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Suite et fin
L'entreprise souhaitait disposer des meilleures conditions d'environnement pour cet important projet de développement industriel: «il s'agit d'un partenariat avec mise à disposition d'un terrain en concession, et mise à niveau d'infrastructure (port d'Oran, réseau routier?). Le site d'Oued-Tlélat correspond très bien aux critères que nous avons évoqués avec les autorités : proximité d'un port, aéroport, réseau routier, personnel qualifié et qualité du terrain» précisait un membre du comité de direction de Renault au Quotidien d'Oran8. Une métropole ne peut se définir simplement par sa taille ou par sa localisation, même si elle compte plus d'un million d'habitants et bénéficie d'une position stratégique. Le poids démographique ne suffit plus de nos jours pour figurer parmi les métropoles modernes du XXIème siècle. La métropolisation est définie comme «le processus par lequel, une ville acquiert les fonctions majeures de coordination d'activités économiques complexes, de portée mondiale, ou globale, (?), la métropole est donc une agglomération qui concentre des activités de coordination, des fonctions supérieures et des talents de haut niveau.»9. Au niveau spatial, la métropole est constituée d'une ou de plusieurs villes centrales ainsi que leur périphérie. Elle est à la fois «un pôle de décision politique et économique doté de puissants réseaux de communications et de transports et un bassin d'emplois diversifiés, un pôle d'innovation et de recherche et un pôle culturel de référence.»10 . Toutefois, si les grandes villes ont acquis une place prépondérante dans la production de la valeur, leur grand défi demeure l'accès aux services urbains (eau potable, assainissement, énergie, médias, santé, éducation, transports, recyclage) de «manière inclusive et durable.»11. En conclusion, on comprend bien qu'une métropole ne se décrète pas mais se construit sur le long terme (10-15 ans) grâce à la mise en valeur des richesses culturelles, historiques, scientifiques, sociales et économiques qu'elle recèle ou qu'elle est à même de susciter en créant un environnement durable pour le bien-être de l'ensemble de la population. Quelques pistes de réflexion pour construire El Bahia de demain Toutefois et bien qu'il faille penser autrement la ville de demain, on ne part pas de rien. Wahran El Bahia possède sa façon d'être et de se développer. Cité millénaire, elle a ses spécificités, une histoire, une culture, un patrimoine archéologique et une architecture, témoins du passé andalou, espagnol, turc et français de la ville, un cadre bâti, une élite, des entrepreneurs, des universitaires, des artistes et des citoyens (jeunes et moins jeunes) bien au fait de leur cité. Elle a une âme comme on dit. Des ingrédients forts qui entrent en ligne de compte pour la construction de la métropole méditerranéenne rêvée sur des bases saines et durables. Il est évident que la ville d'Oran a un grand besoin d'équipements et de mise à niveau de ses infrastructures, toutes confondues, afin qu'ils répondent aux besoins de la population et à ceux d'une économie qui se veut moderne et résolument tournée vers l'avenir. Il faut bien admettre que les projets majeurs réalisés à ce jour ou en cours de réalisation indiquent cette volonté d'équiper Oran et d'aller de l'avant avec le plan de modernisation. Au niveau de l'infrastructure routière, par exemple, un mégaprojet de 35 km, reliant la commune de Misserghine (ouest d'Oran) à la localité de Belgaïd (est d'Oran) devait-être lancé au début de l'année 2014. Tandis qu'au niveau culturel et récréotouristique, le plan de modernisation de la ville d'Oran contient plusieurs projets comme la mise en valeur et la restauration des sites historiques (mausolée de Sid-El-Houari, palais du bey, la mosquée Imam El-Houari, la mosquée du Pacha, la mosquée de la Perle, mise en valeur du patrimoine que recèle la ville, etc.), la création de nouvelles infrastructures récréotouristiques (parcs thématiques, Aquarium, port de plaisance, marinas, jardin citadin, etc.) et