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En Algérie : les balbutiements
de la durabilité
La durabilité, ne semble pas être un concept séduisant dans le pays. En Algérie, les décideurs en parlent vaguement mais point de politique sectorielle ou de stratégies se déclinant par territoires disposant des actifs naturels patrimoniaux à valoriser. Le pays éprouve des difficultés pratiquement dans tous les secteurs, industrie, agriculture, services transport?, pour asseoir une approche durable du développement en y associant tous les acteurs pour potentialiser les atouts de chaque région. Quelques initiatives éparses prises par la société civile, ou quelques porteurs de projets, ne semblent pas avoir une grande envergure pour entrainer les autres secteurs dans une dynamique de transition énergétique de développement des ER, par exemple les situations liées aux traitements des eaux usées et des déchets domestiques, frisent les catastrophes dans les villes et les campagnes. Et que de dire de la gestion durable des forêts, des actifs hydriques ? Une situation alarmante due à l'absence de volonté politique réelle pour amorcer un développement durable des patrimoines et sortir de cette gabegie généralisée. Dans un autre domaine lié au développement durable, les formations et les expertises ne semblent pas suivre, pratiquement à l'état de balbutiements dans quelques territoires, un saupoudrage de projets manquant d'impacts et d'envergure pour intéresser les acteurs du développement ne sont en fait que l'arbre voulant cacher les forêts. Cette situation amorphe coûtera cher au pays en termes de préservation, de valorisation et traitement durable des richesses du pays. Amoindrir les effets néfastes de ces actions décousues, manquant de visibilité et de cohérence, va mettre les pouvoirs publics devant le mur, en déboursant de grandes sommes d'argent pour une mise à niveau du pays et s'approcher les standards mondiaux environnementaux et écologiques. La durabilité, de ce fait, doit être diffuse, impactant tous les secteurs et même le citoyen. Or le constat est amère dans les secteurs phares, tels que les énergies, où tout reste à faire. La gestion des patrimoines, l'habitat et la transition énergétique en y introduisant de nouvelles techniques de construction moins budgétivores et moins énergivores. La gestion durable des actifs naturels se pose avec acuité, tels que les richesses halieutiques, les forêts, les ressources hydriques, les impacts des gaz et des huiles non recyclées, les déchets et l'économie des ordures sont dans une situation « de gestion » de crise sans pour autant parler de la durabilité intégrée à l' élevage, la productions des viandes, fruits et légumes ; la durabilité des terres agricoles et la problématique de l'usage des engrais, des produits phytosanitaires d'une manière sauvage et non étudiée. Ce qui causerait des problèmes de santé publique, le rôle de la société civile, quartiers, communes villes, campagnes est incontestablement important, pour créer une conscience écologique et développer des stratégies en matière d'éducation environnementale. L'économie verte, qui fait un grand pas dans certains pays, peine à s'installer en Algérie dont les opportunités qui s'offrent sont importantes et variées, le tourisme n'est pas en reste, puisqu'il continue à faire sa mue dans le pays et difficilement dans les marchés ; en Algérie ce sujet semble ne point intéresser les pouvoirs publics, la preuve, rien ne se fait dans ce domaine ni d'un point de vue organisationnel ni même juridique pour donner des cadres d'évolution dans l'hôtellerie dans la production, des voyages dans l'aménagement touristique des territoires. Une mise en place d'un tourisme durable des territoires, montagnes, plaines espaces côtiers et déserts, demeure un vœu pieux tellement la démarche est incohérente d'un point de vue spatial, choix des terrains, types d'aménagement, urbanisme, architecture et équipements. Transitions énergétiques, choix de matériaux, recyclage des eaux, des déchets domestiques, consommation des énergies, espaces verts, circulation, les efforts consentis sont au-dessous des seuils acceptables avec des déséquilibres territoriaux entre « ensembles physiques dominants nord, hauts-plateaux et déserts ». La gestion durable des actifs environnementaux, tels que les lacs, les réserves, les parcs, les zones protégées et tous les capitaux écologiques