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Ce
sera alors un premier embrayage sur une approche réformatrice de l'Ecole
algérienne. Le deuxième embrayage consistera à enclencher la réflexion sur une
politique-cadre de l'éducation et de la culture, (objectifs à réaliser et
finalités à atteindre).
Il s'agit de toutes les façons de lui permettre de dissiper l'ignorance et la précarité sociale qu'elle engendre ainsi que les maux qui leur sont associés, de réussir une meilleure insertion des jeunes dans la société humaine, de promouvoir dans les faits l'égalité de chances de succès, d'instaurer des modalités de partage équitables de l'épanouissement social. En effet, en usant d'une approche socio-historique, nous constatons, tant en élévation qu'en perspective, que ces objectifs n'ont jamais été envisagés pour être atteints. En conséquence et faute d'une mise en valeur authentique de ses ressources humaines, la société algérienne n'arrive pas à accomplir le pas libérateur. Elle barbote encore, au seuil de ce troisième millénaire, dans une indigence éducative et culturelle cautionnée pendant cinq décades par un déterminisme politique et idéologique dont le discours démagogique, dissimulant l'échec scolaire, a volontairement mis en péril la mission de son école qu'il a réduite à une école pis-aller, à une école programme à laquelle lui sont tracées les limites de son expression. Des pans entiers de la jeunesse, par manque de ressources et d'expertises, s'agitent alors dans la confusion de leurs idées gluantes et dans la bousculade de leurs fantasmes désarticulés. Cet échec scolaire dissimulé est, en sus des autres causes ci-après citées, étroitement lié à la non prise en compte du complexe psycho-mental et psycho-intellectuel1 de chaque enfant, (cette partie silencieuse du système éducatif et à laquelle le statut d'élève ne lui a jamais été reconnu sérieusement), dans la gestion de son cursus scolaire. Il n'est cependant pas une fatalité mais un programme politique défini dans le cadre d'une mission commandée par ceux qui travaillent à rajouter le désordre au désordre en l'élevant au rang de norme alors qu'il devrait être l'exception. Il ne peut être, par conséquent, imputé qu'à l'absence d'un programme de recherche-développement en matière de prospective éducative et culturelle évoluant en fonction des grandes mutations qualitatives imposées par la mondialisation de l'idée et du comportement qui doivent d'ailleurs apprendre à se défendre contre l'inertie qui tend à se fossiliser et qui les a hélas affectées, à lutter contre l'ignorance, le confusionnisme, l'insignifiance et à promouvoir le réflexe à l'éducation permanente. Il est, donc, imputé à l'absence d'un projet éducatif et culturel capable de sous-tendre un projet de société structuré autour d'un consensus mobilisateur répondant aux préoccupations nationales d'abord, (ambitions ? aspirations ? contraintes ?besoins) et aux exigences mondiales ensuite, d'où l'impérativité de lui faire échec. On peut donc le prévenir pour peu que les actions réformatrices à entreprendre à cet effet, soient menées dans le sens d'une meilleure prise en charge des facteurs enclenchant la réussite scolaire. Oui mais comment ? Commençons par identifier les causes qui l'ont généré pour les éliminer Première cause : la nécessité de faire échec à l'échec scolaire n'a jamais été présentée comme une priorité de l'Etat Mieux encore, il l'a dissimulé. Le refus de dramatiser l'échec scolaire et l'absence de débat en vue de personnaliser les causes qui l'ont généré et d'évaluer ses conséquences, désastreuses du reste, sur les programmes de développement durable, sont manifestes. Il s'est limité à le théâtraliser en le noyant dans des statistiques hurluberlues. Le souci est d'anesthésier les opinions. Deuxième cause : la gestion de la mission éducative et de celle de l'acte pédagogique ont toujours été l'apanage d'une peuplade de planqués politico-pédagogico-administratifs passés pour maîtres dans l'art de faire semblant. Il est clair que par la faute de ce conglomérat qui fait semblant de gérer la mission éducative et celle de l'acte pédagogique, l'embrayage sur le processus du développement durable, (émanation de ce qui devrait être le développement national autonome), n'a jamais