|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
1ère partie.
C'est au moment où l'Algérie s'apprêtait à commémorer le 48e anniversaire des massacres collectifs d'Algériens le 17 octobre 1961, lors de marches silencieuses et pacifiques à Paris, pour protester contre le couvre-feu qui leur a été imposé par les pouvoirs publics français de l'autre côté de la Méditerranée, que la France officielle annonce la création d'une «Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie». De l'autre côté de la méditerranée c'est toujours le cercle vicieux: en effet, la France, pour narguer tout le monde, déterre sa «fameuse et sinistre loi du 23 février 2005», faisant l'apologie des «bienfait de la colonisation en Afrique du Nord, surtout en Algérie»; cette loi, rappelle-t-on, détermine avec précision dans son article quatre le rôle «positif» de la colonisation. Cette façon de voir les choses avait crée un malaise et un climat de tension dans les bonnes relations algéro-françaises. Le voyage effectué par le président Bouteflika à Paris et ceux des Présidents Chirac et Sarkozy à Alger ont atténué ce climat malsain où les deux pays se sont pourtant engagés fermement à tourner définitivement les pages sombres et douloureuses du passé, et engager l'avenir sur des bases saines, d'un traité d'amitié, de coopération et de bon voisinage. Rein de tout cela: tout dégringole par la mauvaise foi des autorités françaises qui refusent de revenir à une saine compréhension des réalités historiques en allant droit au fond des choses et de reconnaître, qu'à un moment donné de son histoire, la France avait colonisé par la force armée, assassiné, dominé, exploité et pillé les pays sous sa domination. Rien de tout cela. Tous les chefs d'Etat français ont tenu le même langage négationniste; seul, le Président François Mitterrand avait osé affirmer que la France? doit assumer son passé colonial. Au contraire, la France réhabilite ses collaborateurs, des traitres qui ont participé aux massacres collectifs de leurs frères. Que cachent les objectifs de cette fondation. pour la mémoire? Par ce geste maladroit la France tourne le dos aux réalités de son l'histoire. Ce n'est qu'une tentative de la travestir pour hypothéquer ses intérêts avec l'Algérie qui est de loin son 2éme client et son premier fournisseur? A travers cette fondation donc, on voit bien maintenant que c'est le pouvoir politique qui se substitue au mouvement associatif pour créer cette «Fondation», dont le rôle a été superbement défini et de façon très claire par le Secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens Combattants, devant un parterre de plusieurs associations de harkis à l'occasion de la 7éme «journée du souvenir». Dans ce cadre, Hubert FALCO, le Secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens Combattants ( avec, certainement la bénédiction de l'Elysée), avait indiqué que l'objectif - à travers cette fondation «est de construire une mémoire historique commune». Avec qui? Avant de revenir à notre sujet en l'occurrence, les crimes commis sur les Algériens le 17 octobre 1961, la France peut créer ce qu'elle veut. Si elle réhabilite ses collabos cela ne regarde personne, mais la réciprocité serait aussi permise dans ce cas là: l'Allemagne, l'Algérie et la Turquie pourraient-elles aussi réhabiliter les collabos français avec les nazis durant la seconde guerre mondiale ; il n'y a aucun mal à cela et rien n'interdit de ne pas le faire. La création de cette «fondation»de harkis n'est pas et ne sera jamais une équation avec les crimes de guerre du 17 octobre 1961, commis sur des Algériens à «OURADOUR - SUR SEINE». A moins que ce soit une réplique, à la création, par l'Algérie, du Conseil National Consultatif de la Communauté Algérienne à l'étranger, dont le décret a été signé par le Président de la République le 9septembre 2009 et publié au journal officiel numéro 53. Faisons donc le parallèle avec ce petit village du Limousin. Que s'est - il donc passé, à OURDOUR - SUR-GLANE? Le 10 juin 1944,par une