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La bosse des maths

par Abdelkrim Zerzouri

Le Sud affiche sa maîtrise des mathématiques quand les grandes puissances de ce monde flanchent dans cette matière à la base du développement de l'esprit critique, la créativité et la logique, et qui influence la formation en matière de résolution des problèmes dans tous les domaines chez les générations futures. Ce constat n'est pas nouveau, car le déclin du niveau en mathématiques chez les élèves en France, aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni ne date pas d'aujourd'hui, et il se confirme d'année en année. L'Algérie, qui a réalisé des résultats honorables lors de sa participation aux 65e Olympiades internationales des mathématiques, organisées récemment en Grande-Bretagne, grâce à la médaille d'or décrochée par l'élève Derrache Chamseddine Abdelali, qui a également obtenu son bac avec mention « excellent », confirme la supériorité en la matière des élèves des pays du Sud sur ceux du Nord.

Il faut relever dans ce sillage que le niveau des élèves en mathématiques a entamé sa régression en Algérie à partir du début des années 2000, avant que les autorités ne s'intéressent de près à ce déclin et engagent des actions pour y remédier. Ainsi, des orientations ont été données par le président de la République afin de promouvoir les matières des mathématiques et maths-techniques, et aller plus loin encore en créant, dès 2021, deux grandes écoles l'une en mathématiques et la seconde en intelligence artificielle afin que les petits génies trouvent des débouchés dans le pays à l'issue du parcours secondaire.

C'est d'une importance capitale que de poursuivre les études supérieures en Algérie, car les jeunes qui ont la bosse des maths, et qui poursuivent leurs études dans des universités de pays où le niveau des élèves en mathématiques est très bas, sont généralement retenus là-bas. On leur offre des avantages énormes et un environnement de travail qui ne manque de rien, que cela soit sur le plan des équipements ou du rang social, pour les retenir. C'est ce qui explique en partie ce qui peut paraître comme un paradoxe, soit le fait qu'avec des élèves très faibles en mathématiques, ces pays arrivent à occuper les plus hauts rangs en matière de développement technologique.

Les étudiants des pays du Sud, qui brillent par leurs performances dans les grandes universités des puissances de ce monde, viendront à l'avenir remplacer leurs aînés qui occupent des postes de hauts rangs et souvent très sensibles. C'est l'investissement essentiel de ces grandes puissances, capter la matière grise des jeunes de pays sous-développés ou émergents et l'exploiter dans la formation supérieure et la recherche. Avoir des jeunes brillants en mathématiques n'est, donc, rien si on ne fait pas grand-chose pour développer leurs compétences à l'université et les garder dans le pays quand ils atteindront l'âge mûr.