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Le syndrome du paradis perdu !

par El-Houari Dilmi

En décidant de s'aligner sur les thèses colonialistes marocaines, la France se met dans de mauvais draps. Les vérités crues révélées, hier dimanche, par le président du Comité de soutien et de solidarité avec le peuple sahraoui, Saïd Ayachi, font froid dans le dos. Ce dernier, pour prouver l'esprit colonialiste qui traverse tous les courants politiques dans l'Hexagone, a rappelé le bombardement au napalm de populations sahraouies en 1975 par des avions militaires français. Pourtant, l'Algérie ne cesse de mettre en garde la France contre une évolution de sa position sur le Sahara occidental. La nouvelle crise bilatérale qui s'annonce entre Alger et Paris, va certainement faire gagner du temps au Makhzen marocain pour continuer à piller les richesses du Sahara occidental, et servir une partie de ses royalties à ses « souteneurs » occidentaux. Le gouvernement algérien, via un communiqué du ministère des Affaires étrangères, a affirmé qu'il «tirera toutes les conséquences qui découlent de cette décision française et dont le gouvernement français assume seul la pleine et entière responsabilité». « Cyclique -avec son alternance régulière de déchirements et rabibochages- la relation franco-algérienne devrait connaître ainsi une nouvelle phase de crispation mais dans des proportions encore incertaines », commente le journal français « Le Monde ». Avec la visite annoncée de Macron au Maroc, il est clair que la diplomatie française au Maghreb s'oriente de plus en plus clairement vers un rapprochement avec le royaume chérifien. Tout le monde le sait, la France a déjà donné son feu vert à l'implantation d'entreprises au Sahara occidental, un « geste symbolique fort ». Dans le communiqué du MAE, Alger étrille notamment les « puissances coloniales, anciennes et nouvelles, (qui) savent se reconnaître, se comprendre et se rendre des mains secourables ». Ce revirement de Paris sur la question sahraouie, va chahuter les relations algéro-françaises pour un bon bout de temps. L'occasion pour des voix algériennes qui s'élèvent pour rappeler le « syndrome du paradis perdu » dont rêvent « éveillés » beaucoup de nostalgiques de l'Algérie française. « L'indépendance de l'Algérie est restée en travers de la gorge des descendants de l'OAS qui travaillent de façon pérenne, dans les programmes politiques de l‘extrême droite et d'un pan des socialistes, qui ne digèrent toujours pas le fait que l'Algérie est devenue indépendante et souveraine », résume Saïd Ayachi, président du Comité de soutien et de solidarité avec le peuple sahraoui.