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Le statu quo, que ce soit dans
les domaines économiques et/ou politiques, est fondé sur la dangereuse illusion
que l'évolution des affaires du pays est sous le contrôle total de ceux qui
dominent, en apparence et en façade, le système de gouvernement.
Rien ne vaut «les Jeunes» pour préserver le statu quo ! Il est utile de rappeler, ici, qu'il y a eu, certes, moult changements de gouvernement mais jamais de changements de gouvernants, ni même de gouvernance. Les mêmes règnent, avec les mêmes méthodes et les mêmes petites ruses, qui ne trompent plus personne, bien que, de temps à autre, ils changent l'équipage chargé de traîner le chariot quotidien des affaires du pays. On se répète en faisant semblant de rénover, ou de changer, ou même de rompre avec le passé, en prenant les mêmes ou presque, sous des noms différents ou avec le même nom, et on recommence, à chaque situation difficile, ou à chaque grande échéance politique! Bref, dans le tableau politique algérien, ce sont les visages et les noms qui changent, et rien d'autre! La ligne directrice, tissée par des mains invisibles et anonymes, demeure la même. Blâmer « l'opposition » -cet épouvantail qui n'a d'autre consistance que celle que veulent bien lui attribuer les médias,- ressortissant de la « stratégie de l'homme de paille, » connue des rhétoriciens depuis l'antiquité, - est le comble de l'irresponsabilité et de la lâcheté politique. On sait qui détient le pouvoir, un pouvoir qui refuse de partager la moindre petite miette de son autorité, tout en clamant, paradoxalement, son irresponsabilité face à cette situation de crise, et en exigeant que la responsabilité de ses décisions unilatérales soit partagée par ceux-là, mêmes, qui en subissent, passivement, les conséquences. Car changer les hommes, sans changer les règles de gouvernance, c'est toucher au décor sans modifier la mise en scène, l'intrigue ou les dialogues. Rien ne vaut les « Jeunes » pour préserver le « vieux, » et donner un nouveau bail au statu quo. Cette ruse, hyper-usée, ne trompe plus personne, même ceux qui en ont abusé pour esquiver leurs responsabilités et refuser le changement. L'incompétence, comme la gloire qui l'accompagne, trop souvent, n'attend pas le nombre des années! Un statu quo qui révèle une profonde crise de gouvernance Camouflé « habilement » par un semblant de « brutale franchise, » pleine de trous et de contradictions, comme d'approximations comptables et d'affirmations erronées, et qui cache plus qu'elle ne révèle, le maintien du statu quo confus est loin d'être la preuve de la clarté de la vision, et de la fermeté de la démarche; il constitue une marque d'impuissance devant la gravité de la situation. C'est pourtant, après un semblant frémissement dans le bon sens, -même s'il n'aurait pas été conduit par la personne la plus adéquate,- mais qui n'a duré que le temps d'une rose, la ligne politique officielle, délibérément choisie et hautement assumée. Proclamer, haut et fort, son irresponsabilité et son impuissance face à une situation de crise n'est, nullement, la preuve du sens de l'Etat, ni même d'un « Etat fort. » Jeter le « blâme de l'accident » sur les passants, simples spectateurs n'est pas la marque d'un grand courage politique. Les victimes forcées de payer pour leurs prédateurs! Les prédateurs et leurs victimes sont mis sur le même pied d'égalité, sous-couvert de la sagesse, qui appellerait aux sacrifices partagés « pour le bien de la Nation, » à la sérénité et à la concorde entre des parties, aux visions divergentes et aux intérêts diamétralement opposés. L'appel à l'union entre le loup et l'agneau n'a rien de sage, ni de rassurant. Et celui qui appelle à cette union est visiblement au service des loups contre les agneaux! La Concorde nationale a-t-elle échoué à garantir une évolution pacifique du système de gouvernance? Et, comme d'habitude, on brandit, par images télévisuelles choquantes, le risque d'un chaos sanglant au cas où le statu quo est touché. A quoi, donc, a servi cette politique de « Concorde nationale, » tant célébrée, si on reconnaît qu'on ne peut pas garantir que cette politique a, définitivement, apaisé le pays, et que la société est prête à une transition politique sans violence? Y a-t-il vraiment d'autre alternative au statu quo dangereux que le chaos sanglant? A quoi servent les partis politiques et toute cette société civile, développée à coups de subventions, plus ou moins occultes, s'ils ne sont pas capables d'assurer que les changements profonds, dans la gouvernance du pays, remis à l'ordre du jour par la crise actuelle, se feront dans la sérénité? A moins qu'ils ne soient qu'une foule de simples figurants servant de façade à un système politique dont la description et les lois n'apparaissent pas dans les textes juridiques du pays, et ne sont pas publiés sur le Journal Officiel. Faut-il rappeler, à ce propos, qu'opter