pu être accompli. Il a même été handicapé. Le moyen en a été une politique éducative et culturelle dont la mission d'éduquer et d'instruire, de former et de qualifier a été phagocytée par une action politico-administrative qui s'est assignée des buts illusoires et sans portée. En conséquence : *Pendant plusieurs décades, le système éducatif algérien est pensé comme un lieu clos où les élèves en quête d'accessoires, viennent passer le temps. Faute d'objectifs clairs et lisibles, l'enseignement qu'il dispense n'organise pas la pensée autour de la logique et de la méthode. Ceux qui en sortent, peu d'entre eux comptabilisent des compétences générales et qualifications spécialisées. Mieux encore, peu d'entre eux sont dépositaires de culture universelle. *Le curriculum, (programmes d'étude, méthodes d'enseignement, rythmes scolaires etc?) qu'il développe, ne s'investissant pas dans l'éducation du raisonnement logique et dans celle du jugement méthodique, (ces composantes de la mentalité scientifique), et ne garantissant pas contre la promotion de la pensée confuse, il ne structure pas une démarche intellectuelle2 critique, encore moins une autonomie intellectuelle. *L'absence des évaluations systémique et formative a conduit à des appréciations approximatives et controversées parce que totalement désincarnées des véritables enjeux et défis que l'école devrait relever. *Le pilotage de la mission éducative et celui de l'acte pédagogique sont livrés à la désinvolture de ceux qui ont en la charge. Les modalités de sélection et d'orientation, n'accompagnant pas, alors, les efforts et les inclinaisons de chaque élève, ne lui permettent pas de se déterminer de l'intérieur de lui-même et en fonction de ses aptitudes. Les résultats d'une pareille démission se mesurent dans l'incapacité flagrante de l'initier ou à tout le moins, de l'inciter à réfléchir encore moins à construire une démarche intellectuelle prospective. Mieux encore, le capital cognitif qu'il comptabilise ne lui permettra pas de distiller cette culture opérationnelle appelée à contribuer à l'éducation du caractère et du comportement et à l'enrichissement de la personnalité. Notons que l'enrichissement de la personnalité n'a jamais été consacré. Mégalomane et confondant le bien avec sa volonté, ce personnel de l'échec recommencé n'a jamais rien compris à la mission originelle qui devrait être la sienne, structurer une société de savoir et d'action. Troisième cause : un syndicalisme soucieux de leadership Au lieu de faire dans la mission qui lui est dévolue, s'ériger en rampe de lancement de la croissance civilisationnelle nationale en agissant positivement sur la gestion de la mission éducation et sur celle de l'acte pédagogique par des propositions constructives, il s'est assigné pour rôle de fomenter des équilibres instables qu'il n'arrive pourtant pas à gérer. Incapable de s'investir dans une dynamique de progrès fondée sur la solidarité et la responsabilité partagée, il s'est investi dans un registre qui ne lui ressemble guère, une cogestion politique et administrative du système éducatif ??? Occultant de la sorte ce pourquoi il a été élu, il perturbera l'accomplissement de la prestation pédagogique et altérera de fait, l'aboutissement de la scolarisation dans son ensemble. Quatrième cause : la mission, le rôle, les buts et les objectifs du système éducatif sont hors orbite Hors orbite dans son ensemble, le système éducatif et culturel algérien éprouve des difficultés à comprendre sa mission pour pouvoir l'accomplir, ne serait-ce qu'avec un minimum de chance de succès. Profondément carencée, sa vocation - (structurer et actualiser le capital cognitif pour enrichir le champ aperceptif de tout un chacun, enseigner les valeurs de la citoyenneté et faire prévaloir les normes universellement réputées nécessaires et utiles ? celles qu'édicte le Saint Coran -), est automatiquement et fortement déviée. Il n'est, aujourd'hui, qu'une sorte de magasin d'accessoires où enseignants et élèves viennent faire ce qu'ils veulent, y compris passer le temps. Cela dit, nul ne disconvient que l'échec scolaire sévissant, ait défiguré la société algérienne si bien que, faisant dans l'assistanat, elle traine presque à contresens de ce qui fait la force et la grandeur des