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Lors de la dernière réunion
gouvernement - walis tenue en février passé, les walis ont été instruits de se
rapprocher des citoyens à l'effet de rétablir la confiance avec l'Etat. D'ailleurs,
lors de cette réunion, le chef de l'Etat avait, rappelons-le, diffusé le
reportage des « zones d'ombre » en rappelant aux walis que désormais ils seront
soumis à « l'obligation de résultat » !
Abdelmadjid Tebboune leur avait donné un délai de six mois pour une première évaluation de ce qui a été entrepris, seront-ils au rendez-vous ce jeudi ? Qui sont-ils ces walis et à quoi servent-ils ? Quels sont leurs rapports avec l'autorité politique et comment leur fonction évolue-t-elle ? On imagine parfois leur carrière comme une vie reposante et douillette de haut fonctionnaire jouissant des ors de la République, dans un confortable ennui. On a tort et ce pour plusieurs raisons : d'abord parce qu'ils sont en première ligne pour la mise en œuvre des politiques publiques de l'Etat au niveau local, notamment pour le maintien de l'ordre public ; dans ce domaine toute faute peut entraîner une révocation immédiate par le pouvoir politique. Ensuite parce que la pression politique sur eux s'est accentuée avec le temps, ils doivent composer avec une sphère politique locale dont les impératifs ne recoupent pas toujours parfaitement, avec ceux de l'administration dont le wali incarne l'autorité. Enfin parce que le représentant de l'Etat épouse les évolutions de ce dernier, s'impose avec le temps une dimension plus managériale de son action une obligation de résultats et de rendre des comptes à l'autorité politique, voire à la population, le tout avec des ressources de plus en plus limitées. Il faut savoir aussi que leur nomination n'obéit pas à des principes fixes ! D'ailleurs il n'existe nulle part et, a fortiori, dans la fonction publique, un profil de carrière-type, contrairement à l'entreprise où l'actionnaire principal désigne son dirigeant, ce qui n'a en soi rien de scandaleux. Mais, pour couper court à toute spéculation, on met en avant le principe du pouvoir discrétionnaire qui échoit à l'autorité investie du pouvoir de nomination ; celle-ci n'a pas à justifier son choix. Dans le communiqué qui est rendu public, il n'est jamais expliqué, ni le choix ayant présidé à la désignation, ni le motif justifiant la mutation, encore moins la nature des griefs prévalant à la cessation de fonction des walis. S'il est bon de « diversifier » les origines dans la nomination des walis, certains d'entre eux n'ont aucune culture du corps faute d'avoir effectué des « aller - retour » entre l'administration centrale et locale. En plus, l'acclimatation se faisait plutôt chez les chefs de daïras. Après cette formation sur le tas qui durait un certain temps, le concerné était promu wali. Depuis, les nominations de personnalités venues de l'extérieur ont troublé cet ordre, notamment dans les années 1990. Mais, les sortants de l'Ecole Nationale d'Administration « ont repris le dessus » au détriment d'autres diplômés qui fustigent ce qu'ils ont dénommé l'« Enarchie » ! Traditionnellement, les walis changent de wilayas tous les 5 ans en moyenne. L'idée est d'empêcher qu'ils ne s'attachent trop aux intérêts de leur région ou créent des liens trop proches avec les notables ou les hommes d'affaires locaux. Les commentaires vont bon train, et personne ne se privera, en fonction de sa propre analyse, de citer tel ou tel cas d'abus, de favoritisme, même si cela peut relever parfois du domaine anecdotique. Ce qui est sûr, c'est que : le mouvement, si mouvement il y a, provoquerait des disponibilités et des ouvertures de carrière en chaîne et introduirait de la souplesse et créerait une nouvelle dynamique dans la sphère où il est opéré. C'est peut-être vrai pour la première affirmation, cela l'est moins concernant la deuxième assertion, car, en fait de dynamisme, l'on tente plutôt de renforcer une corporation, celle des énarques par exemple qui ont préempté le corps ou gonfler les rangs d'un clan au détriment d'un autre ; on tente surtout de promouvoir les commis les plus obéissants et pas forcément les plus méritants ou les plus expérimentés et les jeunes, au nom d'un « jeunisme » de mauvais aloi ! Pour l'heure, le stress s'est installé dans les Collectivités locales ! Aujourd'hui, le bilan est lourd et le peuple des « zones d'ombre » est dans la rue pour contester l'absence de réactivité de certains chefs d'exécutif concernant notamment les attributions de logements sociaux et le retard dans l'exécution dans les opérations de développement local. A tous les niveaux de la chaîne, tout le monde se couvre ; chacun agit avec l'idée de se prémunir en cas de pépin ! Résultat, une forme de fébrilité s'est emparée notamment des walis. Personne ne veut risquer d'être identifié à l'origine d'une faute, d'autant plus qu'en cette période précise, il se murmure qu'un mouvement est en préparation. Voire sur le bureau du président de la République qui s'apprêterait à y apposer sa signature dès la clôture de la réunion gouvernement - walis de ce wee-end ! Les walis sont-ils, présentement, en capacité de faire bouger les lignes ou sont-ils confrontés à des limites objectives qui rendent leur rôle bien aléatoire ? La première limite, a précisé quelqu'un, se trouve au niveau de la conception - même - de la fonction : leur action est noyée dans une multitude de tâches qui grèvent leurs capacités de réflexion et de planification. Des avaloirs bouchés aux ordures ménagères, en passant par la voierie, leur énergie se consume dans des missions censées être accomplies par les APC et les services spécialisés. À force de s'occuper de tout, le wali donne parfois l'impression de ne s'occuper de rien? comme il se doit. La seconde tient à l'interventionnisme étouffant des administrations centrales à travers un fatras de circulaires et de messages qui entravent leurs actions en compliquant les procédures. Prenons l'exemple de la capacité du wali à affecter des terrains pour l'investissement. Depuis l'été 2011, les wilayas ont attribué des dizaines de milliers d'hectares de terrains d'investissement. En cinq ans, peu de projets ont connu une avancée sur le terrain et un nombre insignifiant a été achevé et mis en exploitation. D'ailleurs, l'explication vient des walis eux-mêmes : complexité des procédures administratives dont les solutions dépendent des multiples intervenants aux niveaux central et local. En résumé, si le wali affecte les terrains, le reste des procédures lui échappe dans une large mesure. Ceci étant dit et malgré une rente importante, nos walis continuent à gérer le quotidien par des méthodes qui se caractérisent par un sérieux déficit de communication, malgré les exhortations du président de la République qui aimerait les voir investir le terrain en managers du développement, en médiateurs de la République et, surtout, se rapprocher de la population tout le temps et non pas le temps d'une visite officielle. Le mouvement des walis est ficelé ! Est-ce à dire qu'ils vont porter le chapeau, alors que les P/APC qui ont pourtant bénéficié d'une formation appropriée, de l'augmentation de leurs salaires et de l'apport non négligeable de plus de 5.000 cadres entre ingénieurs et architectes vont se tirer indemnes du désastre du développement local ? Lors du dernier conclave gouvernement - walis, le président de la République leur a fixé un cap : recenser les zones d'ombre et prendre en charge les populations ! Certains d'entre eux n'ont pas caché leurs inquiétudes en affirmant : on ne peut pas réussir en 6 mois ce que nos prédécesseurs n'ont pas réalisé en 50 ans ! Sans compter les retombées de la crise sanitaire. Pour faire adhérer massivement la population à la démarche du gouvernement et au cap fixé par le Premier ministre, l'implication des élus est indispensable ; or, ces derniers, pluripartisme oblige, ne sont pas toujours en phase avec l'exécutif de wilaya et de ce fait l'objectif recherché devient quasiment impossible. Sacré dilemme pour les walis ! Pour les plus anciens, c'est clair, ils vont jouer la montre en attendant la prochaine rotation qui, par devers eux, viendra compliquer davantage leur vie de famille. Ils assureront le service minimum et se contenteront de prendre la pose en « raybans » à côté des ministres en visite dans leur wilaya. Quant à ceux nouvellement promus, ils vont essayer de se décarcasser au mieux, apprendre à gérer tous les risques et surtout soigner leur communication, en évitant autant que faire se peut les micros baladeurs ! *Cadre Supérieur en retraite |
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