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la gouvernance des Turcs, le territoire d'Alger jouissait d'institutions
administratives locales et d'un gouvernement central au sommet duquel se
trouvait le Dey d'Alger, assisté par un « Diwan »
(office) composé d'un Khaznadji (Ministre des
Finances), du Cheikh el Madina (Ministre de la
Justice), de l'Agha (chef de l'Armée de terre), de l'Oukil
el Khardj (Ministre de la Marine), du Khodja el Khawl (Receveur des
tributs, dit Secrétaire des chevaux). L'Algérie, à cette époque, disposait d'un
Etat limité à l'Ouest par la provence d'Oran (zone
d'influence espagnole) et la province de Constantine à l'Est, vassal du Dey
d'Alger. L'Algérie, en ces temps-là précédant la colonisation française,
constate Charles-André Julien, dans son Histoire de l'Afrique du Nord, « avait
son autonomie et n'était liée à la Turquie que par un lien moral et religieux :
le Khalifat de l'Islam. » (1).
C'est au cours du XVIIe siècle que la Régence d'Alger (et de Tunis) se dégage de l'autorité de la Sublime porte, l'Algérie possédant en ce moment un gouvernement exerçant son autorité sur les eaux méditerranéennes de son pourtours et au-delà, droit arbitraire ou imposé, dépendant cependant d'accords passés avec de nombreuses puissances européennes qui, soit l'acceptaient, soit le subissaient, suivant les conjonctures opportunes ou funestes. Et au XVIIIe siècle s'achève l'unité territoriale de l'Algérie, selon nombre d'historiens et chercheurs, dont Mahfoud Kaddache, Hassan Remaoun... qui soulignent le fait que l'Etat algérien s'affirme sans conteste comme une entité indépendante et souveraine, répondant aux définitions courantes du droit international. Car les Turcs ont réussi à conférer à la partie centrale du Maghreb une autonomie géopolitique distincte des pays voisins limitrophes, avec surtout l'entame d'un processus de « déturquisation » progressif, tenant lieu de force unificatrice, les deys finissant par diriger, seuls, les affaires de la Régence en écartant l'Odjak : les conditions objectives d'affirmation souveraine, territoire délimité, collectivité humaine d'El Djazair estimée à quelque deux millions d'habitants, autorité publique, indépendance effective et reconnaissance internationale étant largement réunies en cette période où l'Algérie était un Etat fort respecté et sa flotte fort redoutée, sept Etats, parmi eux la puissante Angleterre, s'acquittant régulièrement de leur tribut, offrant notamment des présents. Mais les convoitises de l'Europe chrétienne ne cessant de guetter la Régence d'Alger, cette dernière restait constamment sur le qui-vive, livrant en maintes circonstances des guerres navales qui s'achevaient tantôt sur les victoires du camp algérien tantôt sur celui des Occidentaux. Parmi l'armada navale de ces derniers, se sont particulièrement distingués, et depuis longue date, les vaisseaux de puissances occidentales et de corsaires européens, qui tendaient à faire régner leurs seules forces de présence dans le pourtour méditerranéen. A l'époque, l'Algérie était considérée comme un nid de corsaires, de pirates, etc., qu'il fallait « faire rentrer dans l'ordre », la propagande occidentale de la période ayant tout fait pour noircir totalement le tableau de la Régence. Alors que d'autres témoignages établissent des nuances surprenantes : c'est le cas, entre autres, des archives diplomatiques décortiquées et analysées par les historiens Moulay Belhmissi ou Ismet Touati, par exemple La Régence au temps des corsaires, mythes et réalité Trop souvent, l'Algérie de cette époque ottomane (1520-1830) est présentée dans l'historiographie coloniale française comme un «nid de pirates» ou de corsaires vivant exclusivement des saisies de butins européens dans le pourtour méditerranéen. A l'inverse, les historiens du mouvement national algérien opposent une autre interprétation tout aussi mythique que la première, arguant que l'Algérie d'avant la période coloniale aurait connu une époque faste durant laquelle la flotte corsaire algérienne de la Régence d'Alger régnait en maître absolu et invincible sur les mers environnantes. Ces deux visions antinomiques servent, naturellement, chacune des intérêts idéologiques évidents : pour la France, il s'agissait « de légitimer sa présence en Algérie en noircissant au possible la présence ottomane dans le pays », pour les Algériens, il s'agissait de miroiter dans le passé, en l'amplifiant, tout ce qui était de nature à galvaniser la lutte contre le joug colonial, l'argument s'avérant être un moyen efficace pour la mobilisation anticoloniale. Il est clair par définition que ces mythes diamétralement opposés présentent une image, on ne peut plus, faussée de l'histoire algérienne, avec notamment la forte emprise des partis pris de l'idéologie habituelle, caractérisant les visions binaires. Toutefois, l'évolution des recherches notamment pour ce qui concerne les toutes récentes, entreprises avec un souci de prise du recul par rapport aux courants historiographiques d'auparavant - dans une perspective de décolonisation de l'histoire -, auraient permis, vraisemblablement, de nouvelles approches, surprenantes parfois pour ne pas dire « démystifiantes» par bien des côtés. Particulièrement pour ce qui a trait aux relations de la Régence d'Alger avec la Sublime Porte et l'activité corsaire algérienne tout au long de trois siècles d'évolution, révélant à l'occasion une réalité bien différente de celle que cherchaient à imposer les visions historiographiques orientées. En cette époque, le gouvernement de la Régence d'Alger, complètement aligné sur la politique extérieure de la Sublime Porte, venait en appui à la flotte ottomane à chaque sollicitation, notamment pour faire bloc commun contre l'Espagne et ses alliés, le conflit opposant l'Empire ottoman à l'Empire des Habsbourg, etc. C'est que l'Algérie des Khayr al-Din Barberousse, Salah Raïs, Euldj Ali, Mourad Raïs, etc., était la province la plus occidentale de l'Empire, située à un endroit maritime stratégique et dont les navigateurs et hommes de main jouissaient d'une expérience remarquable. D'après des historiens, vers 1580, l'Empire ottoman ébranlé par la persistance de ces conflits maritimes retire sa flotte du bassin méditerranéen, laissant dès lors la flotte algérienne libre de s'adonner « à une activité corsaire autonome », orientée vers des cibles européennes de son choix, non désignées par Istanbul : ce qui ouvrait la voie libre à la course algérienne qui allait connaître une apogée de 1580 à 1640, environ, époque faste pour Alger qui de simple bourg se mua en ville-Etat au début du XVIe siècle, une importante cité cosmopolite d'environ 80.000 habitants. Au cours de cette période d'apogée de la course, la flotte algérienne atteint un nombre impressionnant de bâtiments et tout autant les prises de navires et le nombre de captifs en haute mer qui connaîtront les bagnes d'Alger ou le sort d'esclaves, libérables après perception de rançon ou après conversion. Comme ce fut le cas, par exemple, pour le richissime Ali Bitchine, le prestigieux corsaire d'origine italienne qui, après s'être converti à l'islam, épousa une princesse du royaume de Koukou et devint le maître d'Alger dans les années 1640. Promu «Général des galères» ou Grand Amiral d'Alger en