nations modernes. En effet, il a animé la négation de l'humain chez qui il n'a pu favoriser la réussite scolaire et chez qui il a, en contrepartie, éveillé la part obscure du moi. En conséquence, la dérive sociale à laquelle nous assistons aujourd'hui, hélas médusés, (clochardisation programmée des comportements et des réflexes, dissipation des repères civilisationnels ancestraux, renversement impénitent des valeurs, mépris affiché à l'endroit de la morale, du civisme et de la légalité, outrage à la dignité humaine), se veut être l'expression d'une loi. Bien que l'initiation à la promotion de la culture universelle et particulièrement, à celle des valeurs civiques et morales qu'elle véhicule, doive être la fondamentalité de sa mission, muselé par une politique éducative et culturelle déconnectée de l'intérêt national, (évoluer au rythme de l'international et gérer le tumulte de la modernité), le système éducatif et culturel algérien n'a pu s'investir dans cette prérogative. Moralité, la formation de l'esprit culturellement armé et pouvant émarger au registre de la mondialisation est, dirait-on, prohibée. De ce fait, des dynamiques négatives qui, s'autofécondant, se sont exacerbées jusqu'à atteindre leur paroxysme au point où des antagonismes et des conflits ont débouché sur une perversion tous azimuts. Mis volontairement hors orbite, le système éducatif et culturel algérien a quelque part accompli sa mission. Grand nombre d'Algériennes et d'Algériens sont devenus une espèce mutante. Ils désolent. Ils ne se soucient de rien. Ils ont même l'air d'avoir l'air d'être ivres de suffisance. Ils se disent tout savoir. Ils sont même imbus de grandeur. Ils s'amarrent à l'oisiveté et même à la dérision. Faute de compétences générales, de qualifications spécialisées, de conviction intime et d'engagement sincère de beaucoup d'entre ceux, (toutes hiérarchies confondues), qui sont supposés la piloter, l'école algérienne entretient cet artificialisme que distille l'enseignement dispensé. Entretenant donc cet artificialisme, cette illusion du savoir et relativisant leur potentialité de raisonner logiquement et de juger avec méthode, elle a livré des générations entières aux injures d'un monde complexe auxquelles il ne leur sera pas aisé de résister. Moralité, la pensée étant sans défense, elles sont aujourd'hui incapables de prendre part à la compétition telle que définie par le cursus honorum. En tout état de cause et alors que l'évolution civilisationnelle mondiale, (croissance culturelle, économique et sociale), progresse et intervient dans le processus du développement de l'humanité par souci de l'améliorer, les paradigmes éducatifs et culturels à mettre en œuvre, s'ils ne seront pas choisis et définis selon une démarche cohérente avec les préoccupations de la société algérienne en particulier et en conformité avec celles de la société humaine dans sa globalité, leurs orientations et leurs contenus seront tronqués et leur finalité, (éduquer, instruire, former et qualifier), dénaturée. En conséquence, la gestion de la mission éducative et celle de l'acte pédagogique, faute d'un contrat éducatif et culturel sérieux, ont été abandonnées sur la pente d'une politique éducative et culturelle expression d'un décalage notable entre le projet éducatif et culturel et la réalité sociale qui aspire pourtant à évoluer et qui s'est aggravé pour déboucher sur une véritable crise d'adaptation de l'école algérienne aux préoccupations sociales. Cinquième cause : une démocratisation de l'enseignement mal pensée, mal réfléchie et très mal gérée «Si la couverture des besoins a été assurée, les fonctions d'encadrement, de gestion, de recherche et de conception ont été négligées» - Conseil supérieur de l'Education. La formation est en train de subir les méfaits de sa massification. Si la couverture des besoins en matière de place pédagogiques a été, quelque peu, assurée, les fonctions d'encadrement et de gestion de l'acte pédagogique, d'évaluation des acquis et des curriculums, de prospective et d'élaboration, de conceptions de stratégies-tactiques pouvant être innovantes, sont tout simplement négligées. En sus des négligences sus citées, la démocratisation de l'enseignement et la croissance démographique s'entrechoquant, ont fait que les