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Région d'Arzew : Un réseau routier «figé» pour une zone en plein boom

par Houari Saaïdia

Le moins qu'on puisse dire, c'est que le réseau routier n'a pas suivi au pas cadencé le développement socio-économique de la région d'Arzew. C'en est même le maillon faible si l'on pousse l'analyse. Avec en tout et pour tout une liaison routière «coaxiale», qui de plus est vétuste et saturée, en guise de trait d'union avec le chef-lieu de wilaya, la zone d'Arzew reste plutôt mal desservie. Totalement redessinée dans les années 1980, la section propre à la wilaya d'Oran de la RN11 (Alger-Oran), qui pour l'histoire a mis du temps à être réalisée en entier avant d'être promue au rang de Route nationale n°11 en 1910, et ce avec la création d'un grand évitement à double voie de Bethioua, Arzew, Hassi Mefsoukh et Gdyel, a été «collée» ensuite avec l'ex-CW 32 (reclassé RN11 à cet effet) entre Gdyel et Oran. Depuis, on a beau retoucher cette RN11 par petits tronçons intermittents, cette liaison autoroutière est aujourd'hui au bord de l'asphyxie et ne répond plus aux normes, y compris sécuritaires, si bien qu'elle assure près de 90% du trafic Oran-Arzew. Et ce n'est pas par hasard que cette route soit l'un des axes les plus meurtriers à l'échelle nationale. Et l'un des plus dangereux aussi, potentiellement du moins, du fait qu'il s'agisse d'un trajet de transit à grand flux pour le transport d'hydrocarbures par camion-citerne.

LES TARES D'UN RÉSEAU EN MANQUE D'ENTRETIEN

Le rapport dressé dernièrement par la commission APW d'aménagement du territoire et du transport, consacrant un grand chapitre à l'état des lieux du réseau routier (RN, CW, CC et voirie urbaine) de la partie Est de la wilaya, est une preuve de plus -si besoin est- de la disproportion de cette connexion par rapport aux paramètres géographiques, démographiques et économiques du territoire qu'elle dessert. Le document de cette commission n'a fait que consigner les carences relevées dans le circuit routier intramuros et extramuros de la zone Gdyel-Bethioua-Arzew, sur le plan entretien seulement, en prenant soin d'y insérer un ensemble de recommandations pour y remédier. Le travail fait a le mérite d'être sérieux et méthodique, on en convient largement. Mais, en vérité, le mal est bien plus profond. En ce sens que les multiples points faibles du réseau routier desservant ce périmètre étendu ne peuvent être tous traités rien que par des opérations PCD ou autres sous l'intitulé : réhabilitation et thèmes corollaires. Ce segment est nécessaire mais pas suffisant, loin s'en faut. Ce dont a besoin cette partie du corps de la wilaya, notamment son centre névralgique Arzew-Bethioua, ce sont des projets structurants en matière d'accessibilité. Si la voie ferrée est passée à la grande vitesse avec les projets dernièrement réalisés, ceux en cours et ceux projetés à court et moyen termes, la voie routière, elle, traîne le pas, se contentant d'actions de raccommodage. Même là, en ce petit créneau, il y a fort à faire si l'on se réfère au compte rendu de la commission APW : un long tronçon de la RN11 en état de dégradation entre la zone d'El-Macta et le carrefour d'Arzew, vétusté et manque d'aménagement du chemin reliant Arzew et Gdyel via Sidi Benyebka,

PROJETS STRUCTURANTS EN MODE «GELÉ»

Faute de projets structurants donc en matière de connexion routière, Arzew et villes alentours (Sidi Benyebka, Bethioua, Aïn El Bia, Mers El-Hadjadj…), pôle pétrochimique inclus, est desservie au strict minimum, voire bien en deçà. Le gel qui frappe toujours le projet de la liaison entre le port d'Arzew et l'Autoroute Est-Ouest et, dans un moindre degré, celui de la voie littorale Arzew-Oran via Cap Carbon et Kristel (Corniche Est), n'arrange en rien la situation. Ficelée depuis plus de 15 ans et remisée depuis au fond d'un tiroir, l'étude de la pénétrante autoroutière devant relier la ville d'Arzew et son port à l'Autoroute Est-Ouest, appelée sommairement pénétrante du port d'Arzew, n'est pas près de revoir le jour. Bien qu'il relève du Schéma directeur routier et autoroutier 2005-2025, élaboré par le ministère des Travaux publics dans le cadre du plan national d'aménagement du territoire, ce projet structurant fait encore et toujours les frais de l'austérité budgétaire. Les responsables locaux du secteur n'ont à vrai dire pas besoin de forcer le trait pour revendiquer la pertinence de ce projet, tant le dossier a force probante. Il est en tout cas très défendable en termes de priorité. Mais en cette conjoncture financière contraignante, avec son lot fort incommodant de mesures de rationalisation de dépenses et de gel d'opérations d'équipement, la corrélation finance-priorité n'est plus un principe de base. La série des projets dits prioritaires -tous secteurs confondus- remis aux calendes grecques est longue. Le projet de la pénétrante d'Arzew en est un.

PÉNÉTRANTE PORTUAIRE D'ARZEW : URGENCE SIGNALEE

Il est à rappeler que c'est le bureau d'études SETOR qui a confectionné l'étude du projet de cette grande voie qui servira à la fois de contournement de la ville pour le poids lourd et de jonction rapide entre le centre d'Arzew et l'autoroute Est-Ouest. Techniquement, il est question de relier l'infrastructure portuaire d'Arzew à l'Autoroute Est-Ouest, comme cela est en train de se faire pour le port d'Oran -localement- mais aussi pour l'ensemble des ports du pays dans le cadre d'un schéma national. Relevant du vaste programme d'investissement public, à savoir le PCSC au titre de l'exercice 2010, ce projet a un double objectif. D'abord, il permettra de relier le port d'Arzew à l'autoroute Est-Ouest.

Ensuite, il mettra en place une jonction autoroutière, entre l'infrastructure portuaire d'Arzew et la bretelle autoroutière d'Oran. Prévu sur près de 40 km, cet itinéraire passera par les territoires de six grandes localités: Arzew, El Mohgoun, Hassi Mefsoukh, Benfréha, Boufatis et Oued Tlélat. La réalisation d'une telle pénétrante entre la ville d'Arzew et son pôle pétrochimique portuaire ainsi que toute la zone industrielle intégrée et l'autoroute Est-Ouest induira des avantages certains pour l'ensemble de la région, dont les plus importants sont : l'amélioration des conditions de déplacement et gain de temps, le désengorgement des axes actuels, l'amélioration du trafic routier des marchandises hors hydrocarbures et celui d'hydrocarbures transportables par route, la diminution du nombre d'accidents, la fixation des populations rurales et le désenclavement des zones traversées, le développement des activités industrielles, agricoles, artisanales et touristiques de la région, etc.