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Béats et avachis,
nous regardons passer les Trains? Train de la vie ; train du progrès ; train du
développement réel ou train encore, pour nous autres enseignants, de la
préparation et de l'adéquate formation à destination des futures élites de
demain, qui s'annonce déjà difficile en termes de compétition internationale
dans la nouvelle globalisation des Etats et économies.
Au lieu de cela et de pouvoir y faire face honorablement par, ne serait-ce, la simple et sobre observation de nos obligations professionnelles et morales nous nous contentons de regarder passivement et dans l'indifférence la plus totale un blocage de fait d'un pôle universitaire de plusieurs milliers d'étudiants. En ce mois d'octobre finissant, plusieurs dizaines de milliers de nos enfants ne viennent à l'université que pour constater puis commenter chaque matin, l'état insolite des portes restées verrouillées et cadenassées de l'université par des étudiants grévistes. 10 jours entiers que des étudiants, des enseignants, des personnels administratifs et de soutien n'arrivent plus à rejoindre leurs bureaux et lieu de travail dans l'indifférence et passivité les plus totales ! Je ne jette point la pierre aux étudiants, auteurs de ce sit-in et occupation des lieux, bien au contraire; et même si je ne peux accepter ni approuver leur méthode, je comprends fort bien leur embarras et vécu pédagogique, signes de leur actuelle rébellion et détresse phycologique. «Que celui qui n'a jamais commis de faute ni de péché, jette la première pierre» dit la Parabole. Alors ne soyons pas dupes, ni hypocrites et assumons nos responsabilités, les uns et les autres, dans cette tragédie qui nous importe et nous implique tous et qui n'est au fait que la perte de crédit morale constatée entre l'étudiant, ses formateurs et les gestionnaires administratifs de nos institutions universitaires ? Ces étudiants ne sont que nos enfants et leurs réactions, même de désarroi, sont les nôtres ! Nous devons les assumer en tant que telles ! Enfants non génitaux de nos entrailles, certes ; mais surement les produits et les reflets fidèles de notre formation, influence et de nos tares aussi ! Et leur bonne facture et leur déformation sont les nôtres aussi et celle aussi d'un système qui nivelle depuis quelques années, et sans équivoque, par le bas. Les quelques commentaires et analyses relatant cet évènement dans la presse de ces derniers jours sont inacceptables et foncièrement légères car biaisées en ne jetant l'opprobre que sur l'attitude des étudiants. Car, même si les principales revendications en vue d'un assouplissement du rachat de ces étudiants semblent disproportionnées, elles sont et demeurent toujours justifiées par des pratiques de favoritisme et de clientélisme que ces jeunes ont constaté où dans lesquels ils ont été témoins ça et là et qui sont devenues légions dans certaines facultés. D'où, il serait plus juste et plus éthique qu'on puisse mener des analyses plutôt impartiales et objectives même si celle-ci doivent prospecter dans la direction de défaut de responsabilité aussi des formateurs et des gestionnaires de nos institutions ? Ce qui, il faut l'avouer, n'a pas été le cas ; et c'est bien malheureux pour les auteurs de ces articles et analystes ! Quand on reste sourd ou on empêche des revendications pacifiques, on ouvre d'emblée la porte a des exigences et révoltes violentes. Quand on se veut enseignant, formateur ou gestionnaire dans une université, Il faut savoir être attentif et avoir la disponibilité nécessaire à l'écoute de ces étudiants et de leurs revendications et malaise. Ils ne sont, en fait, que ce que l'on a bien voulu, cherché, réussi ou manqué à en faire comme personnalités , apprenants ou citoyens. Il est vrai que beaucoup d'entre-nous se plaignent, et peut être pas à tord le plus souvent, du manque de vrais maçons en Algérie en faisant constater les défauts de rectitude des différents murs de nos habitations et bâtiments comme si leurs auteurs ne connaissaient pas ou ne disposait pas encore de ces s innovations millénaires que sont le Niveau d'eau ou le Cordeau. Il est dommage, en effet, de relever qu'a l'identique de ce corps de métier, beaucoup de nos formateurs, même universitaires, partagent aujourd'hui ce même défaut de facture alors qu'ils sont censés avoir reçu de longues et couteuses formations et qu'ils ploient le plus souvent et de plus en plus sous des diplômes et grades gratifiants? Cependant qui d'entres ces deux corps de métiers, puisqu'il serait hasardeux de parler de vocation de nos jours, détient la plus lourde responsabilité de malfaçon de son œuvre ? Pour ce qui est du mur tordu, il peut être abattu et refait, ce qui va occasionner davantage d'argent et de temps ; mais rien que ça. Alors que pour les malfaçons et médiocre transmission et structuration de la personnalité, de la formation et compétence de l'apprenant étudiant, c'est toute la génération future, sa responsabilité citoyenne et civique et le pays qui vont en pâtir et pour bien longtemps ! Et à l'image de nos médiocres maçons, beaucoup