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Croyances et discordances

par Abdou BENABBOU

Signe des temps nouveaux, on appelle maintenant les typhons et les ouragans par leurs petits noms ! Le climat, dans son ivresse soutenue, impose maintenant aux terrestres une familiarité déconcertante pour les convaincre que leur vulnérabilité est une constante que ni la science ni le savoir ne peuvent circonscrire. Les saisons ont égaré leurs alternances pour rire au nez des vivants et dérégler leur existence avec souvent dégâts et fracas. Nul n'est plus à l'abri des coups fourrés de la nature qui n'en fait qu'à sa tête.

Des populations démunies sur une terre aride perdent leurs îles et d'autres repues voient leurs îlots engloutis. Toutes n'accordent pas le même sens au bonheur. Les mirages prennent les couleurs que leur accordent les croyances et les discordances des civilisations.

La leçon à apprendre par cœur est que les catastrophes imposées par cette dernière ère aux immenses apparats géologiques enseignent par leurs larges corrosions que les hommes se sont trop attardés à se convaincre de leurs différences. La conviction alimentée sans cesse depuis des siècles s'avoue finalement fausse. Et on n'est pas loin de penser, loin de toutes les philosophies et aléatoires dogmes arrêtés, que la nature s'est érigée en tribunal pour rendre justice.

Il serait inhumain d'applaudir au rendu des sentences d'une longue liste de drames, de morts et de peines et de croire que les dérèglements de toutes sortes soient un solde de tout compte.

Mais on ne peut pas éviter de constater la pleine similitude de la peine des mères désespérées soudanaises ou congolaises qui se plient à un parcours de plusieurs jours pour remplir une jarre d'eau et celle d'une Française ou d'une Américaine que la faim et le besoin orientent vers les poubelles. Les premières pourtant, malgré les affres de la vie, affichent leurs sourires, les autres ne cessent pas d'attiser leurs haines.