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Il faut, cependant, souligner
que les délocalisations étaient justifiées au motif qu'elles permettaient aux
pays occidentaux de profiter des nouveaux marchés, du bas coût de la
main-d'œuvre et surtout d'éviter les fermetures de leurs entreprises qui
n'étaient plus compétitives. Conséquence de cette politique économique
occidentale, portée par les multinationales : les produits occidentaux se
trouvent, aujourd'hui, de plus en plus, supplantés, dans le commerce mondial,
par des produits chinois, vietnamien, indiens..., qui sont de bonne qualité et
à faible coût. Et qui envahissent les pays d'Afrique, d'Amérique latine, d'Asie
et d'Occident. Il ne restait alors qu'un créneau viable, l'«immobilier», grand
pourvoyeur d'emplois.
L'envol de la construction immobilière aux États-Unis et en Europe a permis de doper la demande qui a pris des proportions telles que les banques, par la spéculation immobilière poussée à des limites extrêmes, ne regardaient plus la solvabilité des ménages endettés, pensant que la hausse des cours de l'immobilier viendrait compenser l'endettement. Ce financement tous azimuts par les Banques centrales de leurs économies, couplé aux dépenses de guerre a fait que l'excès d'eau dans la chaudière, à la fois par les liquidités propres injectées, et celles venues des autres Trains, i.e. les placements des excédents commerciaux des Émergents et exportateurs de pétrole, a provoqué une surchauffe de la chaudière occidentale. Le trop-plein de crédits aux ménages a provoqué la formation d'une bulle spéculative immobilière. Jusqu'en 2005, la situation spéculative n'apparaissait pas au grand jour, malgré que la Fed américaine ait commencé à serrer le robinet monétaire. Le 30 juin 2004, la Fed donna le premier tour de vis. Elle fait passer le taux d'intérêt directeur de 1% à 1,25%. Après 17 hausses, le taux directeur de la Fed passe à 5,25 %, le 29 juin 2006. La situation commençait à être instable pour l'Economie américaine. En effet, la chaudière américaine manquait de plus en plus d'eau. Puisque la hausse des taux de refinancement des banques restreignait les injections de liquidités. Les ménages endettés avaient des difficultés pour rembourser leurs dettes. Devant cette situation, les banques commerciales américaines, anticipant, cherchaient activement à se débarrasser des créances hypothécaires à risque ? un grand nombre de créances étaient insolvables. L'utilisation massive de la «titrisation» de ces créances et leurs «ventes tous azimuts, empaquetées comme des valeurs sûres alors qu'elles ne l'étaient pas» leur permettait de différer la crise qui venait à grands pas. Le taux d'intérêt de la Fed maintenu à 5,25 % de juin à 2006 à septembre 2007 a, largement, eu le temps de provoquer la crise. Les soupapes de sécurité qui ont, fortement, fonctionné pour baisser la pression de la vapeur faisait diminuer l'eau et en rajoutait à la surchauffe de la chaudière. C'est ainsi que se produisit l'éclatement de la bulle immobilière qui fit des ravages dans le système bancaire et économique. Des centaines de milliers de ménages perdirent leurs logements. Puis c'était des millions de ménages américains qui perdirent leurs logements tout le long de la crise. Les médias occidentaux parlent de cinq à six millions de logements saisis, Devant l'ampleur de la crise immobilière et la panique dans les marchés de l'immobilier, la Fed avait tenté de la juguler par des injections massives de liquidités, c'était trop tard. ?France-Inter' écrit sur cette situation: «L'annonce passe complètement inaperçue aux yeux du grand public, mais sur les marchés financiers, la panique est immédiate. En quelques jours les banques centrales vont déverser 330 milliards de dollars de liquidités pour éviter la paralysie du système bancaire. En vain puisqu'un an plus tard, la faillite de la banque Lehman Brothers relance la crise et cette fois c'est un ouragan qui se déchaîne. Car c'est bien aux Etats-Unis que se situe l'épicentre de la crise. Là où depuis des années, les banques distribuent, par milliers, les « subprimes », ces