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« Ne vous souciez
pas d'être sans emploi ; souciez-vous plutôt d'être digne d'un emploi. »
Confucius
L'éducation agit, dans une grande partie du monde, en défenseur des normes et des valeurs axées sur la consommation, admises dans certains systèmes économiques : elle favorise ainsi une forme de productivité orientée vers une consommation croissante et inutile des ressources naturelles et vers l'exploitation des ressources humaines. L'éducation dans notre pays, par l'importance qu'elle donne à la théorie, rend les individus étrangers à la vie quotidienne qui se déroule dans leur communauté, donne aux connaissances un tour trop abstrait, emploie des tests sans rapport avec les activités de production et, en attribuant une plus grande valeur «intellectuel» qu'au travail «manuel», éloigne les individus de la vie productive. Notre enseignement général, reste séparé de l'enseignement technico-professionnel et de la formation ; également, que la question de savoir si la formation professionnelle initiale doit être donnée dans des écoles (ou centres spéciaux) ou dans les entreprises, sous forme d'apprentissage. «Les écoles secondaires forment plus de diplômés que l'économie n'en peut absorber, mais il y a pénurie de certaines spécialisations.». Chez nous, depuis les années 2005- 2006, les lycées techniques ont changé de statut. Leurs ateliers furent fermés et les cours théoriques d'électricité, de mécanique, de boiserie? supprimés. Allez dénicher un bon plombier, un plâtrier, un électrotechnicien, un ébéniste etc. Le pays, en un immense chantier, (le bâtiment, autoroute, barrage, chemin de fer, port, aéroport, hydraulique, reboisement?) a recours actuellement à la main-d'œuvre étrangère :chinoise, indienne, turque, égyptienne entre autres. Notre artisanat national est lui aussi touché. L'une des causes du problème réside peut-être bien dans les attitudes sociales. Chaque fois qu'il y a dichotomie entre l'enseignement général, d'une part, et l'enseignement et la formation professionnelle d'autre part, le premier jouit d'un plus grand prestige. «TROUVER SA PLACE DANS LA SOCIETE, C'EST D'ABORD AVOIR UN METIER, UN EMPLOI.» L'enseignement et la formation vont de pair avec l'emploi, le monde du travail. Dire que vis-à-vis de l'individu, la formation et l'emploi s'interpénètrent c'est dire que, à l'échelle de la nation, il faut considérer les rapports entre les trois aspects de l'existence comme une série de liens entre des systèmes ou des modalités d'organisation. La question primordiale des objectifs de l'éducation est évidemment liée au développement politique et socio-économique d'un pays. Les objectifs communs à la plupart des pays en voie de développement conviennent que l'enseignement secondaire, d'après un rapport du bureau international de l'éducation (le BIE) à Genève, doit : -répondre aux besoins de l'individu en matière d'éducation, en contribuant au développement de toute sa personnalité. -assurer, par l'enseignement général, une orientation et une formation en vue du développement des individus qui participeront activement à la vie sociale et économique. -aucun enfant ne doit sortir du système éducatif sans avoir reçu une formation professionnelle valable. -les contenus des formations doivent mieux correspondre aux emplois qu'offrira l'économie. Les pays comme la Chine, le Brésil, Cuba, la Tanzanie ont tendance à coordonner plus étroitement l'enseignement avec le développement national, donc avec les besoins en main-d'œuvre. Ce qui a provoqué une série de réformes profondes. En même temps, le système hautement développé des Etats-Unis a donné également naissance à l'idée d'enseignement orienté vers une carrière et d'enseignement professionnel pour tous dans les écoles secondaires afin que «les élèves qui terminent leurs études à un niveau quelconque acquièrent soit des compétences dont ils pourront tirer parti dans la vie active, soit des aptitudes qui leur permettront de recevoir un enseignement complémentaire.» «QUI DIT METIER, DIT EQUILIBRE ET SANTE.» Si l'initiation au travail doit être considérée comme un élément de l'enseignement secondaire, elle demeure l'exception et non la règle dans la plus grande partie du monde. La solution la plus radicale est la création d'écoles secondaires polyvalentes dispensant toute une série de cours de type classique, technique, agricole ou commercial. Sans