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Rude concurrence

par Abdelkrim Zerzouri

Investi par les Européens, le domaine de l'énergie renouvelable en Afrique pourrait attirer les Russes, qui se sont bien implantés sur le continent dans différents secteurs. La multiplication des projets de coopération entre la Russie et de nombreux pays africains, dans le secteur militaire et d'autres encore, notamment depuis le déclenchement des sanctions économiques européennes contre la Russie dans le sillage du lancement de son «opération militaire spéciale» en Ukraine, devait passer par la concurrence avec d'autres puissances présentes depuis des décennies sur le continent, mais le domaine de l'énergie renouvelable reste un filon stratégique pour les Européens qui, à la suite de l'embargo énergétique imposé aux sociétés russes, se sont tournés vers l'Afrique pour compenser leur déficit en approvisionnement en pétrole et en gaz, qui était assuré à hauteur de 40% par la Russie.

Et, c'est dans ce cadre que les pays européens se sont engagés dans la voie du développement des énergies renouvelables, dans leur propres pays et sur le continent africain, qui se prête bien au développement de ces énergies propres grâce aux grandes capacités naturelles qu'il recèle, notamment le soleil.

Les Européens, qui sont restés seuls sur ce terrain, engageant d'importants investissements dans plusieurs pays dans des projets liés aux énergies renouvelables, vont-ils être concurrencés par les Russes ? Jusque-là, la Russie s'intéressait à d'autres formes dans sa politique de coopération africaine dans le domaine énergétique, comme l'énergie nucléaire, à travers des projets de construction de centrales nucléaires à usage pacifique dans des pays africains, servant les secteurs scientifique (médical) et énergétique (production d'électricité), ainsi que les exportations des produits pétroliers vers l'Afrique, qui ont été multipliés par 3,5 en 2023, et une quarantaine de projets de coopération en cours dans des pays africains dans les secteur énergétiques, pétrolier et gazier, mais pour les énergies propres, les projets demeurent au stade de « propositions » de coopération, selon le ministère russe de l'Energie. Mais, la coopération dans le secteur de l'énergie renouvelable ne peut pas être ignorée pour assez longtemps.

Un influent expert russe dans le domaine de la coopération Russie-Afrique, fondateur de l'African Business Club, a exhorté les autorités de son pays à lier des partenariats avec les pays africains dans le domaine des énergies renouvelables. «C'est plus facile et plus rapide. C'est avec ce type d'énergie qu'il faut commencer, cela entraînera d'autres secteurs de l'économie des pays africains, à l'enseigne du secteur agricole», a-t-il affirmé en marge d'une table ronde à la Douma d'État sur la coopération énergétique avec l'Afrique. Vantant des qualités de partenariats plus rapides, et moins lourdes que le nucléaire, cet expert a recommandé aux autorités russes de se concentrer « pour l'heure » sur ce domaine. Vers un autre épisode d'une concurrence très rude dans les prochains mois entre Européens et Russes dans ce domaine des énergies renouvelables sur les terres africaines ?