initiatives s'éparpillent et que les rythmes de développement de la gestion de la mission éducative s'accélèrent dans la contradiction pour enfin, s'alourdir et devenir inévitablement peu maitrisables. Sixième cause : les préoccupations politiques et administratives supplantent les impératifs pédagogiques. La forte centralisation de la décision, l'absence de procédures fiables dans la conception, l'élaboration, l'actualisation et l'évaluation des curriculums, la margina-lisation des compétences du terrain, l'administratisation de la gestion de la mission éducative et la bureaucratisation de la gestion de l'acte pédagogique marquées en sus par l'exclusion de l'avis et du point de vue de l'élève, ont contribué à fragiliser le système éducatif et culturel algérien. Par ailleurs, la recherche de l'optimisation du rendement scolaire performant, a été occultée au profit d'une vulgaire statistique descriptive se limitant à mettre politiquement en évidence des bilans essentiellement quantitatifs, (nombre d'établissements scolaires inscrits et réalisés ?de surcroît dans la précipitation - ; nombre d'élèves inscrits ? les exclus sont laissés pour compte - ; nombre de postes budgétaires ouverts ? ceux qui sont recrutés et parce non formés pour la cause, jettent de la pédagogie plutôt qu'ils n'en dispensent. (Etc?). Les ministres qui se sont succédé, encoconnés dans ce qu'ils croyaient être leur charisme, se sont attelés à des réajustements de parcours en tentant de réorienter hâtivement les trajectoires tracées. Plutôt que d'agir, ils se sont contentés d'obéir à des orientations partisanes. Pour avoir été longtemps soumise à ce diktat, l'école algérienne ne saura s'interroger sur le processus à adopter pour assurer une scolarité performante et une réussite scolaire de qualité que si : ? les décideurs politiques et pédagogiques cessent de théoriser leurs analyses et leurs évaluations en les stérilisant à coup de discours chiffrés. ? ils souscrivent clairement et sans bavure à une stratégie éducative et culturelle déconnectée de l'omnipotence des déterminismes politiques ou idéologiques qui ont fait de l'Algérie un pays certes scolarisé, mais combien mal scolarisé et des Algériennes et des Algériens, un peuple qui s'oblige à se fondre en d'autres peuples. Il n'est pas à ignorer que la marginalisation des initiatives a fait en sorte que les modes de fonctionnement de l'action éducative et culturelle devenus obsolètes, ne font l'objet d'aucune volonté politique susceptible de les réanimer. A titre d'exemple, l'Institut national de recherche en éducation, (Ex. Institut national pédagogique), qui bien qu'il soit une institution chargée d'engager et de promouvoir des réflexions pour améliorer la gestion de la mission éducative et celle de l'acte pédagogique, est un espace qui ne sert pratiquement à rien. Aucune recherche n'y est engagée, aucune édition d'idées-forces ne se fait, aucune contribution n'y est permise, encore moins considérée, encore moins encouragée). Par ailleurs et quand bien même les subventions accordées par l'Etat au secteur sont, d'année en année, substantielles, le mouvement des compressions budgétaires a eu un impact négatif profond sur la pratique de la gestion de la mission éducative. Il a de la sorte imprimé à l'institution scolaire, un caractère d?immobilisme. Notons qu'en tout état de cause les modes de financement du fonctionnement de l'action éducative, de formation et de recherche, parce que de plus en plus restrictifs, ont contribué à scléroser l'initiative et à laminer la performance. De ce fait, les gestionnaires financiers sont amenés à rationaliser leurs dépenses alors que les attentes pédagogiques continuent à s'exprimer et à s'accroître. A la phase de mise en place de ce qui devrait être un service pédagogique amélioré et perfectionné, ne cessera de succéder une ère d'austérité, de restriction. Conséquence, on pense «budget» avant de penser «pédagogie». Les limitations financières imposées sont en fait un réflexe. Enfermés dans un schéma politique hégémonique qui s'est rigidifié au fil des années parce que voulu irréversible et empêtrés dans des programmes d'action aussi ubuèsques, les responsables politiques, (Directeurs centraux et Directeurs départementaux), subissant le joug de