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Livres
La modernité. Genèse et destin de la civilisation occidentale contemporaine. Essai de Soufiane Djilali. Les Presses du Chélif/Jil Jadid, Chlef, 2024, 287 pages, 1.200 dinars L'intention de l'auteur est de comprendre le phénomène de l'émergence de la modernité occidentale, d'en saisir ses dynamiques et d'anticiper son destin. L'analyse a été développée à travers un schéma qui identifie quatre axes principaux : La Religion, l'Etat, la Nation et l'Économie. A l'origine de cet ouvrage, avoue-t-il, l'ambition d'esquisser un projet politique pour l'Algérie au titre déjà trouvé : «Quelle modernité pour l'Algérie ?». Première phase : L'explication, au préalable, de la genèse et le sens de la modernité tels qu'ils ont été vécus en Occident et plus précisément en Europe. Deuxième phase : Évaluation des éventuels bons et/ou mauvais aspects de cette modernité. «A la lumière de notre propre histoire et de notre propre culture qui relèvent d'une autre aire civilisationnelle». Bref, avec ce qui est annoncé, une seconde réflexion. Car, il reste en suspens, pour lui, une question assez urgente, la plus urgente. En fait, plusieurs, ce qui complique encore plus la tâche du politologue... tout particulièrement celle ou celui qui cherche à dégager une «troisième voie» : Est-ce que l'Occident peut accepter d'exister en tant que civilisation parmi tant d'autres ou va-t-il exiger définitivement d'être l'unique civilisation appelée à dominer tous les autres peuples ? Et, au cas où le Sud global se révolte, que l'axe Russie-Chine-Iran (qui ont réussi à reproduire quelque peu la dimension matérialiste, industrielle et technologique de la modernité) assure sa propre souveraineté, se résoudra-t-il devant cet échec ou entraînera-t-il le monde dans l'apocalypse ? Et, si l'Occident venait à s'effondrer en tant que civilisation, les pays comme la Chine, la Russie, l'Inde, le Brésil, etc. emprunteront-ils la même voie philosophique que lui ? Ne voudront-ils pas, à leur tour, dominer le monde et imposer un hégémonisme, selon leurs règles ? L'Auteur : Docteur vétérinaire et Docteur en Immunologie, président du parti politique Jil Jadid (Nouvelle génération), créé en 2012. Déjà auteur de plusieurs ouvrages, des essais («L 'Algérie, une nation en chantier», Casbah édition 2002 et «L'Algérie en question», à compte d'auteur, 2001 et «La société algérienne. Choc de la modernité, crise des valeurs et des croyances») Table des matières : Préface/ Introduction/ Partie I : genèse du Monde moderne (4 chapitres)/ Partie II : Quel est le sens de la modernité ? (3 chapitres)/Partie III : Destin de la civilisation occidentale contemporaine (3 chapitres)/Conclusion générale. Extraits : «Le pouvoir du savoir, transcrit grâce à l'écriture, la transmission de codes ésotériques, la manipulation de formules magiques, la connaissance initiatique des «mystères» , etc. sont restés pendant longtemps sous le monopole quasi-exclusif de l'univers religieux» (p 37), «La pulsion de mort, thanatos, semble avoir une emprise mystique sur la psychologie de l'homme occidental moderne» (p 67), «L'Europe d'aujourd'hui comme celle d'hier s'est construite avec plusieurs peuples dont les origines sont multiples. La diversité ethnique et anthropologique justifie la réminiscence de la multitude de mentalités des différentes nations qui composent ce continent» (p72), «Durant le Moyen-Âge, les aristocrates étaient connus et identifiés par des titres formels. Aujourd'hui, dans ce qui s'apparente à la plus grande démocratie du monde (note : Usa), les véritables décideurs qui contrôlent les gouvernements sont pratiquement invisibles» (p 209), «En se sécularisant, le Protestantisme a transformé le désir de la «Terre Promise» de nature spirituelle en une géopolitique de l'hégémonie et tente de se perpétuer au nom d'une eschatologie liée aujourd'hui au sionisme» (p249). Avis - Enfin, un homme politique (bardé de diplômes, il est vrai) qui nous livre une ouvrage de réflexion et d'analyses sociopolitiques... sur le monde environnant. Ni livre d'histoire, ni apologie de la modernité. Ce que bien de nos universitaires n'ont pas encore fait. Il est vrai que la plupart de nos éditeurs préfèrent la romance, les mémoires... et un brin de poésie. Un ouvrage digne de trouver sa place dans les bibliothèques. Et la promesse d'une suite... «la comparaison entre l'évolution du monde musulman et la modernité occidentale et en inférer les possibilités de concevoir un projet de société pour notre pays». Citations : ««Peuple» correspond à la population du présent, celle qui anime la nation. La nation, elle, réunit en plus du peuple, les générations du passé et celles de l'avenir, autour d'une histoire, d'une identité et d'une culture, c'est-à-dire, en fin de