d'une tour de plus de 330 mètres pour laquelle «une architecte brésilienne de renom sera sollicitée». Cette tour serait fort probablement la nouvelle icône d'Oran comme le sont la tour Burj Khalifa à Dubaï et la tour Agbar de Barcelone par exemple. On constate, de par le monde, que la mise en valeur du patrimoine architectural et le développement de plans d'aménagement conçus par des architectes de renoms interviennent pour rehausser l'image de la ville et stimuler son attractivité. À Bilbao, en Espagne «le prodigieux musée conçu par Frank Gehry attire cinq millions de visiteurs par an et a tiré du marasme la ville noire du Pays-Basques.»12 Il est ainsi admis que l'investissement dans les infrastructures, économiques (développement des entreprises, entreprenariat), sociales (habitat et services urbains de qualité), scientifiques (formation, recherche) et culturelles (bibliothèques, salles de spectacles et de cinémas, etc.) qui concourent à l'amélioration de la qualité de vie des citoyens est un préalable pour aspirer à figurer parmi les métropoles méditerranéennes tout en créant de la richesse. AMELIORATION DU CADRE DE VIE ET CORRECTION DES INEGALITES TERRITORIALES Toutefois, la mise à niveau de la ville va bien au-delà de la mise en place de grosses infrastructures pour répondre à des besoins ponctuels. D'ailleurs, quelques jours après son installation, le nouveau wali d'Oran, M. Zaâlane dans une entrevue au Quotidien d'Oran, bien qu'il ait confirmé sa détermination «à faire en sorte qu'Oran se modernise, et se hisse au rang des grandes métropoles»13, il a surtout indiqué sa volonté de s'attaquer d'abord à la résolution des difficultés que rencontrent les citoyens dans leur quotidien (logement, viabilisation des centres d'habitats, régularisation du foncier, déficit en équipements publics, problématique du vieux bâti, bidonvilisation, clochardisation de la cité, insalubrité, etc.). Ce qui est de bon augure. AMENAGEMENT VERSUS MENAGEMENT Un aménagement majeur comme celui entraîné par le plan de modernisation d'Oran mérite d'être clairement défini, expliqué, encadré et structuré sur le moyen et le long terme. Il n'est pas l'affaire d'un groupe restreint d'experts ou de gestionnaires mais l'affaire de tous les citoyens. Nous sommes devant un processus de changement aussi bien au niveau de la dynamique urbaine, sociale, environnementale qu'économique. L'objectif recherché est l'amélioration du cadre de vie des habitants, la correction des inégalités territoriales, la création d'emplois et la construction d'une ville durable. Il est clair qu'un tel projet réoriente le développement de la ville. Ainsi, au-delà du questionnement précédent, la réflexion pourrait s'articuler autour des trois points suivants : 1. L'encadrement du projet par la définition au préalable d'une vision, d'une stratégie et d'un plan d'action clairement établis, discuté et admis par l'ensemble des acteurs locaux, ce qui permettra (i) de savoir où nous voulons être dans 15 ans; (ii) de mettre de l'avant les conditions dans lesquelles nous souhaitons vivre et (iii) de recenser les défis à relever. Cette démarche de réflexion et de planification aura le mérite d'établir un état des lieux actuel, de décrire les changements souhaités et de baliser la démarche de réalisation. En encadrant ainsi le projet, nous nous donnons les moyens pour que le rêve devienne réalité. 2. La gouvernance territoriale, il s'agit de gouverner autrement. Les méthodes et les approches de gestion des métropoles ont évolué en fonction de la complexité du fonctionnement de ces dernières. La métropolisation entraîne une nouvelle reconfiguration du partage des responsabilités et appelle à une clarification du niveau des interventions et des responsabilités territoriales des institutions locales et régionales en place (Commune, Daïra, Wilaya, Gouvernement). L'implication et la concertation des acteurs et locaux et régionaux (élus, universitaires, gestionnaires, hommes d'affaires, représentants de la société civile, etc.) est un gage de réussite pour peu que la démarche soit menée dans le