crédits immobiliers risqués accordés aux ménages les plus pauvres.» (3) Toutes les banques occidentales et non occidentales étaient truffées de créances hypothécaires titrisées. Malgré les injections massives de liquidités en 2007 et 2008, les chauffeurs de la Fed étaient impuissants à arrêter la crise immobilière qui s'est transformée en crise financière, en 2008. Chaque Banque avait peur de prêter des liquidités à une autre banque, la méfiance s'est généralisée. Aucune banque qui prête à une autre banque n'est assurée de recouvrir son argent, tant les bilans des banques étaient chargés de titres adossés aux créances toxiques. Pour chaque banque, son seul souci était de protéger au maximum ses fonds propres, fortement affectés par les produits toxiques. C'est ainsi qu'à l'été 2008, le krach financier éclata au grand jour, entraînant l'arrêt du financement de l'Economie américaine. Par substitution, thermodynamiquement parlant, le «Train économique américain s'est immobilisé», les voitures de voyageurs ne sont plus tractées. La crise financière s'étendit rapidement à l'Europe. Heureusement pour l'Economie américaine, toujours sur le plan thermodynamique, la chaudière n'a pas explosé. Malgré que les «soupapes de sécurité» qui se sont ouvertes n'ont pas cessé de dégager de la vapeur et donc diminuant l'eau, et le chauffage continuant à fonctionner, malgré que ses parois chauffaient dangereusement et la chaudière menaçait d'exploser. Précisément, ce sont les injections massives de liquidités par les chauffeurs de la Fed, i.e. l'alimentation, sans cesse, en eau qui l'a sauvée. Néanmoins, l'eau injectée, i.e. en monnaie centrale, et le dégagement de vapeur par les soupapes, a fait évaporer des masses de liquidités créées par la spéculation. Le dégonflement de la crise immobilière et financière eut des conséquences cataclysmiques sur le plan financier, au niveau mondial. Les médias occidentaux font état de pertes financières astronomiques, 25.000 milliards de dollars évaporés. D'autre part, eu égard aux masses de liquidités injectées ex nihilo, sans contreparties physiques nécessaires pour éviter l'inflation, il a fallu utiliser un «substitut». En plus de la dévaluation du dollar, il a été nécessaire d'augmenter le prix du pétrole et de l'or. Le 11 juillet 2008, le prix du baril de pétrole est à un cours jamais atteint, à 147 dollars et va vers les 150 dollars (4) Le cours de l'once d'or est à plus de 900 dollars. Ce qui a permis de pondérer le taux de change dollar/euro. Qui est, cependant, à un cours le plus bas de l'histoire, un dollar pour 0,625 euro, ou inversé, un euro pour 1,60 dollar. Le 23 avril 2008, le journal ?Le Figaro' écrit : «La monnaie européenne a pratiquement doublé sa valeur par rapport à celle du billet vert depuis l'automne 2000. L'histoire s'accélère pour l'euro. Il avait franchi la barre de 1,40 dollar, le 8 octobre 2007, puis celle de 1,50 dollar le 26 février dernier. La monnaie européenne a coté 1,6002 dollar, hier, après-midi, sur le marché des changes de Londres. C'est un quasi-doublement par rapport au point le plus bas, atteint le 25 octobre 2000, où les deux plus importantes devises de la planète s'étaient, alors, échangées au cours histo¬rique de 0,8272 dollar l'euro.» (5) Devant la gravité de la crise, les chauffeurs de la Fed procédèrent d'urgence aux plans de sauvetage du système financier, en recourant cette fois aux «politiques d'assouplissement monétaire non-conventionnelle» ou «Quantitative easing». Le premier plan initié était le plan ?Paulson' ou ?TARP' (Troubled Asset Relief Program). D'une enveloppe de 700 milliards de dollars, approuvée par le Congrès américain, il devait servir pour le rachat des créances hypothécaires titrisées, non liquides, pour précisément augmenter les liquidités dans le système bancaire, afin de permettre à celui-ci de financer l'Economie américaine. «Le Monde.fr» donne des précisions sur son financement. «Comment est financé le plan Paulson ? Le plan de sauvetage américain sera financé par le Trésor, donc par le contribuable. Les sommes seront octroyées en trois étapes : 250 