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Selon
les résultats d'une étude réalisée par une équipe internationale de recherche
composée de spécialistes en épidémiologie, médecine, santé publique, sciences
sociales issus de douze institutions partenaires, à travers six pays : Brésil,
Canada, Chine, France, Japon et Mali, appelée «HoSPiCOVID»,
initiée par le laboratoire CEPED (IRD/Université de Paris) dont les objectifs
sont de développer une stratégie efficace de transfert des connaissances pour
partager les leçons apprises entre les pays, concernant la gestion de la crise
sanitaire actuelle dans chaque pays, il en ressort que la réponse la plus
efficace face à la pandémie de Covid-19 était celle de la Chine et ceci dès le
printemps 2020.
Ces leçons porteront sur la manière dont les institutions de santé publique, les hôpitaux et leur personnel ont fonctionné dans six pays différents, pour faire face et s'adapter à la pandémie afin de garantir l'accès à des soins de qualité pour tous. La plupart des scientifiques ont effectué une synthèse systématique des articles scientifiques, en langues chinoise et anglaise, concernant la résilience du système hospitalier en Chine, et attribuent cette réussite aux mesures drastiques, et parfois controversées, mises en place par le gouvernement chinois. L'objectif de cette étude était de dresser un état des connaissances scientifiques sur les stratégies mises en place au sein des hôpitaux chinois pour faire face à la pandémie, et sur les impacts de ces stratégies. Forte de ses expériences passées, bonnes ou mauvaises, (Sras- 2003) et grippe aviaire - 2009), en matière de réponse face à une épidémie, ce pays s'est doté d'un CDC, «à l'américaine», pourvu de moyens considérables afin de mieux traiter les prochaines menaces sanitaires et ne plus être discréditée sur le plan international ! Elle possédait donc déjà un dispositif sanitaire «prêt à l'emploi» doté de ressources conséquentes. Il s'agissait pour le gouvernement chinois non seulement d'être exemplaire au-delà de ses frontières, mais aussi et surtout de rassurer sa population en lui démontrant son aptitude à gérer les crises importantes. Frappée brutalement, elle a donc, fermement et très fortement: - Mis en quarantaine stricte des zones entières gravement touchées avec interdiction totale de sortir du domicile (ex : durant 76 jours à Wuhan, berceau de l'épidémie), - Fermeture des entreprises, - Interdiction stricte de déplacements entre les villes et les provinces, - Dépistage massif des populations - Contrôles quotidiens de la température corporelle, etc. Cette réponse radicale, de tout mettre en œuvre pour endiguer cette épidémie, quitte à sacrifier, momentanément le développement économique du pays, afin de ne pas en souffrir ultérieurement à long terme, était en soi un «mal nécessaire» ! - Les renforts de personnels médicaux considérés comme un atout majeur pour la résilience hospitalière afin de renforcer les capacités des hôpitaux de la province du Hubei et des «hôpitaux-abris» (FANGCANG). Pour pallier au manque éventuel de compréhension dans les protocoles de travail et impacter la qualité des soins, ces renforts de médicaux et para-médicaux, ayant des compétences , des niveaux d'expérience et des habitudes travail différentes, des stratégies, telles que le placement de nouveaux employés dans des équipes comportant du personnel expérimenté et l'organisation de formations régulières et évaluées, ont été jugées efficaces. Pour contrer tous les effets des problèmes de la santé mentale du personnel soignant tels que le stress élevé et les surcharges, les hôpitaux ont établi des horaires de travail plus flexibles, horaires de travail de 4 ou 5 heures avec des périodes de repos et leur ont apporté un soutien psychologique. Les FANGCANG sont une sorte d' «hôpitaux provisoires», de campagne , de fortune ou mobiles, notamment utilisés pendant la pandémie de Covid-19 à Wuhan, destinés à un isolement médical à grande échelle et réservés aux nombreux patients légèrement symptomatiques ne nécessitant pas de soins intensifs ou de réanimation. Ces «structures de fortune» peuvent être créées: - soit en établissant des structures modulaires, portatives et rapidement constructibles, - soit en acquérant des espaces intérieurs dans les sites existants dans les villes (gymnases, dortoirs, dans les lycées et les universités, par exemple, avec des cabines, ou box fermés pour aider à la distanciation physique et sociale). Ceci déjà est une importante mesure à adopter, après avoir posé le diagnostic de Covid des patients, dans le strict respect du protocole et recommandations de l'OMS (Tester, Isoler , Traiter ) , afin d'éviter la contamination de la population saine, casser la chaîne de transmission de l'épidémie et pallier à l'augmentation rapide des besoins en lits dans les hôpitaux et ne pas «emprunter», pour ne pas dire «réquisitionner», des lits à des services hospitaliers qui devront cesser brutalement leurs activités spécifiques et pénaliser, par voie de conséquence, les patients non Covid et ceci au nom de l'urgence sanitaire ! En plus, un plan de circulation ou un «circuit du patient Covid» a été mis en place au sein des hôpitaux, dans lequel les patients Covid ne croisent pas celui des patients non Covid limitant d'avantage les contacts et donc la propagation. Selon cette étude, l'expérience de la Chine a montré qu'environ 14% des cas de Covid -19 nécessitent réellement une hospitalisation et environ 5% des soins intensifs et une ventilation artificielle. Certains hôpitaux seront soulagés de la pression multiforme que nous connaissons tous, et pourront assurer leurs activités normalement sans tension majeure. Le dernier volet est la gigantesque campagne de vaccination de sa population par ses propres vaccins «made in China», «CoronoVac» ou «vaccin Covid-19 Vero Cell» de Sinovac et le «Sinopharm», à base de virus inactivés et validés par l'OMS, et tout en préparant un 3ème vaccin sous forme de pulvérisation nasale, ce pays, avec lequel nous entretenons depuis très longtemps, une relation forte et excellente, vient de montrer qu'il est entièrement autonome et a pu éviter, à lui seul au niveau mondial, une 2ème vague épidémique. Un exemple non européen de riposte à une épidémie d'origine virale ? *Professeur - Médecin chef - Service de Neurochirurgie CHUO Oran |
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