de nos formateurs et gestionnaires universitaires manquent aujourd'hui de véritable vocation, de culture et d'outils propres de discernement et parfois même de simple honnêteté. Et leurs plus fidèles œuvres factuelles et représentations ce sont aujourd'hui ces jeunes étudiants désabusés et trompés qui excellent dans une surenchère de rachat pour passer d'un palier universitaire à un autre ! Par notre silence, par notre indifférence et notre manque d'écoute vis-à-vis des étudiants ou d'autocritique vis à vis de nous-mêmes et de nos tares et disfonctionnements devenus aujourd'hui préoccupants , nous participons tous que nous sommes, enseignants, administrateurs et gestionnaires de ces institutions universitaires algériennes à bloquer et verrouiller nos universités même si c'est de petites, fragiles et certainement innocentes mains de nos étudiants et enfants ont en posé les cadenas. Et pourtant? Et pourtant, des casernements du colonialisme nos ainés ont levé des universités (1) Mais avons-nous veillé à construire des véritables régiments du savoir ou devrons-nous nous contenter seulement de voir ces recrues en simples et futurs chômeurs sans efficacité de connaissances et de réelle compétitivité pour le marché de l'emploi. Et pourtant, des casernements du colonialisme, nous tous avons levés des universités en les transformant en salles de cours et amphithéâtres où s'enseigne la vie, le progrès et les connaissances dont devaient être sevrés nos futures générations d'enfants algériens issus du code de l'indigénat. Avec de telles dispositions de transmutation de leurs casernements de la mort et du déni civilisationnel, nous voulions, aussi, rendre un hommage posthume à Abdelkader Ibn Mohiédine, l'Emir Soufi et poète; à El Mokrani, chef respecté d'un peuple et non esclave d'un pouvoir féodal personnalisé; à Si di El Cheikh, érudit et chef spirituel dans son grand fief. Honneur, aussi, à Fatma N'soumer, à Bouziane El Kalaai et à tous ces Bandits d'honneur que le colonialisme rêvait d'encaserner à vie. Honneur, enfin, à Larbi Ben M'hidi et éternité à son dernier sourire à l'adresse des journalistes et de l'opinion internationale à quelques jours et heures de son exécution, par suicide, dans un casernement du colonialisme. Dans cet ultime sourire, resteront figés des rêves d'enfants inavoués ; des ambitions frustrées d'apprendre et de fréquenter une école, un lycée et peut être même une université ; un amour incommensurable pour la vie mais aussi et surtout une véritable assurance de vaincre. Celui qui avait prédit «Mettez la révolution dans la Rue, et elle vous dépassera», avait déjà compris que des casernements de la mort et de l'apartheid, ses héritiers lèveront des universités du savoir et du partage. Et ce, pour l'amour de l'Homme et de sa dignité, à jamais négociable ! EPILOGUE : Alors qu'il été présenté à la presse internationale comme tribut et belle prise de guerre, rétorquait à un interviewer anglais désireux de le confondre comme chef terroriste des poseuses de bombes d'Alger : «Mais nous sommes disposés à échanger nos couffins (comprendre et leurs bombes) avec les bombardiers français et leur Napalm». Celui-ci, participait déjà du retournement révolutionnaire des casernements coloniaux en université du savoir et de la justice. Où chacun a ou invente les armes qu'il peut ! Et pour preuve de victoire dans ce domaine de détournement positif des casernements coloniaux et à titre posthume : Le colonel Bigeard, en grand militaire frustré par la défaite et véritable débâcle de Dien Bien Phu et qui ambitionné de redorer ses blasons et ceux de la mère patrie ridiculisée (et malgré le fait d'avoir été le héros de la bataille d'Alger avec le démantèlement du réseau FLN de la Casbah et l'arrestation de son chef et stratège Larbi Ben M'hidi), reconnaissait à la fin de sa vie et d'une manière publique, en avouant qu'il avait effectivement et contradictoirement ordonné à sa troupe de rendre les honneurs militaires au chef terroriste décédé, qu'en rencontrant un homme de la valeur et des qualités de Ben M'hidi, d'avoir ressenti qu'il avait, dans la guerre d'Algérie, perdu son âme ! Larbi Ben M'hidi, ce jeune algérien sincère qui n'a pas jamais pu fréquenter une université a été par son exemple, son parcours et dévouement une véritable université du progrès, de la justice et du partage humain. Quand pourra-t-on rendre justice à ce nationaliste militant de l'oranais et honorer ce grand martyr combattant en baptisant de son nom L'université-caserne d'Oran ! (1) : L'Université d'Oran, dans la deuxième ville et métropole d'Algérie a été crée et installée sur une base-caserne des forces coloniales françaises. Ainsi que l'actuelle université de Mostaganem, anciennement ITA, installée dans une ancienne caserne d'importance régionale située dans un carrefour stratégique à quelques encablures de la Mactaa site d'une grande bataille ayant opposé les Troupes coloniales à la résistance algérienne dirigée par l'Emir Abdelakader. *Professeur Habilité en Direction de Recherches représentant élu des enseignants du département de biologie université d'Oran |