l'autorité de tutelle inspirée exclusivement par «l'administratisation» de la gestion de la mission éducative, n'ont pu définir un plan de formation qui s'accorderait aux défis de l'heure et qui serait en mesure de former le citoyen autonome et responsable, le citoyen qui deviendra l'artisan de son évolution au profit du développement durable, d'ailleurs à ce jour mythique. Démotivés et exaspérés, les enseignants subissent, sous l'effet de la déconsidération délibérément affichée à leur endroit et de la frustration de l'inaccessible qui les taraude, se sont installés dans une sorte de résignation «indigénale». Prenant acte de leur impuissance à changer le cours des événements, ils voient dans ce comportement fataliste la seule issue possible. La désinvolture qui tend à devenir leur seconde nature et qui du reste provoquée, a nourri le dépit et l'amertume chez leurs élèves. Désabusés et abusés, ils se renvoient les uns les autres l'image dévalorisante d'eux-mêmes, quel gâchis !! Les responsables pédagogiques, (Inspecteurs d'enseignement), quant à eux, mis en coupe réglée par des directives administratives loin de se conjuguer au présent et encore moins au futur et garrottés pour la plupart par une incompétence notoire, pilotent leur mission au jugé. Ils sont donc de facto incapables de structurer un esprit qui saura gérer les circonstances que crée la révolution civilisationnelle mondiale en marche. S'agissant des responsables administratifs, (les chefs d'établissements). Ayant l'air d'avoir l'air pour beaucoup d'entre eux, ils sont tout simplement en panne de process porteurs d'avenir. Faute de faire dans la prospective, ils s'enlisent démesurément dans un bureaucratisme exacerbant, s'ils ne font pas dans le wait and see, ou se terrent quand l'argument à opposer leur fait défaut. Ils se contentent de faire semblant. Ils se limitent à rendre compte de quelques activités entreprises sporadiquement au gré de l'humeur. Mesurer l'impact réel de celles-ci en vue d'améliorer la qualité du service, c'est trop leur demander. (L'initiative étant trop souvent en souffrance). Les répercussions négatives sur la scolarité ne sont pas, alors, des moindres. L'échec scolaire s'étant écumé des années durant, la mutation de la société qui en subit les conséquences, est on ne peut plus éloquente, (dégradation des mentalités et des comportements). Cependant et bien que ses repères culturels, pourtant valorisants, soient usés parce que négligés, elle est réanimée par des volontés que les esprits ambigus n'ont pu taire. De la sorte, elle refuse d'admettre que son sort se défasse pour dépérir sous le joug de l'infériorité, de l'humiliation et de la dépendance. Elle s'évertue plutôt à s'amarrer à l'universalité, malgré les actions néfastes de ceux qui ne veulent pas faire de l'éducation et de la culture du peuple le centre des stratégies globales à adopter pour qu'aboutisse son développement durable. Cela dit et bien qu'on ait voulu qu'elle se mette en marge du progrès et qu'elle se contente de contempler ce qui se fait sous d'autres cieux, elle refuse de vivre cachée pour qu'émergent des instincts insolites. Aussi et bien qu'on ait voulu imprimer dans son comportement, un appauvrissement par dégénérescence, elle refuse d'afficher cette espèce de schizophrénie collective qu'on lui prédestinait et qu'elle se limite à survivre à l'intérieur d'elle-même tout en nourrissant le mythe «du vivre ailleurs» et à laisser les coudées franches à ces humanoïdes qui aspirent à castrer son intelligence afin qu'ils puissent naviguer à leur guise. Septième cause : les Institutions chargées de contrôler l'Etat font dans l'air d'avoir l'air Les élus aux Assemblées communales, départementales, à l'Assemblée nationale et au Sénat, qui devraient être ceux du peuple, ont purement et simplement laissé les coudées franches à la tutelle du secteur, soit par méconnaissance, soit par solidarité si cette dernière émarge au même parti politique). De toutes façons, certains d'entre eux se figent dans des comportements diamétralement opposés à la mission qui leur est dévolue, d'autres campent sur des positions politiques et idéologiques stériles et non conformes au souci du peuple, (se mêler au monde sans gêne et sans complexe et gérer le tumulte de la modernité, sans