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Où et comment ?
A l'école devront être animées des conférences et tenues des causeries aux familles. Toutefois, il importe que ces conférences et ces causeries ne soient pas des réponses à un besoin de «réunionitie», mais des rencontres systématiques édifiantes et exclusives au profit de celui qu'on dénomme dans la confusion «l'élève». Ainsi, toutes les difficultés qui entravent la coopération Ecole / Famille pourront être progressivement levées. Ainsi, bien des préjugés et des malentendus se dissiperont et plus d'une volonté chancelante, raffermie. Cependant, il est à signaler que l'efficacité de ce procédé ne peut aboutir que si l'enseignant soit dépositaire d'une réelle autorité morale, d'un absolu dévouement professionnel, d'une conduite irréprochable, de loyauté, d'une indépendance toute de dignité. Parents ! votre enfant n'est pas un homonculus. Il est un candidat à la vie Votre aspiration profonde à vouloir établir une relation sincère et efficace avec l'école devra être l'émanation de votre responsabilité à l'adresse de vos enfants, donc à l'adresse de votre vocation de parents. Cette aspiration, bien que légitime, ne saurait être une fin en soi, si elle ne vous incite pas à rechercher, en droit et en raison, les moyens de faire avec leur nature pour les aider non seulement à s'intégrer dans la société mais aussi pour leur apporter un «plus» de qualités et d'aptitudes. Vos moyens viendront compléter ceux dont use l'école, du fait que celle-ci ne peut greffer son action dans le sens indiqué pour chaque élève et pour son cas particulier. Vos moyens *Evertuez-vous à connaître votre enfant en respectant ses périodes de croissance. *Embrasez-le dans son individualité en le considérant avec optimisme. Faites preuve d'un smig de psychologie Vos faites erreur en croyant que votre enfant n'est qu'un «homonculus». Il a certes, en raccourci, les mêmes traits que vous, quant à ses préoccupations, elles lui sont propres. Si vous arrivez à les apprécier et à les respecter, vous pouvez alors l'aider à atteindre l'état d'équilibre auquel il aspire. Débridez alors vos instincts, abandonner votre mentalité d'adulte et pénétrez sa nature. Vous comprendrez alors qu'il ne faut pas hâter son évolution parce qu'elle est une succession de mentalités et d'expériences, qu'elle a ses lois propres. Chaque âge a sa physionomie mentale et intellectuelle, (sa sphère d'intérêts, son amalgame de curiosités, sa gamme d'intelligences, ses degrés d'efforts, ses mesures de volontés). Vous vous rendrez compte que sa vision du monde progresse en devenant plus ample, plus précise, plus exacte et plus cohérente, elle s'enrichit dans son contenu. Elle s'organise, ainsi, autour de notions centrales à chaque fois différentes. Pour lui, les choses s'agencent autrement. Vous conclurez que son intelligence n'est pas un appareil achevé, auquel il ne manque que le savoir et dont il n'y a plus qu'à assurer le montage et le fonctionnement mais qu'elle est, plutôt, un pouvoir d'adaptation qui change et qui se perfectionne par l'expérience, l'activité, l'observation. Abordez-le avec optimisme Nul parmi vous n'ignore que les individualités varient autant que les physionomies. Mais alors qu'un simple coup d'œil suffit pour distinguer les principaux traits d'un visage, il est souvent difficile de pénétrer un caractère, une personnalité. Tâche certes ardue, mais embrasser votre enfant dans son individualité, reste une des fondamentalités de votre mission parentale. Il vous suffit : ? de ne pas attenter à sa liberté en le mettant au régime des vérités toutes faites ou de penser pour lui. Bien entendu, vous vous garderez de l'aider à transformer sa liberté en anarchie. Subtilement, vous devez l'amener à s'imposer des limites en éduquant son sens social ; ? d'user d'intelligence, de bon sens et de patience, en appréhendant les méandres de sa nature et les besoins de son âge, dans leurs moindres recoins et en ne perdant pas de vue qu'il a une personnalité qui se singularise par des dispositions psychologiques spécifiques, qu'il n'est pas identique à lui-même d'un bout à l'autre de sa croissance, qu'il est porteur d'aptitudes spéciales. Sans pour autant négliger de l'accoutumer à des activités pour lesquelles il n'a, à priori, que peu de penchants, vous formerez, d'une pierre deux coups et sa volonté et son caractère. En somme, vous l'inciterez à se révéler davantage ; ? de l'appréhender, avec optimisme, et dès lors, vous vous convaincrez qu'il est d'une nature perfectible et qu'il ne porte pas «la marque du damné». Agissant