belle journée ensoleillée, les S. S de la division DAS REICH commettaient un génocide en massacrant collectivement 642 personnes désarmées, hommes, femmes, enfants, refugiés dans l'église du village en mettant le feu ( «enfumades») en représailles des attentats perpétrés par les résistants du F. F. I ( Front des Forces de l'Intérieur ) du maquis dans la région du Limousin et dont le chef lieu de département est Limoges. Pour l'Algérie les crimes collectifs d'Algériens le 17 octobre 1961par les forces de police française sont aussi un génocide. Pour l'histoire et au nom de la mémoire, l'Algérie ne l'a pas oublié, puisque chaque année, ce triste anniversaire est commémoré dans le souvenir et le recueillement et le respect dû à nos martyrs, partout sur l'ensemble du territoire national. Pour cela, les pouvoirs publics algériens ont consacré la journée du 17 octobre 1961, «journée nationale de l'émigration» lors des assises du 4éme séminaire sur l'émigration, tenu le 17 octobre 1969 au palais de Nations (Club des Pins) à Alger sous l'égide du président Houari BOUMEDIENE. C'est une date importante pour le peuple algérien ; c'est aussi un apport appréciable pour la révolution dont on commençait à voir le bout du tunnel avec des sacrifices considérables. L'historique de cette glorieuse manifestation pacifique a commencé lorsque Maurice LAPON préfet de police de Paris, sur ordre de ses supérieurs avait imposé un couvre feu vraiment contraignant, foncièrement raciste pour les Algériens pourtant considérés comme des ressortissants français de «ne pas sortir le soir dans la rue entre 20 heures 30 et 5 heurs 30 le du matin». Le gouvernement français, n'ayant pu réussir à obtenir la mise hors d'état de nuire de la puissante organisation de la Fédération du F. L. N en France et, croyant bien faire, en utilisant une solution contraire aux droits de l'homme, avait décidé d'en finir une fois pour toute pour liquider cette organisation? terroriste? à ses yeux, en décrétant un «couvre-feu pour les Algériens». C'est ainsi qu'un conseil des ministres «spécialement terrorisme» fût tenu au palais Matignon le 5 octobre 1961 sous la présidence de Michel DEBRE Premier ministre auquel ont assisté le ministre de l'Intérieur, Christian FOUCHET, le Directeur général de la police nationale et le préfet de police de la Seine (Paris), Maurice PAPON. A la suite de ce Conseil des ministres restreint, un communiqué laconique est remis à l'A. F. P (Agence -France Presse) qui stipule: «il est interdit aux travailleurs algériens de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne, de 20h 30 à 5 h 30 du matin». En somme pratiquement toute l'Ile de France sera sous le couvre- feu. Les buts recherchés par le gouvernement français à travers cette mesure arbitraire, autoritaire, raciste et surtout répressive, contraire aux droits des gens (droits de l'Homme) et au bon sens, est de détruire les structures organiques de la puissante Fédération du F. L. N en France, et dont les activités se déroulent surtout la nuit après la rentrée des travailleurs de leur travail. A cette décision, le F. L. N donne l'ordre à ses responsables et militants de «d'enfreindre pacifiquement» le «couvre- feu» «mis en application le 6 octobre 1961». C'est ainsi que le 9 octobre 1961, à la suite d'une réunion extraordinaire tenue en Allemagne, le Comité fédéral du F. L. N décide de contre attaquer par la voie légale consacrée par la Constitution française, et la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme qui dispose dans son article 20: «Toute personne à droit à la liberté de réunion et d'association pacifiques» - en organisant des manifestations ( ou marches) pacifiques d'envergure dans Paris pour la soirée du mardi 17 octobre à partir de 20 h30 pour protester contre le couvre -feu. Pour le F. L. N et le peuple algérien, cette journée a une portée historique et son succès considérable, parce qu'elle intervient au moment même où se tiennent des pourparlers entre les représentants du G. P. R. A (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) et les émissaires du général DE GAULLE, Président de la République française. Cette manifestation préparée dans le secret le plus absolu, a été un coup de grâce, fatal même, sur la politique colonialiste et répressive de la France, mais et surtout un moyen pour sensibiliser l'opinion publique française, qui découvre et constate de visu le visage réel d'une sale guerre d'extermination sur son propre pays et qui se déroule dans sa capitale, Paris, siège de son gouvernement et de toutes les ambassades du monde entier accréditées en France. En effet, le soir du mardi 17 octobre 1961, à partir de 20 h, plus de 40. 000 Algériens de Paris et sa région déferlaient sur les principales rues, places et avenues de la capitale française, pour attirer l'attention de l'opinion publique française et internationale sur les mesures racistes prises contre eux. Ce Soir là, Paris, rappelle aux français le déferlement et la répression nazis: Dachau et Bukenval et les ghettos où sont parqués des? Citoyens français du 2éme collège des départements d'Algérie?. Malgré le quadrillage de Paris INTRA-MUROS, les marcheurs viennent de partout: de Nanterre, Gennevilliers, Saint Denis, Courbevoie, Firminy, Blanc Mesnil, Choisy- Le -Roi, du 13éme, 19éme et 20éme; enfin de tout Paris et sa région, l'Ile de France. Les marcheurs de la banlieue ont trouvé toutes les portes de Paris (appelée Petite Ceinture) fermées par des cordons de milliers de policiers, C. R. S, gendarmes et harkis dans certains quartiers. Et pourtant la manifestation était pacifique et aucun algérien n'y était armé, même pas d'une aiguille, selon les témoignages et déclarations des journalistes des médias français qui couvraient l'événement sur place. Le bilan de ces atteintes à la personne humaine est lourd. Il est bon de signaler que cette manifestation fut sauvagement réprimée dans un bain de sang ayant causé des assassinats collectifs de plusieurs centaines de personnes, et de blessés dont les chiffres exacts ont été cachés par le gouvernement français. Le bilan macabre dont beaucoup de manifestants ont été assassinés froidement à coup de gros- bâtons, de crosses, et jetés dans les eaux profondes et glacées de la Seine, durant cette triste soirée du mardi 17 octobre 1961et les jours suivants lors des marches des femmes et des enfants. Devant ce crime de guerre commis par le sinistre et raciste préfet de Paris, Maurice PAPON, et de plus de 25. 000 arrestations, le gouvernement français décidait le lendemain 18 octobre 1961, à l'issue d'un deuxième Conseil des ministres extraordinaire «que les manifestants appréhendés seraient refoulés à leur douar d'origine». Sitôt dit, sitôt fait. Deux jours plus tard, le 19 octobre un contingent de 1500 personnes tous bien «abimés» par la torture fut acheminé dans des cargos militaires vers l'Algérie et remis directement entre les mains des paras du général MASSU et du Colonel BIGEARD, avec le soutien auxiliaire des harkis. Les autres manifestants appréhendés restant en France furent parqués comme du bétail au Palais des sports, au stade Coubertin, à Japy, au Vel d'Hiv, à Vincennes sans compter les commissariats de police où la torture la plus atroce, était pratiquée à ciel ouvert à tel enseigne que Jean-Paul SARTRE, révolté, dira dans la revue dans «TEMPS MODERNES»: «les juifs parqués au Vel d'Hiv sous l'occupation nazie étaient traités avec moins de sauvagerie par la police allemande que ne le furent au Palais des sports, par la police gaulliste, les Algériens». Cette triste journée d'OURADOUR -SUR -SEINE baignée dans le sang où des centaines d'innocents qui manifestaient pacifiquement contre une mesure xénophobe, et raciste par le préfet de Paris Maurice PAPON, qui agissait sous les ordres directs du ministre de l'intérieur Christian FOUCHET et couvert par le premier ministre Michel DEBRE, furent assassinés, mutilés par de terribles traumatismes, surtout crâniens, torturés et jetés tout simplement dans les profondeurs de la SEINE, toute rouge de