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Comment expliquer ce nouveau déploiement de forces coalisées, mené par La première puissance du monde, appuyée par la France et les pays monarchiques arabes, et les raids aériens contre les djihadistes en Irak et en Syrie. Le président Barack Obama a affirmé que son pays ferait " tout ce qu'il est nécessaire " pour vaincre l'EI, après ce début d'intervention en territoire syrien. " L'Amérique est fière de se tenir côte à côte avec ces nations au nom de notre sécurité commune. La force de cette coalition démontre clairement au monde que ce n'est pas un combat mené par les seuls Etats-Unis ", a souligné le président américain. Cinq gouvernements arabes sunnites - l'Arabie saoudite, le Qatar, les Emirats arabes unis, la Jordanie et Bahreïn, tous signataires de la déclaration de Djeddah le 11 septembre contre l'Etat islamique - ont participé ou apporté leur soutien à ces frappes. Cette opération d'envergure survient alors que l'EI poursuit son offensive pour s'emparer d'Aïn al-Arab (Kobané en kurde), troisième ville kurde en Syrie, dont la prise lui donnerait le contrôle total d'une longue bande de la frontière syro-turque. Craignant les exactions de l'EI, plus de 130 000 kurdes syriens ont fui en Turquie. Quant aux autorités syriennes, depuis l'offensive éclair lancée par les djihadistes sunnites début juin en Irak, elles voient dans l'émergence de cette menace un moyen de réintégrer le jeu diplomatique dont la répression du mouvement de protestation puis la guerre civile l'ont écarté. Cependant, les Etats-Unis ont signifié qu'il est hors de question de toute coordination avec le dirigeant syrien, dont Washington exige toujours le départ. Et l'Armée syrienne libre (ASL), un groupe de l'opposition syrienne que soutiennent les Occidentaux, a salué cet engagement étranger, estimant qu'il était de nature à lui redonner l'avantage contre les forces pro-gouvernementales. " Cela va nous renforcer dans notre combat contre Assad. La campagne doit se poursuivre jusqu'à l'éradication complète de l'Etat islamique ", a déclaré un responsable de la Coalition nationale syrienne (CNS), qui représente l'opposition soutenue par les Occidentaux. Cependant certains groupes de l'insurrection syrienne redoutent néanmoins qu'Assad n'en tire profit. Une inquiétude partagée et explique notamment pourquoi la France, dont l'aviation a frappé l'Etat islamique dans le nord de l'Irak, a exclu de prendre part à des opérations aériennes en Syrie. " Il n'est pas question que M. Bachar al-Assad prenne la place laissée par Daech en Syrie ", soulignait le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, quelques heures avant les frappes des forces américaines et de leurs alliés arabes. La France, a-t-il ajouté, refuse de choisir " entre les terroristes et les dictateurs ". A Londres, les services du Premier ministre David Cameron ont indiqué que les forces britanniques ne participaient pas pour le moment aux opérations contre les islamistes en Syrie, la décision finale du Royaume-Uni n'ayant pas encore été prise. Mais, au-delà de ce branle-bas occidental, et cette barbarie de l'Etat islamique, l'histoire du monde a aussi son mot à dire dans ce dédale d'événements terribles qui se jouent au Moyen-Orient. Une région " centrale " par la présence des, les plus grandes réserves de pétrole du monde. On peut même se poser la question " pourquoi la Dame Nature a favorisé cette région en y concentrant les plus grands gisements de pétrole. De même, pourquoi la barbarie de l'Etat islamique (décapitations, crucifixion) ? Relève-t-elle d'une paranoïa d'êtres ayant perdus tous repères humains ? Toute raison d'humanité ? Ou sont-ils mus d'une volonté de puissance qui n'a plus de limites, au point que les djihadistes irakiens dans leur aveuglement contre l'Occident commettent des monstruosités innommables que le monde musulman entier condamne ? Ou n'exprime-t-elle