milliards de dollars seront immédiatement accordés au Trésor, suivis de 100 milliards octroyés, si nécessaire, à la demande du président, puis 350 milliards sujets à un nouveau vote du Congrès. Deux comités externes surveilleront la manière dont sont dépensées ces sommes. A quoi serviront ces 700 milliards de dollars ? Le Trésor veut débarrasser les banques de leurs actifs «toxiques» à l'origine de la crise. En éliminant le «ver dans le fruit», il compte ainsi restaurer la confiance dans le système financier. En échange de cette action il obtiendra des titres de propriété dans les banques aidées. Si les institutions financières se redressent, le Trésor touchera les bénéfices, voire revendra à profit ses titres. L'Etat sera aussi tenu d'assouplir les modalités des prêts rachetés pour soulager les emprunteurs propriétaires de maisons menacées de saisies.» (6) Bien qu'il est dit que le plan ?Paulson' n'est pas un financement non- conventionnel, c'est faire «du Quantitive easing sans le dire.» Pour accélérer le sauvetage, le taux d'intérêt directeur de la Fed est fortement abaissé. De 1,50 %, en octobre 2008, il est à 0,25 %, en décembre 2008, pratiquement à 0 %. Geocodia, Economie et Finances précise : «Les risques pesant sur l'Economie mondiale étant ,désormais, cataclysmiques, la Fed avec la BCE, la BNS, la Banque du Canada et la Riksbank (Suède) procèdent à la première baisse de taux concertée de l'histoire (-50 pb), le 8 octobre 2008. Le taux directeur US est amené au plus bas au mois de décembre (bande 0 % / 0,25 %). Ce qui faut retenir de cette phase est que la Fed ramène son taux directeur à un plancher et que la liquidité injectée devient vite non stérilisée. C'est faire du quantitative easing, sans le dire. A partir de septembre 2008, la liquidité injectée dépasse, nettement, le montant de Treasuries (dette d'Etat US) restant au bilan de la Fed. Dans un premier temps, le Trésor américain compenser ce déséquilibre mais, début octobre, la digue cède. La Fed s'engage alors dans une politique d'expansion du bilan non stérilisée, avec augmentation de la base monétaire (monnaie banque centrale). Cette dernière passe de 900 milliards $ à 1. 800 milliards $, entre septembre 2008 et mars 2009.» (7) En plus de cette crise financière et économique doublement désastreuse, «le mal n'est pas venu seul pour l'Amérique. Les difficultés en Irak avec la montée en puissance de la guérilla irakienne étaient telles que la guerre en Irak était comparée par les médias américains à un «nouveau Vietnam». Devant l'immobilisme des forces armées américaines, les pertes subies et l'absence de perspective de remporter une victoire dans le bourbier irakien, l'Amérique fut forcée de négocier et un accord-cadre, le «Status of Forces Agreement» (SOFA) fut signé par les États-Unis et le gouvernement, le 16 novembre 2008, stipulant le retrait total des troupes américaines d'Irak au plus tard, le 31 décembre 2011. Au final, qu'en est-il de la crise immobilière et financière de 2007 et 2008 ? Que tout, simplement, les guerres en Afghanistan et en Irak et le financement tous azimuts qui a suivi furent un véritable «piège» pour la première puissance du monde et l'Europe. «Cette dernière réticente, au début, à la superpuissance s'est, à la fin, ralliée par l'euphorie des premières victoires américaines». Il reste que cette phase historique est porteuse d'enseignements pour l'Humanité. Toute hégémonie est limitée, d'où qu'elle vienne sur le monde. En l'occurrence aujourd'hui «occidentale». Cependant cette hégémonie a, certainement, un sens historique. On ne peut s'empêcher de dire que «rien ne vient de rien», que toute chose, tout événement a un sens dans l'histoire. Cependant, malgré toute la puissance dont l'Occident dispose, force de dire que l'Occident s'est trouvé «piégé par sa puissance même». Une puissance qui a «déchaîné des forces historiques incompressibles et inévitables», dont le but a été d'avancer le monde. «Vers quel monde ?» Conclusion de la 3ème partie La méthode thermodynamique, appliquée aux phénomènes des crises économiques, a une certaine utilité dans la