date du 6 décembre 1637, Ali Bitchine est déjà, dès les années 1630, selon le témoignage de son captif anglais F. Knight « un grand homme, possédant en plus de ses acquisitions foncières et autres biens, 800 esclaves chrétiens ». Grammont estime sa fortune colossale, avec ses : « (...) deux somptueuses maisons, l'une dans la haute ville, l'autre près de la mer. Il avait fait construire à ses frais une vaste mosquée, à laquelle touchaient ses bagnes, qui renfermaient plus de cinq cents captifs, sans compter ceux qui ramaient sur ses navires et ceux qui cultivaient ses nombreuses métairies » (2). C'est cet homme, selon divers témoignages français, qui est le véritable gouverneur d'Alger de 1644 à 1645, quelque temps avant sa mort de façon mystérieuse. Mais déjà l'activité corsaire algérienne avait commencé à décliner, approximativement depuis 1640 jusqu'à la débâcle de 1695, sous les coups de boutoir répétés de la marine européenne, en pleine évolution, profitant de l'aubaine de l'essor industriel en Occident. Conséquence : le bombardement de l'armada sophistiquée de ce dernier, ciblant les ports algériens (notamment dans les années 1682, 1683 et 1688), limita sérieusement le rapport d'une activité jusque-là particulièrement florissante. Situation qui laissa place à une nouvelle phase, de 1689 à 1695, dans les relations avec les puissances occidentales, qui consista dans le développement d'autres rapports non bellicistes mais de coopérations marchandes, dans la consolidation de la paix, il va sans dire, condition sine qua non pour la transition vers une nouvelle ère de signature de traités de partenariats commerciaux avec les nations européennes dont l'Angleterre et la France, les deux plus grandes puissances de l'époque. Le déclin de la course Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, la tendance est globalement caractérisée par une baisse sévère des revenus de la course, plus précisément à partir de 1695, environ, ce qui était régression lente de la course algérienne commençait à prendre l'allure d'un effondrement catastrophique. Et au début du XVIIIe siècle, avec la Guerre de Succession d'Espagne, les choses s'aggravèrent au vu des conditions d'évolution, lamentables, des corsaires algériens, comparativement à celles relatives des marines marchandes européennes, organisées en convois et dont les corsaires et les navires de guerre de différents pays marquent imparablement leur forte présence en Méditerranée. A tel point que l'idée d'une course barbaresque « cauchemar permanent au XVIIe siècle », au moins pour la seconde moitié de ce siècle, cesse d'être « la terreur de la Méditerranée », « les écumeurs de l'Atlantique » et dès 1700, les récits légendaires de corsaires algériens triomphants ne sont plus qu'un souvenir. La tendance était dès lors, au déclin progressif de la course, et à partir de 1695 jusqu'au premier quart du dix-huitième siècle, la Régence engluée dans une phase de turbulences transitoires connaissait une grande instabilité politique ponctuée par des guerres intermaghrébines et les sempiternelles luttes intestines. A l'issue de cette période mouvementée, l'Algérie se tourna vers la production de blé pour l'exportation, sachant que la course d'auparavant ne pouvait pratiquement plus servir comme moyen de pression sur les puissances européennes pour en obtenir un tribut, autrement dit cette source importante de profits ne constituait, désormais en aucun cas, un moyen de revenus substantiels. C'est pourquoi face à cette situation contraignante, d'affaiblissement persistant de sa flotte et de baisse considérable des traditionnels profits engrangés par son activité corsaire, Alger est acculée à traiter avec la plupart des puissances européennes, leur liberté de navigation selon leur bon vouloir contre un tribut régulièrement versé au Trésor. Dans ce contexte de déclin de la course algérienne en fin du XVIIIe siècle, l'activité réduite de la flotte algérienne fut orientée, donc, vers le développement concomitant d'un timide commerce extérieur mais qui eut le mérite de déboucher sur la signature d'une trêve des hostilités et des traités de paix et de coopération avec les habituelles puissances ennemies. Ce qui offrait, entre autres, l'avantage à la Régence de mettre fin aux mainmises des corsaires espagnols sur les cargaisons appartenant aux Algériens et aux Espagnols, de leur côté, de jouir de l'aubaine d'une trêve, synonyme pour eux de la possibilité de grande transactions commerciales dans le pourtour méditerranéen, quitte à s'acquitter des grands sacrifices financiers que cela exigeait afin d'obtenir ce qui n'avait pu l'être par les armes durant les combats du passé où ils ont essuyé plusieurs défaites militaires face aux Algériens dont notamment celles de 1775, 1783 et de 1784. L'époque nouvelle qui s'ouvrait, s'annonçait désormais sous le signe de la coopération commerciale et les traités de paix pour ce faire. Autrement dit, en cette fin des années 1780 jusqu'aux débuts des années 1790, l'idée-force qui prédomine c'est la transition sans trop de heurts vers la fin de la course algérienne et partant l'inauguration d'une nouvelle ère pour la Régence d'Alger dans ses relations avec des partenaires extérieurs, d'un autre type que celui antérieur, des rivalités bellicistes de leadership. Mais rien n'est plus sûr ! La course connaîtra une reprise spectaculaire qui entraînera des répliques des puissances maritimes européennes (dont la flotte anglo-hollandaise d'Exmouth qui bombarda Alger en 1816) qui mirent un terme final à l'aventure des corsaires algériens. Ceci après s'être accordés, auparavant au congrès de Vienne en 1815, sur le principe d'en finir une fois pour toutes avec l'esclavage en Afrique du Nord, taisant au passage le leur qu'ils continuaient à pratiquer dans leurs colonies, ou celui de la traite des négriers dont ils ont perpétué à large échelle la funeste tradition jusqu'à l'ère industrielle comme l'observa l'historien américain Basil Davidson dans son remarquable ouvrage Mère Afrique(3). Prise en otage par les grandes puissances, acculée à de multiples contraintes d'ordre interne et externe, démunie de ressources du fait d'une flotte maritime déclinante, et faisant face, intérieurement, à plusieurs conflits intestinaux dont les tracas financiers de paiement des janissaires, les problèmes de hiérarchie avec les koloughli (de père turc et de mère algérienne, vraisemblablement déconsidérés et écartés des hautes fonctions de responsabilités), l'Algérie n'a pu dans ces conditions réaliser sa transition économique. Ce qui lui aurait permis de passer d'une économie corsaire au 17e siècle à une économie radicalement transmuée, recourant aux matières d'importations et d'exportations comme le présageaient les nouvelles perspectives qui se profilaient vers la fin du premier quart du siècle suivant. Malheureusement, ces aspirations et tous les efforts entrepris dans cette nouvelle alternative pacifiste qui offrait la possibilité d'une issue salutaire ont complètement été réduits à néant. Non pas du fait que l'Algérie d'alors manquait d'autres ressources à mettre en valeur, en dehors de ses exportations céréales et d'autres partenaires commerciaux, européens, aussi importants les uns que les autres, mais c'est parce qu'elle a été acculée