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La dignité et ses sens

par Abdou BENABBOU

On a souvent tendance à s'arrêter aux légères et très primaires comparaisons sans maîtriser tous les tenants d'un sujet abordé. Il en est ainsi des allocations financières touristiques accordées par le Maroc ou la Tunisie à leurs ressortissants comparées avec celles autorisées aux Algériens. Mais l'élan primaire dans cette mise dos à dos ne tient pas compte de l'importance vitale de la place de la monnaie dans la garantie de la souveraineté nationale. Il serait judicieux de se pencher sur le profil et le nombre de nos voisins bénéficiaires des largesses de leurs Etats pour mieux maîtriser le sujet. Il serait alors question de la comparaison des domaines de la santé, de l'éducation, de l'habitat et du degré des misères.

D'abord, il est inutile d'entremêler les causes et les raisons d'une situation qui a permis d'aller déboucher jusqu'aux limites d'une histoire de dignité à accorder aux Algériens. On l'a souvent cuisinée par ignorance ou par calculs politiques à toutes les sauces.

Certes, voyager dignement est un droit. Un touriste est un ambassadeur à l'étranger et a l'obligation et le devoir de représenter son pays dignement. Mais la dignité n'est pas à percevoir uniquement dans les randonnées touristiques à Tunis, Istanbul ou Dubaï. Autrement plus large, elle doit être la représentation d'une société en marche vers le bonheur et le progrès. En attendant, la majorité de la société algérienne est en butte à l'inflation et les fins de mois pénibles que lui a imposés la terrifiante crise économique mondiale. Il est douteux qu'elle ait l'esprit aux abords de la Seine.

Étant par nature un voyageur invétéré, l'Algérien conscient et nourri de sagesse sait qu'il s'agit là de séparer le bon grain de l'ivraie. La raison veut que la justice sociale soit renforcée pour faire barrage à l'opportunisme vorace. Dès lors, les spéculations et les faux calculs sur l'allocation touristique ont toutes les chances de s'avérer caducs. Elle doit être d'abord un pas de plus vers cette justice.