compter un certain nombre de pays où ce type d'école est déjà solidement implanté (comme le Royaume-Uni, la Suède, le Canada et quelques autres), un grand nombre d'Etats de toutes les parties du monde signalent une nette tendance à l'enseignement polyvalent (entre autres le Danemark, l'Egypte, la Finlande, le Ghana, l'Irak, le Nigeria, la Sierra Léone). En Belgique «une réforme de l'enseignement secondaire qui est en cours depuis 1969 sous le nom d'enseignement rénové vise à unifier l'enseignement général et l'enseignement technique, quant à la réglementation, aux structures, aux finalités, aux contenus et aux méthodes . Une tendance très nette se manifeste de favoriser la création d'écoles secondaires intégrées.» Ces tentatives ne doivent pas faire oublier qu'il ressort de ce grand mouvement que c'est dans les pays en voie de développement que les réformes sont les plus complètes. La raison essentielle en est que les systèmes d'enseignement transplantés des anciens pays colonisateurs ne répondaient pas aux nécessités du développement d'Etats indépendants, ni à des conditions sociales et culturelles particulières. Ces pays ont donc naturellement cherché à se doter de systèmes d'éducation et de formation correspondant mieux à leur situation. Mais cela ne veut pas dire que la situation soit stable dans les pays industriellement développés. Nombre d'entre eux ont procédé à de vastes réformes de l'enseignement secondaire, fondées sur une politique de refonte générale du système et s'étendant, nécessairement, aux autres degrés d'enseignement. Plusieurs aspects de réformes en cours méritent attention et par ces quelques exemples en donner un aperçu. «METIER DANS LES MAINS, ASSURANCE CONTRE LA FAIM». PROVERBE TUNISIEN La réforme de l'enseignement de la République de Guinée est une expérience significative dont le but est d'adapter tout le système d'enseignement aux besoins réels de la population rurale et à le rattacher à la vie politique, sociale, économique et culturelle du pays, . Amorcé il y a maintenant quelques années, la réforme a maintenant dépassé largement le stade expérimentale et atteint la phase d'exécution. Après une redéfinition des objectifs(qui sont, notamment, la démocratisation et l'africanisation du système d'enseignement), une série de changements de structure ont été réalisés . L'objectif prioritaire était d'établir un lien entre la connaissance théorique et son utilisation pratique dans la vie de tous les jours, exprimé par le slogan «intégration de l'école dans la vie.» En raison de la prédominance de l'agriculture dans l'économie du pays, un rôle de premier plan a été donné à l'enseignement agricole. Le nouveau système suit un schéma 6-3-3-5, chaque stade étant appelé un cycle. Le stade primaire (ou premier cycle) dispense les connaissances générales habituelles, complété par un travail pratique sur des activités socialement utiles. Pour démocratiser l'enseignement secondaire, les examens de passage d'un cycle à l'autre ont été abolis en 1967 et un nouveau type d'école secondaire complète a été créé : le CER (centre d'enseignement révolutionnaire), nouveau du point de vue des finalités, de l'organisation, du contenu, des méthodes et de l'administration. Les CER des 2° et 3°cycles, c'est-à-dire du second degré, donnent aux élèves non seulement une base de culture générale, mais aussi des aptitudes professionnelles, qui leur permettent d'exercer un métier dès leur sortie de l'école. Le second cycle (premier niveau du second degré) comprend un tronc commun d'enseignement général, identique pour tous les élèves, représentant 40% des horaires. Le reste, 60% se divise entre l'enseignement et la formation professionnels, et la pratique du travail productif. Parmi les spécialisations offertes, l'accent est mis sur le développement rural (agriculture, élevage, pêche, construction, électricité, comptabilité, etc. ?). Dans les villes, quelques CER offrent un éventail plus ouvert de spécialisations industrielles. Mais quelles que soient l'orientation du CER et les spécialisations des élèves, tous prennent part au travail agricole. Tous les CER situés dans les zones rurales ou suburbaines reçoivent des internes, mais les élèves des CER situés dans les petites villes et les chefs-lieux de région vivent avec leur famille. Dans les internats, près de la moitié de la journée est consacrée au travail productif. A la fin du second