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Le sénateur-maire de Lyon, président de la métropole de Lyon,
Gérard Collomb, est depuis quelques jours, en Algérie, à la tête d'une
importante délégation d'hommes d'affaires, de responsables de PME et de groupes
de renommée internationale. Il revient dans cet entretien sur les relations
entre l'Algérie et la France et affirme, clairement, que les Français
investissent, massivement, dans notre pays quand les conditions sont réunies.
Quotidien d'Oran : Vous êtes venu en Algérie, à la tête d'une importante délégation, représentant plusieurs secteurs. Est-ce que vous êtes là pour «tâter» le terrain ou à la recherche de partenaires algériens ? Gérard Collomb : Lyon entretient des relations anciennes avec l'Algérie et nous sommes déjà venus, à plusieurs reprises, en délégation avec des entreprises. Par ailleurs, parmi les entreprises qui nous accompagnent, PME ou grands groupes, certaines connaissent déjà, particulièrement, ce marché pour y être implantées ou être en partenariat avec des entreprises algériennes. L'objectif du voyage est de motiver plus d'entreprises à s'intéresser à l'Algérie pour des projets de JV ou de partenariat, en rencontrant les acteurs économiques privés et publics de l'Algérie, ainsi que les entreprises, ayant déjà franchi le pas, pour le partage d'expérience. Par ailleurs, la présence du directeur de notre Agence de développement économique, Jean-Charles Foddis, montre que notre approche de l'Algérie est bilatérale, dans une logique gagnant/gagnant. Q.O.: Les entreprises françaises sont plutôt frileuses quand il s'agit d'investir en Algérie, pourquoi, à votre avis ? G. C.: Nous comptons dans notre délégation le vice-président de Sanofi, société mondiale dont le siège est à Lyon, ayant déjà deux sites de production, en Algérie et en train d'investir 70 millions d'euros sur une troisième unité. Cet exemple prouve que quand les conditions sont réunies, les entreprises françaises n'hésitent pas à investir fortement. Q.O.: Les Français reprochent, souvent, au gouvernement algérien un manque d'attractivité, pour ce qui est de la réglementation, en matière d'investissement, notamment. Est-ce que vous pensez que la réglementation algérienne ne favorise pas le développement de partenariats avec les entreprises françaises ? G. C.: Je n'ai pas à faire de commentaire sur les décisions relevant de la souveraineté nationale algérienne. Au-delà de l'exemple cité précédemment, nous avons, avec nous, des représentants de sociétés ayant ouvert des bureaux, à Alger, avec des partenaires algériens, qui démontrent que ce n'est pas, forcément un frein. La poursuite des évolutions amorcées va, cependant, me semble-t-il, dans le bon sens et permettront de renforcer cette belle dynamique. Q.O.: Quels secteurs, ici en Algérie, intéressent le plus la délégation que vous conduisez ? G. C.: Notre délégation reflète à la fois la diversité du tissu économique lyonnais et des secteurs prioritaires de l'Algérie. C'est donc une délégation multi-sectorielle : santé, agroalimentaire, eau, chimie-environnement, BTP?Dans tous ces secteurs, le potentiel économique de l'Algérie est très fort et les compétences lyonnaises reconnues. On sent, parmi les PME lyonnaises un regain d'intérêt pour le marché algérien qui s'ouvre et les incite à être, davantage, présentes. La délégation comprend, également, une dimension académique importante car l'Université de Lyon, dirigée par Khaled Bouabdallah, a établi, déjà, de nombreux partenariats avec les établissements universitaires d'Algérie qui visent, notamment, à accompagner le développement des formations professionnalisantes et l'employabilité des étudiants algériens. Q.O.: En tant qu'élu, vous pensez que les relations entre l'Algérie et la France ne reflètent pas encore la volonté affichée par les chefs d'Etat des deux pays ? G. C.: Nos deux pays ont une longue histoire commune qui depuis 2012 a pris un nouvel élan, basé sur la confiance et tourné vers l'avenir. Ce que j'ai pu découvrir sur les trois premiers jours de mon déplacement, est qu'il existe, déjà, de nombreux projets communs de partenariat, témoins de cette réalité sur le terrain. Lors de mes échanges avec les autorités politiques algériennes, j'ai compris que le nouveau mode de développement de l'Algérie s'appuierait sur les territoires. Dans cette nouvelle stratégie, Lyon a toute sa place pour apporter sa contribution et son expertise aux autorités locales algériennes et en partageant son expérience de la diplomatie des villes, qui permet d'accompagner la dynamique des Etats. C'est un grand amoureux de l'Algérie et d'Oran, Albert Camus, qui écrivait «la vraie générosité, envers l'avenir, est de tout donner pour le présent». C'est en développant des projets pour le présent entre Lyon et l'Algérie que nous pourrons construire l'avenir. Q.O.: Les Algériens connaissent peu de choses de Lyon. Qu'est-ce qui fait la spécificité de la métropole lyonnaise ? G. C.: Comme l'Algérie, Lyon a une histoire très riche et très singulière. Située au confluent du Rhône et de la Saône et dominée par deux collines, Lyon est une ville très belle qui a plus de 2.000 ans d'histoire. Construite par les Romains, ce fut la Capitale des Gaules, avant d'être un grand centre marchand, au temps de la Renaissance. Lyon conserve, aujourd'hui, l'un des plus grands patrimoines Renaissance d'Europe, le 2ème après Venise, et est classée au Patrimoine mondial de l'Unesco, depuis 1998. D'un point de vue économique, deux spécificités expliquent le dynamisme de Lyon : d'abord, Lyon est fidèle à son histoire économique, et n'a eu de cesse de se développer, en renforçant et en innovant dans ses secteurs historiques : pour les besoins de l'industrie de la soie qui fut, longtemps, son secteur de prédilection, Lyon a eu besoin de développer l'industrie chimique qui, elle-même, permit de développer l'industrie de la santé, de la pharmacie et du vaccin. Aujourd'hui, ces deux secteurs sont, toujours, les moteurs du développement économique de Lyon, et je crois que c'est cette constance qui nous permet, aujourd'hui, d'être innovant et compétitif. Ensuite, l'autre spécificité de Lyon, c'est d'avoir toujours fait fonctionner, ensemble, milieux économiques, institutionnels et académiques. De nombreuses écoles d'ingénieurs ont été créées à Lyon, pour répondre aux besoins des industries locales, et aujourd'hui, la force de l'Université de Lyon est un facteur d'attractivité car les entreprises savent qu'elles pourront trouver, à Lyon, la main-d'œuvre qualifiée qu'elles recherchent pour les besoins de leurs projets. En résumé, Lyon est une métropole historique qui sait se renouveler en innovant dans ses fondamentaux et en misant sur l'humain. |