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L'énergie «idéologisée»

par Abdelkrim Zerzouri

La fin des énergies combustibles après 2030 ? Une prédiction chère aux spécialistes de l'Agence internationale de l'Energie (AIE), qui ne manquent pas de rabâcher cette thèse prévoyant la fin proche du pétrole et du gaz dans les prochaines années en s'aidant de calculs factices et de théories jugées « trop idéologiques », qui ne tiennent pas compte de tous les facteurs accompagnant les changements probables dans l'avenir en matière de consommation énergétique. Une vision aux antipodes des pays producteurs et exportateurs de pétrole et de gaz, dont le fondement reste difficile à percevoir.

Est-ce par souci écologique, lié aux exigences de la baisse des émissions carbones, que l'AIE tente de minimiser le rôle des énergies combustibles dans l'avenir ?

Ou est-ce pour faire peur aux investisseurs et les orienter vers d'autres créneaux ? Si cela concerne le climat, tout le monde en conviendra, mais ce n'est pas une raison pour avancer de faux calculs qui trompent tout le monde et porte préjudice au climat qu'on cherche à défendre. Parce que le pétrole et le gaz restent et resteront une source d'énergie des plus importantes pour « la prospérité et le progrès de l'humanité », comme l'ont souligné, jeudi dernier, les pays exportateurs de pétrole et de gaz regroupés au sein de l'Opep et du forum des pays exportateurs de gaz (GECF), lors de leur 5ème réunion de haut niveau du dialogue énergétique. Tous ces pays adoptent de nouvelles technologies permettant la réduction des émissions carbones, même si cela augmente les coûts de la production, pour dire qu'ils partagent le souci écologique des spécialistes de l'AIE et des défenseurs du climat, mais pour ce qui est de l'importance du pétrole et du gaz dans l'avenir, ils soutiennent que leur part combiné dans le mix énergétique restera supérieur à 53 % jusqu'en 2050. Avançant dans ce sens, des arguments plausibles, dont le fait qu'on ne peut se passer du gaz naturel, qui n'est plus qu'un simple carburant, « mais une matière première essentielle dans la production d'engrais et contribue à assurer la sécurité alimentaire mondiale», ainsi que les produits dérivés du pétrole qui «sont essentiels à presque tous les aspects de la vie».

Au-delà des considérations purement énergétiques, il existe cet aspect des besoins en pétrole et en gaz pour faire fonctionner des industries qui assurent l'avenir de l'Humanité. Concentrer les investissements dans les énergies renouvelables, comme le souhaite l'AIE, conduirait le monde à manquer d'engrais et de plein d'autres produits dérivés du pétrole (matières plastiques, peintures, solvants, colorants, cosmétiques, fibres synthétiques, lubrifiants…). Certes, il ne faut pas écarter les défis environnementaux, mais la réalité fait que les énergies combustibles restent inséparables du progrès économique tel qu'il est conçu. La réalité exige également des investissements estimés à 17,4 billions de dollars, soit environ 640 milliards de dollars par an, en moyenne, jusqu'en 2050, et ce, rien que pour le pétrole.