de ne pas faire de vagues n'empêche pas les vagues de se former selon leurs propres lois, qui n'ont, pour s'appliquer, nul besoin que les journaux officiels les publient ? Cette volonté « ferme » et brutalement assumée, de maintenir les choses en l'état est loin d'être une marque de grande sagesse, mais la preuve d'une impuissance reconnue par ceux-là mêmes qui détiennent un pouvoir sans contrepoids à changer, -malgré le monopole politique absolu qu'ils exercent,- le cours des choses, et l' évidence d'une crise qui va au-delà du chaos économique, qui continue à gangréner le pays, et dont ce chaos, qui a entraîné la visible crise financière aiguë, n'est que l'aspect le plus évident et le moins difficile à cacher. Le statu quo structurel, maintenant officialisé, révèle une crise profonde du système de gouvernance du pays, conséquence de bouleversements dans la société algérienne et du développement d'un nouveau centre de pouvoir, étroitement intégré dans le système politique. Un trou financier creusé dans l'opacité la plus totale Finalement, les prédateurs qui ont fini par dominer la vie économique comme la vie politique de ce pays qu'ils ont saigné à blanc, ont tout lieu de se réjouir des « obsédés » du statu quo qui en guise de politique de redressement, se lancent dans l'innovation linguistique, et abusent de leur pouvoir de frapper monnaie pour couvrir un trou financier qu'ils ont eux-mêmes creusé de manière clandestine, pendant des années, sans avertir et sans consulter personne, en dehors de leur cercle plus que restreint; ils se cachent derrière un écran de rhétorique « réformiste, » criant à la faillite et appelant au sacrifice ceux qui n'ont perçu que ce qu'on a bien voulu leur distribuer de la rente. Les prédateurs devenus sauveurs ? Maintenant qu'ils ont la garantie officielle que leurs biens mal acquis ne seront ni touchés, ni restreints, dans leur accroissement, les prédateurs se présentent, alors, naturellement en « sauveurs de la Nation, » alors que leur seul but est de sauver leurs immenses fortunes mal acquises. Les prédateurs ont bien reçu le message « officiel, fort et clair, » qui les conforte dans leurs « fortunes mal acquises, » et les désigne comme « sauveurs de la Nation. » Ils ne manquent pas de le faire savoir dans les forum internationaux comme dans les conclaves nationaux, ils se présentent, même, comme porte-parole officiels, étalant un délire mégalomaniaque qui ne présage rien de bon pour l'Algérie. Voici qu'après avoir contribué à la ruine de ce pays, ils font, dans le mensonge et la mystification, urbi et orbi. Qu'ils commencent, donc, par démanteler les « usines à fuite illicite de capitaux, » et arrêter la construction d'autres usines de ce type, fonctionnant avec des équipements et des matières premières entièrement importées, et installées dans notre pays, par transférer, sur le territoire algérien, les usines achetées à l'étranger, grâce à ces capitaux illicitement transférés, par liquider leurs comptes bancaires et tous leurs biens immobiliers étrangers ; bref à prouver qu'ils ne sont pas seulement engagés dans une campagne d'auto-réhabilitation, qui n'est rien d'autre que de la simple « public relation, » superficielle, et de bluff impudent, maintenant qu'ils sentent que le « bal risque bientôt d'éteindre ses lampions! » Et, puis, peut-on considérer que le pillard fait preuve de générosité en rendant, à son juste propriétaire, une partie des meubles qu'il lui a illégalement pris? Doit-on reconnaître la « générosité du voleur » et lui décerner une médaille de gratitude nationale? En conclusion A quoi sert de changer de gouvernement, s'il s'agit seulement de ne rien toucher aux règles de jeu clandestines qui inspirent et animent le système de gouvernance du pays? A quoi sert cette vaste « société civile » si son rôle se borne à servir d'écho à un système de gouvernance essoufflé, et de canal de distribution d'une partie de la rente pétrolière pour assurer une « paix sociale, » précaire et une stagnation politique obstacle à l'émergence d'un véritable Etat de Droit? A quoi sert la liberté d'entreprendre, si ses règles de jeu sont biaisées au profit quasi exclusive d'une race de prédateurs dont l'enrichissement a ruiné le pays? A quoi sert une Constitution qui ne comporte aucun mécanisme permettant de briser le statu quo mortel dans lequel le pays est enfermé et qui n'a duré que trop longtemps? A quoi donc, a servi cette fameuse « concorde nationale, » si elle n'a même pas abouti, de l'aveu même de ses propres auteurs, à assurer une évolution pacifique du mode de gouvernance du pays? « Gribouille » est-il le héros de référence dans cette absurde « nouvelle politique économique, » qui protège les « prédateurs, » et accable leur victime qui est l'Algérie, toute entière? Jusqu'à quelle profondeur d'avanie va descendre ce pays avant un sursaut salvateur? Telle est l'ultime et seule question d'actualité! |