à se recroqueviller sur elle-même face au péril du spectre d'invasion par des puissances maritimes occidentales qui ne cessait de s'agiter à l'horizon menaçant l'intégrité de son territoire, sa population et ses richesses naturelles... La transition d'une économie prédatrice à une économie exportatrice Dans une contribution publiée dans le quotidien francophone algérien El Watan (4), Nadia Saou, se référant à l'important ouvrage « Le commerce du blé entre l'Algérie et la France (XVIe-XIXe siècles) » (5), de l''historien, Ismet Touati (issu de sa thèse soutenue en 2009), revisite la période, souvent ignorée, de la vie économique de l'Algérie à la veille de l'invasion coloniale française. C'était une époque où le blé constituait la principale source de richesse du pays, Nadia Saou signalant qu'Ismet Touati s'est appuyé sur un examen approfondi des archives du commerce entre l'Algérie et la France, pour déconstruire l'image d'une Algérie «nid de corsaires», note-t-elle : ce qui a permis d'exposer une réalité méconnue, jusqu'ici, ou peut-être occultée pour sa teneur sensible ayant trait aux intérêts commerciaux entre l'Algérie et la France, s'étalant sur une longue durée. Et ce que nous apprend l'universitaire Ismet Touati, c'est tout d'abord cette capacité de l'Algérie de passer dès la fin du XVIIe «d'une activité dominante prédatrice (la revente des produits de la course) à une autre activité économique : l'exportation de ses propres productions, le blé en tête». L'historien notant l'effet résultant de cette nouvelle dynamique ; «l'essor des exportations de blé algérien aboutit au développement économique du pays et à une certaine stabilité politique et sociale ». Cependant, observe Ismet Touati, ce succès commercial a entraîné, paradoxalement, l'affaiblissement des potentialités du pays, soulignant que la crise qui intervint au début du XIXe est principalement due à deux facteurs : l'un international caractérisé par la survenue des insurrections de la Révolution et de l'Empire qui réduisirent la capacité d'achat de la France, l'autre national, ayant trait aux rivalités claniques pour le contrôle de la rente due à l'essor des exportations de blé, ce qui a entraîné et provoqué une grave crise interne. Les rivalités entre puissances européennes, à l'affût, avaient également cours, notamment entre la France, Gênes, l'Espagne et l'Angleterre, entraînant les premières Concessions françaises. Les guerres intermaghrébines complétaient aussi le tableau de l'époque faisant cas des effets des disettes, l'implantation des négociants français à Alger, la prépondérance des ports d'Annaba et de La Calle dans l'exportation du blé. Et aussi le fameux monopole des Bacri et des Bujnah sur le commerce du blé, qui déboucha sur la crise suscitée par leurs tractations au début du XIXe. La consultation des archives diplomatiques a permis, entre autres, à notre universitaire de dévoiler des surprises et pas des moindres! « Ainsi le soutien apporté par l'Algérie aux Français en 1791, c'est-à-dire lors de la Révolution française, le Dey continuant à approvisionner la France en grains malgré une quasi-cessation des paiements et alors même que les Anglais faisaient pression pour qu'il n'y ait pas de livraisons, ou encore la morgue de Napoléon vis-à-vis de l'Algérie après sa victoire en Egypte. La richesse du pays en fait sa fragilité : dès le début du XIXe se forme l'idée, dans le contexte de la compétition avec l'Angleterre, que la France pourrait s'emparer par la force du pays.» (6). Nadia Saou, retenant aussi quelques moments forts de cet important et volumineux ouvrage historique, rapporte à propos de la création des Concessions et celles des Compagnies que dès 1547, un Marseillais, nommé Thomas Lenche, engagea sept patrons de barques de Saint-Tropez pour aller pêcher le corail avec lui à Jijel, puis fonda en 1552 la «Grande compagnie du corail des mers de Bône». Il s'agissait là, assurément, « d'un véritable tournant dans l'histoire des relations commerciales : non seulement il obtient du Dey l'autorisation de se livrer à la pêche dans la région d'Annaba, mais aussi celle de construire une maison assez grande pour entreposer le produit de la pêche et le protéger d'éventuelles attaques : c'est le «Bastion de France». La Compagnie a «en outre le privilège de l'achat de cuirs, des laines, de la cire et du suif, l'exportation de grains étant à cette époque limitée». Au gré des crises, le Bastion sera détruit puis reconstruit, mentionne Nadia Saou qui précise aussi que les concessions alimentaient les caisses du pacha et celles du Trésor qui servait à payer les soldats. De même qu'elle fait cas du va-et-vient de ces négociants français qui s'installent à Alger à partir de 1718, ce qui constitue également un aspect d'histoire méconnu, signalé par des informations inédites de l'ouvrage, qui évoquent les origines de ces marchands, leurs relations avec les autorités algériennes, leurs places dans le commerce du blé, etc. « Un autre aspect passionnant porte sur les relations entre le dey, les beys qui s'enrichissent considérablement comme Salah Bey à Constantine, les commerçants pour le partage de la rente », cite Nadia Saou qui conclut que cet ouvrage dense, d'une grande érudition, apporte un véritable éclairage sur l'histoire de l'Algérie ottomane, « sous un jour qui n'est pas forcément celui qu'on traite habituellement. S'y plonger (...), transforme la vision que l'on peut avoir de l'histoire de l'Algérie, ce chantier ouvert à poursuivre. » (7). La culture algérienne à l'époque ottomane A l'avènement du règne ottoman en Algérie, le beylicat des « frères en religion » perpétua l'Islam commun, dans une nouvelle reconfiguration du paysage sociopolitique et culturel qui consolida la persistance de cette constante dépendance de la zone d'influence arabo-islamique mais dont l'option exclusive qui continuait à faire table rase de l'héritage millénaire du passé antique. Et alors qu'en matière d'historiographie arabo-musulmane relative à l'Orient, les sources arabes n'omettent pas d'évoquer l'histoire ancienne des Perses, des Byzantins, des Grecs et des Romains, ou des somptueuses pyramides égyptiennes, concernant le paradigme du Maghreb, ces mêmes sources nient carrément cette mémoire antéislamique maghrébine, se limitant à signaler un substrat berbère sans attaches ancestrales profondes et pis encore, ils laissent entendre qu'il dérive de zones proche-orientales... ou qu'il appartient à la sphère de la «djahiliya», monde honni des ténèbres : prétexte tout trouvé pour gommer la mémoire antique du Maghreb, l'Islam orthodoxe des rigoristes, sectaires, ne s'embarrassant pas de l'absence d'un passé antéislamique, pour construire un récit historique fondé sur la généalogie tribale arabo-islamique, dénué de toutes références ou traces de repères se rapportant à la période antéislamique du Maghreb. Dans ce contexte de persistance du hiatus mémoriel d'un pan important du patrimoine millénaire algérien, s'établit le règne ottoman qui se soucie tout au long de la gouvernance de Régence turque (1515-1830), des prérogatives dictées par la Sublime Porte veillant, surtout, au maintien et développement de la logistique militaire d'entretien et d'extension des courses en haute mer, procuratrices de grandes dividendes