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La chirurgie de la colonne vertébrale
(ou rachis) est un domaine d'expertise qui a bénéficié, elle aussi, des
nombreuses avancées technologiques appliquées à la médecine.
Bien que relativement jeune dans l'histoire de la médecine, cette «super-spécialité» a considérablement évolué en matière de meilleure compréhension de la physiologie du rachis concernant sa robustesse, sa souplesse, la notion de balance sagittale, ainsi que les contraintes mécaniques qu'il subit à tel point que l'on attribue le nom de «biomécanique» du rachis et en matière de techniques chirurgicales cette évolution s'est faite de l'intervention «la plus délabrante» que représentait, et représente toujours, la laminectomie aux plus «conservatrices» que sont les techniques microchirurgicales et mini-invasives, les plus pratiquées actuellement même chez nous à Oran et dans toute l'Algérie ! C'est cette évolution dont nous en avons vécu les principales étapes de cette forme de transfert de technologies vers le service de Neurochirurgie du CHUO à Oran, puis, grâce à l'engouement que nous avons provoqué au sein de la communauté neurochirurgicale, progressivement, en tache d'huile, pourrions-nous dire, vers l'ensemble des hôpitaux de l'Ouest puis vers une grande partie des autres services de Neurochirurgie du pays, surtout la partie concernant le rachis dorso-lombaire, durant ces 40 dernières années que je souhaite modestement partager ici. Le système nerveux central qui est un ensemble de structures faisant fonctionner tous les organes de notre organisme à travers un réseau complexe de cellules et de nerfs en faisant circuler des signaux et des messages provenant du cerveau et de la moelle épinière vers différentes parties du corps, et vice versa, est précieusement bien protégé en étant logé dans une forme d'enceinte osseuse cranio-rachidienne tapissée par les méninges protectrices d'une part mais dont les mécanismes physiopathologiques sont quasi-identiques que cela soit pour les compartiments intracrâniens (crâne et cerveau) ou intrarachidiens (colonne vertébrale, moelle épinière et nerfs) ; tels que les embarrures (de la voûte du crâne et des lames vertébrales responsables d'une compression du tissu nerveux sous-jacent ? cerveau ou moelle épinière), les commotions, les contusions cérébrales ou médullaires, les plaies craniocérébrales, plaies spinomédullaires, ou même les liquorrhées ! Il est connu de tous aussi que le neurochirurgien dans les activités qui lui sont attribuées et naturellement conférées opère le cerveau, la moelle épinière, les nerfs intracrâniens, intrarachidiens et périphériques, ainsi que le rachis pour accéder à son noble contenu et progressivement participer activement à lever les compressions, renforcer les instabilités et corriger les déformations. Jadis, une forme d'«entendement tacite» avec nos collègues orthopédistes clarifiait et définissait, pour ainsi dire, les domaines de tout un chacun et comme cela les neurochirurgiens traitaient quasi-exclusivement, le rachis cervical et les orthopédistes le rachis dorso-lombaire car ce dernier nécessitait un équipement chirurgical assez lourd, la table orthopédique par exemple indisponible dans les services de Neurochirurgie ! Cette activité représente 20% de l'activité chirurgicale dans un service de Neurochirurgie algérien du moins au niveau de celui du CHU Oran durant la période où j'y exerçais. Objectifs : Le but de ce travail est de dresser un aperçu assez général de l'évolution des différentes techniques chirurgicales portant sur la colonne vertébrale pratiquées à Oran depuis ces 40 dernières années et des avancées indéniables tant sur la qualité des soins prodigués à nos patients mais aussi sur le plan de la qualité de la formation dont en ont bénéficié de nombreuses promotions de neurochirurgiens formées exerçant actuellement tant dans le secteur public (CHUO/EHUO) que dans le secteur privé, que cela soit à Oran ou au niveau des autres wilayas de l'Ouest en sachant que les premières arthrodèses du rachis dorso-lombaire furent réalisées au niveau du service de Neurochirurgie du CHUO en 1994 ! Il s'agit aussi de parler des différentes techniques utilisées, de la dépendance cruciale vis-à-vis du consommable chirurgical spécifique très souvent peu disponible et/ou peu adapté aux circonstances en nous offrant des choix très limités. Nous avons utilisé