que la fermeture aux sentiments humains que ces djihadistes ont perdus par la guerre ? Et que nous apprend l'histoire du monde " Que rien ne vient sans cause ". DAME NATURE VEILLE SUR L'ORDRE DU MONDE Avant d'aller plus loin, il est bon de se rappeler le Deuxième Conflit mondial. Et se rappeler aussi que si Hitler a provoqué la Deuxième Guerre mondiale, il n'a eu qu'une part de responsabilité dans son déclenchement. Tout d'abord, s'il n'y avait pas de Premier Conflit mondial, il n'y aurait pas d'Hitler dans l'Histoire. D'autre part si les traités de paix en 1919 avaient été plus équitables, il n'y aurait pas eu de cette volonté allemande de revanche. S'il n'y avait pas eu la crise de 1929 et les 5 ou 6 millions de chômeurs allemands, il n'y aurait certainement pas eu l'accession d'Hitler au pouvoir. En 1933, Hitler devient chancelier du Reich et, en 1934, en cumulant la présidence, il devient le maître absolu de l'Allemagne. Enfin, en envoûtant le peuple allemand, il déclenche la guerre la plus meurtrière de tous les temps. Avec des conséquences qui changeront la face du monde. Conclusion, Hitler et le peuple allemand n'ont été qu'un homme et un peuple en qui s'est cristallisée l'histoire. L'ignominie dans le monde était telle que Dame-Nature ordonna la plus grande orgie de morts dans l'Histoire " pour affranchir les trois-quarts de l'humanité qui étaient sous tutelle forcée " occidentale. Les empires européens, américains et japonais avaient droit de vie et de mort sur plus de la moitié de l'humanité avant 1939. Et pas que les peuples hors-Occident ! Les peuples occidentaux ont bénéficié aussi de la libération, de leurs droits (suffrage universel, libération des femmes, droits politiques et syndicats, démocratie, etc.). Et cette libération a été dopée par les deux Conflits mondiaux du XXe siècle. Ce qui nous fait dire " que rien ne vient sans cause " et que tout est subordonné à un " progrès existentiel de l'humanité". Une grande partie de la faute ne revenait donc pas à Hitler, mais à l'histoire de l'humanité même qui l'a préparée. C'est toute l'humanité qui en était responsable, en particulier les grandes puissances qui n'ont regardé que leurs intérêts immédiats. Précisément l'Histoire aujourd'hui se répète. Les grandes puissances sont incorrigibles, surtout celles qui détiennent plus de pouvoir, plus de puissance que les autres. Et il y a toujours un acteur qui bouleverse les donnes. Précisément, " cet acteur a été l'Irak ". Et cet Irak se trouve géographiquement au centre de la région la plus convoitée du monde. Toutes les grandes puissances ont leurs yeux rivés sur le Moyen-Orient. Ceux qui y guerroient comme les États-Unis et une partie de l'Europe et ceux qui regardent en silence, telle la Chine et la Russie qui attendent ( ?). Et cet Irak a été et l'est encore le " pays interface idoine entre à la fois les deux grandes puissances du monde de l'Islam - l'Arabie saoudite et l'Iran -, et les deux grandes puissances du monde de l'époque et d'aujourd'hui - les États-Unis et l'Union soviétique devenue la Russie ". Et tout passait par ce double faisceau de forces, et tout a commencé par cette double opposition à la fois régionale et mondiale et dont l'enjeu a été la mainmise sur les mirifiques gisements de pétrole de la planète. Une guerre féroce divisait ces puissances et tout le poids de cette férocité était endossé et l'est encore par l'Irak. Et à cette guerre, vient un autre poids encore plus féroce qui n'admet aucune opposition sinon la destruction, ou à défaut, une lente agonie, une lente descente aux enfers. Et celui qui domine, on s'en doute bien, ce sont les États-Unis, l'hyperpuissance mondiale qui ne recule pas, ou si elle recule, c'est pour préparer un autre stratagème de domination. Ainsi, face à ces faisceaux de forces, s'érigeait dans cette région-centre une situation extrêmement complexe, bien plus que ne furent les Balkans du début du