au trésor d'El-Mahroussa (Alger)... alors que s'élargit l'enseignement religieux, avec l'édification de mosquées, la prolifération des confréries zaouïas, maraboutiques, le champ libre étant laissé à la perpétuation des arts et métiers traditionnels de subsistance, etc., sur fond de toile d'imposition de lourds impôts, souvent violemment contestés, alors que les opportunités d'extension de la culture et des savoirs à caractère technique, scientifique, historique et littéraire sont ignorées ou marginalisées, faisant ainsi la part belle à la subculture de l'obscurantisme et du charlatanisme. Sur cet aspect des choses en rapport avec la situation culturelle prévalant en cette période en Algérie, l'universitaire-chercheure Nadia Daoudi écrivit « (...) Nous voyons là, que l'étude préparait des fonctionnaires dans le domaine religieux et dans l'écriture. Mais il n'en sortait pas autant dans les domaines de littérature et de la pensée », soulignant « Aussi, la vitalité des sciences religieuses se faisait-elle sur le compte du renouveau intellectuel. La raison de l'abondance des ouvrage dans les sciences du fiqh (Droit musulman) et des usuels (principes de la religion) revient à l'ambiance religieuse et mystique qu'a connue l'époque ottomane, principalement sous la plume d'Abd ar-Rahman Bas Tarzi al-Qusantini (mort en 1222 H= 1807 JC) et d'Abd al-Aziz b. Ibrahim at-Tamini al-Mzabi (1133- 1223H = 1720-1808 JC)», et indiquant plus loin que la période assistait à une extension de l'ascétisme qui était devenu l'apanage de multiples confréries mystiques, comme en témoigna « l'écrivain Abu l-Abbas Ahmed b. Ammar, dans sa rihla intitulée Rihlat al-Labib bi ahbar ar-rihla ila l-habib (cadeau du persévérant avec les informations du voyage chez le bien-aimé) », (8). L'enseignement de la philosophie, de la rhétorique du langage, de la médecine, des mathématiques, de l'astrologie et de l'astronomie, etc., présent naguère dans les prestigieux centres de Tlemcen et Bejaia, n'a plus cours : l'enseignement coranique et la jurisprudence religieuse qui s'étendirent à travers les écoles, mosquées et zaouïas, se confinèrent dans des postulats dogmatiques, littéralistes rigoristes, fortement imprégnés des croyances superstitieuses populaires, autochtones, qui favorisèrent une pensée para-magique, (pour reprendre l'expression bien à propos du psychosociologue Khaled Benmiloud), qui se propagea dans toutes les régions du pays. En l'absence d'une culture éclairante et d'un enseignement rationnel, porteurs de prémices de réformes, en l'époque gagnée par l'inexorable propagation du sombre déclin. La Régence qui se servait de la religion comme fondement doctrinal de légitimation de son pouvoir ne se souciait que du maintien de son autorité ottomane quoique, par la suite, ce fut l'administration de la Régence qui détermina, après le rattachement des territoires des dynasties zianides, hafsides, Hammadides, la configuration du territoire d'El-Djazaïr, placé sous l'autorité centrale du Califat ottoman. Et avec l'accroissement, inévitable, des contradictions et des contraintes résultant notamment du déclin des courses et jacqueries des tribus révoltées par les impositions fiscales, suscitant un climat de troubles menaçant la cohésion sociale et l'ordre institué, de plus en plus contesté, une nouvelle orientation politico- institutionnelle allait se produire, entraînant une rupture historique du gouvernorat local qui voulait prendre ses distances vis-à-vis de l'autorité centrale, en prônant désormais une politique d'assimilation des autochtones, à commencer par les Kouloughlis (issus des mariages mixtes). Ce qui impulsa, quelque peu, une production littéraire, sous la forme de biographies, de chroniques, de récits, de poésies populaires, etc. Durant l'époque ottomane, il semble que sur le plan socioculturel et éducatif, toute la banlieue algéroise et quelques grandes cités, telles Constantine, Bejaia, Oran, etc., étaient fortement policées, et quelques savants s'y distinguaient par leur piété et s'attachaient notamment à améliorer les mœurs et combattre les ennemis ainsi que les mauvais princes : les «ribâts» se multipliaient dans le pays et se transformaient en forteresse. Cependant, et malgré un règne perdurant tout au long de trois siècles, jamais le gouvernement des Deys et Beys ottomans ne réussit à établir une osmose avec les résidents autochtones : selon diverses sources historiques qui se recoupent, rares sont les contacts entrepris avec la population algérienne, en raison de la méconnaissance des Turcs de la langue arabe ou berbère, et aussi d'une volonté pour ce faire. Ainsi, quoique les Ottomans partagent la même religion que les Algériens, cela ne les a nullement empêchés d'imposer à leurs coreligionnaires un joug autoritariste sévère et de lourdes charges d'impôts, insouciants de la situation sociale des populations, de l'état des cultures et savoirs : les Turcs se préoccupaient surtout de l'atout stratégique de la flotte maritime commerciale qui guerroyait sur tout le pourtour du bassin méditerranéen, alors que dans les coulisses du palais du sultanat, deys et beys se livraient une lutte sans merci pour le pouvoir et les privilèges, faisant et défaisant des alliances, au détriment de la chose publique, en général. Et comment pouvait-il en être autrement avec un pouvoir politique aux mains d'une oligarchie turque appuyée sur des féodaux locaux, alors que le commerce extérieur dépendait dans une large mesure de trafiquants cosmopolites (Espagnols, Français, Italiens, etc.) qui bénéficiaient de privilèges exorbitants. Dans de telles conditions et circonstances socioéconomiques et politico-culturelles, conflictuelles, d'un pays guetté également par des prédateurs de l'extérieur, notamment par la chrétienté de l'alliance occidentale d'alors, les embryons de la vie socioéconomique et culturelle locale qui existait pourtant, ne pouvaient que dépérir ou se figer dans un long et mortel silence. La société algérienne d'alors qui avait ses structures propres où l'esprit collectif l'emportait sur l'esprit individualiste et reposant sur un socle patrimonial particulièrement très ancien, n'entendait évidemment pas abdiquer devant les malheureux coups du sort. Mais elle pliait, tout en résistant intérieurement, n'ignorant pas les échos des soulèvements populaires sporadiques, notamment dans la Mitidja, en Kabylie, etc., qui leur parviennent, de temps à autre, des diverses contrées du pays. Ces jacqueries étaient surtout le fait des masses paysannes algériennes qui dans leur écrasante majorité se caractérisaient par un type d'économie de nature collectiviste, indivise, tribale essentiellement, et où au plan des possessions privées intervenait souvent l'aide collective par le biais de l'ancestrale entraide de la « touisa ». Dans les grandes cités, c'était le règne d'une certaine effervescence, particulièrement dans une grande ville portuaire comme Alger. Ainsi son quotidien animé, à l'époque, par ses autochtones et aussi bien par ces migrants de retour d'Andalousie avec tous leurs savoirs et artisanats, de même que nombre de turcs se présentant avec l'héritage culturel ramené d'Orient et de leurs lointaines expéditions, tout comme les chrétiens et juifs autochtones aux acquis et savoir-faire détenus