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Cour internationale de justice: «Le peuple palestinien a le droit à l'autodétermination»

par Mohamed Mehdi

Vendredi, 287e jour de l'agression sioniste contre Ghaza, le nombre de victimes a atteint 38.848 martyrs et 89.459 blessés, selon les chiffres livrés la veille (jeudi) par le ministère de la Santé de l'enclave.

Hier, la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute instance judiciaire des Nations Unies, a rendu son avis consultatif sur les conséquences juridiques de l'occupation israélienne des territoires palestiniens depuis 1967. La lecture de cet avis, par le juge Nawaf Salam, actuel président de la CIJ, a débuté vers 14h GMT lors d'une séance publique prévue au Palais de la Paix à La Haye, aux Pays-Bas. Lors de la même journée également le gouvernement britannique a annoncé, par la voix du ministre des Affaires étrangères, qu'il comptait reprendre le financement de l'UNRWA. «Nous sommes déterminés à reconnaître la Palestine lorsque les conditions seront appropriées», a annoncé le MAE britannique. Vendredi, l'armée d'occupation sioniste a continué ses bombardements dans plusieurs régions de Ghaza, faisant des dizaines de martyrs et de blessés.

Hier également, l'entité sioniste a essuyé d'innombrables attaques de la part de la résistance Palestinienne à Ghaza et en Cisjordanie occupée, mais également des attaques du Hezbollah et du mouvement Ansar Allah au Yémen qui a ciblé Tel-Aviv, pour la première fois depuis le 7 octobre 2023.

Les attaques sionistes à Ghaza ont ciblé Rafah et Khan Younes au sud de l'enclave, ainsi que Nuseirat et la ville de Ghaza dans le centre. L'artillerie israélienne a bombardé très tôt Rafah où plusieurs sites ont été ciblés. Selon le correspondant d'Al Jazeera ces attaques ont ciblé des zones à l'ouest de Rafah avec des bombardements d'artillerie combinés à des tirs de véhicules militaires et d'hélicoptères.

Le journaliste a rapporté également que l'armée d'occupation a mené au moins 3 raids au nord de Khan Younes, visant notamment une maison dans la ville d'Al-Qarara. A Nuseirat, dans le centre de Ghaza, le bombardement sioniste sur une maison a fait au moins 9 martyrs et 15 blessés.

Des sources palestiniennes ont également fait état de bombardements et de tirs d'artillerie visant les quartiers sud de la ville de Ghaza.

Explosion à Tel-Aviv

Une énorme explosion a retenti à Tel-Aviv vendredi à l'aube. Le porte-parole d'Ansar Allah au Yémen a annoncé, quelques heures plus tard que le bombardement a ciblé Tel-Aviv «avec un drone de type «Jaffa»».

«Nous avons bombardé Tel-Aviv avec un nouveau drone «Jaffa». Une opération qualitative visant Tel-Aviv a été menée. Nous confirmons que nous disposons d'une banque de cibles en Palestine occupée et que nous continuerons à les frapper en réponse aux massacres de l'ennemi à Ghaza», a ajouté la même source.

L'attaque de Ansar Allah a fait un mort et 8 blessés, selon la police sioniste citée par Al Jazeera. «Le commandant du district de Tel-Aviv a déclaré que l'incident avait été causé par l'explosion d'un objet aérien suspect dans les airs et la chute de ses fragments sur des bâtiments du centre de Tel-Aviv», ajoute Al Jazeera.

Le correspondant d'Al Jazeera à Ramallah (la chaîne étant interdite dans les territoires dits de 1948), a déclaré que «l'armée israélienne a ouvert une enquête pour connaître les raisons de l'échec de l'activation des défenses aériennes pour l'interception du drone». Par ailleurs, cité également par Al Jazeera, le porte-parole de l'armée sioniste a déclaré, vers 12h : «Nous pensons qu'il a été lancé depuis le Yémen».

Les principaux mouvements de la résistance palestinienne, le Hamas et le Jihad islamique, se sont félicités de «l'opération qualitative menée par le groupe Ansar Allah à Tel-Aviv»» qui «constitue une réponse à l'agression brutale en cours contre notre peuple».

Le Hezbollah augmente la cadence de ses attaques

De son côté, le mouvement libanais Hezbollah a accentué, vendredi, ses attaques contre plusieurs cibles militaires de l'entité sioniste. Vers 14h30, le journal israélien Yedioth Ahronoth a indiqué que depuis la matinée environ 70 missiles avaient été tirés par le Hezbollah du sud Liban vers les territoires palestiniens occupés.