XXe siècle. Mais les États-Unis ne savaient pas qu'ils évoluaient dans des sables mouvants. C'est la région où existent les régimes politiques les plus totalitaires, les plus féodaux du monde, sortant complètement des régimes même les moins démocratiques les plus en cours dans le monde. Et cette situation a été permise pour les rois et roitelets de la région moyen-oriental par les richesses pétrolières qui s'y trouvent - le pétrole. Sans le roi pétrole, cette région, sans technologie, sans complexes industriels, aurait certainement été délaissée à l'image des contrées africaines désertiques. Précisément Dame-Nature veille sur l'ordre du monde. Elle a concentré le pétrole au sein de cette région, comme elle a placé l'Allemagne, le plus puissant, au centre de l'Europe. L'HISTOIRE DE L'IRAK - UNE DESTINEE PARTICULIERE D'UN PEUPLE, D'UN PAYS Pourquoi toujours et toujours l'Irak depuis plus d'une trentaine d'années qui ne cesse d'être le centre des préoccupations des grandes puissances occidentales du monde ? Et des pétromonarchies arabes qui n'ont cessé de l'utiliser pour perdurer leur hégémonie sur le monde arabo-musulman ? Précisément, les États-Unis, dans leur stratégie de domination du monde, ont participé à leur insu à la lente déliquescence de l'ordre monarchique arabe. En 1979, en conspirant contre le shah d'Iran, qui a cherché à inscrire l'Iran dans le développement industriel et la technologie nucléaire, les États-Unis ont indirectement provoqué la révolution islamiste en Iran. Le nouveau régime iranien a utilisé l'Islam à des fins politiques sachant que la religion est le moyen idoine pour annihiler toute contestation populaire. C'est ainsi qu'en adoptant l'Islam, le nouveau pouvoir via le clergé iranien devient un pôle opposé à l'Arabie saoudite, gardien des Lieux saints, remettant en cause l'ordre israélo-américano-saoudien. Justement l'Irak, par sa position géographique et son histoire, sera instrumentalisé pour endiguer la nouvelle donne islamique. L'Islam n'est plus utilisé pour asseoir la prédominance des monarques sur les peuples, mais à réveiller les peuples musulmans à la fois de leur léthargie historique de plusieurs siècles et de les libérer de la domination occidentale. C'est en quelque sorte une " libération dans la libération ", c'est-à-dire à " décoloniser les peuples non seulement de l'Occident malgré leurs indépendances mais de leurs régimes politiques inféodés à l'Occident ". Et c'est ainsi que l'Irak, appuyé par l'Occident et les pétromonarchies arabes, s'est lancé dans une guerre contre l'Iran de 1979 à 1988. C'est le " Premier acte " d'une série qui va bouleverser l'ordre moyen-oriental imposé par la superpuissance. Les chiffres donnent un million de morts pour chacun des belligérants, et des destructions indescriptibles de leurs pays. A la sortie de la guerre, l'Irak, fortement endetté - 300 milliards de dollars selon les données occidentales -, est confronté à un " niet absolu " des pétromonarchies pour son allègement de la dette. Les États-Unis, jouant en sous-main dans cette position politique des pétromonarchies, iront loin en affirmant, via l'ambassadrice à Bagdad, qu'ils n'ont pas d'opinion à formuler en cas d'annexion du Koweït. C'est ainsi que l'Irak, en envahissant le Koweït le 2 août 1990, se trouve piégé par l'Amérique. C'est le " Deuxième acte " qui viendra moins de deux années après la fin du premier conflit moyen-oriental, et ouvrira la voie à l'entrée en guerre des États-Unis à la tête d'une grande coalition internationale contre l'Irak. L'opération " Tempête du désert " déclenchée par les Américains en janvier 1991 libèreront le Koweït mais laisseront une région en ruine, ravagée par des marées noires et des puits de pétrole en feu et plus 100 000 entre morts et blessés irakiens en deux de bombardements et d'attaques terrestres. Et des pertes civiles estimées entre 50 000 et 130 000 morts dont plus de 30 000 dans