de l'Europe renaissante, etc. Autant de facteurs d'amorce de progrès évolutif, que s'ils avaient été conjugués, pris en ligne de compte et savamment activés, nul doute qu'ils auraient pu contribuer positivement au rehaussement du climat de culture et de prospérité en berne de la période, et partant de jeter les bases d'une assise sociale de développement social et d'émancipation civilisationnelle. Malheureusement, le règne du despotisme ottoman, et ce qu'il a engendré comme violences, exploitations éhontées, corruptions, paupérisation sociale, etc. en ont décidé autrement. D'une manière générale, la culture des Algériens sous l'Empire ottoman subsistait par bribes et manifestations folkloriques éparses quoiqu'elle ait assisté, à partir du XVIe siècle, à l'émergence de quelques rares mais grandes œuvres telles que celle de l'illustre historien des dynasties musulmanes d'Espagne, Ahmed El Maqari, ou encore celle de l'érudit Hamadouche d'Alger, du cheikh Abou Ras En-Naceri de Mascara, Ibn Qenfoud de Constantine, etc., etc., mais d'une manière générale, la production culturalo- littéraire et artistique de l'époque restait assez faible et la culture ambiante du moment était surtout celle de l'oralité, fortement empreinte d'influences mystiques et obscurantistes, malheureusement. Ce qui contribua à aggraver le recul de la société algérienne de l'époque, favorisant conséquemment l'influence diffuse d'une certaine culture obscurantiste qui avait recouvert pratiquement tous les champs de la pensée y compris les îlots épars de réflexion intellectuelle, la noyant dans des considérations scolastiques et mystiques, loin des impératifs urgents de promotion de la connaissance scientifique, authentique, permettant l'accès à la voie des progrès et lumières salvateurs, comme cela s'était frayé un chemin salutaire en Occident, après son entreprise de réformes hardies, pratiquement sur tous les plans. Par contre, dans nos contrées, insuffisamment développées, le ton était donné, en ces temps (et ce n'était pas la première fois), à la prolifération des confréries mystiques, comme le déplora le regretté éminent sociologue Mostéfa Lacheraf, désapprouvant ces coutumes « folkloriques » qui délaissaient les importants défis sociaux de l'heure, à relever. Comme s'y sont attelées nombre de zaouïas, alors, certaines d'entre elles se comportant en véritables sectes religieuses, ne tenant aucunement compte de la tradition authentique de la clarté pragmatique de sa spiritualité islamique qui interdisait, entre autres, le recours à la magie, aux talismans prétendument miraculeux , aux procédés blasphématoires du divin (« chirk »), aux fumisteries spéculatives totalement en marge de la réalité criarde qui exigeait, plutôt, le recours prompt au savoir pratique et utile, au service des fidèles de la communauté, en face, en proie au désarroi social et au nécessaire, les protéger et défendre contre tous agissements oppressifs, injustes, d'où qu'ils pouvaient émaner. Nul doute que certaines zaouïas auréolées d'une grande valeur spirituelle jouèrent, à des moments favorables, un rôle culturel populaire non négligeable dans l'instruction et l'éducation des jeunes, en les initiant notamment à certains savoirs rhétoriques, exégèses de courants juridiques diversifiés de la religion musulmane, éléments d'astronomie, etc. Mais l'esprit obscurantiste et dogmatique qui gagna du terrain par la suite, refoulant tout ce qui était considéré comme étant «étranger» à la subculture féodale des nouveaux maîtres de la pensée mystique maghrébine de la période, avait vite fait avec le temps par liquider toutes velléités d'évolutions éventuelles de l'esprit rationnel, plongeant dès lors la culture locale dans le ghetto stagnant du charlatanisme et mythologies chroniques, excepté certaines grandes confréries qui sortaient du lot , s'étant particulièrement illustrées par leur haute spiritualité soufie et dont beaucoup d'adeptes allaient, ultérieurement se dresser contre « la présence étrangère chrétienne » en « terre musulmane algérienne ». L'historien Belkacem Saadallah aussi bien que l'historien Mahfoudh Kaddache s'accordent tous à dire (pour ne citer qu'eux) que la période socioculturelle algérienne sous l'Empire ottoman a été une calamité. Cette sombre époque, un poète de la période, inconnu malheureusement, l'exprima en ces vers ci-dessous retranscrits tels qu'exprimés dans leur langage d'origine et que nous avons traduits selon l'esprit de ce qu'ils évoquent : « Hadha ez-zamane kathret fih el'bida'e- wa edhettar'bet a'lih amouwedj el khida'e » (« Cette époque vit beaucoup d'innovations illicites et s'agiter en elle les vagues de traîtrises »). Ce qui laissait augurer de sombres perspectives pour le pays, surtout que l'Algérie était guettée depuis longue date par les prédateurs des puissances coloniales à l'affût, dont la France, notamment, qui, par l'intermédiaire de ses représentants influents auprès des Turcs, tirait de grands profits des échanges avec l'Algérie. Et justement, une des causes principales de l'intervention française fut la crainte de perdre les privilèges acquis, et ceux que la France s'apprêtait à conquérir, s'ingéniant à exploiter la moindre des données offertes pour lancer, en temps opportun, une expédition à destination de la contrée algérienne convoitée. Et ce d'autant plus que l'appareil de gouvernement de l'oligarchie montrait des signes de faiblesse évidents qui se sont accumulés depuis un bon bout de temps, rapportent les historiens, soulignant qu'elles étaient favorisées notamment par les gestions anarchiques, les interminables intrigues de palais, les coups de boutoir des jacqueries populaires qui eurent lieu dans le Titteri, en Kabylie et un peu partout, des populations qui ne supportaient plus le fardeau des lourdes impositions et oppressions arbitraires si bien qu'à l'annonce du danger d'envahissement colonial occidental à l'horizon, la nouvelle fut accueillie par les croyants -ainsi que le rapporte la littérature orale du terroir- comme une « fatalité ou sanction divine pour les péchés commis entre musulmans ». (C'est ce que déplore dans une strophe pathétique une précieuse «qacida» - témoin, datant de l'aube de la période de l'invasion coloniale française de l'Algérie, vraisemblablement, en l'occurrence le poème « L'entrée des Français à Alger », du cheikh Abdelkader, recueilli et traduit par Jean Desparmet) (9). D'une certaine prospérité avant 1830 Cette léthargie caractéristique (dont font état entre autres sociologues et historiens et non des moindres, tels les éminents Mahfoud Kaddache, Mostefa Lacheraf, Abdelkader Djeghloul, Belkacem Saadallah, etc.), ne doit pas amener, cependant, à considérer que l'Algérie du temps des Ottomans baignait dans l'ignorance et l'analphabétisme total, loin s'en faut. Certes de graves insuffisances et lacunes caractérisaient le milieu de l'époque mais il existait, néanmoins, certains pans épars de culture et arts et métiers dont un enseignement assuré par nombre de mosquées ou dans les enceintes d'embryons de bibliothèques, des medersas construites ou encore par certaines zaouïas rigoureuses qui initiaient à l'alphabet arabe, l'apprentissage coranique et à un autre niveau aux voies soufies des « tourok » maghrébines, essentiellement : l'exégèse