Le paysage du Rif marocain est si désespérant que l'on comprend pourquoi le pouvoir marocain vient de légaliser la culture du cannabis. L'officialisation décidée n'est qu'une procédure en trompe-l'œil car la coulée de la drogue dans la monarchie se propageait à ciel ouvert sauf qu'elle était du domaine réservé de la cour royale intégrée dans l'affairisme monarchique dominant en main de fer l'ensemble de l'activité économique.

Plus de trois milliards de dollars dépensés sans retenue annuellement par les touristes algériens mais rayés aujourd'hui avec la fermeture des frontières ont mis la population rifaine au plus haut des besoins. Une multitude d'investissements touristiques avaient été effectués pour qu'ils soient ensuite livrés à la désolation et aux vents. La perspective d'une flopée de milliers d'emplois induits s'était avérée caduque. Le volcan du Rif, traditionnellement fougueux et contestataire, avait toutes les raisons de se réveiller pour que le régime monarchique soit obligé de lâcher du lest en ouvrant davantage les vannes de la production du cannabis en officialisant son industrialisation. L'argument médicinal argué pour développer sa culture n'est qu'une roublardise pour voiler l'incontournable vérité qui fait du Maroc le premier producteur mondial de cette drogue.

L'évidente supercherie ne peut cacher la grande hantise du régime à voir le soulèvement de la population d'une région grandement déshéritée toujours prête au soulèvement. D'autant que le racket permanent monarchique s'est accompagné ces derniers jours par l'emprisonnement de l'avocat Mohamed Ziane, leader du Parti libéral et tête de pont de la contestation rifaine.

De fait, la monarchie ne fait que se contraindre de se délester d'une partie d'un pactole qu'elle a toujours farouchement gardé. Le double gain acquis se résumera à tempérer la colère grandissante du Rif et en même temps élargir sa culture de la drogue dont elle en fait une arme de guerre.