erreurs et sans illusion). En tout état de cause, le coût de l'enseignement en tant qu'investissement, malgré le déficit cinglant qu'il engendre, ne paraît pas être au centre de leurs préoccupations. Les régiments de jeunes qui en sont annuellement exclus, sans diplômes et sans perspectives, sans compétences et sans qualifications, ne semblent nullement les effrayer. Faute de mieux faire, les uns comme les autres s'investissent dans le discours imbu et en total déphasage avec les préoccupations nationales. Ils relèguent de la sorte, la valorisation de la ressource humaine à un ordre accessoire. Huitième cause : une discontinuité contre nature entre les cycles d'enseignement et les rythmes scolaires de surcroît inadaptés La situation de rupture entre les cycles d'étude et entre les préoccupations d'un système scolaire se voulant performant, est notoirement affichée, d'où l'inadéquation entre le semblant de compétences et de qualifications attendues à l'issue d'un cycle d'étude et l'enseignement devant être dispensé au courant du cycle d'étude suivant en vue de performer celles-ci. En effet, les programmes d'étude, loin de se continuer d'un palier à un autre, ils ne se conjuguent pas les uns dans les autres. Ils se juxtaposent et sans plus. En conséquence, les lacunes accumulées en amont ne sont pas prises en charge en aval. On assiste alors à leur démultiplication, ce qui produit un parcours scolaire tronqué et une scolarité carencée. Par ailleurs, l'absence de rythmes scolaires différenciés, rigidifie l'action pédagogique. Ne prenant pas acte de la diversité des profils des élèves tant au plan du complexe psycho-mental et psycho-intellectuel qu'au plan cognitif, il leur est imposé la même durée et les mêmes méthodes d'apprentissage pour l'acquisition d'un même savoir ce qui, en aucun cas, ne permet à l'acte pédagogique d'évoluer et de s'accomplir selon ses quatre temps universels, la compréhension, la rétention, l'assimilation et l'exploitation de l'acquis. Neuvième cause : traditionalisation du monopole de la décision L'absence de souplesse et de fonctionnalité dans la gestion de la mission éducative et dans celle de l'acte pédagogique et la traditionalisation de plus en plus ardue du monopole de la décision qu'un goût marqué pour le contrôle désuet et le bureaucratisme ne fait que prononcer, tend à freiner les initiatives si louables soient-elles. Dixième cause : la priorité est accordée à la formation de la tête bien pleine au détriment de la tête bien faite Si au-delà de la nécessité de former une «tête bien faite», la priorité est accordée au souci de former une «tête bien pleine», la capacité d'exploitation des connaissances acquises risquerait de ne pas être fonctionnelle quand bien même celles de la compréhension, de la rétention et de l'assimilation le seront, ce qui nourrira en l'esprit l'amertume et le dépit. Celui-ci intériorisera alors son échec et perdra sa chance d'échapper à l'ignorance. Onzième cause : la classe hétérogène est devenue, contrairement à ce qui devra être attendu, le foyer de l'échec scolaire Bien que la classe hétérogène soit l'expression d'une idée égalitariste reposant sur la volonté de donner à tous les mêmes chances de succès, confiée à des enseignants mal armés pédagogiquement et à des gestionnaires non convaincus de la noblesse de leur mission, elle est devenue l'un des foyers de l'échec scolaire. Elle renforce les inégalités des chances de réussir une scolarité de qualité et réconforte l'élève faible dans sa condition d'élève faible. (Notons que la classe homogène et bien qu'elle soit facile à enseigner et si elle est confiée elle aussi à des enseignants mal armés pédagogiquement et à des gestionnaires non convaincus de la noblesse de leur mission, elle organisera la discrimination et l'exclusion de ceux qui n'arrivent pas à suivre et de fait, leur décrochage). Douzième cause : une famille exponentiellement démissionnaire, une école parallèle profondément pervertie La façon dont pourront être appréciées l'éducation et l'instruction par la communauté en général et par la famille en particulier, est un déterminant de la réussite ou de l'échec scolaire. En effet, comment le milieu scolaire peut-il convaincre ceux qui le fréquentent de la valeur et donc de