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Suite et fin Devant donc être adaptée à de nombreux niveaux (politiques, économiques, militaires, etc.), brève, simple et facilement reconnaissable par tous les citoyens quels que soient leurs intérêts et statut social. C'est important car, comme l'explique William Ascher et William H. Overholt, l' « énumération d'une stratégie simple implique une grande vertu ». Selon eux, « a vertu est que ses énonciateurs, leurs subordonnés, le public pertinent, et les adversaires vont tous avoir une ligne directrice claire à laquelle ils peuvent ajuster leur comportement ». Dans le cas contraire, c'est-à-dire l'existence de « contradictions fréquentes entre les politiques dans différents domaines et l'absence d'une définition généralement acceptée de la stratégie globale de la nation renforcent la guerre bureaucratique, fragmentent le soutien politique, érodent la crédibilité générale, et suscitent des accusations d'incohérence ou même mauvaise foi des alliés et adversaires ». En même temps, la grande stratégie implique une certaine volonté et capacité de penser l'avenir en ce qui concerne les objectifs d'une entité politique. Au final, elle doit être économiquement viable, compréhensible, réaliste, cohérente, procéduralement tolérable, et en mesure de fournir une protection raisonnable par rapport aux buts et objectifs de la direction. Selon ce point, sécurité nationale et solvabilité nationale sont mutuellement dépendantes. Dan le cas contraire, l'économie risque de s'effondrer sous le poids de la puissance militaire. La grande stratégie en ce sens est, ou devrait être, la relation ?calculée de moyens à des fins importantes. Il est question de réaliser l'équilibre des fins et moyens, à la fois en temps de paix et en temps de guerre. Ces éléments -fins et moyens- sont intimement liés: un État ne peut pas maintenir une stratégie qui vise des fins qui dépassent les moyens dont il est capable et prêt à consacrer à ces fins. Bien que l'alignement des ressources est difficile et plein de surprises, il est clair que l'Algérie a grande travail à faire en la matière. Souvent des objectifs larges et ambitieux sont annoncés, mais poursuivis par des moyens limités de façon disproportionnée, créant ainsi une invitation pure et simple à l'échec. LA GRANDE STRATEGIE ET L'ETAT : L'intérêt de la Grande Stratégie est sa nature intégrative et focalisation sur l'Etat ou les intérêts de l'Etat. C'est la stratégie de toutes les stratégies ; elle lie toutes les stratégies sectorielles dans un « système de systèmes » en leur imposant un sens commun de manière similaire à la façon dont ces stratégies régulières synchronisent, à leur tour, les décisions et les actions dans des zones séparées de l'activité publique. La grande stratégie d'un État représente « une chaine de fins-moyens politique-militaire, la théorie d'un Etat sur la meilleure façon de ?produire' la sécurité pour lui-même ». Parce que la survie et la croissance sont les super-objectifs intégraux de chaque système, sa mission dans un ordre international principalement dominé par des Etats est la préservation du système (l'Etat en l'occurrence) et, le cas échéant, garantir sa suprématie sur d'autres systèmes. Henry Minztberg assimile la stratégie aux « objectifs du système » qui se répartissent en quatre catégories « survie, efficacité, contrôle et croissance ». Dit autrement, la solidarité nationale et la cohésion intérieure constituent une fonction de la grande stratégie, et toute grande réflexion stratégique maintient toujours le rôle central de l'Etat dans une perspective appropriée. En plus de soutenir les objectifs nationaux, la grande stratégie consiste à améliorer la condition physique de la nation comme un tout organique et à façonner (et à faire face à) un environnement en constante évolution. La cohésion d'une société est strictement liée à sa capacité à faire face à une multitude de risques découlant de son environnement et de sa propre organisation. Puisque sans une image unifiée et saine de soi, une nation n'a aucune incitation pour accumuler ou utiliser la puissance matérielle, la grande stratégie doit renforcer la cohésion nationale. En effet, pour plus de 350 ans (depuis le Traité de Westphalie a marqué le début de la doctrine contemporaine de la souveraineté des Etats) la nature du système international a été fondée et formé autour de l'idée l'État-nation comme « le standard universel de la légitimité politique ». Le déclin de l'Etat est une imposture. « L'idée de l'Etat » est essentielle à son existence (il dépend autant de la pensée que les gens se font de l'Etat autant de ses actifs les plus tangibles). La mondialisation est souvent définie en opposition à l'Etat ?elle est sur la perte de contrôle de l'Etat sur les processus de modernisation, des flux de capitaux et autres. Ce point de vue est erroné. Non seulement les conséquences ne sont pas toujours les mêmes sur tous les Etats, la mondialisation et l'impérialisme occidental et l'internationalisation du capital en particulier, dépendent de la puissance d'État. Il ne s'agit pas de l'éclipse, mais plutôt de la transformation de l'État. Quand l'expression est utilisée, on s'y réfère pour décrire un processus qui consiste à redéfinir le rôle de l'Etat que son déclin. L'application des stratégies néolibérales a produit non pas le désengagement de l'intervention de l'Etat, mais plutôt sa réorganisation politique, institutionnel et géographique. Les Etats ont été transformés en instruments proactifs pour faire avancer l'agenda du capitalisme mondial et devenir le bras politique et militaire des grandes entreprises. Ce qui s'est effondrée est plus la vision (ou rêve) de l'Etat développemental progressif soutenue par les générations d'universitaires, de militants et de responsables politiques, que l'Etat en soi. Un renouveau démocratique ne ferra qu'inciter les populations à plus d'Etat. GRANDE STRATEGIE ET LEGITIMITE DEMOCRATIQUE : Nombreux facteurs et acteurs qui interviennent dans le processus stratégique, mais qui pourrait vraiment en offrir une vision à part le président ou l'institution élue bénéficiant de la légitimité démocratique. L'image de