musulmane, entre autres, les rites religieux et principalement le rite Malékite courant au Maghreb alors que les Turcs prônaient le rite Hanéfite. L'enseignement religieux était surtout assuré par des instructeurs, imams ou apprentis théologiens œuvrant sous l'égide des tutelles religieuses « Aouqaf » qui supervisaient les préceptes inculqués depuis une longue tradition, datant des siècles précédents. Ces derniers disposaient notamment de lots d'ouvrages anciens et de bibliothèques appréciables. Néanmoins le contenu de cet enseignement, de l'avis des historiens, était souvent superficiel, manquant de rigueur et atteignant rarement le niveau supérieur escompté. Ce qui explique la propagation des croyances obscurantistes durant cette période, notamment les mythes proliférant sur la « baraka » miraculeuse des saints « M'rabtine » vénérés des zaouïas ou des gourous charlatans qui se substituaient aux sages mystiques, spirituels authentiques, désintéressés des attraits séducteurs de ce bas monde et parfois aux poésies soufies fort éloquentes, comme celles, entre autres, d'un Aboumedienne Etlemssani ou Abderrahmane Attha'alibi, etc. Avançant le prétexte des complexes contradictions sociales qui caractérisaient la société algérienne sous le règne turc, les idéologues de la conquête française arguèrent que leur entreprise coloniale participait d'une « œuvre civilisatrice », comme le soutinrent également nombre d'historiens français néocoloniaux et continuent de le soutenir aujourd'hui leurs héritiers, les nostalgiques contemporains de l'Algérie de Papa, plaidant devant qui veut les entendre, cette thèse saugrenue de l'ordre colonial affirmant qu'« il n'y avait rien du tout » en Afrique septentrionale « avant l'essaimage des bienfaits de la colonisation française » ! Comme quoi, c'était « la table rase », auparavant, dans l'Algérie d'avant 1830, la France s'étant chargée par la suite de la garnir à sa manière de ses soi-disant « bienfaits coloniaux »... procurés, surtout, au profit exclusif de ses colons- coreligionnaires, comme l'attestent ces infrastructures stratégiques développées, en priorité, pour acheminer vers les ports, postes frontaliers et multiples aéroports civils et militaires, à venir, les innombrables productions locales des ressources des sous-sols, matières premières, produits agricoles, etc., glanés sur le dos d'une population réduite à un lumpen prolétariat, situation dégradante que des intellectuels français, probes, ont eux-mêmes dénoncée. Evoquant, au passage moult programmes de développements et valorisations économiques, sélectifs, écartant en maintes circonstances la population autochtone, systématiquement refoulée et scandaleusement marginalisée de tout espoir d'émancipation et de progrès... une dégradation des conditions sociales des colonisés qui fut telle que son accentuation nécessita, ultérieurement, la mise en chantier d'un plan spécial de sauvetage de la colonie Algérie, en l'occurrence « le projet Blum-Violet » qui, disait-on, représentait la dernière chance pour garder le pays dans le giron de l'Hexagone. Peine perdue, l'intransigeance des faucons eut le dessus sur les réformateurs idéalistes qui se rendirent compte que les choses n'étaient pas aussi simples qu'elles paraissaient l'être, enseignement que retinrent les nationalistes algériens de première heure, des temps nouveaux qui s'annonçaient. Ces contradictions sociales et exacerbées même, du temps de l'Algérie sous règne ottoman, on ne s'en cache pas, comme signalé plus haut, mais cela n'était pas au point que l'on puisse soutenir qu' « il n'y avait absolument rien du tout » à l'époque ! Certes, nombre de situations désolantes, concernant divers domaines sociopolitico- économico- culturels, etc., caractérisaient cette période problématique, cependant, ce constat évoqué et rapporté par divers témoignages d'époque n'a jamais signifié que la « scène sociale algérienne », d'alors, n'offrait pratiquement aucune particularité positive, de ce point de vue, ou qu'elle était absolument dénuée de toutes réalisations utilitaires ou éléments socioéducatifs - socioculturels et autres, d'une certaine importance socio-environnementale, urbanistique, pédagogique, cultuelle, etc., qui mériteraient d'être signalés... d'après les allégations des nostalgiques de « l'Algérie française » qui persistent de considérer à tort l'aventure coloniale française comme « œuvre civilisatrice », taisant les conséquences funestes que cette expédition impérialiste, « bienfaitrice», entraîna en Algérie, désagrégeant ses divers domaines et compartiments socioéconomiques, socioculturels, cultuels, patrimoines terriens et jouissances de biens environnementaux autochtones, saccagés ou spoliés au profit du colonialisme de peuplement. Cette thèse a été, fort heureusement et à juste titre, désapprouvée par beaucoup d'historiens et auteurs algériens et étrangers, y compris des historiens français notoires, qui réfutèrent ces soi-disant « bienfaits de la colonisation », arguant notamment que le prétexte de « la table rase » durant la période de l'Algérie ottomane, avant la venue des conquistadors français, « propagateurs de bienfaits civilisateurs », après 1830, allait, indéniablement, à contre-courant de la réalité des faits historiques. Comme le rapportent divers témoignages, attestant qu'il y eut, assurément, en cette époque de l'Algérie d'avant 1830, une certaine et incontestable prospérité, en dépit des lacunes et embarras qui caractérisaient ce milieu très complexe, interrompu dans sa phase amorcée de transition socioéconomique. Et parmi les précieux acquis datant de l'époque turque, il y a lieu d'évoquer, en premier lieu, l'importance considérable du précieux traçage des frontières d'El Djazaïr (sans le Sahara, il est vrai), dû à l'administration ottomane. De même qu'on signale nombre de medersas, mosquées, centres d'apprentissage de métiers, la fabrique de produits artisanaux, productions maraîchères, etc. Ecoutons la chercheure universitaire Saïda Benchikh-Boulanouar ce qu'elle indique d'instructif sur ce sujet : « l'Empire ottoman avec ses trois siècles de présence en Algérie n'a pas misé, certes, sur le développement des forces intellectuelles des Algériens, celles-ci continuaient à s'épanouir, en dehors du contrôle de la caste militaire ottomane préoccupée par sa suprématie militaire et par la défense des territoires. Cependant, les Ottomans n'ont pas non plus entravé les activités des institutions religieuses et ont su sauvegarder le patrimoine hérité du passé ainsi que l'identité de l'Algérie.» Et parmi ces institutions, il y en eut, poursuit l'universitaire, qui furent productrices d'écrits, comme la mahkama (tribunal) qui « a traversé la période médiévale puis ottomane avec son caractère religieux qu'imprégnait sa fonction, et en faisait un acte de dévotion. Le cadi constituait l'ossature de cette institution qui appliquait les règles de droit musulman selon l'appartenance doctrinale, sans entraves ottomanes », (10). Notre universitaire évoque aussi les récits de voyageurs ou de consuls en séjour à Alger avant 1830 et qui ont décrit un peuple éduqué et alphabétisé, nous dit Saïda Benchikh-Boulanouar, citant le témoignage du capitaine M. Rozet, Voyage dans la Régence d'Alger ou description d'un pays occupé par