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De nombreux évènements, rencontres, tables rondes et projections cinématographiques sont au programme de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance. Après, Tizi-Ouzou (FCNAFA), Bejaia (JCB) et Alger (RCA), c'est au tour de Mostaganem, de Mascara et d'Oran d'accorder une place privilégiée aux courts-métrages et aux films documentaires. Il s'agit pour les organisateurs de célébrer l'événement tout en mettant en exergue l'importance du 7e art et le potentiel de la jeune génération de cinéastes. Un tel investissement ne tardera pas à donner ses fruits. Après avoir longtemps fait l'objet d'une ségrégation éhontée dans le monde, les court-métrages et les films documentaires ont aujourd'hui droit de cité et sont même considérés comme des genres à part entière. Leurs auteurs, longtemps méconnus, ignorés, et parfois méprisés, ont fini par accéder à la notoriété. Plus de 350 festivals ont été référencés à ce jour. Les festivals et les colloques les consacrent. Les networks se les arrachent et les programment même en prime team. Regards spécifiques sur le réel, leur efficacité dans les domaines scientifique, historique, anthropologique, ethnographique, social, culturel, éducatif et politique, n'est plus mise en doute. Depuis l'origine du cinématographe, le désir de saisir par l'image le réel, a toujours été présents. Le formidable engouement des pionniers (Dziga Vertov, Robert Flaherty, Joris Ivens, Georges Rouquier, Henri Stork, Jean Vigo, Luis Buñuel, Jean Epstein, John Grierson?) s'explique aisément. C'est grâce aux grands documentaristes (Santiago Alvarez, Jerzy Bossak, Jean Rouch, Edgar Morin, Henri Storck, Mario Ruspoli?) que nous avons pu mieux appréhender le monde dans lequel nous vivons, ses mystères, ses contradictions et ses mutations. Des films, tels Le Chagrin et la pitié de Max Ophus, Octobre à Paris de Jacques Panigel ou encore, récemment, Gaza-strophe, le jour d'après, de Samir Abdallah et Khéredine Mabrouk, constituent des témoignages indélébiles sur la réalité du monde. En Algérie, le genre connait ces dernières années, un remarquable essor. Depuis les premières images algériennes, conçues dans les maquis, en pleine lutte de Libération nationale (L'Attaque des mines de l'Ouenza, Les Réfugiés, L'Algérie en flammes, Les fusils de la liberté, J'ai 8 ans?), le genre a été consacré. Après les précurseurs (Djamel-Eddine Chanderli, René Vautier, Ahmed Rachedi, Yann et Olga Le Masson, Pierre Chaulet, Pierre Clément?) vint l'heure de la jeune génération qui a su marquer ses repères. Des films ambitieux et passionnants ont été réalisés. Des œuvres exigeantes et singulières ont vu le jour. Et des talents ont été révélés. Entre autres, Brahim Tsaki avec Les Enfants du vent, Kamel Dehane avec Kateb Yacine et Assia Djebbar, Azzeddine Meddour avec Des faits et des faits et Douleur muette, Ali Fatah Ayadi, Jean-Pierre Lleddo avec Henri Alleg, Sid Ali Mazif avec La Cause des femmes, Rabah Laradji avec Mohamed Racim, Lamine Merbah avec L'imam Benyoucef Essanouci Tilimçani Al-achaâri, Mohamed Hazourli avec L'Emir Abdelkader, Yamina Chouikh avec Hier, aujourd'hui?et demain, film-témoignage édifiant et poignant, qui donne la parole à des moudjahidate et demeure mystérieusement inachevé? De la nouvelle génération d'autres talentueux créateurs ont émergé. Parmi eux, Malek Bensmaïl, auteur de petites merveilles (Aliénation, Boudiaf, l'espoir assassiné, La Chine est encore loin, une excellente réflexion entre le présent et la mémoire). Il nous faut également citer les films sur l'histoire algérienne réalisés par des non-Algériens, tels Ils ont choisi l'Algérie et Ils ont rejoint le front, de Jean Asselmeyer et, tout récemment, Maurice Audin, la disparition, de François Demerliac, œuvres qui méritent tout notre respect. On peut, sans risque de se tromper dire, en ne regardant que L'Autre 8 mai 45, Ici on noie les Algériens de Yasmina Adi, Nouvelle Calédonie, Moufdi Zakaria de Saïd Oulmi, Paroles d'un prisonnier français de Salim Aggar et Vent de sable, L'Algérie, De gaulle et la bombe de Larbi Benchiha, films qui ont marqué les esprits, que nos audacieux et ambitieux court-métragistes et documentaristes sont audacieux et plein d'ambitions. D'autres œuvres majeures peuvent compléter ce tableau prometteur qui suscite l'émotion et ravive l'imaginaire. Si pour certains le genre est encore marginalisé, pour d'autres, il apparaît comme un réel facteur de relance de la production cinématographique. On ne peut nier le fait que grâce aux importants budgets alloués à de grands événements (Millénaire d'Alger ; Année de l'Algérie en France; Alger capitale de la culture arabe; Tlemcen capitale de la culture islamique), plusieurs projets ont pu voir le jour. Cette production, qui contribue à faire renaître l'optimisme est au programme des 1ères Rencontres cinématographiques de Mostaganem (*) et de Mascara (du 1e au 5 novembre) et du FOFA d'Oran, à partir du 15 décembre prochain. L'enjeu véritable du film-court, du reportage et du cinéma documentaire est de promouvoir le film de création, sa spécificité, ses valeurs artistiques et cognitives. Les «Docs» tous comme les CM, sont moins dépensiers que les films de fiction classiques. Ils exigent moins de moyens humains et matériels. La maniabilité et la légèreté des caméras et des appareils actuels facilitent grandement le travail. Aujourd'hui, le «Doc» a fondamentalement changé de nature. Grâce aux nouveaux supports techniques, l'acte de filmer est devenu plus facile. Le numérique a détrôné la pellicule. Le montage DVCam ou virtuel a bouleversé la donne. Plusieurs réflexions ont été menées sur le genre documentaire pour préserver la diversité des écritures et des formats qui constituent son âme. Cela-dit, dans notre pays, la production documentaire doit encore se professionnaliser. Elle doit éviter la propagande, la publicité politique ou historique et les films de commande qui sont souvent des navets. Les pouvoirs publics doivent libérer les énergies créatrices, surtout en ce cinquantième anniversaire de l'indépendance. |
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