|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Ailleurs dans les
autres contrées, la culture est bonne à vivre. La musique se fête partout. Dans
les lieux publics, des musiciens amateurs, des chanteurs professionnels,
parcourant les villes et villages pour mettre leur art en musique et en
chansons selon le rythme du village ou de la ville qui veut se prévaloir pour
être digne d'une ville touristique, historique, balnéaire, culturelle,
industrielle, économique, artisanale?. qui fait apparaître ses propres œuvres
en culture littéraire, en villégiature, en festivité, en amusement, en
commémoration, en biens artisanaux, en histoire, en?..
Nos villes et villages, dans l'état actuel, ne connaissent point de concerts, ils vivent dans un anonymat étrange et dans une léthargie singulière, ils ne savent plus se distinguer dans le cadre culturel; alors que pas plus tard qu'hier, lors des mariages particuliers, ce sont des grandes stars de la chanson populaire qui animaient ces fêtes, en plein lieu public, une fête offerte par le marié pour le plaisir de tout venant. Par ailleurs, il y avait aussi, la fête pour toute la ville, c'était la fête de la cerise, pour ceux qui ont la cerise comme unique fruit de saison, la fête de la sardine pour ceux qui ont la sardine comme unique ressource de vie, la fête de la figue et de l'olivier ceux qui ont de la figue et l'olivier comme uniques richesses comme uniques fortunes. La fête d'un produit, pour ceux qui ont un bien propre à eux, comme unique moyen de vivre, la fête faisait le bonheur de l'art de ce bien, de ce fond qui leur manquait le plus? La fête se faisait et se terminait dans le strict respect de l'autorisation sécuritaire ; c'était des fêtes très sympathiques et amicales. Sans oublier, aussi, qu'il y avait des «Al Ouadis » fêtes qui se rattachaient à la commémoration d'un saint du douar, ces fêtes faisaient le charme et le plaisir de tout un monde : la fantasia, « Aissaoua », «glayliyas», la dance d'«al alaoui», le couscous pour tout venant, la foule tissait un climat de rencontres et de partages ; les liens familiaux se consolidaient dans ce climat de fête pour la détente. Dans les petites villes à l'exemple de Beni-Saf , il y avait des chanteurs des quatre horizons qui animaient des soirées pour embellir des veillées et les rendre très enchantées. Cela se faisait sur invitation de la commune, la fête du «15 Août », à Beni-Saf était une apothéose de la culture benisafienne où la chanson faisait craquer les jeunes, des « radios crochets » semblables à «alhan oua chabab». Des jeux à longueur de la semaine culturelle, des tournois de sport : football, basket-ball, volley ball, handball, water-polo, ski nautique, natation, pétanque, pitch-ball, cyclisme, boxe, kermesse ornée de loterie, tir à la carabine, divers jeux, manèges, etc. C'était la fête du «15 Août» que le comité des fêtes de la commune savait mieux opérer avec le peu de moyens dont il disposait. Aujourd'hui nos villes sont sales dans le sens le plus profond du terme, la culture ne fait plus partie de nos us et coutumes, la musique se fait, à plein tube, émanant de l'intérieur des voitures des ?fils à papa', les disck-jokers, sans autorisation et sans aucun cadre d'animation, empêchent les tympans des individus de savourer la musique. A Rachgoun sur le grand boulevard de grands hauts-parleurs accrochés à des poteaux publics, balancent, sans aucune autorisation des décibels qui n'ont pas de place dans les dispositions du décret qui gère les sons dans les lieux publics. Une musique condensée de bruit et de vibrations tonitruantes, le rythme est ponctué par des baffles lancinantes qui font mal et se répètent sans cesse? Du bruit, beaucoup de bruit, encore du bruit, rien que du bruit ! Pendant la période estivale, on est assourdi par l'intensité du son qui se produit du bruitage issu des voitures, des petits commerces saisonniers, des tubes d'échappement de motos, des cris des jeunes qui font l'intéressant croyant faire la fête ou plutôt voulant combler le déficit de la fête de la commune qui n'arrive même pas à mettre un centime comme dotation dans le budget communal, pour montrer que la culture est encore vivante?.. On ressent cette nostalgie d'une musique à écouter ? Ou une musique faite pour danser un « al aalaoui » est fantastique, ou plutôt pour bouger genre ?djerk' !? Dans le cadre du plaisir et du défoulement et rien que pour le plaisir afin de donner une satisfaction sociale à la ville, un plaisir qui diminuerait les stress et détendra la pression du quotidien, afin de chasser les maux que l'on cultive dans notre santé. Les mariages d'aujourd'hui se font par une musique délirante, hystérique, orchestrée par un disc-jokey des jeunes, dynamiques et sans limite pour une liberté absolue arrosés de canettes importées. Tout est dans l'excès aujourd'hui:, La musique se déroule aujourd'hui selon des motifs répétitifs, le Disc-jokey qui assurait le spectacle en bruitage, se balançait en rythme de folie et semblait vivre, intensément, le bruit de la musique, elle était même agitée de soubresauts et de mouvements saccadés... Pour une soirée publique animée tout devrait être prévu pour qu'elle soit festive : à côté de la scène se collationne un engin dédié à la consommation de nourriture ou l'«on vend des burgers, des frites, des chips, des merguez, du n'importe quoi, le fait d'humer des odeurs de friture fait oublier.. Les prix même affichés sur un tableau en hyper-inflation... Nous vivons dans une société de démesure : il s'agit de vivre intensément, de s'abrutir de sons, de mauvais sang, de s'empiffrer de nourriture de gaz de canettes de bière. Tout nous incite à consommer des biens et services dénaturés, la musique, elle-même, est outrancière, dans ses rythmes et ses sonorités. Alors, bien sûr, ce sont des jeunes qui font de tels faux spectacles, ils ont besoin de se défouler quand la commune qui devrait veiller aux rythmes du bien de tout ce qui est commun Mais le bruit auquel ils s'exposent dans ces concerts particuliers et individuels, leur réaction devant ces mini- concerts particuliers est, elle-même, hystérique : des cris, des hurlements, ajouter la drôle de nourriture qu'on leur propose sur le marché, ne peuvent que nuire à leur santé. Et bien-sûr, dans l'inconscience de la jeunesse, on ne s'en soucie pas car ceux qui devront veiller à la culture et à la santé de ces jeunes sont déjà défaillants... C'est un spectacle un peu trop désolant : trop de bruits, trop d'outrances... Bien que tout le monde aime la musique ! La vraie, celle qui nous remplit d'émotions, parle à notre sensibilité et qui nous fait rêver ! C'est cela la culture, le bruit abîme la culture. *écrivain |
|