respect et la transparence. Il s'agit de réfléchir ensemble et de rapprocher les centres décisionnels des acteurs locaux, proches des citoyens. L'objectif recherché est de favoriser le sentiment d'appartenance et l'appropriation du projet par l'ensemble des citoyens. «L'acceptabilité sociale» est plus que jamais une réalité dans les projets d'aménagement du territoire qui allient les dimensions de l'environnement, du social, de l'économie et du politique. Ne perdons pas de vue que ce type d'investissements majeurs en orientant le développement de la ville, il conditionne la vie des citoyens. Les choix arrêtés aujourd'hui ont une portée à moyen et long terme sur l'environnement et la vie des générations futures. Il s'agit alors de penser ménagement qui, «au contraire de l'aménagement est la prise en compte de toutes les valeurs de culture et d'histoire des groupes concrets, (?), ou encore, face aux modèles centralisateurs des aménageurs, il était le sens du particulier, du contingent, face à la tendance modélisatrice, il consistait en des solutions négociées localement.»14 En agissant ainsi, nous nous donnons les moyens de devenir partie prenante dans la matérialisation de notre rêve. 3. La gouvernance du projet, soit la gestion proprement dite du projet qui implique au préalable la définition des responsabilités à tous les niveaux d'intervention et du suivi des réalisations. On remarque ailleurs de par le monde, que des projets de cette envergure sont généralement sous la responsabilité d'une institution administrative supra locale autonome, dotée de pouvoirs décisionnels. Celle-ci aurait le mérite d'être imputable des actions dont elle coordonne la réalisation d'une part et d'autre part, d'assurer le suivi du plan d'action. L'autre intérêt d'une telle institution est de survivre aux mouvements des élus, des gestionnaires et des administrateurs. En nous organisant ainsi, nous nous assurons de la bonne marche des opérations pour la matérialisation de notre rêve et la bonne utilisation des deniers publics. En conclusion, je ne peux m'empêcher de faire allusion à la devise d'un des hommes d'affaires les plus en vue en Algérie, qui parlant de sa réussite disait ceci : «Voir grand, commencer petit et aller vite.»15. Je me dis alors et si le rêve commun était simplement de moderniser la ville et d'en faire de Wahran El Bahia, une ville inclusive où il fait bon vivre. Rêver à «une ville en santé» avec l'accès à l'eau, à l'assainissement, au recyclage, à la culture, aux médias, à l'éducation, aux soins de santé, au transport et au logement pour tous. Rêver à une ville où l'on se sent en sécurité peu importe l'heure et le lieu où nous nous trouvons en ville. Rêver à une ville innovante et dynamique qui saura attirer de nouveaux talents et des investisseurs pour créer des emplois. Rêver à une ville où rayonne la culture du terroir et d'ailleurs, grâce aux talents dont elle regorge. Rêver à une ville dont l'environnement soutient et stimule la connaissance et le savoir grâce à son réseau universitaire, aux laboratoires de recherche et aux institutions de formation professionnelle et aux industries qu'elle compte. Rêver à une ville où les citoyens ont droit au chapitre et se sentent concernés et entendus dans la réorganisation de leur cité. C'est là, un gage de succès pour que notre rêve comme citoyens amoureux de leur cité devienne réalité. Notes : 8. Le Quotidien d'Oran du 30 mars 2013 9. Luc-Normand Tellier et Carlos Vainer (2012) : Métropoles des Amériques en mutation. Presses universitaires du Québec, Montréal 10. Florence Dinh (2009) : Les métropoles. Nouveaux défis des villes européennes. Monde d'aujourd'hui. Paris, 2009 11.J.D. Sachs : L'ère des villes, La Presse, Montréal, 28 novembre 2013 12. Claude. Manzagol : (2009) idem 13. Le Quotidien d'Oran du 12 décembre 2013 14. Michel Marié (1989) :Les terres et les mots. Analyse institutionnelle. Méridiens Klincksieck, Paris 15. Taieb Hafsi (2012): Issad Rebrab. Voir grand, commencer petit et aller vite. Casbah Éditions, Alger |
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