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Ion
Radu est arrivé, dimanche, à Alger accompagné d'une délégation constituée,
notamment de représentants de 7 firmes spécialisées dans l'industrie de
l'armement. « Aujourd'hui, nous considérons l'Algérie comme une priorité, dans
la région de l'Afrique du Nord», nous affirme-t-il dans cette interview. Il
pense aussi que « l'Algérie pourrait devenir un pont pour les intérêts de la
Roumanie vers les régions du Sahel et de l'Afrique Centrale.»
Le Quotidien d'Oran : Comment se portent les relations ainsi que la coopération et les échanges entre l'Algérie et la Roumanie? Ion Radu : Les relations entre la Roumanie et l'Algérie ont connue à partir de 2010, une dynamique importante reflétant ainsi des échanges bilatéraux qui, en 2014, ont atteint 530 millions de dinars. La période 1990-2007, durant laquelle la Roumanie a connu un changement politique majeur, ces échanges ont été affectés négativement en raison, bien sûr, des transformations qu'a connues le pays, et aussi en raison des objectifs prioritaires de l'étape à savoir : l'adhésion de la Roumanie à l'Union Européenne et à l'OTAN. Ces aspects peuvent expliquer la lenteur dans les relations entre nos deux pays. Aujourd'hui, nous considérons l'Algérie comme une priorité dans la région de l'Afrique du Nord, un pays qui pourrait devenir un pont pour les intérêts de la Roumanie vers les régions du Sahel et de l'Afrique Centrale. C'est sur la base de cette stratégie que s'inscrit la visite de l'actuelle mission économique de Roumanie en Algérie. Q.O.: Vous êtes accompagné de représentants de pas moins de 7 firmes roumaines spécialisées dans l'industrie de l'armement. Pourriez-vous nous renseigner sur ce qui intéresserait le plus l'Algérie dans ce domaine? I.R.: La Roumanie a constaté ces dernières années que les relations au niveau des hommes d'affaires des deux pays ne sont pas fortes, les procédures d'investissements ne sont pas parfaitement connues, et la confiance réciproque est limitée. A cet effet, nous avons commencé par organiser, il y a deux années de cela, des missions économiques dans des domaines spécifiques. En 2016, nous avons eu, par exemple, dans le secteur agroalimentaire, dix entreprises et cette année, ce sont sept entreprises dans le domaine de l'industrie de la défense qui se déplacent, en Algérie. Pour l'année 2018, nous avons en projet deux missions : l'une dans l'Industrie informatique (TIC) et la seconde dans les Energies nouvelles et renouvelables. Nous avons constaté que les relations directes entre les hommes d'affaires sont les plus bénéfiques. Nous avons aussi engagé un processus de réorganisation du « Groupe d'hommes d'affaires Roumanie-Algérie » que parrainent, ensemble, les Chambres nationales de Commerce et d'Industrie des deux pays. L'actuelle mission, dans le domaine de l'industrie de la Défense, a pour objectif de présenter l'offre roumaine dans un domaine qui a connu une profonde restructuration après 1990. Q.O: Des contrats sur l'armement pourraient-ils être signés durant cette visite, entre le MDN (Ministère National de la Défense) et la Roumanie? I.R.: Nous n'envisageons pas de signer de contrats concrets durant cette visite. La présentation de produits roumains va permettre d'identifier les domaines d'intérêts. Une fois que cela aura été établi, nous pourrions négocier des contrats exclusivement de transfert de technologie et de savoir-faire. Nous voulons, bien sûr, conclure des accords de type gagnant-gagnant. La Défense, la Sécurité en général, est un domaine prioritaire pour tous les Etats. Autant pour la Roumanie que pour l'Algérie qui se trouvent, toutes les deux, dans des régions marquées de crises et de tensions. Ce qui, évidement, nous oblige à prendre des mesures supplémentaires pour la prévention d'un quelconque danger ou risque qui pourrait affecter notre sécurité et nos peuples. Q.O.: Vous prévoyez durant votre visite en Algérie, de rencontrer des responsables du secteur économique. Quels seraient les domaines qui permettraient selon vous, d'instaurer une coopération fructueuse entre les deux pays? I.R.: En ma qualité de Secrétaire d'Etat au ministère de l'Economie roumain, j'ai sollicité des entretiens et rencontres au niveau du ministère de l'Industrie et des Mines et du ministère du Commerce. Je souhaiterai prendre connaissance de la stratégie du nouveau gouvernement algérien visant la fortification et la diversification du secteur de la production. En Roumanie, la majorité des entreprises sont petites et moyennes (PME-PMI). Or, aborder un marché de la dimension de celui de l'Algérie impose, au préalable, la connaissance des conditions et des facilités offertes par les autorités algériennes. Durant ces deux dernières années, nous avons eu des expériences positives dans le domaine de la coopération industrielle. En effet, nous avons eu deux entreprises roumaines spécialisées dans le domaine de la sous-traitance de l'automobile qui ont identifié des partenaires algériens, ont transféré la technologie, formé des cadres et enfin, ont lancé la production de pièces de rechange pour l'usine Renault à Oran. Q.O.: La mise au point d'un agenda pour développer la coopération et le partenariat entre les deux pays pourrait reposer, selon vous, sur quels domaines pour qu'ils puissent en être le moteur et aussi que la Roumanie voudrait particulièrement promouvoir auprès de l'Algérie ? I.R.: Comme je l'ai déjà dit, l'Algérie présente une opportunité pour la Roumanie dans la région. Nous envisageons de développer des relations, à la fois, sur les questions politiques, économiques, culturelles et éducatives. Au niveau politique, nous renforcerons les relations sur le plan bilatéral par des visites de hauts fonctionnaires roumains, à Alger et aussi sur le plan multilatéral à travers une coopération plus étroite au niveau des organisations et institutions internationales, dans lesquelles les deux pays sont membres ou observateurs. Sur le plan économique, les domaines dans lesquels les entreprises roumaines ont une expertise et peuvent transférer la technologie et le savoir-faire sont les TIC, les Energies nouvelles et renouvelables, les Hydrocarbures, l'Agroalimentaire et l'Agriculture. Nous allons, donc, préparer et programmer des missions économiques, en direction de l'Algérie, d'hommes d'affaires roumains issus de ces domaines. Au niveau culturel et éducatif, nous visons à accroître les échanges académiques, des professeurs et des étudiants. Enfin, dans le domaine des liens historiques, j'ai été surpris de constater que les relations sont beaucoup plus anciennes que la période 1962 -où la Roumanie a été parmi les premiers pays à reconnaître l'indépendance de l'Algérie-, puisqu'elles remontent au temps de l'Empire romain (environ 2000 ans). On souhaite approfondir cette dimension historique aussi lointaine en faisant des recherches plus larges et plus documentées et en réunissant les témoignages qui la confortent davantage. En conclusion, nous pouvons dire que la Roumanie a une stratégie claire pour ce qui est de ses relations avec l'Algérie pour les prochaines années et nous espérons qu'elles pourront être hissées à la hauteur des aspirations des deux pays et des deux peuples. |