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La déclaration de monsieur
Yousfi, président du Syndicat national des spécialistes de santé publique
(SNPSSP), relayée par Le Quotidien daté du 27 septembre amène à apporter des
remarques afin d'éclairer l'opinion publique et les décideurs qui n'entendent
qu'un seul son de cloche ; et venant d'un syndicaliste du secteur public, je me
permets en tant que libéral d'exprimer un autre point de vue sur un problème
qui nous concerne directement.
Depuis les derniers développements concernant l'affaire dite de Djelfa qui a mis à nu les insuffisances et les incohérences du système de santé actuel ou finalement ce sont les citoyens et le personnel médical et paramédical qui ont eu à endosser la responsabilité et les lourdes conséquences pénales et sociales. Depuis cette date, certains se sont érigés en dépositaires exclusifs de la politique de santé publique en tentant d'imposer leur point de vue sans prendre la peine de consulter les premiers concernés ; à l'instar du président du Syndicat national des spécialistes de santé publique (SNPSSP) qui ne manque aucune occasion et profite de la tribune que lui offre la presse nationale pour s'arroger le rôle de défenseur attitré des « intérêts » de la santé publique, des services fiscaux de l'Etat, des droits des malades alors qu'il aurait bien pu se contenter de son rôle de syndicaliste au bénéfice de ses adhérents sans s'immiscer de façon arrogante dans ce qui touche le secteur privé qu'il méprise réellement au point qu'il ne prend même pas la peine de l'associer à un débat qui le concerne de près ! Tout en prétendant ne pas être contre le privé, il s'érige en donneur de leçons sur « les devoirs et la notion de service public » comme pour dire entre les lignes que ce secteur n'assume pas ses responsabilités envers la population ; bien que je partage avec lui l'affirmation que le secteur privé doit faire partie intégrante du système de santé, malheureusement pour lui cela se résume à faire des gardes dans les hôpitaux ! « des bouche-trous » en quelque sorte corvéables à merci ! Sa méconnaissance pour ne pas dire son ignorance du secteur privé à l'instar de ceux qui prennent des décisions qui l'implique font qu'il fait des propositions irréalistes, il affirme sans la moindre gêne de façon très simpliste comme pour se donner plus de crédibilité que cela se fait dans les pays étrangers, sans nous citer lesquels et comment ? Pour votre connaissance monsieur Yousfi, tout d'abord par devoir d'éthique si vous avez des idées à proposer qui concernent de près le secteur privé qui n'est pas de votre champ d'action, ayez au moins la modestie d'en connaître leurs avis et les solutions qu'ils préconisent puisque vous affirmez qu'ils font partie du système de santé ! Par décence vous ne pouvez pas s'octroyer le droit de décider pour eux et dans tout ce semblant d'analyse que vous faites, ce qui vous intéresse c'est uniquement une liste de garde à laquelle sont intégrés les privés, vous vous ne souciez pas du tout des conditions de ces gardes, un champ miné franchi pendant des années par ces mêmes privés que vous pointez du doigt. Sachez monsieur le président que la plupart des privés travaillent effectivement les heures présents dans leur cabinet dépassant pour beaucoup d'entre eux les heures légales de travail pas pour l'appât du gain que vous le croyez ou pas mais pour répondre aux sollicitations de patients qui sont remballés des structures publiques par manque de spécialistes ou en raison de leurs absences. Vous n'êtes pas sans le savoir que rares sont vos confrères qui effectuent leurs heures réglementaires et quand ils sont présents cela ne veut nullement dire qu'ils travaillent, faites un tour après 14 heures dans la plupart de ces structures si vous avez le moindre doute. Pire, certains ne pointent que lorsqu'ils sont de garde, d'autres sont carrément dispensés d'en faire ; le service est livré à lui-même au moment même qu'on veut en imposer pour les privés. Et puisque c'est de gardes qu'il s'agit, sachez monsieur le président qu'en cabinet on ne peut pas se permettre de récupérer avant et après les gardes comme c'est souvent le cas dans les hôpitaux à quelques exceptions près ; qui va les indemniser au moment où ils doivent s'acquitter de leurs charges ? (loyers, personnel, impôts?) Sachez aussi que ce sera dans les villes déjà pénalisées par le manque de spécialistes que ces derniers en pâtiront le plus, non seulement ils supportent la charge durant le jour conséquence du déficit en personnel au niveau des hôpitaux, ils doivent aussi selon vous assurer des gardes selon un rythme infernal du fait de leur petit nombre, car vous raisonnez comme quelqu'un qui d'abord je doute fait des gardes et ensuite comme quelqu'un qui réside dans une grande ville où la probabilité de faire appel à des privés pour faire assurer des gardes au niveau des CHU est quasi nulle ! Par votre raisonnement vous poussez ces spécialistes exerçant dans les villes de l'intérieur d'aller voir ailleurs et d'ôter toute idée à un nouveau de venir s'y installer ; d'ailleurs même les nouveaux diplômés boudent maintenant ces villes « à problèmes » et le ministère n'a même pas autorité pour les contraindre à venir y exercer ne ce serait-ce que dans le cadre du service civil que vous dénoncez sans pour autant en proposer de solution de rechange hormis la garde des privés dont vous insinuer qu'ils sont responsables de ce qui vient de se passer à Aïn Oussera, je cite sic « «que si cette disposition a été appliquée pour la wilaya de Djelfa, on aurait peut-être évité le drame ! Sachez aussi monsieur le président que ces privés que vous semblez aussi oublier qu'une majorité d'entre eux dépasse la cinquantaine ont pour la majorité assuré des gardes dans des conditions beaucoup plus pénibles ; manque d'effectifs, conditions sécuritaires dégradées durant la décennie noire ; ils sont déjà épuisés par des années dans le public, certains surtout dont la spécialité est médicochirurgicale n'ont pas exercé depuis des années ou décennies ils représentent un danger pour eux et pour les malades. Mais vous semblez verser dans la démagogie ; ce qui apparemment vous importe comme certains administratifs c'est qu'il y est des noms portés sur une liste de garde ! Pour se justifier devant les citoyens bernés, quant à l'efficacité, les moyens, la sécurité, les indemnités ; c'est accessoire pour vous car c'est simple vous ne pouvez pas raisonner à la place des médecins libéraux. Seule votre dernière analyse pour des mesures incitatives qui ne sont en fait qu'un volet parmi tant d'autres est raisonnable afin d'encourager les médecins d'opter pour le secteur public sinon vos propositions telles que présentées vont surtout pousser les quelques privés qui ont choisi d'exercer dans des villes oubliées à prendre leur valise et aller voir d'autres horizons ; un cercle vicieux que vous voulez instaurer aux conséquences désastreuses pour la population. Je vous suggère plutôt d'abord de faire le ménage dans le secteur public que vous êtes censé connaître mieux que moi, ensuite de proposer d'organiser des missions pour les spécialistes des villes du Nord en situation pléthorique ne serait-ce que ponctuellement au bénéfice des villes de l'intérieur en manque de spécialistes et pourquoi pas d'organiser des terrains de stage pour les résidents, cela leur donnera un avant-goût de ce qui les attendra et se préparer ainsi à affronter la réalité. La situation ne peut être débattue par une catégorie de professionnels ou de responsables qui pensent détenir les clefs face à cette impasse ; tous les concernés doivent pouvoir donner leur avis et proposer des solutions loin du corporatisme et de la démagogie. |