L'appui de la France au prétendu plan d'autonomie marocain
pour le Sahara occidental, officiellement déclaré, le 30 juillet, à travers une
lettre envoyée par le président Macron, au roi du Maroc, à l'occasion de la
célébration de la fête du trône, continue de susciter des interrogations à
propos de ce revirement de position qui a provoqué une crise diplomatique avec
l'Algérie et la controverse au sein de la classe politique française. Selon
certains observateurs, la France n'a fait que rendre public ce qui faisait
partie de la diplomatie souterraine.
C'est le cas du site d'information espagnol
«descifrandolaguerra.es» qui estime dans un article que «la France ne fait qu'
«officialiser» ce qui était déjà «sa position de facto» dans le conflit
sahraoui en affirmant considérer que «le présent et l'avenir du Sahara
occidental s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine», selon les
termes de la lettre adressée par le président Macron au roi du Maroc. Non sans
reconnaître qu'il s'agit, quand même, «d'un tournant» qui ébrèche la position
historique de Paris, dans ce dossier, s'en tenant jusque-là à l'avis de la
Communauté internationale qui repose sur une résolution du conflit conformément
aux résolutions des Nations unies. Aujourd'hui, «ce soutien prend désormais la
forme d'une déclaration institutionnelle», relève ce site, qui fait remarquer
que «la décision française ne modifiera ni le statut juridique du Sahara
occidental qui reste un territoire non autonome en attente de décolonisation
selon l'ONU, ni la guerre qui se déroule depuis novembre 2020 entre les deux
pays». Mais, ce que ne relève pas cet article, c'est que cette «déclaration
institutionnelle» intervient dans des moments où les institutions françaises se
trouvent presque en état de paralysie, voire un vide institutionnel, suite à
une dissolution du Parlement et des résultats de vote aux dernières
législatives qui ont abouti à un paysage où les forces politiques se sont
neutralisées, sans arriver à constituer une majorité parlementaire. La décision
du président Macron intervient, sous un gouvernement démissionnaire, qui ne
gère que les affaires courantes. Voilà aussi pourquoi cette volte- face de
position dans le dossier du Sahara occidental peut ne pas tenir la route trop
longtemps. Déjà, il divise l'opinion au sein de la classe politique française.
Aussi paradoxale que cela soit, cette position d'appui apporté au prétendu plan
d'autonomie marocain satisfait l'extrême droite, celle-là même que le président
Macron dit combattre, alors qu'elle est totalement désapprouvée par les
socialistes et la gauche, qui constituent la plus grande force politique au
sein du Parlement français ! On peut également penser, comme le souligne
l'article du site espagnol, que cette décision vient compenser l'isolement de
la France, en Afrique, en allant s'appuyer sur l'allié marocain, qu'il aura à
sa merci juste en épousant une proposition marocaine loin de faire l'unanimité
au sein de la Communauté internationale. Et, il y aura certainement d'autres
révélations avec le temps pour bien comprendre cette décision du président
français qui a pris le risque de refroidir des relations avec Alger.