays à l'étranger. Le Hirak: l'éveil de la conscience citoyenne Et cerise sur le gâteau, ce fut l'annonce solennelle de la candidature officielle d'un 5e mandat présidentiel au profit de Bouteflika qui mobilisa dans un élan de tempête déchainée des citoyens restés encore circonspects ou plutôt indécis, et fit briser cette terrible peur pour les pousser à investir la Rue par millions d'habitants et dans toutes les contrées du pays. Ainsi, le Hirak était né aux forceps pour se substituer de droit à la Harga. Pardi, il fallait y penser ! L'éveil de la conscience citoyenne devait rapidement chambouler tout l'arsenal de ces anciennes pratiques du système qui sous-tendaient l'ordre établi pour nous imposer le stand-by infécond, le statu quo meurtrier, le chaos inéluctable ou encore cette « continuité » de rester toujours dans la médiocrité ! Fruit du combat citoyen ardu et très soutenu, le Hirak s'est imposé d'emblée comme un très puissant substitut à la Harga, en exhumant et déterrant de leur outre-tombe des valeurs pérennes de la société algérienne bien sereine. Il les mit en évidence et à son profit dans ses manifestations et marches hebdomadaires, pacifiques et très civilisées, pour conquérir avec les cœurs de tous les peuples épris de justice et de démocratie. Ce fut une remarquable avancée qui l'amena à croire en son projet. Arme de lutte très efficace et fort redoutable, le Hirak venait de supplanter de façon magistrale et très intelligente cette mentalité de la gouvernance de fait du pays pour proposer au peuple, en échange, cet intéressement accru des citoyens à la politique nationale et au devenir de la Nation. Il eut un terrible effet de mobilisation citoyenne, si fort qu'il finira en très peu de temps, par susciter en sa faveur un engouement sans précédent des jeunes générations mais aussi et surtout un soutien admirable des peuples en lutte pour leur combat légitime, en sus de celui des sociétés au sein desquelles existent les plus vieilles traditions démocratiques du monde contemporain. À l'actif du Hirak, déjà vieux de 33 semaines, celui-ci comptabilise de nombreux succès. Et pas des moindres ! Il a d'abord réussi à mettre en échec le 5e mandat de Bouteflika, déguerpir les oligarques, puis humilié de chevronnés diplomates venus à la rescousse du régime, annulé d'un revers de la main les présidentielles du 04 juillet 2019, mis en taule certains responsables parmi les plus visibles et inamovibles du système, déjoué toutes les pourtant savantes intrigues politiques de la gouvernance de fait du pays, pour rester toujours solidement attaché à cet idéal démocratique dont la sève coule dans ses veines ! La vaillance du peuple algérien dans son inlassable lutte quotidienne, menée tambour battant dans la paix totale et la tranquillité requise, contre le despotisme et l'autocratie, lui a valu le mérite d'effacer à jamais de la mémoire des peuples du monde entier le cliché éculé d'un pays exportateur en puissance de sa force juvénile et autres indéniables ressources humaines, faute justement de ne pouvoir les utiliser à bon escient à l'intérieur des murs algériens. Elle venait de répondre de la plus brillante de façon qui soit à cette très négative politique de l'exclusion et de la marginalisation des populations intra-muros, synonyme de la mauvaise image du pays à l'étranger, en opérant une réorientation intelligente de sa stratégie de « vendre » son mouvement politique dans un « emballage » plus approprié qui sied le mieux possible à la traditionnelle culture du pays et à la très longue et bien féconde Histoire de la Nation. Le Hirak a su rapidement mettre en évidence ces atouts indéniables se rapportant à l'Histoire la plus ancienne et celle très pérenne du peuple algérien, en puisant aussi profondément et sans ménagement dans le suc de ses actions ainsi que dans l'énergie de ses forces les plus saines, à la faveur de son voyage dans les temps anciens quant à son utile ressourcement au sein des valeurs ancestrales de la Nation algérienne. C'est grâce à ce savoir-faire très précieux qu'il a subtilement conquis l'intérêt désormais certain que lui louent et vouent ses nombreux pairs à travers la planète terre, pour en faire cet acquis de conscience qui guide ses pas et oriente ses actions en fonction des nouveaux développements de la situation et du but à réaliser. L'image, au demeurant fantastique, que véhicule le Hirak, chaque Vendredi et chaque Mardi, est celle de la grande fierté de cet Algérien qui se bat avec ses tripes pour la sauvegarde sa dignité et combat pour le triomphe de la démocratie. Il met en exergue ces qualités humaines d'un peuple qui a vraiment du caractère. Les louanges que lui font les plateaux de télé du monde entier, en le comparant tantôt aux gilets jaunes français, tantôt aux autres mouvements des peuples qui luttent pour leur liberté et indépendance, le glorifient et bonifient, à mesure que le temps passe et que lui, à son sujet, est resté des plus tenaces ! Le Hirak a dévoilé aux peuples du monde cette autre Algérie qui gagne haut la main ses galons de mérite, plutôt que de se fourvoyer dans la piètre tricherie, la sordide combine et la vile soumission. Dans cet intervalle de sept mois de lutte acharnée, il a montré son engagement, sa détermination, sa témérité, sa ténacité, sa grinta? qui font de lui un peuple désormais très respecté et bien apprécié à travers les quatre coins de la planète. Le Hirak est un mouvement populaire qui est salué dans ce qu'il entreprend avec succès comme travail de fond, de manière à jeter les bases solides d'une véritable et bien réelle assise démocratique au sein de la sphère politique du pays. Et rien qu'à ce seul titre, il est ce produit exportable qui défie même le brut de son sous-sol. Depuis le 22 Février 2019, le monde fait désormais la connaissance de cette Nouvelle Algérie qui éblouit, séduit et suscite de l'admiration pour tout ce qu'elle réussit à la foulée. Le peuple Algérien en est très fier ! Les étapes qu'il a déjà franchies le rassurent quant à l'issue de son légitime combat et but visé. |