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Plus on en
a et plus on en redemande ! Les plus gâtés par le sort sont souvent les plus
grincheux enfonceurs des épées dans l'eau et la rouspétance est l'apanage des
favorisés par la destinée. Ils exigent à la légère que le pays n'est pas ce
qu'il doit être, oublieux qu'ils ne rament pas comme une partie de la
population dans la nécessité et le besoin. On a trop vite oublié que le sang
hier encore s'arrosait dans les faux barrages et que les insatisfaits
d'aujourd'hui redoutaient pour la plupart la tombée des nuits. Oublié aussi que
le pays a failli disparaître et que des familles entières ont vécu le drame de
l'éventrement de leurs fillettes.
Pourtant les référents des malheurs des peuples ne manquent pas pour enseigner la relativité des bonheurs et des satisfactions. Au Pérou, au Mexique, ou dans la profondeur des savanes africaines, entre autres, le sourire et le contentement sont les uniques armes contre l'enfer des sociétés démunies de tout. On en est encore à parcourir des pistes ennemies, une journée entière pour remplir un seau d'eau. Les plaintes et les récriminations sont absentes du lexique à la cime des montagnes et de l'aridité des steppes. On survit et on accorde presque à la survivance une dimension humaine inégalée. Dans le malheur de ces contrées et dans celui des autres, on décèle toujours une trace de grandeur et une rare bienveillance face à la souffrance. De telles comparaisons devraient être les bienvenues pour comprendre que la vie n'est pas un fleuve tranquille. L'Algérie n'est pas bien sûr un éden. Mais les signes du sous-développement n'ont plus un droit de cité et l'inattendu a voulu qu'ils prennent naissance et se propagent dans des pays affirmés nantis. Alors que l'on fasse preuve de sagesse et d'un peu de satisfaction dans le contentement de ce que l'on a et que l'on se nourrisse d'une grande humilité. Que l'on cesse de s'abreuver des fanfaronnades en multipliant les fausses et stériles comparaisons. |
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