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Une résolution onusienne piétinée

par Abdou Benabbou

A observer la manière avec laquelle le gouvernement démissionnaire de Paris gère les affaires courantes, le doute sur la nature du vrai pouvoir de la France n'est pas permis. Sa dernière et non surprenante intrusion dans le dossier du Sahara Occidental confirme que le destin français n'est ni entre les mains du peuple ni entre celles des élus. On savait déjà que les Israéliens avaient les bras longs dans l'ensemble de l'articulation économique et politique française et il est de notoriété publique que l'économie marocaine dans ses moindres détails est phagocytée par la diaspora juive au Maroc avec ses relais en France.

On sait aussi qu'un gouvernement, même quand il n'est pas démissionnaire, n'est qu'un faire-valoir dans la politique internationale et que le domaine est une principale prérogative du président de la République. La prétendue marocanité du Sahara Occidental est donc actée par Emmanuel Macron. Elle est signée par un président empêtré dans une ténébreuse et profonde crise politique interne dont les acteurs ne sont pas seulement ceux sous les projecteurs, mais aussi des forces qui sont dans l'ombre.

De fait, en se mettant en porte à faux avec l'autodétermination du peuple sahraoui, le président français vient de contredire, en la piétinant, une résolution conforme à la justice internationale des Nations Unies dont il est membre du Conseil de sécurité. L'énorme indélicatesse française ne fait pas seulement fi du juste droit du peuple sahraoui, mais elle participe aussi à l'amplification de l'instabilité de toute la région du Maghreb.

L'Algérie, pour sa part, s'en est toujours remise à la clarté dans ses positions dans ses relations avec tous les Etats. Avec la France elle a en permanence concouru avec patience et sagesse à ce que les rapports entre les deux pays soient dépouillés des amalgames et des entorses contraires à leurs intérêts communs.

Il devient donc légitime de se demander à quoi servirait un voyage prévu du président Tebboune à Paris.