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Les autorités de
la République ne cessent d'évoquer le «radicalisme religieux» d'une petite
minorité de jeunes français qui sont définis comme de confession musulmane.
Les unes «explosives et populistes» de certains journaux ou les commentaires, à l'emporte-pièce, de certains chroniqueurs médiatiques, qui utilisent des raccourcis tendancieux, dépeignent la France comme un pays assiégé par une «cinquième colonne musulmane» dont les casernes de recrutement se trouvent essentiellement basées dans les banlieues françaises. Au fil des mois qui viennent de s'écouler, particulièrement après les actes de terrorisme, commis au mois de janvier 2015, dans la région parisienne, beaucoup de forces politiques françaises, de gauche comme de droite, exploitent les ressorts de la peur du terrorisme criminel international, pour façonner, dans un but bassement électoraliste, une crainte réelle des Français quant à la survie de leur démocratie et de leurs valeurs républicaines, présentées comme sérieusement attaquées et menacées par l'Islam et les citoyens qui s'en réclament. Cette stratégie politique relève du rejet de l'Islam sous couvert d'une xénophobie politique inique. Algériens de France et franco-algériens, rassemblés au sein de l'Alliance nationale des associations des Algériens de France (A.N.A.A.F), réfléchiront, lors de leurs prochaines réunions, à une campagne médiatique pour dénoncer les promoteurs de cette xénophobie politique insidieuse qui marque l'imaginaire de l'opinion de la société pour mieux justifier, à terme, une atteinte grave à certains droits fondamentaux des citoyens de confession musulmane, dont près de 4 millions sont d'origine algérienne, pour les rendre vulnérables. Il s'agit en réalité de leur imposer une laïcité à deux vitesses où les symboles de leur culte seraient systématiquement stigmatisés. Il parait de plus en plus clair que, sous couvert de défense de la laïcité, l'objectif de cette xénophobie politique est d'exclure, dans les faits, tous les citoyens de confession musulmane qui refuseront de choisir entre le respect des exigences de leur conscience et celle de leur emploi dans certains secteur, notamment dans la fonction publique, oubliant que la loi fondamentale du pays protège et défend avec force la liberté de conscience et de religion. Nous ne pouvons donc qu'être inquiets en tant citoyens d'origine algérienne car toutes les mesures prises qui légitiment cette xénophobie politique et une conception exclusive de la laïcité sont dangereuses, dans la mesure où elles sont fondées sur une stigmatisation stéréotypée plutôt que sur une analyse factuelle du phénomène du radicalisme religieux de certains jeunes, «estampillés musulmans» dans les banlieues. En réalité, on veut à tout prix faire croire que ces jeunes sont prédestinés à être des terroristes potentiels, et que face à cette décision de leur destin, il n'y avait rien à faire pour eux. Dépourvus de toute morale ou conscience politique profonde, certains «politiques français» ne se demandent pas pourquoi l'un de ces «jeunes» décide de se «radicaliser». Est-ce de sa part, un geste conscient et motivé ou au contraire un geste immotivé et irrationnel ? Il aurait suffit peut-être qu'on lui prouve qu'il est citoyen, égal aux autres, ayant les mêmes droits et les mêmes devoirs, pour qu'il se ressaisisse et ne commette pas l'irréparable. Mais les «politiques» ne parlent des jeunes des banlieues que comme «bétail à voter» lors des élections ou pour les désigner comme «les représentants inévitables» du «mal musulman». Ils ne prennent pas la peine de les considérer comme des adolescents et des adolescentes de 18 ans, citoyennes et citoyens, qui ne savaient peut-être rien de rien de la manipulation qui les entraîne, dans l'horrible aventure du terrorisme criminel, par simple désespoir ; obligés qu'ils sont de vivre reclus, depuis leur naissance, dans un espace territorial d'où l'on a fait fuir l'esprit des valeurs républicaines et démocratiques qu'on leur demande de respecter et de défendre? Cette analyse du radicalisme religieux dans les banlieues nécessite de soulever la question de la citoyenneté tant il est vrai qu'un débat démocratique doit prendre en considération l'égalité politique, morale, juridique et de représentation dans les rouages des Institutions de l'État de tous les citoyens de la République. A l'approche d'échéances électorales importantes, régionales en décembre 2015 et présidentielles en 2017, il serait bon que « les politiques» se souviennent que c'est par le processus électoral, en tant que citoyennes et citoyens, que nous leur conférons le droit et l'autorité de nous représenter, de former un gouvernement et de légiférer au nom de toutes les composantes de la société et/ou de promulguer des lois. Les jeunes des banlieues, et beaucoup d'autres ailleurs dans l'Hexagone, se sentent mis à l'écart de leur système de gouvernance démocratique et des mécanismes qui devraient logiquement et normalement leur permettre de participer aux processus décisionnels de toutes les assemblées, tant nationales, régionales que locales et du Gouvernement. Il est donc temps de réfléchir à leurs légitimes aspirations démocratiques pour leur éviter de devenir des proies faciles pour tous ceux qui ne conçoivent la vie que dans la haine des autres, prônant le discours politique de l'exclusion ou du radicalisme religieux. Au lieu d'imposer, à la manière toute administrative de l'époque coloniale, une Institution de représentation du culte musulman en France qui a failli à sa mission dans tous les dossiers qui lui ont été confiés, au lieu de justifier, sans critère aucun et au profit de certaines mosquées, par des décrets ministériels, totalement abusifs et susceptibles d'être remis en cause par la juridiction du Conseil d'État, le «détournement» du marché du halal en France pour expliquer aux citoyens de confession musulmane la difficulté de l'État à financer leur culte, il est urgent et plus judicieux de se demander si notre système électoral répond toujours aux aspirations démocratiques et aux besoins de la société française et de toute sa jeunesse, notamment celle composée de plusieurs millions désignés comme de confession musulmane. Il est temps aussi d'arrêter d'instrumentaliser une crise identitaire nationale imaginaire et de légitimer des «chevaliers blancs» de la politique pour la défendre au lieu de s'attaquer aux enjeux qui menacent véritablement le tissu social, tels que l'économie, l'emploi, la culture, la justice, l'éducation et une véritable représentation politique, démocratique et équitable de tous les citoyens. Il est enfin temps de ne plus produire des discours démagogiques sur le «radicalisme religieux» dans les banlieues car il s'agit d'un problème beaucoup plus complexe que sous l'angle où il est actuellement, politiquement et médiatiquement, développé. Il ne sera pas résolu par des propositions populistes qui risquent de porter un coup sérieux aux droits fondamentaux de la composante musulmane de la société française. Cette entorse aux droits fondamentaux de plusieurs millions de citoyens risque de parasiter sérieusement la paix sociale si chère à toutes les autorités de tous les pays démocratiques. En effet, une fois élus, les femmes et les hommes politiques en France ou ailleurs oublient que la démocratie c'est aussi ce qui se passe entre les élections, la teneur de la relation entre les politiciens et les électeurs et le rôle que chaque citoyenne et citoyen jouent dans le système de gouvernance démocratique. Beaucoup veulent que le système électoral reflète mieux la société dans laquelle ils vivent, c'est à dire un système qui permette l'expression d'un large éventail d'idées et qui soit davantage représentatif de toutes les composantes de la société. Une réforme électorale est non seulement espérée depuis de nombreuses années mais elle est aussi une solution non négligeable pour « traiter » le phénomène inquiétant du «radicalisme politique ou religieux» en France. *Le bureau exécutif de l'Alliance nationale des associations des Algériens de France - (ANAAF) |
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