compte, autour d'un destin» (p73), «La langue apparaît autant comme un accompagnement de la formation du corps de la nation qu'un outil efficace et subtil utilisé par les hommes pour leur communication» (p77), «La patrie conduit au réflexe de la défense du soi collectif, éventuellement jusqu'au sacrifice. La Nation offre plutôt la citoyenneté , l'égalité et les droits de l'homme, bien qu'il y ait par ailleurs des devoirs envers elle» (p 90), «On ne peut se connaître que dans le reflet de sa propre image, à l'extérieur de soi-même» (p 93), «L'évacuation politique du religieux n'annule pas forcément le besoin de spiritualité de l'individu» (p195), «Dormir, manger, produire, se reproduire, construire, détruire... la vie des humains semble vouée à un perpétuel mouvement» (p200), «Tout comme la dérive nazie avec le mythe des Aryens, le sionisme aujourd'hui est une pathologie de l'identitarisme raciste, fondée sur une mythologie» (p216). La société algérienne. Choc de la modernité, crise des valeurs et des croyances. Essai de Soufiane Djilali, Jil Jadid Editions, Alger 2017, 850 dinars, 206 pages (Fiche de lecture déjà publié en mars 2029, in www.almanach-dz.com. Extraits pour rappel) Une approche iconoclaste et audacieuse ? Très certainement. Sera-telle acceptée et comprise, pas sûr ! Tant il est vrai que notre société (dont les élites), qui profite (ou recherche) largement des bienfaits et des retombées de la société moderne et occidentale, reste encore enfermée dans un passé mythifié... souvent par des mystificateurs. Une approche de la société algérienne menée lentement, à petit pas, par souci pédagogique, se démarquant ainsi des essais habituels sur la question, mais une approche déroulée avec méthode. Il est vrai que l'auteur, jeune «loup» de la politique, chef d'un parti dont le nom est en rupture avec les appellations passe-partout, est un spécialiste en immunologie (spécialité qui étudie l'immunité des organismes vivants) et il était, disons, facile pour lui de transposer ses connaissances médicales sur la société dans laquelle il vit. Quatre parties. Trois consacrées à l'analyse et à la réflexion et une, en fin d'ouvrage consacrée aux grands axes d'un projet de société moderne («Quel chemin prendre ?»), dont on ne parlera pas car, peut-être, trop lié au programme politique du parti, laissant le soin au lecteur de le découvrir, de se faire une idée et, peut-être de choisir sa voie politique (...) Et, maintenant, quel chemin prendre ? Pas facile à tracer car l'Algérie est face à un immense défi : «Reconstruire, sur des bases rationnelles, une société, actuellement désarticulée et délabrée. Il faut rétablir une échelle de valeurs, conforme aux exigences du monde moderne et reconstruire un «Sur-moi collectif» capable de créer de l'harmonie dans la communauté». Les «politiques» de l'ancienne génération ont visiblement échoué. Les politiciens de la transition paraissent perdus devant l'ampleur de la tache. Peut-être la réussite avec une «Nouvelle Génération» ? Qui sait ! L'Auteur : Voir plus haut Extraits : «Malgré les apparences d'une religiosité, parfois forcenée, les Algériens sont au fond souvent en défaut quant au respect des valeurs morales. Fraude, triche, vol, violence, mensonge, hypocrisie, impolitesse, arrogance ne sont pas rares et démontrent, s'il en était besoin, que le ritualisme religieux n'est qu'une façade pour cacher l'affaissement général de la foi et de la morale traditionnelle dans la société» (p 49), «La société algérienne, au sortir du cycle de violence, avait besoin de vivre, de dépenser, de sortir, de s'amuser, en un mot il lui fallait oublier le temps des malheurs en s'immergeant dans la fête. Pour vidanger le mal-être, elle allait organiser une orgie» (p 135). Avis - Un programme politique ? non. Seulement une contribution de grande facture intellectuelle pouvant aider «à comprendre une réalité algérienne complexe et en crise, pour tenter de profiler un projet de société». Écriture déchiffrée très facilement. Citations : «On ne peut concevoir un projet de société sans d'abord analyser et même psychanalyser la société elle -même» (p 15), «Le «bien» ne résulte pas de l'éradication des pulsions fondamentales de l'humain mais(...), «Lorsque la nation est consolidée, elle peut donner naissance à une civilisation» (p 41), (...), «De moins en moins, l'Algérien accepte le rapport de force. Il appelle au rapport de raison. Mais ces notions sont confuses. Tout en refusant la relation dominant-dominé, il n'a aucun modèle de rechange. Les conflits deviennent de plus en plus durs» (p 117), «L'exercice de la responsabilité pour l'homme suppose celui de la liberté. Mais, une liberté sans responsabilité deviendrait vite une source de désordre dans la société» (p 184). |
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