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L'indispensable et le secondaire

par Abdou BENABBOU

Tout le monde l'a compris, l'anticipation d'une élection présidentielle n'est pas une simple formalité. Elle répond d'abord à la nécessité d'une clarification d'une étape dans le cours de multiples événements forçant une restructuration mondiale où n'importe laquelle des gouvernances n'est pas aisée. On le voit de mieux en mieux, la majorité des Etats rament péniblement pour que leurs institutions sauvegardent un sens concret et pour que chacun de leurs peuples bénéficie encore de dispositions objectives et élémentaires mais indispensables pour une existence normale. Or on constate depuis quelques décennies que le démembrement des bases politiques et sociales de nombreux pays, y compris les plus riches, s'est amplifié pour qu'il ne reste plus à la plupart d'entre eux que le souci de se garantir la survie. La tragédie nouvelle veut que les poubelles deviennent nourricières et s'accordent une dramatique noblesse.

Bercés par la culture rentière, les Algériens ont malheureusement été abusés par la routine qui indiquait que le bonheur tombait du ciel. Ils n'échappent pas aujourd'hui à l'obligation du départage entre l'indispensable et le secondaire. C'est probablement un des axes à considérer avec conscience par les électeurs en allant aux urnes. Cela s'appelle du patriotisme sans lequel la fougue d'un messie ne sera que vaine.

L'Algérie n'est pas un astre perdu. Elle subit elle aussi les effets négatifs d'une désarticulation mondiale et d'un lot de déconvenues néfastes auxquelles doit faire face un président de la République. La règle veut qu'il soit seul comptable d'une mission sacerdotale dont la charge devrait être logiquement partagée par tous. Le fardeau porté par Abdelmadjid Tebboune n'est pas léger et le bon sens recommande de lui rendre grâce pour son engagement à porter sur son dos une société algérienne encore traumatisée par des décennies où la gabegie d'une gouvernance défroquée s'est surprise avec des accointances sanguinaires. Dès lors, sa réélection ne doit pas être considérée comme une simple formalité.