l'insurrection chiite qui a suivi en 1991. Il faut néanmoins souligner que cette fuite en avant américaine n'a été permise que parce que le géant soviétique qui faisait contrepoids à la puissance américaine a commencé à s'affaiblir précisément par la guerre menée contre un pays d'Islam, l'Afghanistan et par l'endettement qui a suivi, issu précisément des " pétrodollars islamiques ". Sans le pétrole arabo-musulman, sans le libellé monétaire du pétrole par le dollar qui en constitue une sorte de " bon d'enlèvement du pétrole " et impose aux grandes puissances industrielles consommatrice d'en acheter massivement, et sans la guerre en Afghanistan qui n'aurait plus raison d'exister - il n'y a pas d'enjeu pétrolier dans la région - l'Union soviétique n'aurait pas disparu de la scène internationale. De même, " sans le libellé monétaire, le " dollar " qui met l'Amérique en copropriété des gisements de pétrole avec les pays arabes ", les États-Unis n'auraient plus d'intérêt au Moyen-Orient. LES " TROISIEME, QUATRIEME ET CINQUIEME ACTES " POUR L'IRAK C'est ainsi que l'URSS sur le point d'éclater, les États-Unis ont eu une liberté totale d'imposer leur diktat sur la région. On peut dire comme l'aurait affirmé le grand philosophe allemand Georg Wilhelm Hegel (1770-1831) qu'un " Esprit gouverne l'Histoire-monde ". Plus simplement, on dira que Dame Nature a donné " carte blanche à la superpuissance sur la région " et " mit fin à la mission historique de l'URSS ". Parallèlement aux bouleversements dans le bloc Est (éclatement de l'URSS et de la Yougoslavie) et à la montée en puissance de l'Asie, en particulier de la Chine, dans les années 1990, l'Irak, sous la houlette américaine, est frappé d'un embargo international qui durera plus de douze années. Plusieurs centaines de milliers d'enfants sont morts, selon les données occidentales, par malnutrition et insuffisance de médicaments. C'est le " Troisième acte " qui mettra à genoux un peuple. Le seul tort du peuple irakien est de se trouver géographiquement entre deux puissances ennemies, l'Iran et l'Arabie saoudite, et " d'être visé pour ce qu'il est " par la superpuissance américaine. Après le 11 septembre 2001, les États-Unis partent guerre contre le terrorisme islamique qu'ils ont, ironie de l'histoire, fabriqué eux-mêmes avec leurs alliés arabes des pays monarchiques du Golfe et du Pakistan. L'Islam, une religion la plus vivante de l'histoire du monde, en cette fin du XXe siècle et début du XXIe siècle va fédérer des pans entiers des peuples musulmans. L'Islam deviendra le refuge des peuples contre la désespérance, contre la marginalisation par les classes possédantes et qu'instrumentaliseront l'Amérique et leurs alliés pour maintenir leur mainmise sur les richesses pétrolières. Mais, là encore, ce n'est pas tenir compte de la dynamique de l'Histoire qui utilise les stratégies des uns et des autres pour faire avancer le monde. C'est ainsi, contre toute attente, l'Amérique, sous une fausse accusation, la " détention d'armes de destructions massives par l'Irak " qu'elle avouera plus tard fausse pour son mea culpa, se lança de nouveau en guerre, en 2003, contre l'Irak. Une campagne militaire qui dura moins d'un mois tellement le pays a perdu toute raison de combattre. C'est le " Quatrième acte ". Celui-ci sera, surprise et retournement de l'Histoire, " salvateur ". Pour la première fois, c'est le peuple qui va briser ses chaînes et prendre en main sa destinée et non les gouvernants qui lui ont fait, pendant deux décennies, plier l'échine dans des guerres et des embargos sans nom. En se soulevant contre l'occupant, en tombant dans une guerre interconfessionnelle, le peuple irakien fit tomber en même temps le carcan qui le maintena sous la domination pendant plus d'un siècle. L'occupant américain qui n'avait plus d'autres alternatives que d'évacuer l'Irak, transforma la région, par les violences qu'il a perpétrées contre les peuples