sang. Ce fût le plus grand crime contre l'humanité commis par la France sur des civils depuis la commune de Paris en 1871. La répression sauvage contre les militants du FLN en France était insupportable par la brutalité, la torture et les humiliations que subissaient chaque jours les Algériens en France- (pourtant citoyens français) - depuis l'arrivée du général DE GAULLE au pouvoir, surtout durant les années 1959, 1960, 1961, jusqu'au cessez le feu en mars 1962-La France vit sous un régime militaire depuis le vote des pouvoirs spéciaux en mars 1956. Les listes actuelles les victimes assassinées où portées disparues ne reflètent par la réalité des faits tels qu'ils se sont déroulés puisque, de nos jours d'autres victimes sont découvertes à l'instar de Messaoud CHERIET, originaire de AÚN TAGHROUT ( wilaya Bordj-Bou Arreridj ), un ancien combattant de la guerre l'Indochine, et demeurant au 30, Rue de Vaucouleurs, Paris XIe avant sa disparition, le 17 octobre 1961. Que prévoient le droit internatio-nal et le droit français dans de pareilles situations? Durant toute la guerre d'Algérie, aucune enquête sérieuse sur la torture et les exécutions sommaires sans jugement n'ont été faites par les pouvoirs publics français qui s'obstinent toujours à ne pas reconnaître les crimes commis au nom de la France, en Algérie et en France même. La pratique de la torture était courante et banalisée en tant que procédé de gouvernement contre les Algériens. Pourtant ces pratiques dégradantes sur les êtres humains sont formellement interdites par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme adoptée par l'assemblée générale des Nations unies, le 10 décembre 1948, et ratifiée par la France. Cette déclaration reprend presque mot à mot les termes de la Déclaration française des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, qui dispose dans son article 1er: «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité». On retrouve ici, les mots: Liberté, Egalité et Fraternité mentionnés dans la devise française qui a été de tout temps bafouée. Ces principes des droits de l'homme figurent en bonne place dans le préambule de toutes les constitutions françaises et considérés comme étant des principes Généraux de droit dont se référent la justice française pour dire droit, lorsque les lois ne sont pas explicites ou silencieuses. Qui est Maurice PAPON? Nous donnons ici le portrait d'un raciste criminel de guerre. Maurice PAPON, dès sa jeunesse était influencée par des doctrines raciales, de MAURRAS, CELINE et surtout par CHAMBERLAIN - GOBINEAU, qui diffusaient à travers leurs ouvrages des idées racistes sur?l'inégalité de la race humaine?. Leurs funestes doctrines se fondent sur des principes selon lesquels, il y a des races inférieures et des races supérieures que? Dieu auraient chargées pour les commander. Ces théories racistes ont couté à l'humanité deux guerres mondiales où tous les bienfaits de la civilisation ont été rayés en Europe et dans le monde. Ce Sinistre personnage, originaire de la région parisienne de GRETZ - ARMAINVILLIERS (Seine et Marne), est né le 3 septembre 1910. Déjà tout jeune fonctionnaire, ce raciste collaborateur des nazis s'est illustré durant la seconde guerre mondiale en participant à la liquidation de 50 résistants français à Bordeaux. Mais son cynisme et sa haine viscérale contre les «? races inférieures?» c'est-à-dire, les Noirs, les juifs, les Arabes et les Gitans avaient atteint un niveau de culte lorsqu'il participa à l'internement des juifs à Bordeaux au camp de Mérignac avant de les déporter à DRANCY dans des Wagons à bestiaux. A suivre. * Politologue - Juriste (1) - Nous avons fait exprès la comparaison entre OURADOUR-SUR- GLANE où furent massacres 642 innocents par les Allemands, le 10 juin 1944, avec les crimes commis sur les Algériens, le 17 octobre 1961, par la police de Maurice - PAPON à OURADOUR- SUR- SEINE ( Paris) (2) CCE: Comité de Coordination et d'Exécution crée durant le 1er congrès du FLN, tenu le 20 aout dans la Soummam, en 1956 |