l'importance du savoir, s'ils constatent que leur espoir de progresser est illusoire et que leur motivation est menée en dérision par des familles démissionnaires ou outrageusement préoccupées par leur survie et par une école parallèle outrancièrement pervertie ? L'école parallèle, (l'environnement extra scolaire et extra familial -la rue), et ce qu'il charrie comme perversionsà, prenant le pas sur la morale et sàur le rationnel et altérant le rôle de la famille, défigurera inéluctablement celui de la mission éducative et affectera de fait le rendement scolaire. Treizième cause : les facteurs psycho affectifs perturbés Les facteurs psycho affectifs peuvent permettre à l'individu d'établir des relations positives avec son environnement sociétal en général et scolaire en particulier, comme ils pourraient être des agents qui favorisent l'échec scolaire si une quelconque perturbation venait à les altérer et notamment dans le cas où on occulte que cet élève est d'abord un enfant qui doit consommer sa crise infantile pour pouvoir devenir cet adulte qui ne sera pas cet enfant qui aura grandi un peu. Quatorzième cause : les facteurs socioéconomiques ne peuvent être une fatalité Les facteurs socio économiques et bien qu'ils puissent être des facteurs déclenchant de l'échec scolaire, ils ne peuvent être une fatalité parce qu'ils ne sont pas irréversibles. (Leur réversibilité relève, bien entendu, de la compétence de l'Etat). Quinzième cause : Le monde d'aujourd'hui vit une véritable explosion de savoirs porteurs de fantastiques avancées technologiques. Les biotechnologies, par exemple, inaugurent déjà une énième dimension. Les satellites bouleversent la notion d'espace géographique. De nombreux champs de la connaissance émergent, telle l'intelligence artificielle et les industries du savoir à l'instar de l'informatique dont la percée structure une nouvelle hygiène de vie. Pourquoi donc l'Algérie, au seuil de ce troisième millénaire, demeure-t-elle en marge de ce programme novateur ? C'est parce que son système éducatif et culturel, supposé être le lieu où doivent s'opérer l'épanouissement individuel au moyen de l'effort et du mérite, l'ouverture de la pensée, la structuration de la mentalité scientifique, la promotion de la connaissance, l'élévation à la culture universelle et l'intégration utile de l'individu à la société humaine, s'est, (quoiqu'en pensent certains «illuminés»), écarté de son objectif social, (former l'homme de savoir et d'action, celui qui ne s'abandonnera pas sur la pente de l'imagination féconde en subtilités superflues, C'est aussi parce qu'il s'est désengagé de sa mission sociétale, (prendre acte des préoccupations des citoyens afin qu'ils ne s'y engoncent pas et les inciter à se compléter dans leurs dimensions intellectuelle et culturelle au profit d'une vie communautaire engagée pour que s'accomplisse le développement durable de la cité). Seizième cause : Le savoir qui est enseigné à l'école algérienne peine à s'intégrer dans le champ aperceptif de ceux à qui il s'adresse parce que, d'une part les programmes d'étude sont standardisés au lieu d'être libres et source d'inspiration et d'autre part, l'évaluation des pré-requis et des acquis discrimine les élèves, (restreint leurs droits), au lieu de les aider à progresser. Dix-septième cause : Incapable de développer un apprentissage incitatif et générateur d'un capital cognitif, intellectuel et comportemental certain, l'école algérienne se contente de faire en sorte que les notes chiffrées attribuées soient vécues comme sanction, (qu'elle soit positive ou négative), et sans plus. Celles-ci sont devenues par conséquent, source d'angoisse et de stress pour les élèves. Elles structurent peut-être l'esprit de compétition, mais elles sont loin d'être un outil qui permet à l'esprit d'orienter ses investigations. L'important aurait été d'apprendre à chaque individu à pénétrer à l'intérieur de lui-même et y organiser ses points forts et ses points faibles. Dix-huitième cause : Pour avoir longtemps obéi aux fantasmes farfelus d'Algérianoïdes en mal de méritocratie, le système éducatif et culturel algérien n'a pas su s'interroger sur le processus qui permet l'émergence des élites. Il s'est investi dans la reproduction de l'inertie. Il se complait dans un