musulmans, en un " véritable chaudron moyen-oriental " au sein duquel l'Irak est devenu le principal acteur, le principal incitateur contre l'ordre américano-saoudien. Et c'est ainsi que l'Irak, après l'évacuation des forces américaines, est entré dans le " Cinquième acte de son histoire ". C'est le début d'une nouvelle descente aux enfers pour le peuple irakien. Cette fois-ci, ce n'est pas seulement l'Amérique qui va souffler sur les braises dans le conflit irako-irakien, mais surtout les pétromonarchies du Golfe qui vont voir la montée d'un double péril. A savoir la constitution d'un axe ininterrompue chiite Iran-Irak-Syrie-Bahreïn-Yémen depuis que les chiites irakiens, en raison du poids démographique qui a faussé l'ordre démocratique, et en détenant l'essentiel des pouvoirs exécutif et législatifs, ont relégué les sunnites irakiens à demeurer une minorité sans ressources et sans pouvoirs. Et le deuxième péril est venu du " Printemps arabe " qui a, tel un ouragan populaire, bouleversé la gouvernance des régimes politiques arabes. Assis sur une police politique censée être un rempart à toute contestation populaire, ces régimes policiers arabes ont gérer le devenir de leurs populations dans l'apathie et l'absence de perspectives. Trois années (2011-2014) marqueront le monde arabo-musulman dans des révolutions populaires et des conflits fratricides sans nom. Pour les conflits, une partie est appuyée par l'Iran, la Chine et la Russie, ces derniers mettront à la cause syrienne par quatre fois de suite leur droit de veto au Conseil de sécurité, l'autre partie est appuyée en moyens logistiques (armements et finance) et en moyens humains par l'Occident et les pétromonarchies arabes. La guerre fratricide atteindra son summum avec l'utilisation en 2013 de gaz de combat contre des populations civiles. Malgré les enquêtes onusiennes, le flou total demeure total sur les parties coupables de génocide. LE «SIXIEME ACTE» POUR L'IRAK ET LA SYRIE. UNE «TROISIEME VOIE», UNE NECESSITE HISTORIQUE ? Rapides étendues prises par les rebelles sunnites contre le gouvernement chiite irakien. Les conquêtes militaires stupéfient le monde. Ces insurgés qui ont vécu plus de trente de guerre et d'embargo, et aujourd'hui affrontent les bombardements non plus américains mais irakiens, de leur propre pays, un pays majoritairement chiites, savent qu'ils n'ont plus rien à perdre, qu'ils n'ont pas de place en Irak, et que même la guerre ne leur offrira pas de victoires parce qu'ils sont minoritaires. Et que même l'aide du Qatar, de l'Arabie saoudite et des autres pétromonarchies du Golfe ou des États-Unis et de l'Europe ne leur est pas donnée pour leur propre cause nationale mais pour des objectifs géostratégiques qui leur sont extérieurs : " endiguer et affaiblir l'axe chiite Iran-Irak-Syrie-Bahreïn-Yémen ". Et cette duplicité des pays alliés ne les trompent pas. Aussi, le mouvement insurrectionnel sunnite irakien cherche à se démarquer des buts visés par l'Occident et des pétromonarchies. Ainsi se comprend que l'aide octroyée par leurs alliés a été mise au service de leurs propres objectifs, et explique une volonté des insurgés de créer un Etat à cheval entre l'Irak et la Syrie. Les djihadistes ont compris que la distribution communautaire (accords Sykes-Picot de 1916) telle qu'elle a été pensée par la France et la Grande-Bretagne à l'époque, ne répond plus à la situation de guerre depuis trente ans. Une nouvelle donne distributive communautaire est désormais nécessaire. Une " Troisième voie est en train de se constituer " dictée comme une " Nécessité historique inéluctable ". Que seule une union entre sunnites irakiens et syriens, dans un territoire libéré et suffisamment riche en ressources pétrolières, peut constituer un Etat viable pour les Sunnites d'Irak et de Syrie. Et, à terme, un enchaînement de faits politiques irréversibles asseoir ce nouvel Etat au sein des Nations unies. Et toute