dans ce sens, vous croirez d'avance au succès scolaire de votre entreprise. Alors évertuez-vous à perfectionner vos procédés. Faites-lui confiance. Evertuez-vous de lui faire prendre confiance en lui-même et il vous révélera ses points sensibles. Dès lors, vous l'inspirerez à remporter des victoires sur lui-même, à tirer les leçons des batailles perdues et à savoir utiliser ses propres restes. Embrassant votre enfant dans son individualité et l'abordant avec optimisme, vous aurez choisi de ne pas être des parents désinvoltes, mais des parents convaincus, ceux qui se penchant délicatement sur ses épaules, l'aideront à se faire. Réinventer l'école c'est définir un consensus Enseignants / Elèves Enseignants votre élève est un candidat à la vie De toutes manières et malgré les obstacles qui peuvent être nombreux et les résistances qui peuvent être acharnées à l'endroit d'une réforme bien conçue et bien élaborée et soutenue par une politique éducative et culturelle bien pensée et bien réfléchie, l'heure est venue pour l'Ecole algérienne de mesurer, (d'apprécier), au regard de l'enjeu, les chemins de l'avenir, de dépasser les pesanteurs et les controverses stériles et de s'attacher à définir, à ériger et à consolider ce projet éducatif parce qu'il permet aux Algériennes et aux Algériens, de conquérir leur avenir par une intégration active au progrès universel. L'heure est venue pour l'Ecole algérienne de finir avec l'âge ingrat. Cinquante ans c'est somme toute, un âge suffisamment avancé pour qu'elle prétende à l'âge de raison et devienne une «Ecole intelligente». Cela dit, cette réforme et cette politique, pour être efficaces et former le citoyen algérien qui, nanti de compétences générales et de qualifications spécialisées, pourra composer avec les exigences du troisième millénaire et s'intégrer dans la commune humanité, tout en lui étant utile, elles devront donc être mises en œuvre dès la première année de la scolarisation de l'enfant. Elles encadreront, alors, une formation qui, s'inspirant du discours de la méthode de Descartes, l'initiera à composer avec ses quatre règles que sont : la prudence, l'analyse, la synthèse et la généralisation. De la sorte et dès son plus jeune âge, il apprendra, peu à peu, tout en composant avec la fermeté et la résolution, la sagesse et la résignation, à : -ne prendre pour vrai que ce qui s'annonce pas clairement et distinctement à son esprit. En termes clairs, il apprendra à ne pas faire dans la précipitation ; -diviser chacune des difficultés auxquelles il s'affrontera, en autant de parcelles pour mieux les résoudre ; -conduire ses investigations par ordre, en allant du facile au difficile, du simple vers le composé ; -faire des démembrements et des revues pour être sûr de ne rien omettre dans la recherche de la solution. Cette formation, excluant le dogmatisme et faisant appel à la raison, mènera l'enfant à observer, à expérimenter, à réfléchir, à soumettre les données de ses sens et de son imagination, au crible de sa raison. Elle ne produira pas des dilettantes mais, très certainement, des hommes d'action. Le rôle du maître se verra, ainsi, transformé. Il ne s'agit plus, pour lui, de déverser sur l'enfant une somme de savoirs tous faits qui étouffera sa raison, mais de l'aider à user de son bon sens pour s'élever de l'ignorance vers la connaissance. En somme, cette formation bien entretenue dès le premier cours d'initiation, s'investira dans le développement d'une intelligence en mesure de : ?gérer la compréhension, la rétention, l'assimilation et l'exploitation des connaissances pour en faire un centre d'investigation et de prospective en quête d'autres connaissances, un cadre de réflexion en quête d'une vie meilleure, celle où la vérité triomphe sur l'erreur, la justice sur l'iniquité, la citoyenneté sur l'égoïsme, la manipulation, la confusion, les clivages, le dirigisme et autres angoisses ; ?faire avec les choses de la vie* avec le maximum de circonspection. *Les choses de la vie : la servitude et la liberté, l'injustice et l'équité, la faiblesse et la puissance. Exigence du progrès pour un développement durable et ressort de l'amélioration de la condition humaine au profit du bien-être de la cité, (cohésion sociale, participation démocratique, protection de l'environnement, développement de la capacité à communiquer), le savoir à dispenser aura pour mission et ce, dès que l'enfant embraye sur sa nouvelle condition celle d'élève, d'infléchir inexorablement la trajectoire du risque «sous-développement». Il animera donc en tout un chacun l'intérêt à évoluer au rythme de