l'armée française, T.2, p. 75. Comme elle rapporte un autre témoignage, parmi d'autres, de William Shaler qui dans son Esquisse de l'Etat d'Alger (traduit par Ibn el Arabi, Alger Sned 1982, p.77), cite : « Le peuple maure pris en général a peut-être plus d'éducation que le peuple français, puisque tous les hommes savent lire écrire et compter ; il y a un grand nombre d'écoles publiques dans la Régence d'Alger où on instruit les enfants dès l'âge de 4 ans ». (11). Le rapport de synthèse du général Daumas est également cité, ce dernier affirmant dans son écrit « l'instruction primaire était beaucoup plus répandue en Algérie qu'on ne le croit généralement, nos rapports avec les indigènes des trois provinces ont démontré que la moyenne des individus de sexe masculin sachant lire et écrire était au moins égale à celle que les statistiques départementales ont fait connaître pour nos campagnes » (12). S'appuyant sur la somme d'archives qu'elle a méticuleusement consultées, notre chercheure soutient que la Casbah d'Alger et des autres villes algériennes avaient leurs librairies et des boutiques de copistes dont certains étaient de fameux calligraphes qui excellaient dans l'art de l'écriture. Parlant de Hamdan Khodja, historien et témoin des premières exactions de l'armée française, ce brillant intellectuel affirme : « Le Général Clauzel a ordonné la démolition d'un bazar nommé el-Kaïsserie, dans lequel on vendait des livres qui sont des instruments de la civilisation et qui servent de lumière à l'homme intellectuel (...). Ainsi puisque les Français avaient l'intention d'introduire la civilisation, pourquoi a-t-on détruit cette source de laquelle découlaient le savoir et la connaissance de toutes choses ? Cette conduite prouverait que ce général, au lieu de vouloir introduire parmi nous les lumières et la civilisation, son intention était au contraire de nous plonger dans les ténèbres et dans l'ignorance » (13). Cependant, compte tenu de la situation socioculturelle générale qui prévalait en cette période, les savoirs cumulés et transmis se caractérisaient, surtout, par une prééminence d'écrits et de perpétuation de traditions culturelles se distinguant par leur tendance quasi religieuse, surtout, ou couvrant le champ du religieux dans ses divers domaines du fiqh (Droit musulman), l'exégèse coranique, la quête de la connaissance mystique (Soufisme et les diverses touroq (voies) des confréries et zaouïas initiant aux interprétations ésotériques (Ba'tin)). D'une manière générale, dans ce paradigme socioculturel particulier, une somme d'éléments handicapants, préexistants, conditionnait le capital de savoir de l'époque qui n'accordait que peu d'importance aux savoirs d'ordre pratique, généralement délaissés, tels ceux relevant du domaine des sciences exactes, ce qui n'était pas sans prédisposer le milieu à une évolution incertaine. Quoique ce milieu recelait d'énormes ressources d'exploitations économiques, très profitables, comme l'atteste la surproduction en maints secteurs économiques (la formidable production de blé de l'époque valut à l'Algérie le qualificatif de grenier de l'Afrique !) / Cependant, la surconsommation, par exemple, du bois, charbon, sable, eaux, céréales, produits maraîchers, artisanaux, etc., sans souci d'entretien, de renouvellement, ou stratégie d'épargne des biens surexploités durant les périodes fastes, pour un temps compté, compromettait sérieusement l'avenir socioéconomique de la contrée / Alors qu'elle avait amorcé, pour rappel, la transition d'une économie prédatrice à une économie exportatrice. De même que les legs de savoirs, quels que fussent leurs natures, n'avaient pu bénéficier dans ces circonstances historiques, particulièrement contraignantes, de la mise en place concrète d'assises de bases pédagogiques, à même de favoriser leur intensification, diffusion, exploitation et applications à large échelle. Ce qui aurait permis, historiquement, la possibilité d'industrialiser progressivement le pays, à l'instar de ce qui s'est fait dans certaines contrées musulmanes, et réduire, ainsi un tant soit peu, le grand retard enregistré dans ce domaine capital... avant que ne pointasse à l'horizon le colonisateur qui, lui, a déjà pris une avance considérable dans ce secteur stratégique, déterminant. Médecine et littérature thérapeutique durant la période ottomane Au plan médical et socio-environnemental, la tradition médicinale signale, durant cette période ottomane (1516-1830), l'émergence de trois types de médecine en Algérie, d'après le Professeur Khiati (14). Ces trois types se sont côtoyés, chacun d'eux s'étant adapté à la situation de la population qu'elle ciblait : la médecine turque, orientée essentiellement vers les besoins de santé des janissaires et dignitaires ottomans, en nombre relativement modeste dont s'occupait un bech-djerrah, médecin-chef ou amin des médecins. La première structure hospitalière turque fut construite en 1550 par Hassan, le fils de Kheir Eddine Barberousse, hôpital qui continua d'assurer des soins, après 1830, sous l'appellation d'hôpital « Caratine » (déformation de Kheir Eddine). Le nom d'asile était souvent donné à ces maisons de soins dont Alger en comptait un certain nombre, comme par exemple « l'asile de la rue de l'Aigle qui abritait les Turcs impotents et les janissaires invalides, ou l'asile de Boutouil (à Bab El Oued) qui servait de refuge aux indigents ». Ceci alors que le gouvernement assurait les rations de vivres et le prix des médicaments comme il ne faut pas omettre de signaler son rôle important sur le plan de l'hygiène publique à Alger et dans les grandes villes, les Turcs comptant à leur actif la réalisation des quatre aqueducs et pas moins de 120 fontaines publiques qui alimentaient la population algéroise. Pour sa part, la médecine européenne, réservée surtout aux captifs, d'origine européenne pour la plupart, était dispensée dans les hôpitaux qui furent érigés dans les bagnes et les lazarets. C'est de 1551 que date la Maison des soins, créée par le prêtre espagnol Sébastien Duport pour les captifs. Elle était représentée à Alger par quelques médecins, des attachés aux consulats européens et auxquels recouraient les notables de la ville, les fonctionnaires turcs pour des consultations personnelles et familiales. Concernant la médecine populaire, cette qualification était synonyme de médecine naturelle, indique le professeur Khiati qui explique qu'elle était basée sur l'utilisation des plantes médicinales recueillies localement. Les médecins appelés Hakims ou sages exerçaient le jour du marché, assurant les consultations en dehors ou sous une tente. De même que les malades recouraient aux soins de certaines tribus, réputées pour leur art de guérir les coups, les blessures et les fractures (djebbar). Nombre de structures hospitalières existaient au cours de cette époque, en Algérie, notamment à Alger, Tlemcen, Oran et Bejaïa. Cette médecine populaire traditionnelle, les modestes gens du peuple y avaient généralement recours pour chasser les maladies au moyen de remèdes très simples : exposition au soleil, recours au sable chaud, aux bains, aux bouffées d'air pur, aux massages, à la diététique, bref à tout ce qui facilite au corps sa rééquilibration et une bonne circulation du sang, etc. Elle était