semblent subir des pressions des acteurs du développement et de celui des populations dans certains territoires. Le même problème se pose pour les marqueurs identitaires, architecturaux, artisanaux?, sont également gérés de façon archaïques ; certains y subissent des destructions planifiées et d'autres l'objet de vols et de détournements vers les frontières vers des marchés de l'art en Europe et en Asie. Toutes ces richesses, qui sont en fait la matière première du tourisme, s'effilochent par le fait de l'absence de véritable politique de gestion durable de ces éléments constitutifs des produits touristiques, sur une approche empreinte de transversalité, c'est-à-dire chaque département ministériel a sa part de responsabilité dans le management durable, des territoires et des richesses. Le développement sans sticker environnemental, a conduit à des catastrophes écologiques qui mettent en danger des forêts, des oueds, des oasis et des palmeraies ; prenons le cas des palmeraies de tout le Sud-ouest, toutes sont en état de mort programmée du fait des forages qui ont diminué les niveaux des nappes, ou carrément détruit de façon indirecte tout le réseau de foggaras dont le débit ne suffit plus pour entretenir des jardins. Le manque de volonté d'envisager une promotion de l'architecture de terre dans le Sud a permis une extension des matériaux dits nouveaux ou modernes, le parpaing a dévoré le patrimoine presque dans tout le Sud. Laissant une situation extrêmement regrettable dans des oasis qui ont perdu leurs valeurs, leurs modes de vie et leurs fonctionnalité durable. Il est possible de démultiplier les exemples en milieu montagneux, dans les plaines, sur les hauts plateaux ; or, ce manque de conscience des pouvoirs publics dans la gestion durable des richesses naturels a conduit à des catastrophes qu'il faudra du temps et de l'argent pour y réparer les dégâts occasionnés. Et le tourisme en subit les conséquences Pour le développement du tourisme durable en Algérie, la situation est préoccupante par le fait qu'il n'existe pas un arsenal juridique empreint de durabilité dans les gestions du foncier des patrimoines des eaux et des forêts, des confluents des lacs et des étangs. Certains classés RAMSAR ou sous label de l'Unesco risquent d'être déclassés par cet organisme onusien par le fait de la gestion chaotique de cette richesse, parcs réserves, zones protégées. Ce qui détruirait ces actifs « argument de vente » et de construction de la destination Algérie. Mis à part la loi sur le développement durable du tourisme, loi 03/01 du 17 février 2003 dont le contenu est aux antipodes de la durabilité touristique dans ses principes et ses contenus, cette loi vague et comportant des notions de durabilité limitées ne prend en aucun cas les gestions des territoires des patrimoines de infrastructures en développement, une vision complémentaire avec les secteurs concernés agriculture, pêche culture commerce environnement, travaux publics, hydraulique forêts. La loi sur le développement durable du tourisme aurait du prendre en charge dans ses contours, ses principes et ses dispositions, les éléments suivants. Le principe de la préservation des écosystèmes dans l'activité touristique La gestion durable et commune des sites et patrimoines La création de filières de formation adaptée au développement durable La mise en place de normes et de standards de gestion des actifs naturels La création de structures d'évaluations d'études d'impacts et de contrôle des activités touristiques La création d'observatoires de développement du tourisme durable La création de veille avec un système national d'alerte La déclinaison de la loi en un dispositif réglementaire touchant à l'activité touristique par : - l'identification des hébergements durables et de plein air -le classement de ces hébergements durables avec les normes de créations et de réhabilitations quand il s'agit de vieilles bâtisses -le contrôle et l'exploitation de ces hébergements -l'absence de politique de stratégie de développement des tourismes de nature, rural, de l'écotourisme, du tourisme lié à l'agriculture ou le tourisme social et solidaire. Est en fait dû à l'absence d'une vision globale du tourisme, or la situation nécessite une promotion de ce type de tourisme pour étoffer l'offre et répondre aux marchés. -la labellisation des hébergements et des sites des patrimoines n'existe pas dans le pays pour