l'international. La gestion de la mission éducative et celle de l'acte pédagogique: ?se refuseront d'encourager la fragmentation sociale soutenue, urbi et orbi, par ceux qui s'autoproclament les chantres de l'ouverture sur le monde alors qu'ils en sont l'image inversée, ce qui a compromis la nécessaire adhésion du système éducatif et culturel algérien aux visées universalistes de l'éducation, de la formation et de la culture; ?souscrire aux valeurs novatrices et réformatrices qui inspirent les mutations sociales positives en vue de les promouvoir et de les adapter aux circonstances qu'impose une gestion rationnelle des choses de la vie dans le contexte de la mondialisation ; ?promouvoir le sens de la tendance lourde qui s'exprime à travers le monde, (regarder plus large, plus haut et plus loin que le sectoriel, l'interne, l'immédiat, le court terme). Gérer la mission éducative et celle de l'acte pédagogique dans cette optique, c'est donc animer un authentique partenariat entre l'école et la vie. Cependant pour animer un partenariat authentique entre l'école et la vie, il est impératif de connaître celui qui est appelé à les animer. Cet enfant est loin d'être un simple homonculus, (un homme en miniature). Alfred Binet, ce pédagogue français du XXème siècle, se tournant vers les écoliers de 6 ans -14 ans, a dit, « Nous cherchons à savoir ce qu'ils sont. Il nous suffit de dégager leurs aptitudes réelles afin de couper à leur mesure l'enseignement qu'ils doivent recevoir ». Cela dit, la connaissance des types psychologiques individuels des enfants, permettra l'adaptation pédagogique et même professionnelle A ce propos, Binet, tout en tentant de serrer de près la notion d'intelligence, il découvre six types : -Le conscient dont le ressort est la réflexion volontaire. -L'inconscient qui ne compte que sur l'inspiration. -L'objectif, l'observateur, le réaliste, le positif, (à orienter sur un métier qui lui permettra de se maintenir en contact avec les choses. -Le subjectif, l'interprétateur, l'imaginatif, le rêveur le contemplatif. -Le praticien, le sensoriel, l'habile de ses mains. (Les enseignants qui méconnaissent leur mission, l'affiche comme un cancre). -Le verbal, le littéraire qui fera un bon avocat, un politicien, ou tout simplement, un vendeur, un représentant de commerce. Toutefois, le diagnostic psychologique sans une enquête physiologique à entreprendre simultanément, reste une action inachevée. Binet dit à ce propos, « avant de chercher les causes de l'insuccès scolaire de certains enfant dans leurs esprits, il importe de vérifier si elles n'ont pas une cause corporelle ». Aller à la connaissance de l'enfant-élève, c'est d'abord, procéder à un relevé périodique des données anthropologiques et familiales. C'est ensuite, connaître son esprit. Ce qui revient à dire qu'il faut adapter l'instruction et l'éducation à ses possibilités physiologiques, psychologiques, mentales et caractérielles. « L'enseignant doit étudier méthodiquement les réactions de ses élèves aux procédés, aux moyens et aux méthodes de l'enseignement qu'il adopte, contrôler leurs acquisitions, évaluer leur développement mental, modifier si nécessaire la répartition des groupes » -Docteur Simon ?Pédagogue français du XXème siècle. «Pour connaître l'enfant-élève, il faut le libérer et pour le libérer, il faut supprimer toute contrainte». Montessori ?Pédagogue italienne. Pour que l'enseignant puisse observer correctement son enfant-élève, il importe que celui-ci se trouve dans un milieu aussi naturel que possible et dans lequel ses virtualités se feront jour sans être faussées par une contrainte paralysante. Cela dit, il ne sera pas abandonné entièrement à lui-même. Mais de quoi l'élève-enfant doit-il être libéré ? D'abord de cette immobilité élevée par des enseignants qui n'ont rien compris à leur mission au rang de norme pédagogique. Ensuite, à la libération de l'immobilité s'adjoint l'affranchissement de cet adulte qui, pour maintenir cette discipline handicapante, ne trouva pas mieux que de le punir. A la place de la punition, l'enseignant averti, fera en sorte que « l'éducation ne soit pas une réception mais une action », tel que le stipule Dewey ?Pédagogue américain- dans son « Learning by doing. L'élève-enfant comprenant que l'activité est une initiative, s'investira, de son propre gré, dans son éducation-instruction. Il finira par accepter que la discipline n'est pas une soumission à la contrainte, mais une aptitude à user de l'indépendance. D'où l'importance de l'éducation préscolaire. A suivre... * Directeur de l'Education - Professeur-Chercheur INRE |