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La limite des affinités culturelles

par Abdelkrim Zerzouri

S'ils ont en commun la langue française, les dirigeants et hauts représentants des pays membres de la francophonie qui ont assisté au Sommet tenu les 4 et 5 octobre en France ont étalé leurs divisions diplomatiques face aux conflits qui secouent plusieurs régions du monde, dont les assauts meurtriers d'Israël contre le Liban. Malgré la terrible épreuve qu'il traverse, le Liban, pays membre de la francophonie a tenu à assister à ce sommet, où le président de sa délégation, le ministre sortant de l'Information Ziad Makari a rencontré à deux reprises le président français Emmanuel Macron pour discuter de la guerre qui fait ravage dans le pays du cèdre, ainsi que d'autres dirigeants en vue d'obtenir un soutien fort de l'organisation à son pays. Certains diplomates ont exprimé le souhait de consacrer une déclaration spéciale sur la situation au Liban, mais selon les déclarations du représentant libanais beaucoup de pays ont refusé que le nom d'Israël soit mentionné dans le texte.

« On aurait voulu qu'il y ait une condamnation très claire des pays francophones. Mais malheureusement, on n'a pas pu même nommer Israël dans la déclaration, parce qu'à chaque fois qu'on nomme Israël, il y a beaucoup de pays qui sont solidaires avec Israël, malheureusement. Ils ne peuvent pas voir ce qui se passe au Liban. Je voudrais dire maintenant qu'on est à plus de 2 000 victimes, 1,2 million de déplacés. On a, parmi les victimes, 110 ou 120 secouristes, des membres de la défense civile… Beyrouth est bombardée chaque jour.

Aujourd'hui, l'armée israélienne a bombardé le Nord-Liban aussi. Cela ne s'arrête jamais », a-t-il soutenu dans un entretien à un média français. Mais, il a relevé que beaucoup d'autres pays soutiennent le Liban, dont la France qui, par la voix du président Macron, a affiché une position en faveur de l'arrêt des livraisons d'armes à Israël. Ce qui dénote de profondes divisions entre les membres de l'organisation à propos de cette guerre menée par Israël au Liban.

Le Premier ministre tunisien a exprimé le souhait d'un appui fort de l'OIF au Liban, soutenant une résolution qui appelle à un cessez-le-feu et à la solidarité avec le peuple libanais, alors que plusieurs dirigeants africains, notamment, n'ont pas dit un mot sur la situation au Liban, encore moins sur la solidarité avec ses populations. Et, comme on pouvait s'y attendre, au final, la déclaration du sommet de la francophonie n'a mentionné ni le Liban ni Israël dans ses 36 paragraphes. Le lien culturel francophone entre les membres de l'organisation n'est pas forcément une passerelle d'entente ou d'entraide économique et politique. D'ailleurs, c'est le même constat qu'on peut établir par rapport à la langue arabe, qui n'a jamais été un lien d'union entre les pays qui la partage. On ne le dira jamais assez, les relations internationales sont basées sur « les intérêts partagés » et non les langues ou la culture d'une manière générale.