valoriser les ksours, les palais, les demeures, les forts, les villages, les maisons d'intérêt esthétique, historique et architectural. Les éco labellisation de sentiers des promenades des pistes, des points de vue panoramiques, ne semblent guère être des centres d'intérêts pour développer une offre et des produits touristiques labélisés de qualité avec une traçabilité du contenu, etc. Le même problème se pose pour les produits du terroir, les artisanats, l'agro écologie et les produits agricoles du terroir et l'art culinaire. Les pouvoirs publics, ne se soucient guère aussi à valoriser les intrants du produit touristique tels que les arts populaires, chants, danses, folklores, véritable richesse du pays et appoint incontestable du tourisme. Les biens culturels ne s'inscrivent réellement pas dans une démarche durable de préservation et de mise en valeurs pour optimiser financièrement ces richesses et leurs donner un cycle de vie durable dont profiteront les populations d'aujourd'hui et ceux de demain. Enfin, le secteur ne dispose pas d'une réflexion autour des éthiques et des chartes d'agences de visiteurs, d'accueillants pour créer une véritable complémentarité entre accueillants autochtones et consom'acteurs. Cette situation de vide et d'absence de politique et de stratégies animées par des acteurs publics et privés pour créer une mutualisation de moyens des démarches et des objectifs laissent des territoires en situation de précarité économique. Maximiser les impacts positifs sur les populations rurales par la croissance les emplois et la revitalisation de ces espaces demeurent une nécessité absolue dans l'objectif essentiel est de fixer les populations rurales et éviter un véritable mouvement migratoires vers les cités urbaines créant un fossé et une brèche entre villes et campagnes, dont les effets sont catastrophique à tout point de vue. Ce manque de coordination sectorielle fait qu'aucun secteur ne dispose d'une vision touristique de son domaine, je prends le cas des forêts du ministère de l'Agriculture, de la Culture, de la Pêche ; aucun de ces acteurs publics n'a envisagé de mettre au point une stratégie de développement touristique, et pourtant le ministère de l' Agriculture à la main sur la chasse et la cynégétique, il a la main sur les PN et les PR le ministère de la Pêche sur les ressources halieutique et toute l' activité lié à la plaisance la pêche de loisirs, etc. Le ministère de la Jeunesse également devrait avoir une politique de tourisme durable et de loisirs ciblant les jeunes notamment ; nous pouvons démultiplier les exemples de ratages d'une vision cohérente sectorielle et harmonieuse dans un esprit de décloisonnement des acteurs et de leurs projets. Cette approche ne semble pas avoir l'unanimité pour insuffler une nouvelle dynamique au secteur en gardant à l'esprit le caractère diffus du tourisme. Aménagement touristique et durabilité/ quelles perspectives ? Les pouvoirs publics ont toujours opté en matière d'aménagement au Zoning et l'approche de création de ZET dont plus d'une centaine ont été créées par décret pour constituer un foncier touristique et la création d'un portefeuille ou stock foncier pour l'avenir. Cette option des ZET a montré ses limites à tout point de vue, localisation, intérêts, taille et importance, gestion, études et commercialisation. Cependant, la véritable question qui se pose est de savoir dans ce cadre des zet quelle seraient les mesures à prendre si nous optons pour des grands ensembles hôteliers de 10.000 lits et plus, quelles en seraient les conséquences écologiques, quelles seraient les mesures préventives à prendre pour ne pas se trouver dans des situations de destructions massives de la faune, la flore, des terres et des grands sanctuaires marins. Mais en cas où cette approche se ferait par la création de mégas resorts de 10.000 lits et plus, il serait judicieux de mettre au point une législation spécifique en matière de démarche environnementale. Bien que le ministère de l'Environnement a prévu la mise au point d'études d'impact environnementale, pour le porteur de projet, néanmoins, il semble que cette demande purement technique ne résoudra pas les problèmes dans leur ensemble. Tels que les rejets solides et liquides, les impacts des flux, les problèmes de GES par l'effet des moyens mécaniques, voitures, cars, etc. Sur un autre plan, aucun débat n'a été instauré sur le mode d'aménagement