paradigme déphasé. De la sorte, il ne fait pas dans la promotion de la créativité. Les jeunes s'y ennuient au lieu de s'épanouir et les enseignants font de la routine une hygiène de vie. Dix-neuvième cause : La refondation du système scolaire, culturel et universitaire s'imposant et devant aboutir, le système éducatif et culturel devra commencer par rompre avec les querelles idéologiques stériles, les archaïsmes inhibiteurs et les dogmes devenus par la force des choses, (lignes politique et idéologique obligent), la seconde nature de son peuple et dissiper la tendance lourde qui s'en est décousue, cet échec scolaire devenu cette cause de l'arriération qui a entraîné le peuple algérien à mordre dans son corps pour enfin, risquer de s'épuiser en futilités. Cesser donc de subir l'effet «médiocratisant» d'un système éducatif et culturel qui n'arrive pas à comprendre son rôle parce qu'il fait fi de l'ambition citoyenne, (se mêler au monde sans gêne et sans complexe, gérer le tumulte de la modernité sans inquiétude et sans trouble et faire dans la prospective sans erreurs et sans illusions), c'est cesser de : *favoriser l'émergence de pans entiers de la société qui, nourrissant une platitude éducative et culturelle démesurément indigente, répriment, voire méprisent la réflexion et ses objectifs, sacralisent l'ignorance et les maux qu'elle engendre, refusent d'élaborer leurs intuitions et n'admettent pas qu'il y ait entre les hommes un avenir commun ; *promouvoir l'émergence de pans entiers de la société qui, mutilés intellectuellement et socialement marginaux, trébuchent à reculons. C'est, somme toute, cesser de palabrer et d'agir vite. Les effets de la désinvolture par laquelle se distinguent la gestion de la mission éducative et celle de l'acte pédagogique, sont en train de générer la crispation de la population scolaire, l'ennui, la frustration et enfin, le décrochage, en somme l'échec scolaire, cette vérité dont la nation toute entière est la victime expiatoire. Une sous société boutefeu est en train de supplanter et de façon exponentielle, la société algérienne originelle. L'échec scolaire est un produit conjugué de la société civile, du pouvoir politico administratif, de l'école parallèle, des parents d'élèves et de l'institution scolaire Compte tenu des déterminants de l'échec scolaire sus cités, il s'avère que ce dernier qui mutile la société algérienne est un produit conjugué de la société civile qui, quelque part, le cautionne, du pouvoir politicoadministratif qui l'élève au rang de norme, des parents d'élèves qui acceptent de composer avec, de l'école parallèle qui le cristallise et de l'institution scolaire elle-même puisqu'elle n'est pas parvenue à s'ériger en contrepoids à tout ce qui l'empêche d'accomplir sa mission. A noter aussi que l'absence d'objectifs clairs et lisibles, la précarité du processus d'évaluation systémique et formative et la faillite du système d'orientation qu'il sous-tend, notoires, ils en sont pour beaucoup. Il est donc en conclusion: ? l'aboutissement engendré par des difficultés de compréhension, de rétention, d'assimilation et d'exploitation des connaissances dispensées ou, carrément, de l'inadaptation à l'école en tant qu'institution; ? l'expression du non accomplissement du potentiel individuel de l'élève, (le développement de ses atouts intellectuels et la circonscription de ses faiblesses); ? Il peut être partiel ou total comme il peut être permanent ou momentané. Etant l'expression de la fébrilité du modèle de la mission éducative en vigueur et bien qu'il semble être irréversible, dramatique, préjudiciable, il est impératif de lui faire échec si on veut que la société algérienne embraye, avec le maximum de chances de succès sur son développement durable. *Magistère de français option didactique Note: 1. Complexe psycho-mental et psycho-intellectuel : ressort animé par la motivation, la détermination et la curiosité de réflexion en fonction du degré de maturité atteint et qui permet à l'individu d'être nanti ou non d'arguments à opposer aux circonstances en vue de s'y adapter et de s'en accommoder avec subtilité. 2. Démarche intellectuelle : exploration, prospection, sélection, abstraction, conception, élaboration. |
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