le terme de «neuro-orthopédie», qui en réalité a une autre signification, pour désigner ce domaine d'expertise médicale assez spécial, aux frontières nosologiques imprécises, comme nous le faisons pour la neuro-ophtalmologie ou la neuro-Orl par exemple, et ceci à la limite entre la neurochirurgie et la chirurgie orthopédique, sachant très bien qu'il s'agit de deux spécialités bien différentes. Au niveau du rachis, cette chirurgie peut être effectuée par voie antérieure, postérieure ou combinée, elle peut l'être aussi par voie latérale à travers un abord classique ou mini-invasif. Les objectifs de l'arthrodèse sont la réduction quand il s'agit d'une déformation de la colonne vertébrale, d'une stabilisation devant une instabilité et un recalibrage avec alignement pour traiter une sténose du canal rachidien. En plus des arthrodèses postérieures du rachis cervical que nous effectuons, d'une manière assez habituelle, depuis plus de 30 ans, nous avons étendu ces techniques au niveau du rachis dorsolombaire, traumatique au début, puis non traumatique. A Oran, l'évolution des techniques s'est faite selon la chronologie ci-après : 1980 : «Algérianisation » du service de neurochirurgie d'Oran, par l'arrivée d'un neurochirurgien algérien exerçant à Genève (Suisse), le Pr M.Chadli , service situé à l'Hôpital Baudens dans le quartier de Sidi Lahouari, quartier de mon enfance, avant d'être transféré en 1985 au CHUO pour des raisons de rapprochements avec le service des urgences qui lui était au CHUO. La laminectomie était le «gold standard » des techniques opératoires portant sur le rachis que cela soit pour les traumatismes de la colonne vertébrale, le canal cervical ou lombaire étroits ainsi que la hernie discale lombaire. Les laçages postérieurs par du fil métallique furent utilisés pour traiter les déplacements traumatiques du rachis dorso-lombaire faute de plaques et de vis adaptées à l'époque. En 1984 nous pratiquions les premiers abords antérolatéraux pour le rachis cervical et en 1990 les premiers abords interlamaires pour les hernies discales lombaires grâce aux compétences d'une équipe de neurochirurgiens d'Alger dirigée par le Pr I.Askar puis le Pr A.Boutlélis qui m'ont permis de parfaire cette chirurgie, entre autres, et apprendre à opérer, en plus, le rachis dorsolombaire en 1989 à l'Hôpital Central de l'Armée qui était l'hôpital de référence en Algérie ! En 2000, les vissages bi-isthmiques de C2 (Hangman's fracture), les vissages pédiculaires et articulaires cervicaux furent réalisés par notre équipe dès l'acquisition du matériel adapté. Vissage bi-isthmique de C2 (Journal PDF) En 2004, c'est au tour de la 1ère arthrodèse postérieure lombaire par le Système de Cotterel-Dubousset à l'aide de l'ancillaire et du consommable adéquats en matière de plaques vissées, de vis pédiculaires, de vis articulaires, de tiges, de cages intersomatiques de différentes formes, de prothèses discales, etc. et en 2016, la première fixation occipito-cervicale fut posée. Avant (Journal PDF) Arthrodèse lombaire postérieure (Journal PDF) Conclusion : Nous pouvons affirmer sans complexe qu'en matière de neurochirurgie, Oran a relevé, et gagné, de nombreux défis et s'est développée d'une manière assez analogue à l'évolution de la chirurgie en général en Algérie et même dans le monde ainsi que celle inhérente à la colonne vertébrale en particulier. Mais, ces interventions, très pratiquées par les orthopédistes, du moins pour la partie dorsolombaire, doivent trouver, encore plus, un engouement auprès de la communauté neurochirurgicale. Ce que nous pouvons dire est qu'il n'y a pas de technique univoque et que l'utilisation de matériel d'ostéosynthèse métallique, IRM compatible, doit devenir une nécessité pour ne pas dire un corollaire. Les techniques mini-invasives, dites «mini open», du rachis, à l'instar de la neuro-endoscopie cérébrale qui sont en constante évolution en Algérie et à Oran aussi, doivent se développer encore davantage. Le flambeau a été transmis aux jeunes et nous leur souhaitons de nombreux succès, dans la chirurgie de la scoliose par exemple qui mérite plus d'engouement, sans oublier qu'un bon chirurgien est celui qui sait bien poser les indications opératoires, choisir la technique la plus adaptée à chaque cas et pratiquer la technique chirurgicale qu'il maitrise le mieux ! *Neurochirurgien |
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