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Un nouvel espoir pour le traitement du cancer. Un mécanisme nouveau mis en jeu par un gène ouvre le chemin à de nouveaux traitements. Cette avancée importante dans le domaine médical est le fruit des années de recherche d’un groupe de chercheurs, avec à leur tête le docteur Habib Boukerche, d’origine algérienne, de l’Université Claude Bernard Lyon 1 et de l’Inserm, en collaboration avec un groupe de chercheurs de l’Université de Commonwealth en Virginie. Reconnu dans le domaine du cancer, Habib Boukerche a découvert un nouvel acteur indispensable au développement des métastases : c’est le gène de la synténine, encore appelé mda-9. La synténine est un élément clé de la malignité du mélanome, c’est pourquoi cette découverte ouvre la voie au développement de nouvelles pistes thérapeutiques pour le mélanome et d’autres cancers. La tendance aujourd’hui est donc aux multithérapies personnalisées. Un véritable défi pour la recherche ! Ces multithérapies individualisées consistent à viser, avec précision et simultanément, plusieurs cibles de la tumeur afin de l’attaquer de tous côtés et de l’empêcher de récidiver. En somme, il s’agit d’éviter que les cellules malignes parviennent à envahir le tissu sain et former des métastases qui mettraient en danger le malade. En dépit des progrès récents réalisés dans le domaine du cancer, les métastases posent un des difficiles problèmes en thérapeutique anticancéreuse car elles sont souvent inaccessibles à la chirurgie et résistantes à la radiothérapie ou à la chimiothérapie. Lorsque le mélanome est détecté assez tôt à un stade peu développé (quand la tumeur n’est pas trop épaisse et inférieure à 0,75 mm), il peut la plupart du temps être guéri sous anesthésie locale par exérèse. En revanche, diagnostiqué tardivement, le mélanome est souvent mortel car il s’étend rapidement à d’autres parties du corps (diffusion de métastases). Les traitements existants sont alors peu efficaces. Pour expliquer comment les cellules normales d’un organisme deviennent dans certaines conditions malignes, le Dr Boukerche revient sur l’évolution de la recherche dans ce domaine. Il souligne qu’on a longtemps cru que le cancer n’était qu’une histoire de cellules folles, puis que le tueur était un virus et qu’il se cachait dans le noyau de la cellule. Il suffisait donc pour gagner la guerre d’élaborer des thérapeutiques rationnelles visant à cibler ce virus pour le détruire. Sans résultat. Pourquoi ? «Parce qu’on a acquis la certitude, dans les années 70, qu’aucun virus particulier n’est à lui seul cause de tous les cancers». Cet échec a en fait stimulé considérablement la recherche dans le monde dans de nombreux domaines en biologie, mais la guerre n’est cependant pas encore gagnée car, dira le même spécialiste, «on ne conquiert pas le cancer comme on a conquis l’espace ! Au moment où fut lancé le plan d’aller sur la lune, les astronautes américains disposaient déjà d’une théorie de la gravitation acquise depuis Newton, c’est-à-dire la notion qu’il faut atteindre une vitesse donnée pour échapper à l’attraction terrestre. «Ce qui était loin d’être le cas pour les cancérologues dans les années 70…», estime le chercheur. Depuis une trentaine d’années seulement, chercheurs et médecins disposent d’une théorie du cancer qui explique de manière cohérente comment peut naître la maladie, c’est-à-dire comment les cellules normales d’un organisme deviennent dans certaines conditions malignes. C’est de cette manière qu’une nouvelle vision du cancer s’est développée. Pour ce spécialiste, on est passé du concept d’unicité vers celui de complexité. On pensait qu’il y avait d’un côté les cellules saines et de l’autre la tumeur maligne «qu’il fallait éliminer à tout prix !». Les médecins recouraient donc à la chirurgie, à la radiothérapie et à la chimiothérapie traditionnelle qui «attaquent la cellule maligne au cœur de son centre névralgique, l’ADN, mais affectent aussi les cellules saines et provoquent ainsi de nombreux effets secondaires», précise le Dr Habib Boukerche. Pendant des années, les cancérologues ont considéré les tumeurs comme une entité indépendante et autonome qui agit pour son propre compte. De ce fait, ils ont bombardé les cellules cancéreuses de la tumeur frontalement et sans un véritable discernement avec une artillerie lourde. Aujourd’hui, les médecins disposent désormais, grâce à cette théorie du cancer, des armes thérapeutiques intéressantes et encore plus précises, à «faible dommages collatéraux !», spécialement conçues pour remplir leur rôle sur le champ de bataille. La recherche