touristique pour lequel le pays doit opter pour lancer la filière balnéaire et saharienne. La succession de zet sur tout le littoral est-elle la bonne approche ? Saurions-nous séduire les TO et les investisseurs avec ces propositions de ZET le long de la côte. Avons-nous mis au point les études nécessaires des marchés pour comprendre les tendances et les motivations des clientèles. Tomberons-nous dans les erreurs de création des méga resorts en Espagne, Maroc, Tunisie. Autant de questions qu'il faudra leur trouver des solutions avant d'aller vers des catastrophes d'aménagement avec des impacts sur les territoires, sur les richesses naturelles et la mer Méditerranée. Des formations inadaptées au temps nouveau La mise en place d'une démarche durable dans le tourisme qui, en complémentarité sectorielle avec les autres activités économiques, agriculture pêches, culture, demande une autre exigence, des formations dans leurs diversités adaptées à la demande et les problématiques du terrain. Il s'agit de charpenter cette formation non seulement selon le concept de durabilité des « territoires et des infrastructures », mais également adapter la formation à chaque spécialisation pour pouvoir irriguer chaque territoire touristique de compétences et de professionnels qui pourront agir de manière à mettre les jalons du tourisme durable mais aussi et surtout initier par l'entrepreunariat des services à monter de projets touristiques insérés dans les espaces et en adéquation avec les normes écologiques en cours. Cette démarche est la seule en mesure de donner un contenu aux territoires, aux filières et produits pour constituer une offre homogène, riche, vendable, séduisante qui permettra aux acteurs locaux de se positionner sur les marchés, y compris à l'international. La mise à niveau de ressources humaines par l'approche durable doit faire l'objet d'un intérêt particulier des formateurs, des acteurs et des pouvoirs publics. D'ailleurs, sur le marché, point d'offres durables ou de produits durables à même d'être l'ossature d'une offre complète pour les clientèles. Cette absence d'offre est due essentiellement aux manques de formation et de qualifications des producteurs et prescripteurs, au manque de savoir-faire des agents de voyages et de leurs personnels ainsi qu'à un réel manque d'aiguillage des pouvoirs publics pour les promoteurs et tous les acteurs qui soient sensibles au tourisme durable. Le manque de visibilité de stratégies pointues sur les produits touchant la production, la commercialisation et la promotion font que cette conquête des marchés et les positionnements sont irréfléchis et inefficaces pour aller vers des marchés avec des études, des analyses préétablies, des objectifs et des démarches porteuses. Quelles perspectives pour le pays ? Le pays doit s'inscrire par ses actions, ses stratégies et ses plans dans la durée en ayant comme objectifs de penser durabilité. Sur les prochains 20 ans, le pays doit revoir sa philosophie et sa démarche pour développer un tourisme attractif. L'aménagement, la production, la promotion, l'image et les formations doivent porter une durabilité dans les contenus, les infrastructures, les produits. Le pays doit s'inscrire dans les nouvelles tendances des marchés sur les 20-30 années prochaines qui sont en état de changements et de mutations constantes. Il serait plus judicieux de savoir quels types d'aménagements voudrions-nous, pour le futur, quelles filières à développer ? Dans quels territoires ? Quels types d'infrastructures touristiques devrons-nous penser et conceptualiser pour ne pas être en décalage par rapport aux marchés. A ce titre, nous devons également connaitre les motivations des clientèles de demain, leurs besoins, leurs budgets, leurs provenances, leurs goûts, leurs demandes et par la même occasion déterminer le moyens d'acheminement de mobilité et d'accessibilité à développer pour nos territoires touristiques pour nous différencier et nous singulariser des autres destinations qui ont pris des avances et ont glané de grandes expériences. Nous sommes donc dans une réflexion pluridisciplinaire pour cerner les marchés, les clientèles et monter une offre adaptée de qualité qui serait l'ossature de la création de la destination touristique de demain. * Consultant expert en tourisme durable et saharien - Essayiste et critique touristique |
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