Les correspondants d'Al Jazeera au Liban ont rapporté que les attaques du Hezbollah ont ciblé des positions israéliennes en Haute Galilée, à Ruwaisat Al-Alam, dans les collines occupées de Kfar Shuba, au sud du Liban, confirmant des «impacts directs».

Le Hezbollah libanais a également déclaré avoir visé un rassemblement de soldats de l'occupation israélienne à proximité de la caserne de Ramim avec un missile Burkan, confirmant avoir obtenu des «impacts directs».

Une autre attaque du Hezbollah a visé les positions d'artillerie ennemies et un rassemblement de soldats sionistes à Khirbet Maar avec des dizaines de roquettes, ainsi que le site israélien de Metula avec des obus d'artillerie.

L'armée d'occupation israélienne a également admis que 32 de ses soldats avaient été blessés durant les précédentes 24 heures à Ghaza, en Cisjordanie occupée et sur le front nord avec le Liban.

Israël viole la Convention de Genève

Lors de sa lecture de l'avis consultatif sur les conséquences juridiques de l'occupation israélienne des territoires palestiniens depuis 1967, le président de la CIJ a commencé par rappeler que l'objet de cet avis est «d'examiner les répercussions judiciaires des pratiques politiques (israéliennes, ndlr) et leur impact sur les territoires occupés» et «les conséquences judiciaires de la présence illégale d'Israël» dans ces territoires, ajoutant qu'il n'y a «aucune limite à la liberté de la Cour d'exprimer son opinion sur l'ampleur de la contradiction entre les pratiques politiques et le droit international», selon un compte rendu d'Al Jazeera.

«Les territoires palestiniens occupés représentent des terres d'unité, de continuité et de souveraineté qui doivent être respectées», affirme encore le juge Salam, précisant que l'avis «n'inclut pas la guerre qui a éclaté à Ghaza en octobre 2023» et qu'il «repose sur l'hypothèse selon laquelle les territoires palestiniens sont des territoires sous occupation».

«Israël a maintenu son autorité sur la bande de Ghaza, en surveillant notamment ses frontières aériennes, maritimes et terrestres», ajoute encore le président de la Cour, rappelant que «les devoirs d'Israël dans les territoires occupés sont régis par la Convention de 1959 sur le traitement des civils en temps de guerre».

«Israël a abandonné ses obligations dans le cadre du Traité anti-discrimination raciale de 1965» (en territoires occupés)» et ses pratiques «après son occupation des terres palestiniennes en 1967 ont violé le droit à l'autodétermination», affirme l'avis de la CIJ.

«Le peuple palestinien, reconnu par les accords d'Oslo, a le droit à l'autodétermination», poursuit le président de la Cour, estimant que «l'occupation continue des terres palestiniennes pendant une longue période ne modifie pas leur statut juridique» et que les «autorités d'occupation ne peuvent pas déplacer la population des territoires occupés ni y installer certains de ses citoyens».

«Le transfert de colons vers la Cisjordanie ou Jérusalem-Est contredit l'article 49 de la Convention de Genève», confirme la CIJ qui statue que la «confiscation des biens palestiniens par les colons viole les obligations internationales d'Israël».

Le document affirme aussi que les forces d'occupation «sont tenues d'assurer la livraison d'eau et de nourriture aux habitants des zones occupées», que la «politique d'Israël d'exploitation des ressources naturelles des territoires occupés est en contradiction avec ses obligations internationales» et que «sur la base de preuves» l'entité sioniste «a étendu sa juridiction en Cisjordanie au lieu de la soumettre à la loi locale» et «considère Jérusalem-Est comme faisant partie de son territoire».

«La Cour n'est pas convaincue que l'extension de l'application de la loi israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem soit justifiée» affirme l'avis de la CIJ, qui estime que l'entité sioniste «a imposé son autorité en tant que puissance occupante d'une manière qui viole les articles 53 et 64 de la Convention de Genève». «La confiscation par Israël des terres palestiniennes et leur octroi aux colons n'est pas temporaire et viole la Convention de Genève» ajoute le juge Salam, qui considère aussi «qu'Israël a manqué à son devoir de protéger les Palestiniens de la violence des colons en Cisjordanie», et a créé à Jérusalem-Est une «situation dans laquelle les Palestiniens ne peuvent pas vivre». «La Cour considère les pratiques et politiques israéliennes à Jérusalem et en Cisjordanie comme une annexion permanente de celles-ci», conclut l'avis consultatif de la CIJ.