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Dr Lyes Akhamokh : «Il faut déployer un plan spécial canicule»

par El-Houari Dilmi

La hausse des températures associée au réchauffement climatique favorisent l'émergence de nouvelles maladies tropicales, ne cessent d'alerter les experts. «Les températures enregistrées le 10 juin, sur les dix villes les plus chaudes au monde, neuf étaient algériennes, a révélé, hier lundi, le Dr Lyes Akhamokh, chef du Service maladies infectieuses, à l'hôpital de Tamanrasset.

«On est dans une situation où l'on ne parle plus de réchauffement climatique mais de bouleversements climatiques, ce qui va, inéluctablement, se répercuter sur le plan sanitaire. Notre souci nous, en tant qu'infectiologues, c'est la phénologie, c'est-à-dire le changement de comportement du cycle des espèces végétales et animales, avec l'apparition de nouveaux organismes nuisibles et vecteurs de maladies», a-t-il souligné.

Le Pr Akhamokh a cité l'exemple du moustique tigre, «qui est bien installé tout autour du Bassin méditerranéen et notamment sur les côtes algériennes, avec aussi 130 cas autochtones de dengue enregistrés, l'année dernière, en Europe et l'anophèle qui menace, aujourd'hui, des pays comme la Turquie, le Tadjikistan ou encore le Kenya, un pays pourtant situé à 2.000 m du niveau de la mer», a encore révélé l'infectiologue algérien.

«Dans l'immédiat, le risque est de voir la multiplication des vagues de chaleur intense, avec des conséquences dramatiques sur les personnes fragiles, ce qui nécessite la mise en place d'un plan «spécial canicule» en Algérie», a indiqué le chef du Service maladies infectieuses à l'hôpital de Tamanrasset.

Autre phénomène soulevé par l'invité de la Radio, les migrations climatiques en relation directe avec la famine et la soif, et le nombre de réfugiés climatiques risque d'augmenter davantage avec la sécheresse, la famine et le manque d'eau potable surtout», a souligné le Pr Akhamokh.

Selon les estimations de l'OMS, le nombre de migrants climatiques va atteindre les 250 millions de personnes d'ici 2050, avec des répercussions inévitables sur notre pays», a encore révélé l'hôte de la Radio, mettant en garde contre des «cas importés» de paludisme depuis les pays du Sahel, ou encore la possible réapparition de maladies comme la diphtérie, la poliomyélite et le choléra, «même si notre population est protégée par une couverture vaccinale presque totale», a-t-il souligné.

L'infectiologue algérien a également mis en garde contre l'émergence de nouvelles maladies à cause du réchauffement climatique, «d'où l'urgence de renforcer la surveillance entomologique du territoire en renforçant la formation médicale et le recyclage permanent sur les risques entomologiques, d'autant plus que l'Algérie a un positionnement géographique stratégique, au carrefour de l'Europe, du Moyen-Orient et de toute la région du Sahel».

«Le risque des feux de forêts et des inondations est également un autre vecteur de maladies qu'il faut absolument surveiller avec l'installation de cellules de crise permanentes, multidisciplinaires et surtout privilégier la télédétection météorologique», a encore mis en garde le Pr Akhamokh.

En résumé, les autorités concernées «doivent mettre en place un plan canicule avec la publication régulière de bulletins météorologiques spéciaux afin de prévenir et limiter les risques de maladies en lien direct avec la hausse des températures», a-t-il conclu.