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Une bonne industrie verte

par Abdelkrim Zerzouri

La première centrale nucléaire du monde arabe, 100 % opérationnelle, a été inaugurée, ces derniers jours à l'ouest d'Abou Dhabi, aux Emirats Arabes Unis (EAU). La nouvelle qui a fait le tour du monde n'a pas fait trop de vagues sur le plan des appréhensions et des craintes concernant la prolifération nucléaire ou le risque de la fabrication d'armes nucléaires. Les comptes rendus médiatiques et les réactions exprimées dans ce contexte ont été axés sur l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire par les EAU, visant la couverture d'environ un quart des besoins en électricité du pays et l'alimentation de 16 millions de véhicules électriques grâce à une production fournie par les quatre réacteurs de la centrale nucléaire de Barakah pouvant atteindre 40 térawattheures d'électricité.

Une avancée jugée stratégique pour un pays qui ambitionne le développement et la diversification de ses sources d'énergie malgré le fait qu'il soit l'un des plus grands exportateurs de pétrole (4e rang des pays exportateurs de pétrole au sein de l'OPEP, avec près de 3,2 M de barils/jour sur l'année 2022, en baisse par rapport à 2021).

Comment se fait-il que cette mise en service d'une première centrale nucléaire dans le monde arabe passe presque comme une lettre à la poste ? Cela n'a pas toujours été ainsi. Le programme nucléaire des EAU, qui a été entamé, depuis plusieurs années, avec l'opérationnalité, en 2020, d'un premier réacteur nucléaire sur les quatre dont dispose la centrale Barakah, a suscité les inquiétudes à travers nombreux pays, en particulier les Etats-Unis, accompagnés de commentaires qui laissaient croire que ce programme nucléaire n'a d'autres finalités que son opposition au programme iranien et à l'arsenal nucléaire israélien, et qu'il ne manquera pas de donner exemple à d'autres pays du Moyen-Orient et entraîner une diffusion à grande échelle de la technologie nucléaire dans la région. Mais, les EAU ont réussi à convaincre toutes les parties en signant un engagement à renoncer à l'enrichissement national et une coopération totale avec les inspecteurs de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA). Non sans souligner l'important gain environnemental que représente la diminution de l'empreinte carbone dans la région. En tout cas, aujourd'hui, c'est un fait accompli, les EAU utilisent une centrale nucléaire pour produire de l'électricité, qui n'est qu'« un pas important » vers d'autres réalisations dans ce domaine, selon les officiels émiratis. Un premier pas dans le monde arabe qui va inciter d'autres pays du Golfe et en Afrique du Nord à se doter de centrales nucléaires pour produire l'électricité et concrétiser leurs projets dans le cadre du ‘mix énergétique', devenu, par les temps qui courent, non pas un choix mais une obligation stratégique et économique, soutenue par les recommandations des COP en matière de baisse de l'empreinte carbone.

L'Europe ayant récemment déclaré officiellement que le nucléaire est une industrie verte pour soutenir son mix énergétique, qui peut s'opposer dès lors à la protection de l'environnement à travers le recours aux énergies renouvelables et à faible émission carbone, dont fait partie le nucléaire ?