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«Nous sommes des
pédagogues, pas des politiciens»(C. Freinet)
Nos éducateurs, nos spécialistes en éducation et plus particulièrement nos responsables de l'Education nationale, doivent très probablement connaitre un monsieur qui s'appelle Célestin Freinet. C'est peut-être l'occasion d'en parler pour au moins trois raisons. La première, c'est que nous sommes au mois d'octobre, et la journée du 05 a été consacrée Journée mondiale des enseignants qui «a pour but de sensibiliser à l'importance et au rôle des enseignants dans le système éducatif tout en examinant la qualité du travail des formateurs de par le monde».La deuxième raison est que notre école semble freinée dans un chariot passéiste , au lieu de prendre le train de ce millénaire. La troisième raison : Célestin Freinet est un pédagogue français, né le 15 du mois d'octobre (en 1896) et décédé, le 08 de ce mois d'octobre aussi (en 1966) ; probablement une coïncidence. S'il s'avère très difficile de parler de l'œuvre si riche et de la vie si pleine de Freinet, en ces quelques lignes, nous pouvons quand même signaler quelques faits se rapportant à cet éminent pédagogue. Notons que cet instituteur qui conçoit l'éducation comme un moyen de progrès et d'émancipation politique et citoyenne, ce syndicaliste acharné, ce paysan, philosophe et poète, développa avec son épouse une large gamme de techniques pédagogiques, «basée sur l'expression libre des enfants, en une époque marquée par de forts conflits» et un grand nombre d'innovations. Son nom est lié à une pédagogie devenue institutionnelle, et classée au patrimoine de l'Unesco. Pour Freinet, «l'école devrait toujours être pour l'enfant une expérience joyeuse et enrichissante, et cela ne peut se faire que si les enfants, leurs rythmes, leur intelligence personnelle et diverse, leur sensibilité, leur motivation, leur plaisir d'apprendre, sont au centre de la pédagogie. Cela n'est possible que si les personnes qui enseignent se forment à la pédagogie». Deux années avant sa mort, Freinet rédigea ce qui est appelé les invariants (ou constantes ou principes) pédagogiques qui sont au nombre de trente, et dont nous citerons quelques-uns (pas dans l'ordre de son auteur) qui nous semblent importants, chaque invariant de Freinet se limitant à une phrase : «Nul n'aime tourner à vide, agir en robot, c'est-à-dire faire des actes, se plier à des pensées qui sont inscrites dans des mécaniques auxquelles il ne participe pas. Il nous faut motiver le travail. La mémoire, dont l'École fait tant de cas, n'est valable et précieuse que lorsqu'elle est vraiment au service de la vie. L'intelligence n'est pas, comme l'enseigne la scolastique, une faculté spécifique fonctionnant comme en circuit fermé, indépendamment des autres éléments vitaux de l'individu. L'enfant ne se fatigue pas à faire un travail qui est dans la ligne de sa vie, qui lui est pour ainsi dire fonctionnel. L'enfant n'aime pas le travail de troupeau auquel l'individu doit se plier comme un robot. Il aime le travail individuel ou le travail d'équipe au sein d'une communauté coopérative. L'ordre et la discipline sont nécessaires en classe. Les punitions sont toujours une erreur ; elles sont humiliantes pour tous et n'aboutissent jamais au but recherché ; elles sont tout au plus un pis-aller. Le comportement scolaire d'un enfant est fonction de son état physiologique, organique et constitutionnel. La surcharge des classes est toujours une erreur pédagogique. On prépare la démocratie de demain par la démocratie à l'École. Un régime autoritaire à l'École ne saurait être formateur de citoyens démocrates. On ne peut éduquer que dans la dignité. Respecter les enfants, ceux-ci devant respecter leurs maîtres est une des premières conditions de la rénovation de l'École. Nul n'aime s'aligner, parce que s'aligner, c'est obéir passivement à un ordre extérieur. Tout individu veut réussir. L'échec est inhibiteur, destructeur de l'allant et de l'enthousiasme. L'enfant n'aime pas écouter une leçon ex cathedra. Il y a un invariant aussi qui justifie tous nos tâtonnements et authentifie notre action : c'est l'optimiste espoir en la vie». Voilà donc pour les invariants de Freinet. Pour revenir à la Journée Mondiale des enseignantes et des enseignants qui a lieu chaque année le 05 octobre, celle-ci célèbre la fonction essentielle que joue l'enseignant en faveur d'une éducation de qualité et commémore, par la même occasion l'anniversaire de la signature, en 1966, de la Recommandation de l'UNESCO et de l'OIT concernant la condition du personnel enseignant. Car il ne peut y avoir d'éducation, sans un personnel éducatif compétent et motivé. Parce que cette noble profession est dévalorisée, dans maintes régions dans le monde, la journée mondiale est célébrée pour attirer l'attention des pouvoirs publics, afin de la revaloriser, car la construction de l'avenir passe inévitablement par l'enseignant. Pour revenir à Freinet, il faudrait peut-être noter que la pédagogie de Freinet, l'une des méthodes en pédagogie active, en tant que produit d'une réflexion humaine est universelle .Pour tous les bipèdes, quel que soit leurs cultures. Quoi d'autre encore ? Rien, sauf que la lecture attentive ou l'examen ou l'étude des œuvres de ce géant de la pédagogie, ne s'avère pas inutile pour ceux qui ont à cœur de voir notre système éducatif sortir de sa laideur, de ses malheurs. Mandela disait : «L'Éducation est la meilleure arme pour changer le monde». |
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