cycle, l'élève devient normalement ouvrier qualifié et reçoit un certificat d'aptitude professionnelle. Le troisième cycle (niveau supérieur du second degré) peut être long ou court, le cycle long préparant à l'enseignement supérieur, le cycle court aux écoles nationales professionnelles, où la durée des études est de trois ans. La sélection est opérée par les coopératives ou les autorités locales; il n'y a pas de règles fixes, mais il ressort de la pratique récente que 90% des élèves qui ont terminé le deuxième cycle accèdent au troisième. Le programme comprend des matières générales et des sciences sociales, enseignées à tous, de même que des matières techniques correspondant à la spécialisation des élèves. A la fin de ce cycle, les étudiants reçoivent des certificats de cadres moyens . Du point de vue administratif, la caractéristique principale du CER est l'autogestion. Chaque CER est dirigé par un conseil d'administration dont les membres (à l'exception du directeur) sont élus parmi les élèves . Toutes les décisions concernant l'organisation de la vie du centre sont prises par les membres du conseil, et la seule prérogative du directeur est droit de veto. Essentiellement situés dans les zones rurales, les CER remplissent la triple fonction d'établissement d'enseignement, d'unité de production et d'agent de transformation des villages. Il est probable que de nouveaux aménagements seront apportés aux modalités administratives, à la formation du personnel enseignant des CER, aux programmes d'études etc. ?, mais l'essentiel des principes et de la pratique de la réforme semble acquis. «UN METIER BIEN APPRIS VAUT MIEUX QU'UN HERITAGE.» PROVERBE FRANÇAIS Au Danemark, des changements importants ont été apportés à l'organisation de l'apprentissage au niveau du deuxième cycle de l'enseignement secondaire (élèves de 16 à 19 ans), ou enseignement professionnel de base. Ce nouveau système d'enseignement professionnel est mis à l'essai dans six domaines principaux (commerce et secrétariat, industrie du fer et des métaux, bâtiment et construction, industries alimentaires, arts graphiques, services). Pour chacun d'entre eux, un enseignement de base d'une année sera organisé à l'école et complété par des travaux d'atelier. Les élèves recevront une formation de base dans leur domaine professionnel principal, de même qu'une orientation pédagogique et professionnelle approfondie. En outre, ils étudieront un certain nombre de matières générales, plus des matières à option choisies parmi des activités créatrices et artistiques. Les élèves poursuivront ensuite leur formation dans le secteur qu'ils auront choisi, alternant en principe les travaux pratiques et travaux scolaires. Ceux qui le souhaiteront devront avoir la possibilité de poursuivre des études générales à un niveau supérieur. Aux Etats-Unis, le nouveau concept de préparation à la vie active est appelé à marquer profondément l'enseignement et la formation secondaires. Dans ce cadre, plusieurs modèles d'enseignement ont été mis au point, l'un d'eux a pour base l'établissement scolaire et il est conçu pour être utilisé dans le milieu scolaire normal ; un autre, axé sur le foyer, est destiné aux personnes non scolarisées ; un autre encore, organisé en fonction de l'activité économique, ménage des possibilités de collaboration entre les écoles et le monde des affaires etc. ? Dans le modèle scolaire, chaque enfant reçoit le même type d'enseignement, habituellement jusqu'à la sixième année d'études. Parallèlement à l'étude des matières générales, il s'éveille au monde du travail, en acquérant des connaissances sur des groupes de professions(les quelques 20 000 professions ont été classées en 15 groupes pour en faciliter la présentation aux élèves). C'est l'étape où l'élève prend conscience de l'idée de profession. Dans les classes intermédiaires(septième à neuvième années), outre l'enseignement général, l'élève étudierait le plus près et plus en profondeur deux ou trois des groupes de professions qui l'intéressent le plus et acquerrait les aptitudes élémentaires qui permettent d'accéder à l'emploi. C'est l'étape dite de l'exploration professionnelle. Au cours du deuxième cycle de l'enseignement secondaire, chaque élève devrait en principe, avoir fait un choix provisoire et commencé à recevoir la formation correspondante, en faisant porter l'essentiel de ses efforts sur un groupe déterminé de professions et