basée essentiellement sur l'utilisation des plantes médicinales recueillies localement. Ceux qui exerçaient l'art de guérir, on les désignait généralement par les qualifications suivantes : El tebib, praticien ordinaire, El hakim, médecin savant, réputé pour ses connaissances étendues et son savoir-faire dans la prescription des remèdes, El djerrah, celui, comme son nom l'indique, qui pratique l'acte chirurgical avec grande maîtrise, El kabla ou kablate (accoucheuse) soignant les femmes les désignant aussi par l'appellation Tebibate A l'intérieur du pays, l'art de la guérison est généralement pratiqué par des personnes d'un âge vénérable, exerçant dans une tribu ou village, souvent connues pour leur sagesse résultant d'une longue expérience des hauts et des bas de la vie. Mais c'est surtout aux marabouts et aux tolba que les souffrants recouraient, quand ce n'est pas aux « walaya el Allah », et autres guérisseurs qui se targuent de soigner le corps et les âmes « possédés par des djinns », à l'aide de procédés herzs et hdjabs (amulettes), voire des incantations. Comme il y avait aussi d'autres spécialités de remèdes médicaux traditionnels, usant d'instruments rudimentaires, à l'image des soigneurs de l'époque, entre autres, des yeux tebib laâyounes (oculiste), des dents tebib edrouss, de la circoncision Et-tahar ou Khettane, les soins aux problèmes de la circulation du sang par El hadjam, etc. En général, le savoir de ces guérisseurs recourait à un recueil de conseils transmis par la tradition ou par d'autres tebibs venus d'Orient ou d'Andalousie, particulièrement ceux ayant séjourné à Tunis et au Maroc où ils ont côtoyé des savants aguerris en matière d'art et de connaissances médicinales et éclairés instruits par la haute tradition spirituelle de l'Islam contrecarrant obscurantisme et charlatanisme très en vogue à l'époque. Parmi les médecins célèbres de la période, on peut citer, entre autres : Mohamed Ibn Ahmed El Hassani qui vécut à Tlemcen et qui a consigné une lettre de 13 pages relative à la prévention des épidémies, Nour Eddine Ibn Nasr Eddine El Makki, auteur d'un traité de médecine intitulé ?'Tohfet El Iman'', Ahmed Ibn Kassem El Bouni (1653-1726), originaire de Annaba, auteur d'un traité intitulé ?'L'âlem ahlou el kariha fi el adouya essahiha'', Khalil Ibn Ismail el Djazaïri connu pour son livre : ?'Les trésors de l'âme pour pallier aux maladies difficiles'', Abderezak Ibn Hamadouche el Djazaïri, né en 1107 de l'hégire, comptant parmi ses nombreux ouvrages : ?'Lissane el makale fi ennaba ani ennsseb ouel haçal ouel aâl'', ?'Errihla ?' (le voyage), ?'kechf erroumouz'' ( Interprétation des symboles), écrits démontrant sa parfaite connaissance du monde des plantes,''Taâdil el mizadj bi sababi kaouanine el ilaâdj ?' (modération du tempérament par les lois du traitement ), qui a été traduit par L. Leclerc et surtout son ouvrage en quatre tomes ?'El jawhar el maknoun min bahr el kanoun'' (Perles extirpées de l'océan du canon), volumineux traité sur les poisons, les maladies susceptibles d'être guéries par des plantes et drogues curatives, Ahmed Ibn Ali Erachidi, originaire de Ferdjioua, compositeur d'un dictionnaire médical ?'El Minha el koudoussia fi el adwiya el kamoussia'', Ahmed Ben Belkacem, chirurgien qui vécut du temps d'Ahmed Bey de Constantine et qui excellait en neurochirurgie, traitant notamment les fractures de la boîte crânienne, applications méticuleuses auxquelles avaient souvent recours les Turcs. Malheureusement, ces potentialités et compétences de divers ordres qui existaient bel et bien, en dépit de leur insuffisance, ne pouvaient évoluer dans un contexte miné de contradictions, comme indiqué ci-dessus, et ce d'autant plus qu'à cette situation typique de conditionnements limitatifs, compromettant tout espoir de devenir évolutif, venaient s'ajouter d'autres facteurs négatifs, multidimensionnels. Ces situations typiques de conditionnements socioculturels traditionalistes figés - s'ajoutant à d'autres facteurs négatifs, multidimensionnels - ont fait que l'Algérie, et « le monde » maghrébo-arabo-musulman d'une manière générale, allaient inéluctablement constituer, dès ces sombres périodes de déclin, une proie de convoitise idéale pour les puissances industrielles occidentales, à l'affût, de l'époque. Particulièrement celles qui s'étaient mises tôt à guetter et quêter, constamment, les moindres circonstances propices à leurs déferlements pour redorer et magnifier les blasons des missionnaires de l'ordre impérial des conquérants d'empires. Au détriment, bien évidemment, des droits spoliés des peuples autochtones soumis au joug dégradant des armadas conquérantes, comme ce fut le cas pour l'Algérie, convoitée depuis longue date par les puissances méditerranéennes, notamment la France monarchique. Celle-là même qui sous divers prétextes ? dont ceux prétendant laver des affronts provocateurs des « pirates sarazins » d'Alger, et voler en même temps au secours des peuplades asservies par des « sauvages esclavagistes », ou encore pour participer à l'œuvre sacrée d'évangélisation des « barbares » , etc., voilant mal ses appétits voraces, expansionnistes dictés par ses stratégies militaristes de mainmise économique sur les richesses naturelles de territoires outre-Méditerranée à conquérir - décida d'entreprendre un certain 5 juillet 1830 sa mission d'envahissement d'El Djazaïr, longtemps après s'y être préparée, grâce notamment aux précieuses instructions du fameux rapport de son agent Boutin, consigné en 1827, préludant tôt à la mise en scène de l'éventail qui allait être montée de toutes pièces par le casting français et son lobby Bacri, Bushnak and Co... *(Auteur-journaliste indépendant) (1)Voir. Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord, Payot, Paris 1951. (2)Voir Grammont, ouvrage sur « Ali Betchin »... (3)Voir Basil Davidson, Mère Afrique, p. 78, Presses Universitaires de France, Paris 1965. (4) Voir article de Nadia Saou, « Non, l'Algérie ottomane n'était pas seulement un pays de corsaires! », dans El Watan du 01/09/2019, (5) Voir Ismet Touati, « Le commerce du blé entre l'Algérie et la France, (XVIe-XIXe siècles) », éditions Bouchène, 2018). (6) Voir article de Nadia Saou, Ibid. (7) Voir article de Nadia Saou, Ibid. (8) Voir Nadia Daoudi, L'Algérie et sa littérature face à la colonisation (1830-1930) », (Editions Dar El Gharb, Oran-Algérie 2010). (9) Voir exposé de Jean Desparmet ,dans Revue Africaine N. 71, Alger 1930. (10) Voir Saïda Benchikh-Boulanouar, L'Algérie par ses archives, Du royaume de Tihert à la colonisation (VIIIe ?XXe siècles), Casbah Editions, Alger 2015). (11)Voir Saïda Benchikh-Boulanouar, L'Algérie par ses archives, Du royaume de Tihert à la colonisation (VIIIe ?XXe siècles), Ibid. (12)Voir E.Daumas, Mœurs et coutumes de l'Algérie, Tell-Kabylie-Sahara, p.208, rapporté dans l'ouvrage de Saïda Benchikh-Boulanouar). (13 Voir Hamdane Khodja, «Le Miroir « (aperçu historique et statistique sur la régence d'Alger), Paris 1833, livre réédité chez Sindbad Editions, Paris 1984, préfacé par le sociologue Abdelkader Djeghloul, cité.dans l'ouvrage de Saïda Benchikh-Boulanouar). (14) Voir « Histoire de la médecine en Algérie », du Professeur Khiati, éd. ANEP, Alger 2000). |
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