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C'est le
cycle biologique dira-t-on. Un fait tout à fait naturel et commode. Il se
constate partout. Les enfants d'hier sont des adultes. Les anonymes d'autrefois
sont devenus des adresses connues et ont pignon sur ville. Ceux qui, dans un
passé tout récent, n'étaient que fraîches moutures administratives sont aux
leviers des grandes décisions.
Tout se refait, se régénère, se reconstruit au gré d'accointances et de croisements d'intérêts. Du paysage politique au monde des affaires, les choses ne peuvent se figer et s'appellent pour subir des changements et des ruptures. L'on a bien vu des enfances douloureuses escalader, sans efforts, les marches somptueuses lorsque d'autres, même adultes, piétinent encore dans les affres de la même enfance. Dire que la vie n'est pas égale pour tous, c'est légitimer ses échecs. Dire qu'elle fait dans la partialité, qu'elle a des goûts préférentiels, qu'elle choisit ses prétendants, c'est un peu justifier sa mollesse en rendant coupable son mauvais choix. Néanmoins, derrière chaque montée d'étage, il y une main agile qui tripote un bouton d'ascenseur. Derrière chaque portrait officiel, il y a, à son ombre, un pinceau virtuose. Comme les temps ne sont plus les mêmes, les ambitions ont pris d'autres sens. L'écrivain n'est plus une plume prolifique, il est un clavier artificiellement intelligent. Le médecin qui n'avait comme outil d'imagerie médicale que sa main d'or en ne se confiant qu'aux analyses de sa palpation digitale se voit otage d'une pointue technologie qui bouffe tout son brio. C'est son écran qui décide pour imprimer une ordonnance. Le pharmacien n'est plus cet apothicaire qui malaxe la chimie et sort des bocaux les effluves des solutions miraculeuses. Même les révolutions ne se mènent plus par la résistance ou par le fusil. Elles se font à distance. A partir d'une tablette, d'un compte anonyme ou d'un profil hybride. Il n'y a plus de héros, il n'y a que des audaces. Plus de leaders que des machines qui régentent les peuples, que des intérêts qui se substituent à la noblesse d'un idéal et se moquent, à perte de goût, de toute idéologie. L'héroïsme a, ainsi, pris d'autres sens. Il s'est calé dans la folle et fausse médiatisation. Qu'a t-il fait Bill Gates par rapport à Che Guevara ou à Lénine ? L'Emir Abdelkader ou Benboulaid par rapport à Morceli ou à Rebrab ? Malek Benabi par rapport à Ferkous ou Mehri face à Bengrina ? Benhamouda et Sidi Said ? Drôle de comparaison diriez-vous. C'est dire que le feu n'engendre que de la cendre, que le carrelage a remplacé le bon et dur pavé. C'est ça la rotation infernale des horloges humaines dont certaines ont des aiguilles qui courent à contre-sens de l'ordre humanitaire. |
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