compréhension des forces qui se développent avant la crise, durant la crise et après la crise. Elle exprime bien plus que ne donnent les chiffres et les théories économiques sur les crises, qui le plus les survolent. Les chiffres et statistiques ne s'arrêtent pas sur la structure, le sens, la finalité. Les chiffres et les concepts purement économiques ne rendent pas compte sur l'essence des crises, ils ne «pensent» pas le facteur humain déclencheur, ils ne l'intègrent pas dans la dynamique économique. Par conséquent, comme je l'ai dit, dans mes commentaires des parties déjà publiées, «ma vision n'a pas été les accords ou les désaccords entre les puissances, mais les conséquences qui en sont apparues et ont changé le cours de l'histoire. C'est cela qui est intéressant. J'ai fait, si l'on veut, de la «philosophie de l'histoire». Il y avait un mouvement de transformation du monde, comme d'ailleurs, j'ai tenté de l'expliquer, aussi, sur le plan macroéconomique. D'autre part, sur le plan de la «philosophie de l'histoire», la géographie et les civilisations auxquelles il faut ajouter «les crises économiques et le guerres» forment un tout, plus encore un socle pour la marche de l'Humanité dans l'histoire.» (Commentaire de l'auteur dans la partie II) Quant aux Financements non-conventionnels, ils «surprendront». Si les chaudières américaines et européennes n'en atténueront pas les conséquences que l'on voit, aujourd'hui, après près de 10 années de Financement non -conventionnel, ils constitueront une «épée de Damoclès sur l'Humanité» dans les années à venir. On sera bien loin, très loin, des Financements non -conventionnels projetés par l'Algérie. Incomparables par les dangers qu'ils véhiculent. Certes les ?Quantitative easing' ont joué un travail formidable dans la reprise économique mondiale. Mais aujourd'hui, après la fin du Financement non-conventionnel, projeté par la Banque centrale européenne dans les mois qui viennent, il s'agit de trouver une autre voie positive, régulatrice de l'Economie mondiale, «non guerrière par les monnaies», économiquement parlant, entre les puissances, en particulier entre les deux Trains économiques «Occident et Émergents» qui mènent, aujourd'hui, le monde. Le monde entier perdra, Occident-Émergents-Exportateurs de pétrole et reste du monde. 1re partie : (I) « Endettement, désendettement et crises pétrolières dans le processus d'ajustement structurel Europe-États-Unis-reste du Monde dans l'histoire», par Medjdoub Hamed. Le 24 mai 2017 https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/endettement-desendettement http://www.sens-du-monde.com/ 2ème partie : (II) « Sens des guerres dans l'histoire. Les «Trains économiques mondiaux» qui ont donné le monde d'aujourd'hui », par Medjdoub Hamed. 18 septembre 2017 https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/sens-des-guerres-dans-l-histoire https://www.sens-du-monde.com * Auteur et Chercheur indépendant en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective - www.sens-du-monde.com Notes : 3. «Les 10 ans de la crise » par France Inter. Le 7 août 2017 https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-eco/l-edito-eco-07-aout-2017 4 «Le pétrole dépasse 147 dollars et louche vers les 150 dollars » par Le Point.fr Le 11/07/2008 http://www.lepoint.fr/actualites-economie/2008-07-11/le-petrole-depasse-147-dollars-et-louche-vers-les-150-dollars 5. «L'euro franchit la barre historique de 1,60 dollar », par le Figaro. Le 23 avril 2008 http://www.lefigaro.fr/tauxetdevises/2008/04/23/04004-20080423ARTFIG00234-l-euro-franchitla-barre-historique-de-dollar-.php 6. «Comment va s'appliquer le plan Paulson - Comprendre le plan de sauvetage américain en six questions. » LE MONDE | 29.09.2008 http://www.lemonde.fr/economie/article/2008/09/29/le-plan-paulson-mode-d-emploi 7. «La politique monétaire de la Fed depuis 2007, la longue marche du quantitative easing » par Geocodia, Economie et Finances. | 22.09.2011 http://www.gecodia.fr/La-politique-monetaire-de-la-Fed-depuis-2007-la-longue-marche-du-quantitative-easing |
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