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Il était le
chef du bureau politique de Hamas. Le poste le plus important dans l'organique
de la résistance palestinienne. Il ne logeait pas dans des hôtels étoilés ou
fréquentait les palaces royaux. Et pourtant il avait toute latitude de le
faire, de par ses fonctions «politiques», qui, par principe, l'éloignent du
terrain et le rapprochent des privilèges diplomatiques. L'histoire nous
confirme que toutes les directions politiques des mouvements de libération
armés étaient domiciliées à l'extérieur. La séparation des pouvoirs, entre le
politique et le militaire l'exigerait. Mais lui ne voyait pas la chose de cette
manière.
Guerrier invétéré, combattant aguerri, il était convaincu jusqu'à l'os que la meilleure des luttes est celle qui se pratique dans le champ de bataille. Dans le feu des fronts, avec les siens, ses frères d'armes. Il n'avait pas de bureau dans les tours d'affaires ou aux étages supérieurs des immeubles haut standing. Le tunnel qu'il a fait creuser lui servait de gîte et de commandement, tant que la terre qui l'abritait était la sienne, sa sève matricielle. Il aurait refusé tous les exils dorés, préférant se sentir plus près et à côté de ceux qu'il incitait à plus d'ardeur dans le combat. Vivant, il était un exemple édifiant, mort il est une mémoire à glorifier. Ce n'est en finalité, ni la haute technologie ni l'intelligence du renseignement sioniste qui ont eu à avoir la peau de leur pire ennemi. Le hasard et la chance, voire son mektoub, ont voulu lui donner tous les honneurs du noble martyre et éterniser à jamais cette image où agonisant, il luttait à l'ultime effort. Quoi de mieux pour un combattant que de mourir les armes à la main? Il n'était pas en tenue de dimanche ou en qamis de vendredi. En tenue de combat, ceinturé de son armement et prêt à rendre l'âme à n'importe quel moment. Quelle gloire ! Quelle beauté dans cette mort au nom d'un idéal imprescriptible ! Ne professait-il pas «qu'il souhaitait mourir en martyr de la part de l'ennemi, et ce sera le meilleur cadeau que de crever par corona, accident vasculaire ou arrêt cardiaque». En diffusant le dernier instant de Sinwar, l'entité sioniste croyait ainsi avilir l'homme et souiller sa mémoire, or c'est tout le contraire qui s'est produit. Elle ne pensait pas en le faisant qu'elle allait créer un symbole, une incarnation personnifiée. En le montrant blessé, ensanglanté et mort, elle ignorait que le sang pour un martyr est un élixir, un baume de béatification. D'autant plus, s'il arrose sa terre natale et se perfuse dans les veines de sa progéniture. Vivant, il a été le cauchemar des sionistes, dépouille, il inspire l'abnégation pour les générations futures. Prière pour l'absent. |