sur le cancer, entre-temps, a fait un bond en avant phénoménal lors de la décennie écoulée, dira le spécialiste, et c’est l’entrée en scène de nouveaux acteurs de lutte contre le cancer qui ont changé de toute évidence aujourd’hui la donne, avec un nouvel espoir aux malades. Les cancérologues s’attaquent donc non seulement aux cellules malignes mais aussi à leur micro-environnement en les privant de ravitaillement en oxygène ou en glucose, c’est-à-dire de sang. Asphyxiée et privée de vivres, la tumeur se désagrège et meurt. «C’est la thérapie dite anti-angiogénique», explique le chercheur. Cette thérapie a prouvé son efficacité et a décroché sa place dans la thérapie anticancéreuse. Quelques médicaments sont déjà apparus sur le marché et beaucoup font aujourd’hui l’objet d’essais cliniques afin d’optimiser leur utilisation dans le but ultime d’éradiquer les cellules cancéreuses, selon le même spécialiste. D’autres pistes sont également explorées, tel le blocage du système de transmission des cellules cancéreuses pour provoquer leur mort. Schématiquement, une cellule reçoit en continu des ordres provenant de l’extérieur et doit à tout instant juger de l’importance des messages reçus avant de les traduire. En bloquant certains circuits d’information de la machinerie cellulaire, il est désormais possible de détruire sélectivement les cellules cancéreuses. «Ces cibles, qu’on appelle des kinases, assurent la transmission du signal. Un certain nombre d’entre elles sont actives dans la cellule cancéreuse et ont été déjà repérées par les chercheurs afin de les bloquer». Vers des traitements personnalisés, les multithérapies «Ce qui est frustrant, c’est de constater qu’un traitement fonctionne chez certains malades mais pas chez d’autres», précise le cancérologue. Du coup, les chercheurs tentent aujourd’hui de cerner la cellule cancéreuse en l’attaquant sur plusieurs fronts en même temps. C’est dire que pour espérer gagner la guerre contre le cancer, on s’achemine désormais - comme c’est d’ailleurs déjà le cas dans le domaine des maladies infectieuses ou du sida - vers les multithérapies. Il s’agit en quelque sorte de prescrire les médicaments ciblés en complément des chimiothérapies classiques. La gamme de médicaments disponibles sur le marché ouvre la voie à «une série de combinaisons qu’il faudra certainement adapter à chaque malade», résume Habib Boukerche. Le grand enjeu des années qui viennent va en quelque sorte consister à utiliser à bon escient tous les anticancéreux ciblés dont on dispose. Pour le chercheur, «chaque tumeur d’un malade a ses propres voies de transmission, qui dépendent non seulement de l’organe qu’elle colonise, mais aussi de son «histoire» propre et de son stade d’évolution». D’où la nécessité d’adapter un traitement individualisé à chaque patient. La tendance aujourd’hui est donc aux multithérapies personnalisées. Un véritable défi pour la recherche ! Ces multithérapies individualisées consistent à viser, avec précision et simultanément, plusieurs cibles de la tumeur afin de l’attaquer de tous côtés et de l’empêcher de récidiver. En somme, il s’agit d’éviter que les cellules malignes parviennent à envahir le tissu sain et former des métastases qui mettraient en danger le malade. L’approche a déjà fait son entrée dans la pratique clinique avec «l’arrivée des puces à ADN», explique le docteur Habib Boukerche. Ces puces établissent le portrait moléculaire de chaque tumeur et en décrivent toutes les anomalies qui caractérisent la tumeur de chaque patient. Ainsi, on proposerait au patient des médicaments qui cibleront spécifiquement ces anomalies. A l’avenir, fera-t-on systématiquement le portrait moléculaire de la tumeur avant d’envisager un traitement ? Pour le chercheur, ce sera vraisemblablement le cas pour une majorité des tumeurs, hormis évidemment celles qu’on peut guérir par chirurgie ou par radiothérapie. Il y aura des thérapies à la carte. Ce sera «un patient, une tumeur, un traitement», souligne le spécialiste. Chaque année, entre 30.000 et 35.000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués en Algérie avec une incidence globale estimée à 120 cas par an pour 100.000 habitants. Parmi ces nouveaux cas, 80% des malades se trouvent déjà au stade terminal. Selon les derniers registres du fléau, le cancer des bronches et des poumons, dominé par les cancers du larynx, occupe incontestablement, et ce depuis quelques années, la première place chez les hommes, alors que le cancer du sein constitue l’une des causes de mortalité les plus virulentes pour les femmes. |
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