cette problématique s'est posée dans le " Cinquième acte ". Mais, mal exprimé et n'ayant pas répondu aux attentes géostratégiques, cette voie n'a finalement pas retenu l'adhésion de la superpuissance américaine ni celle des pétromonarchies arabes d'autant plus que ces djihadistes irakiens ont rompu le deal en annonçant avec les djihadistes de Syrie un " Califat islamique ". Par cette annonce, une nouvelle menace se profile pour l'Arabie Saoudite autrement plus dangereuse, qui se joue dans la " fibre essentiellement sunnite ", et qui dépasse l'antagonisme chiite qui lui est marqué par une longue histoire. Elle risque de remettre en cause l'hégémonie de l'Arabie saoudite sur les peuples musulmans, y compris l'équilibre géostratégique de la région moyen-orientale. L'Etat islamique contrôle désormais une grande partie du nord-est de la Syrie et du nord-ouest de l'Irak. Ce mouvement djihadiste apparaît aussi déterminé et sûr de lui que la région qui l'entoure est confuse. Et il utilise l'ultraviolence contre ses ennemis, y compris dans ses rangs pour dissuader toute opposition à sa lancée de conquête de nouveaux territoires. S'il ne constitue en rien un nouvel Etat, puisqu'il rejette la notion de frontière et se passe largement d'institutions, c'est simplement que c'est un Etat encore en cours de constitution et qu'il s'agit pour lui de vaincre ceux qui n'acceptent pas son édification. Et là, nous entrons dans le " Sixième acte ", cette fois-ci préparant une " Troisième voie pour l'Irak et la Syrie dont le destin paraît désormais scellé". Djihadistes irakiens et syriens savent qu'ils ne feront pas le poids dans cette guerre par procuration contre les régimes chiites en Irak et en Syrie et qu'œuvrer pour les Américains et les Saoudiens et les Qataris? ne fera que les disloquer en créant entre eux des dissensions interminables sans sortie de crise. Et le seul moyen pour s'en sortir est d'utiliser l'Islam fédérateur qui unifie leurs rangs, leurs villages et leurs villes et, en même temps, procéder à une course contre la montre de conquête le plus de territoires. Devant cette poussée djihadiste de conquête territoriale, en réalité ni l'Iran, ni l'Irak chiite ne sont réellement contre sachant qu'il n'y a guère de chance de maintenir une cohésion communautaire de chiites et de sunnites au sein d'un même Etat. Aussi, le gouvernement chiite irakien donne l'impression qu'il cherche à délimiter les frontières entre l'Etat irakien et le nouvel Etat islamiste à cheval entre l'Irak et la Syrie. Même les Américains sur qui repose la puissance des frappes aériennes annoncent d'avance que la guerre sera longue avec l'EI. Et si elle est longue, cela signifie qu'il n'y a pas de victoire immédiate. Que seul l'intérêt de l'intervention militaire américaine est d'affaiblir l'EI et de limiter son extension territoriale sur les autres peuples (kurdes, chrétiens?). Les Américains savent que leurs bombardements ne seront plus utiles lorsque l'Etat islamique aura atteint ses limites dans les étendues territoriales conquises, peuplées majoritairement de sunnites. D'autre part, les Américains ont encore souvenir de leur enlisement durant la guerre en Irak. Donc un conflit qui se terminera par épuisement pour toutes les parties, et par la création, après maintes tractations, d'un " nouvel Etat Syro-irakien islamiste ", comme ce qui a prévalu dans l'ex-Yougoslavie et au Soudan. Si les tensions ne baissent pas, et d'autres difficultés entravent ce processus, il y a un risque de " balkanisation de toute la région ". Et ce n'est pas l'Islam qui en sera la cause, mais les richesses pétrolières que convoitent toutes les parties engagées dans le conflit. Aussi peut-on conclure que l'histoire au Moyen-Orient est loin de s'apaiser, " elle reste encore lourdement conflictuelle par l'essence même de sa place dans l'ordre géoéconomique mondial ". * Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective. |