la grande stratégie comme une vision du leader capte une partie du processus de la stratégie et non son intégralité. La vision du dirigeant est une base utile pour l'élaboration d'une stratégie car elle articule une vue d'un avenir réaliste, crédible et attrayant pour la nation ; elle fournit un lien important entre la situation actuelle et la trajectoire future de la nation. Bien que les plans et les stratégies engagent les parties prenantes à un niveau plus analytique et rationnel, un leader (en contact avec les citoyens) est à un niveau émotionnel profond. Son utilité dépend de la qualité de sa vision, leadership, crédibilité et divers autres facteurs éventuels. La vision est une représentation mentale de la stratégie créée dans l'esprit du chef et qui devrait servir à la fois comme une source d'inspiration et pour donner un sens à ce qui doit être fait. La nature hautement personnalisée de la présidence (et de l'exécutif) dans le système politique algérien rend les forces et les faiblesses de l'exécutif en exercice de la plus haute importance. Parmi les conséquences qui découlent de cette centralisation de la responsabilité politique, le président ne doit pas seulement être le véritable architecte de la politique étrangère et de sécurité, mais il doit aborder le processus d'élaboration des politiques avec vigueur. Les présidents définissent la réalité de la politique étrangère par des principes généraux. Il est le devoir du président de fournir la « clarté directionnelle », une vision qui transcende les faits et les intérêts concurrents en présentant une vue unifiée, synthétique et attrayante de l'avenir ou une « fin heureuse ». Pour beaucoup de citoyens, le monde est un endroit étrange et mystérieux et le discours présidentiel crée un sens de l'ordre et doit le faire. La vision du leader agit donc comme la colle qui lie les divers éléments du système national, prouvant une base pour construire un consensus national sur les détails des stratégies délibérées. Ceci est particulièrement utile dans les moments de grands bouleversements, de crises majeures nécessitant des sacrifices douloureux, ou dans des situations impliquant d'importants conflits d'intérêts entre les sections d'une société. En temps de crise, le public se tourne vers le président en tant que gestionnaire de crise, leader, solveur des problèmes et sauveur. C'est important car « que ce soit dans une société ou une nation entière, les électeurs cherchent quatre choses: le sens ou la direction, la confiance dans et du leader, un sentiment d'espoir et d'optimisme, et les résultats ». Se sont la base de l' « interdépendance leader-suiveur ». A l'ère de l'information, faire la politique c'est comme présenter la météo : le besoin impératif d'assurer une présence et maintenir un contact régulier avec les populations. Si les élus ne le font pas et la démocratie ne reprend pas ses droits, la rumeur (amalgame de connaissances opaques et de codes culturels) prendra le dessus. Car les rumeurs quotidiennes représentent une tentative de résoudre l'incertitude, de compenser les vides cruciaux de l'information et de recadrer un monde chaotique dans des formes familières. Sous cet angle, chacun peut en tirer ses conclusions de la situation actuelle du pays. John Boyd explique que l'«examen et la manipulation des idées et des pensées suggèrent que, pour réussir sur le long terme et dans les conditions les plus difficiles, on a besoin d'une vision unificatrice qui peut être utilisée pour attirer les indécis » ainsi que pour renforcer la détermination des amis et éloigner les adversaires de la subversion. « Ce qu'il faut » dans ce cas, « c'est une vision ancrée dans la nature humaine si noble, si attrayante que non seulement elle attire les indécis et magnifie l'esprit et la force de ses adhérents, mais aussi sape le dévouement et la détermination de tous les concurrents ou adversaires ». C'est « un grand idéal, un thème global, ou une noble philosophie qui représente un paradigme cohérent dans lequel les individus ainsi que les sociétés peuvent façonner et s'adapter aux circonstances en déroulement -offre encore un moyen d'exposer les failles des systèmes compétitifs ou adverses. Une telle vision unificatrice devrait être si convaincante qu'elle agit comme un catalyseur ou une balise autour de laquelle évoluent ces qualités qui permettent à une entité collective ou ensemble organique d'améliorer sa stature dans l'ordre des choses ». L'Algérie manque cruellement d'une telle vision. Il faut savoir qu'un cadre intellectuel fournit aux décideurs une boussole pour déterminer et hiérarchiser les priorités. Il peut aider à façonner, tailler et orienter l'allocation des ressources, affectant ainsi la forme des investissements à long terme impliquant les forces militaires, les programmes d'aide, et à la fois les renseignements et les ressources diplomatiques. Il peut également à préparer le public à ce qui peut être nécessaire, et envoyer des signaux à d'autres gouvernements, groupes et individus (amis et ennemis) sur ce que le pays s'efforce de faire ou d'empêcher dans le monde. Ce cadre ne peut émerger que de manière consensuelle et démocratique. En résumé, la grande stratégie est une vision unificatrice, un cadre pour une meilleure compréhension de la grande image du rôle du pays dans le monde. Son noyau est l'harmonisation des fins et des moyens avec une méthodologie pour atteindre l'état final recherché. Elle est sur ??la façon dont le leadership peut utiliser la puissance disponible à l'Etat pour exercer le contrôle sur les gens, les lieux, les choses et les événements pour atteindre des objectifs en conformité avec les intérêts nationaux. Comme une discipline de compromis, la grande stratégie nécessite l'emploi de toute la puissance nationale et implique la protection et le développement des sources de puissance. Avoir une grande stratégie est utile pour Etat-nation subissant des changements brutaux. Au minimum, elle peut servir comme un carde d'évaluation de ce qui a été fait ou pas. * Chercheur en Histoire militaire & Etudes de défense à CRISES de Université Paul Valéry (Montpelier III) et membre du comité de lecteur de la Revue Géostratégiques. |