en acquérant, dans une profession particulière, une compétence suffisante pour être en mesure d'obtenir un emploi. En même temps, tous les élèves poursuivraient des études de type classique. Ils auraient également la possibilité de travailler pendant leurs années d'enseignement secondaire, grâce à des arrangements conclus avec les entreprises commerciales et industrielles et avec les institutions publiques. Un vaste système de consultation et d'orientation aiderait l'élève à découvrir et à cultiver certains goûts et certaines aptitudes et à choisir les professions correspondantes. A la fin de sa douzième année d'études, l'élève est prêt à entrer dans la vie active ou à poursuivre sa formation dans un établissement postsecondaire, technique ou autre. La préparation à la vie active est considérée comme un processus d'éducation permanente. Un système scolaire où cet enseignement existe, prépare l'individu à l'emploi et doit, ultérieurement, au cours de sa carrière, lui donner la possibilité de retourner à l'école, de se perfectionner, de mettre à jour ses connaissances et de se recycler. «UN METIER A LA MAIN VAUT MIEUX QUE L'ARGENT DANS TES POCHES.» PROVERBE ALGERIEN En Union Soviétique, le contenu de l'enseignement général du second degré fait l'objet d'une refonte totale au cours des dernières années. La modernisation du contenu de l'enseignement repose sur quatre principes fondamentaux : -supprimer ce qu'il y a d'inutilement concentrique dans la structure des programmes. -adapter le contenu de l'enseignement à l'état actuel de la science, de la technologie et de la culture ; -renforcer les liens entre l'enseignement secondaire et la vie, améliorer la formation polytechnique en prenant en considération les besoins de la société, les aptitudes et les goûts des élèves; -diminuer le nombre d'heures obligatoires d'études communes et donner aux élèves de plus grandes possibilités d'options conformes à leurs goûts et à leurs désirs. L'accent a aussi été mis sur l'enseignement en vue du travail. Plusieurs variantes de programmes ont été élaborées pour les élèves des classes 4 à 8, soit sur le travail des métaux et du bois en atelier, soit sur les professions agricoles ou les services. Les écoles utilisent l'une ou l'autre de ces variantes selon l'environnement et les ressources matérielles dont elles disposent. A partir de la classe 7, les élèves choisissent entre plusieurs matières à option dont leur proposition s'est accrue pour atteindre dans les classes supérieures 18% de l'ensemble des disciplines. Pour toutes les matières enseignées, il existe des cours à option de niveau avancé. A cela s'ajoutent divers enseignements culturels, techniques et pratiques, tels que conduite de véhicules, informatique, sténographie, jardinage, élevage etc. L'introduction de cours à option permet aux élèves de choisir ce qui les intéresse tout en leur donnant une orientation professionnelle. CONCLUSION: «EMPLOIE BIEN LE TEMPS DE TA JEUNESSE, C'EST SUR QUOI REPOSE TON BONHEUR FUTUR.» Le contenu de l'enseignement secondaire ne répond pas en général, du moins dans un grand nombre de pays, aux réalités actuelles et au niveau de développement de la société. Un grand nombre de pays ont encore un programme de type classique qui ne comporte aucune approche technique ou professionnelle. Par contre, d'autres, tels l'Egypte, le Japon, la Hongrie, possèdent des cours techniques ou pré professionnels qui représentent de 5 à 20% de l'horaire total et beaucoup ont des formules diverses qui permettent sinon une initiation au moins une découverte technologique quand ce ne sont pas des programmes à caractère professionnel. Si ces situations révèlent les défauts des systèmes d'enseignement, il ne faut pas imputer à ces derniers tous les problèmes qui se posent au secteur de l'emploi. Le rythme et les modalités du développement économique comme les types de professions crées par le progrès scientifique et technique en sont les principales sources de difficultés. Il importe néanmoins de déterminer dans quelle mesure l'éducation, dans ses structures et son contenu, dans les valeurs qu'elle transmet et les aspirations qu'elle encourage, contribue directement à résoudre les problèmes de l'emploi. Il devient alors possible, et c'est l'aspect positif de la situation, d'assigner des objectifs à la réforme de l'enseignement. Source : le bureau international de l'éducation (le BIE) Genève. |